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10/08/2021

Le meurtre du P. Olivier Maire : deuil et réflexions

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Il y a quatre façons de considérer ce drame : deux légitimes, et deux illégitimes que tout catholique croyant évitera...


Premier regard sur le drame, celui des pères montfortains (partagé par le président des évêques de France). Du meurtrier ils disent en substance : nous l'avions accueilli conformément à notre vocation de chrétiens, sachant qu'il sortait d'un établissement psychiatrique et qu'il était en attente de procès pour l'incendie de Nantes. Nous ne regrettons rien. L'héberger était dans l'esprit de l'Evangile. Le drame d'hier ne changera rien à cet esprit. La sérénité chrétienne des Montfortains et la figure admirable du Père Maire, aimé de toute la région, appellent au recueillement.

Deuxième regard : celui de la société civile... Nombreuses sont les voix qui s'indignent – à juste titre – de l'inexécution en 2019 de l'arrêté d'expulsion de ce citoyen rwandais en situation irrégulière : si toutes les lois étaient appliquées en France (ce n'est plus le cas depuis des décennies), le drame d'hier n'aurait pas eu lieu. De même, la libération d'un criminel – non encore jugé ! – est une décision aberrante dont il existe de nombreux autres exemples. L'urgence d'une réforme de la justice apparaît.

Troisième regard : celui des polémistes qui s'emparent du drame d'hier pour le confondre avec d'autres drames sans rapport avec lui – et s'en faire une arme pour la campagne présidentielle. Attitude irresponsable.

Quatrième regard : celui d'athées pieux prétendant que le drame d'hier est "une nouvelle agression contre les catholiques". Ils entraînent dans leur sillage certains paroissiens regrettablement sourds aux paroles des pères montfortains. Ces catholiques-là, obsédés d'eux-mêmes et de leurs idées fixes, se posent en victimes et brandissent tout et n'importe quoi :  l'assassinat du Père Hamel,  la vandalisation d'édifices du culte, la suspension des offices en 2019 ("car toute cette histoire d'épidémie est un complot anticatholique"), etc. Gageons qu'il y aura samedi prochain des pancartes disant que le meurtre du Père Maire était commandité par Georges Soros... Ces délires sont à l'image d'une époque en rupture avec les réalités.  Emmanuel Abayisenga, l'incendiaire-meurtrier, est un catholique de 40 ans et un malade aveuglé par son impasse personnelle : ce n'est pas un musulman djihadiste comme les deux post-adolescents qui tuèrent le Père Hamel en haine de la foi. Le drame d'hier prend simplement rang dans la série, en France et hors de France, des prêtres victimes de ceux auxquels ils venaient en aide ; il y a des Jean Valjean qui tuent Mgr Myriel.

Demandons au Père Maire de prier pour nous.

 

 

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Commentaires

L'ENQUÊTE

> C'est selon moi un fait divers extrêmement dramatique, mais qui arrive selon une fatalité relativement imprévisible. Après tout, le criminel, jusque là, n'avait encore tué personne, même si incendier une cathédrale est un acte très grave (qui aurait pu éventuellement causer des morts). Quant aux psychiatres qui l'ont remis dans la nature, là non plus on ne peut pas en tirer des conclusions définitives. Etablir un diagnostic psychiatrique est une chose très complexe, et les erreurs sont fréquentes.
Maintenant, il faut attendre l'enquête, pour savoir s'il y a eu de fait des erreurs et des manquements de commis. -- Je comprends mal les hommes politiques et certains journalistes qui ont immédiatement dénoncé les institutions, les lois, comme par exemple Philippe de Villiers qui s'est mis à délirer dangereusement.
Un jour, quand l'enquête sera terminée, on arrivera peut-être à la conclusion que tout s'est passé "normalement". Il sera alors temps d'en tirer certaines conclusions, peut-être sur la propension des dernières décennies au laxisme, qui, je le répète, est inscrit dans la loi pénale actuelle. Il faudrait en tout cas tirer tout ceci au clair. Pour l'instant, ce qui en fait les frais, c'est une communauté chrétienne magnifique qui perd certainement le plus digne de ses représentants. Et ça, c'est le plus grand malheur qui pouvait arriver, et qui était peut-être évitable ?
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Écrit par : Bégand / | 10/08/2021

PAS UN "MARTYR"

> Bon résumé.
Voir dans ce bon prêtre un martyr, c'est montrer qu'on est influencé par la vision islamiste selon laquelle est martyre toute personne qui est tuée par un non musulman.
Ce prêtre est mort parce qu'il vivait la foi catholique (il n'aurait pas accueilli, il ne serait pas mort) mais pas POUR avoir ÉTÉ un prêtre catholique.
Si l'on veut trouver un vrai martyre de la foi, un prêtre vraiment assassiné parce que prêtre, on peut trouver l'exemple du père Jean Uhl tué par un sataniste à qui il n'avait fait que du bien ; sataniste qui dira lors de son interrogatoire que pendant qu'il le lardait de coups de couteau le prêtre lui disait" mon petit, arrête, dis un Notre Père avec moi".
Attitude qui évangélise, il suffit de lire cet article de 'Libération', voyez la dernière phrase, le journaliste a visiblement été touché
https://www.liberation.fr/france-archive/1997/02/07/le-cure-de-kingersheim-mort-sous-le-signe-de-satanil-avait-ete-retrouve-mort-dans-son-presbytere-cin_197615/%3foutputType=amp

Et pour la fin de l'histoire, constatez le repentir de l'assassin, la bonté de la famille de la victime et de l'Église en Alsace :
https://www.liberation.fr/societe/2001/04/07/vingt-ans-de-prison-pour-un-flash-satanique_360569/%3foutputType=amp

Je fais cette digression pour montrer ce qui évangélise vraiment.
Nous continuerons d'accueillir. Sans quoi nous serions des chrétiens catholiques comme Fabrice Salina, dans 'Le Guépard', était prince : que pour les apparences.
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Écrit par : E Levavasseur / | 10/08/2021

"INEXPULSABLE" ?

> Entièrement d'accord, en particulier concernant l'inexécution de l'arrêté d'expulsion : est-ce par manque de moyens ? Par défaut de volonté politique ?
Qu'un homme dont les problèmes psychiatriques avaient été révélés lors de l'incendie de Nantes puisse échapper à une détention provisoire dans l'attente de son procès est inadmissible. Une réforme de la justice s'impose.

P.S. Le témoignage du juge (en retraite) Van Ruymbeke sur ThinkerView est en cela édifiant. L'ancien magistrat évoque les greffiers épluchant les piles de lettres recommandées pour s'assurer que chacune porte une signature (sans quoi le vice de procédure pourrait faire écrouler des dizaines d'heures d'enquête) : à l'heure de l'internet sécurisé à haut débit, on continue d'appliquer les règlements d'il y a vingt ans...
https://youtu.be/7GUPgNXowFw
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Écrit par : Philippe de Visieux / | 10/08/2021

ABAYISENGA

> Faut-il employer le terme de martyr, je ne sais,
Mais ce qu’on ne souligne pas assez, c’est qu’en accueillant Emmanuel Abayisenga, les Monfortains ont attiré sur eux le danger qu’il représente et vraisemblablement épargné une ou plusieurs autres personnes.
Les lois étant ce qu’elles sont, il était bel et bien inexpulsable,
Toutefois, on peut discuter de la subjectivité du motif de danger dans son pays !
On peut aussi s’indigner de la lourdeur des procédures judiciaires qui, combinée à un effectif insuffisant conduisent à des retards scandaleux, d’autant que dans certains autres cas, on se dépèche : voir l’affaire Fillon !

PS : ce soir, journal télévisé de la 2 : une photo d’ Emmanuel Abayisenga avec le pape François lors d’une audience.

PFH


[ PP à PFH – Les haineux utilisent cette photo contre le pape François. La vérité est qu'à l'époque (2016), le Rwandais était vu comme le vertueux bénévole catholique de la cathédrale de Nantes, qui plus est rescapé du génocide... D'où sa présence dans un groupe de Nantais visitant le pape.
- Le Père Maire n'a pas été tué "en haine de la foi" puisque Abayisenga est catholique. Il ne s'agit donc pas d'un martyre au sens théologique du terme... ]

réponse au commentaire

Écrit par : PF. Huet / | 10/08/2021

@ Ph. de Visieux :

> il serait intéressant de savoir si cette fixation dans d es procédures définies il y plus de vingt ans (et par qui ? : les juristes ou les législateurs ?), résulte d'un manque de moyens ou (plus vraisemblablement à mon avis, vu leurs réactions aux anciens projets de peines planchers ou de barèmes que je trouvais plutôt bien fondées) d'une profession incapable de se réformer ou d'être réformée rationnellement.
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Écrit par : BCM / | 10/08/2021

à E. Levavasseur

> Ne pourrait-on parler ici d'un "martyr de la charité" selon l'expression employée pour Maximilien Kolbe ?
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Écrit par : Michel de Guibert / | 10/08/2021

LES DROITS DE LA SOCIÉTÉ EN TANT QUE TELLE

> Les droits de l'homme ne peuvent pas être identifiés uniquement aux droits de la défense des prévenus comme on le fait trop souvent depuis plusieurs dizaines d'années; la société a le droit de se défendre comme société. On ne peut pas se limiter à une perception individualiste et fataliste de la criminalité: "tant que cela ne m'atteint pas ni moi, ni les miens..."
Il en est de même de la charité: des groupes chrétiens se mobilisent pour accompagner les prévenus, visiter les prisons, mais combien de groupes chrétiens pour accompagner, aider les victimes ? Je pense par exemple à des personnes âgées victimes d'agressions et qui perdent de l'autonomie à cause de leurs angoisses. On l'a bien vu aussi avec la pédophilie pendant des décennies: l'oubli des victimes et la polarisation sur la protection et "l'accompagnement" des agresseurs !
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Écrit par : B.H. / | 11/08/2021

LE PÈRE GRIGNON DE MONTFORT

> C'est l'hiver. Un soir saint Louis-Marie de Montfort rencontre un pauvre transi par le froid,
couvert d'ulcères... qui n'a même plus la force d'appeler au secours.
Il le charge sur ses épaules et le transporte à la maison des prêtres de la mission. Il est tard
et la porte est déjà close...
« OUVREZ à JÉSUS-CHRIST »
clame-t-il à plusieurs reprises ...
Le portier ouvre enfin ayant bien de la peine
à reconnaître Jésus-Christ dans cette loque
humaine...
Montfort entre chargé de son précieux
fardeau, le couche dans son lit, le réchauffe
du mieux qu'il peut et passe la nuit en prière
à ses côtés.
J'ai la chance d'être très proche géographiquement et spirituellement des montfortains du Calvaire de Pontchâteau. Pour eux, et pour moi aussi, il n'y a aucun aucun doute, le Père Maire a accueilli ce Rwandais, en réponse à l'injonction proverbiale, chez les montfortains, de leur fondateur :
OUVREZ A JESUS CHRIST
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Écrit par : bernard / | 11/08/2021

EMMANUEL ABAYISENGA

> https://mobile.twitter.com/ArnaudBedat/status/1424722835273027589
Douloureuse image en effet. Cet homme a vécu dans l'extrême violence depuis l'enfance, ce qui - sans rendre son geste aucunement acceptable - permet de comprendre son état psychiatrique. Prière pour le P. Maire comme pour ce malheureux.
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Écrit par : Philippe de Visieux / | 11/08/2021

PAS ÉTONNANT, HÉLAS

> Les personnes qui, comme ce prêtre, s'engagent pour accueillir des délinquants ou des prévenus dans l'espoir de faciliter leur réinsertion ou par simple charité, ne sont tout simplement pas soutenus par les administrations chargées du suivi. Les éducateurs, les agents d'insertion et de probation sont en sous- effectif. Ils ne travaillent et ne répondent au téléphone qu'aux heures de bureau alors que les problèmes peuvent survenir 24/7. Il ne rencontrent pas régulièrement ou même pas du tout ni le justiciable ni l'hébergeur. Les psychiatres ont des carnets de rendez-vous saturés. Ils ne se déplacent pas. Bref en cas de difficultés l'hébergeur est laissé entièrement seul et sans soutien.
Ce drame ne m'étonne pas !
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Écrit par : Nicolas / | 11/08/2021

Les commentaires sont fermés.