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02/09/2021

Afghanistan : il faut lire le dossier du ‘Monde diplomatique’

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Dans le numéro de septembre, sept pages d’informations sur l’ampleur et les vraies causes de l’échec “occidental” : diagnostic réaliste dont la classe politico-médiatique française semble pourtant incapable...


Parmi les éléments frappants de ce dossier, les propres aveux de responsables américains :

 

LA CAUSE LOINTAINE de tout, avouée au Nouvel Observateur (15/01/1998) par l’ex-conseiller à la sécurité du président Carter, Zbigniew Brzezinski… En 1979 la CIA était intervenue en Afghanistan CINQ MOIS AVANT l’armée soviétique, en armant des moudjahidines contre le gouvernement afghan d’alors : « Selon la version officielle de l’histoire, l’aide de la CIA aux moudjahidines a débuté courant 1980, c’est-à-dire après que l’armée soviétique eut envahi l’Afghanistan, le 24 décembre 1979. La réalité, gardée secrète jusqu’à présent, est tout autre : c’est en effet le 3 juillet 1979 que le président Carter a signé la première directive sur l’assistance clandestine aux opposants du régime prosoviétique de Kaboul... »

LES DÉCLARATIONS d'acteurs américains du conflit (Washington Post, 9-10/12 2019) au Bureau de l’inspecteur général spécial pour la reconstruction de l’Afghanistan (SIGAR) :

Général Douglas Lute, conseiller adjoint à la sécurité nationale de Bush et Obama pour l’Afghanistan et l’Irak (puis représentant des États-Unis à l’OTAN) : « Nous n’avions aucune compréhension fondamentale de l’Afghanistan. Nous ne savions pas ce que nous faisions. (…) Par exemple, sur l’économie. Nous devions établir un “marché florissant”. Nous aurions dû spécifier : “un florissant marché de la drogue”, car c’est la seule partie qui fonctionne. C’est vraiment bien pire que vous ne le pensez. Il y a un manque fondamental de compréhension au départ… »

Colonel (cr) Robert Crowley, conseiller de l'OTAN à Kaboul en 2013-2014 : "Il y avait un certain nombre d'hypothèses erronées dans la stratégie : l'Afghanistan prêt pour adopter la démocratie du jour au lendemain, la population soutenant très vite le gouvernement... Le gouvernement afghan était la plus grande cause d'instabilité à cause de la corruption.”

Ryan C. Crocker, ambassadeur américain à Kaboul en 2002 et 2011-2012 : “Une fois que la corruption a atteint le degré que j’ai vu là-bas, c’est incroyablement difficile, voire carrément impossible, à réparer… Peut-être bien que notre plus grande et unique réalisation, malheureusement, et par inadvertance bien sûr, a été le développement de la corruption de masse. »

► LE RAPPORT DU PENTAGONE (17/08/2021) sur le bilan des vingt ans de guerre et d’occupation US en Afghanistan : « Le gouvernement américain a maladroitement imposé des modèles technocratiques occidentaux aux institutions économiques afghanes. Il a entraîné les forces de sécurité au moyen de systèmes d’armes avancés qu’elles ne pouvaient pas comprendre, et encore moins entretenir. Il a imposé un modèle de droit formel à un pays qui réglait 80 à 90 % de ses différends de façon informelle. Il n’est que rarement parvenu à comprendre, et donc à vaincre, les obstacles culturels et sociaux à l’émancipation des femmes et des filles. Privés de ces connaissances de base, les responsables américains ont souvent délégué leur pouvoir à des agents qui s’en prenaient à la population ou qui détournaient l’aide américaine pour s’enrichir, devenir plus puissants ou soutenir leurs alliés. Le manque de connaissance intime des réalités locales signifiait que les projets destinés à atténuer les conflits les exacerbaient souvent, sans parler des cas où ils finissaient par financer les insurgés par inadvertance. »

 

Lisez l’intégralité du dossier et des analyses de ce numéro du Monde diplomatique : c’est un contrepoids indispensable à la rhétorique des grands médias et des pré-candidats à l'élection présidentielle française.

 

 

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12:12 Publié dans Asie, USA | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : afghanistan, usa

Commentaires

CHALIAND

> Intéressant entretien ce matin sur Radio Notre Dame avec Gérard Chaliand :
https://radionotredame.net/emissions/legrandtemoin/02-09-2021/
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Écrit par : Michel de Guibert / | 02/09/2021

UN REGARD DE SATELLITE-ESPION

> Je me rappelle en octobre 2001, la communauté internationale alertait les Etats-Unis sur la famine qui risquait de sévir en Afghanistan à cause de la guerre.
Bush ne trouva rien de mieux à faire que de larguer des rations de bouffe contenant de la confiture, du riz, des haricots et du beurre de cacahuète du haut de ses bombardiers.
https://edition.cnn.com/2001/WORLD/asiapcf/central/10/25/ret.us.rations/index.html
Comme si les Afghans était des animaux domestiques. Ça leur aurait fait mal de tisser des relations avec les différents groupes sociaux, ou se renseigner sur l'organisation sociale de l'endroit et les habitudes alimentaires des autochtones. Ils ont préféré n'en garder qu'une approche aérienne.
A l'époque, je n'étais pas devin pour savoir que vingt ans plus tard, l'hyperpuissance repartirait honteuse de ce pays. Mais avec le recul, l'idée que les Etats-Unis n'ont aucun connaissance des pays qu'ils envahissent n'est pas pour m'étonner. Ils regardent le monde à peu près de la même manière qu'un satellite espion le peut.
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Écrit par : Cyril B / | 03/09/2021

à Cyril :

> M. Bush était pourtant un "born-again". Ce qui nous est demandé par le Christ, c'est d'aimer. Entre larguer de la bouffe par avion et la distribuer par une présence humaine, il y a une différence qui relève de la charité - même si, d'un point de vue strictement comptable, cela revient au même - : l'homme ne vit pas que de pain. Kouchner s'y était employé (certes médiatiquement) en 1992 ; j'étais alors en sixième mais me souviens du jeûne que nous avions suivi en soutien à l'opération "Du riz pour la Somalie" ; au vingt-heures, on voyait le ministre portant des sacs de riz à Mogadiscio. Nourrir son frère en détresse suppose de se tenir à ses côtés et, si l'on est chrétien, de prier pour lui en offrant un sourire.
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Écrit par : Philippe de Visieux / | 05/09/2021

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