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15/08/2021

L’Assomption : de quoi s’agit-il ?

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La fête du 15 août est énigmatique pour une population française déchristianisée à 90 %. Faisons connaître autour de nous sa signification.  Voici ce qu'en dit Louis Bouyer (1913-2004), théologien catholique majeur et ancien pasteur luthérien :


<<  Le 1er novembre 1950, le pape Pie XII, après avoir consulté tout l’épiscopat catholique, a défini solennellement, en présence d’une multitude d’évêques, qu’il est de foi que Marie a été glorifiée* dans son âme et son corps dès la fin de sa carrière terrestre. Cette définition consacre définitivement la pieuse croyance qui s’était exprimée partout dès l’Antiquité chrétienne dans la fête du 15 août, passée de l’Eglise byzantine à toute l’Eglise catholique.

Les termes de cette définition, délibérément très réservés, ne donnent aucun appui aux traditions plus ou moins sûres dont cette croyance s’était vu envelopper ; non plus qu’ils n’accréditent aucune des diverses opinions théologiques qui ont pu se faire jour sur la manière exacte dont la vie de Marie a fini sur terre.

Ce qui, sur ce point, appartient au trésor de la révélation confiée à l’Eglise, et que le pape a défini, c’est donc simplement que Marie, du fait de son union toute spéciale avec son divin Fils, atteste dès à présent aussi parfaitement que possible toute la victoire que Celui-ci a remportée pour nous sur la mort. Pareillement, la Conception immaculée de Marie ne doit donc être aucunement interprétée – comme l’on fait des polémistes protestants – à la manière d’une espèce d’apothéose ; ni même – comme l’ont fait certains théologiens catholiques – comme si elle signifiait la séparation de Marie du sort de l’humanité commune. Au contraire, cette vérité doit être considérée comme le gage de la réalité de l’association de tous à la victoire de notre divin Chef sur le mal et l’affirmation que nous partagerons sa gloire* dans la mesure même où nous aurons été associés, par la foi et l’amour, à son œuvre rédemptrice.  >>

Louis Bouyer, Dictionnaire théologique (Desclée).

 

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* En théologie, gloire et glorifié ont un sens autre que celui de l’usage commun. Partant du concept vétérotestamentaire de kabod (“poids” = évidence de la toute-puissance divine), gloire dans le NT veut dire rayonnement d’une vie divine qui est amour et se révèle dans la Passion et Résurrection du Christ. Paul explique que les croyants refléteront à visage découvert la gloire rayonnant du Christ ressuscité, transmise à eux par l’Esprit : communication paradoxale de ce qui fait la transcendance absolue de Dieu.

 

 

Consulter aussi le site Eglise catholique.fr :

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Commentaires

CORÉDEMPTRICE ? "NON", DISAIT JOSEPH RATZINGER

> Merci pour ce très beau texte.
Un courant minoritaire dans l'Église - le courant conservateur - plaide en faveur de la proclamation d'un nouveau dogme marial consacrant la Vierge comme corédemptrice. Aucun pape ne s'y est jusque maintenant montré favorable, y compris le pontife actuel qui affirmait il y a deux ans « Fidèle à son Maître, qui est son Fils, l’unique Rédempteur, elle n’a jamais voulu prendre quoi que ce soit à son Fils. Elle ne s’est jamais présentée comme corédemptrice. Non : disciple ».
À titre personnel, je confesse n'avoir pour la Vierge qu'une dévotion limitée. Ce christocentrisme s'explique peut-être par le fait qu'enfant, je voyais dans la maison familiale les statuettes mariales par dizaines, comme si la Mère de Dieu avait été érigée au rang de quasi-déesse. Un prêtre m'expliqua un jour que cela ne faisait rien qu'un croyant ne s'adresse qu'à la Vierge puisqu'elle transmet tout à son Fils. Réponse qui me satisfit modérément puisque, si l'intercession de Marie peut être recherchée comme peut l'être celle de tous les saints, on ne prie que Dieu et Dieu seul : "prier la Vierge" est théologiquement inexact, puisqu'on prie Dieu, éventuellement "par Marie". Ne vénérer que la Vierge, n'est-ce pas d'une certaine manière ne pas accorder à Dieu l'adoration qui Lui est seul due ? Certes, j'honore et vénère la Mère de Dieu mais préfère prier le Christ ou l'Esprit saint.
Nos frères protestants nous rappellent souvent, à juste titre me semble-t-il, que toute 'mariolâtrie' est à éviter : je suis particulièrement gêné de voir sur certaines églises l'image du Christ et celle de la Vierge en vis-à-vis, sur un pied d'égalité comme s'ils étaient l'objet d'une égale adoration, ou encore une énorme statue de la Vierge (sans Enfant) trônant sur le maître-autel comme cela se faisait au XIXe siècle. Non, le Christ est Dieu, unique Rédempteur, seul digne d'adoration.

https://www.la-croix.com/Religion/Catholicisme/Pape/Pape-Francois-Marie-sest-jamais-presentee-comme-coredemptrice-2019-12-13-1201066318

PV


[ PP à PV – Le cardinal Ratzinger, alors préfet de la Doctrine de la foi, a rejeté expressément l'idée de "corédemptrice" comme théologiquement confuse et spirituellement inutile. ]

Écrit par : Philippe de Visieux / | 16/08/2021

@ Philippe de Visieux

> Saint Jean Paul II a cité à deux reprises au moins dans ses communications (une homélie et une audience générale) Marie en la qualifiant de corédemptrice. Et ses catéchèses mariales sont à suivre.
Cela n'est pas nouveau, en passant par saint Augustin, ni tranché définitivement.
Concernant la dévotion mariale, je comprends votre réaction pour l'avoir eue à l'époque. Saint Jean-Paul II lui-même aurait ressenti le dilemme, confère 'Don et Mystère'. Mais pour s'y rallier, lui dont le blason portait le signe très explicite du « M » au pied de la croix avec la devise « Totus Tuus ».
Ainsi on peut la considérer sous un angle plus favorable : vénérer la Très Sainte Vierge Marie avec ses titres n'est pas offensant pour NSJC, c'est le contraire qui le serait. Pensez à Fatima par exemple.
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Écrit par : Catho1728 / | 18/08/2021

> Dieu est Amour, mais Dieu est également Juge. Et il peut faire peur. Alors que Marie est la Mère (mère de Dieu, mère des hommes). Elle a tout vu. Elle peut tout entendre. Elle ne juge pas ; elle souhaite juste tous nous conduire à son Fils. Et en plus de cela : patronne principale de la France, elle est un lien entre chrétiens et musulmans (je suis de plus en plus persuadé que c'est grâce à sa prière que l'on n'en est pas encore à s'entretuer).
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Écrit par : Feld / | 18/08/2021

à Catho1728 :

> Ce n'est évidemment pas la dévotion à Marie qui me dérange, bien au contraire, c'est l'excès de celle-ci : "Chantons dans la grand-nef Jésus, Marie, Joseph, et dans les bas-côtés la Sainte Trinité" pour reprendre un chant qui fleure bon le XIXe siècle.
Ne s'adresser qu'à la Vierge dans sa prière, cela peut aboutir à certaines dérives (comme j'ai pu en entendre), du genre "elle me protège", "elle me pardonne tout", "elle me donne des grâces", etc. Non : en bonne théologie, la Vierge est et reste une créature comme vous et moi, elle ne pardonne rien du tout, elle est disciple, la première qui a cru, elle est d'une certaine manière la première fidèle de l’Église du Christ. Elle est "la première en chemin" et elle n'est que cela, ce qui est déjà énorme : au pied de la Croix, devant le total démenti des promesses de l'Annonciation qu'elle avait devant les yeux, elle n'a jamais cessé de croire. En cela, elle est un exemple quotidien pour tous les pécheurs que nous sommes.
Concernant le titre de corédemptrice, au risque de vous contredire, le sujet me semble définitivement tranché : les termes du pape François, et avant cela de Ratzinger alors préfet, reprennent ceux de 'Lumen Gentium' qui rappellent avec raison que l'unique Médiateur est "NSJC" - que je préfère appeler le Christ. Que saint Jean-Paul II ait désigné Marie sous le vocable de corédemptrice dans une ou deux homélies n'implique en aucune manière l'institution d'un nouveau dogme marial ; s'il l'avait souhaité, il l'aurait fait durant les deux décennies de son pontificat.
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Quant aux titres de la Vierge (avocate, auxiliatrice, médiatrice, etc.), ils aident le fidèle à se souvenir que Marie le précède et peut l'aider par son intercession, mais que ce n'est pas elle qui le sauvera - "corédemptrice" serait a contrario particulièrement ambigu, conférant à la Mère de Dieu le rang de quasi-égale de Dieu, ce qu'elle n'est en aucun cas.
J'ajoute, puisque vous citez Fatima, qu'aucune apparition mariale, même celles officiellement reconnues par le Siège apostolique, n'a de valeur dogmatique. Seule la révélation publique est digne de foi : les révélations privées ne font pas partie du dogme. Un pape pourrait affirmer publiquement qu'il ne croit pas aux apparitions de Lourdes (ce qui ferait légèrement désordre), il n'en serait pas hérétique pour autant. Il deviendrait hérétique s'il refusait de croire au moindre des miracles du Christ tels que rapportés dans les évangiles.

Écrit par : Philippe de Visieux / | 19/08/2021

DEUX RÉPONSES

@Feld
> je partage tout à fait.

@Philippe de Visieux
> Si saint Jean Paul II a mentionné la Vierge comme corédemptrice, c'est donc qu'il la pensait et l'enseignait comme telle. Qu'il n'en est pas fait un dogme n'implique pas que c'est faux, ni même qu'un jour ce dogme sera proclamé. Il y a dans votre raisonnement une logique inversée.
Benoit XVI devenu pape a tout de même accepté de transmettre le Votum dans ce sens de nombreux cardinaux et évêques, reçu à Fatima, à la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, et le pape François a exprimé son opinion. L'infaillibilité papale n'a pas été engagée, la question n'est donc pas tranchée.
De nouveau pour Fatima, ce n'est pas parce que l'apparition n'est pas "de foi", c'est-à-dire qu'il soit obligatoire d'y croire, que l'Eglise pense qu'elle n'a pas eu lieu, où que les paroles de la Vierge étaient fausses.
A Fatima ce sont bien des prêtres catholiques qui officient? Je reviens de Lourdes, et c'est bien un prêtre catholique qui menait la récitation du Rosaire. Apparition qui n'est pas de foi non plus.
J'ai suivi il y quelques années avec mon épouse la dévotion des premiers samedi du mois au Cœur Immaculé de Marie (Fatima), et c'est bien le recteur de mon diocèse qui m'y a encouragé, ainsi que mon confesseur (il y a une confession par mois). Et le premier samedi du mois y est toujours rappelé pendant la messe. J'en ai retiré un grand gain spirituel, en sus de recourir depuis régulièrement et avec joie au sacrement de pénitence, ce que je n'avais fait que deux fois au lycée et un peu forcé il faut bien le dire.
Mais chacun vit sa foi à sa manière, et la dévotion mariale n'a rien d'une obligation effectivement. Je voulais juste en signaler l'intérêt.
Par contre non, la Vierge n'est pas comme vous ou moi. A moins que vous ne vous proclamiez Immaculée Conception, et que vous n'ayez participé à la réalisation de la Rédemption à son niveau, ou que vous soyez "l'Eglise en personne".
Benoit XVI : "Ce qui est juste dans cette appellation de Corédemptrice, c’est que le Christ ne reste pas extérieur et forme une nouvelle et profonde communauté avec nous. Tout ce qui est à lui sera nôtre et tout ce qui est nôtre, il l’a fait sien. Ce grand échange est le contenu spécifique de la rédemption, notre libération et notre accès à la communion avec Dieu. Parce que Marie anticipe l’Église comme telle, qu’elle est l’Église en personne, cet “être-avec” est réalisé en elle de façon exemplaire."

C.


[ PP à C. – Votre citation suggère que Benoît XVI était favorable à la notion de corédemptrice. Or il a pris explicitement la position contraire en tant que préfet de la Doctrine de la foi, déclarant en substance qu'un tel dogme serait inutile et sèmerait la confusion. ]

réponse au commentaire

Écrit par : Catho1728 / | 19/08/2021

MARIE ET SON SAUVEUR

> Fioretti d'enfant à propos de Marie :
Nous répétions avec un petit chœur d'enfants l’hymne acathiste à la Mère de Dieu : "Réjouis-toi, ô Mère du Sauveur !" La chef de chœur, pose la question aux enfants : "Pourquoi dit-on 'Réjouis-toi' à Marie ?" Magnifique réponse de Morgane (9 ans) : "Parce que son Sauveur, c’est son Fils !"
Nous pouvions attendre une réponse juste comme "Parce que son Fils est le Sauveur" ; c’est une réponse bien plus profonde qui nous est donnée, inversant judicieusement les mots et mettant en premier, avec une saveur toute évangélique qui nous ravit (cf. Luc 8, 19-21), le motif de la joie la plus profonde de Marie.
Mot d'enfant rejoignant les Pères de l'Eglise :
"Le lien maternel n'eût servi de rien à Marie si elle n'avait eu plus de bonheur à porter le Christ dans son cœur que dans sa chair." (Saint Augustin)
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Écrit par : Michel de Guibert / | 19/08/2021

à Catho1728 :

> Je ne me prends ni pour la Vierge, ni pour l'Église. Lorsque j'affirmais que Marie est comme vous et moi, c'est pour rappeler qu'elle est et reste une créature : elle n'est pas Dieu, ni l'égale de Dieu. Son Immaculée Conception ne lui a pas retiré le statut de créature.
Si toutefois le Magistère devait ériger un jour le dogme de Marie Corédemptrice, ce qui me semble hautement improbable, je l'accepterais en obéissance filiale.
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Écrit par : Philippe de Visieux / | 21/08/2021

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