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17/07/2021

Les graves motifs du Motu proprio 'Traditionis custodes'' : 2. la lettre explicative du pape aux évêques

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Face au torrent de fantasmes qui se déverse sur Facebook à propos du Motu proprio, il faut rester sereins, étudier le document et comprendre loyalement les raisons de la décision du pape – demandée par les évêques, pour des motifs dont il a été question ici récemment à propos de l'exemple de Dijon :


 Conférence des évêques de France

Motu proprio 'Traditionis Custodes' :

la lettre du pape François aux évêques

 

“Chers frères dans l’épiscopat,

Comme mon prédécesseur Benoît XVI l’a fait avec Summorum Pontificum, j’ai moi aussi l’intention d’accompagner le Motu proprio Traditionis custodes d’une lettre, pour illustrer les raisons qui m’ont conduit à cette décision. Je m’adresse à vous avec confiance et franchise (parrhesia, en grec, ndlr), au nom de ce partage du « souci de toute l’Église, qui contribue par excellence au bien de l’Église universelle », comme le rappelle le Concile Vatican II .

Les motifs qui ont poussé saint Jean-Paul II et Benoît XVI à accorder la possibilité d’utiliser le Missel romain promulgué par saint Pie V, publié par saint Jean XXIII en 1962, pour la célébration du Sacrifice eucharistique sont évidentes pour tous. La faculté, accordée par indult de la Congrégation pour le culte divin en 1984 et confirmée par saint Jean-Paul II dans le Motu proprio Ecclesia Dei de 1988 [3], était avant tout motivée par la volonté de favoriser la réduction du schisme avec le mouvement guidé de Mgr Lefebvre. La demande, adressée aux évêques, d’accueillir avec générosité les « justes aspirations » des fidèles qui demandaient l’usage de ce Missel, avait donc une raison ecclésiale de recomposition de l’unité de l’Église.

Cette faculté a été interprétée par beaucoup au sein de l’Église comme la possibilité d’utiliser librement le Missel romain promulgué par saint Pie V, déterminant une utilisation parallèle au Missel romain promulgué par saint Paul VI. Pour réguler cette situation, Benoît XVI est intervenu sur la question des années plus tard, régulant un fait interne à l’Église, à savoir que de nombreux prêtres et de nombreuses communautés avaient « utilisé avec gratitude la possibilité offerte par le Motu proprio » de saint Jean-Paul II. Soulignant combien cette évolution n’était pas prévisible en 1988, le Motu proprio Summorum Pontificum de 2007 entendait introduire « une réglementation juridique plus claire » [4]. Pour favoriser l’accès à ceux – même jeunes -, « qui découvrent cette forme liturgique, se sentent attirés par elle et y trouvent une forme particulièrement appropriée pour eux, de rencontre avec le Mystère de la Très Sainte Eucharistie » , a déclaré Benoît XVI « le Missel promulgué par saint Pie V et de nouveau publié par le bienheureux Jean XXIII comme une expression extraordinaire de la même lex orandi« , accordant une « possibilité plus large d’utiliser le Missel de 1962 ».

A l’appui de son choix il y avait la conviction que cette disposition ne remettrait pas en doute l’une des décisions essentielles du Concile Vatican II, en en minant de cette façon l’autorité : le Motu proprio reconnaissait pleinement que « le Missel promulgué par Paul VI est l’expression ordinaire de la lex orandi de l’Église catholique de rite latin ». La reconnaissance du Missel promulguée par saint Pie V « comme une expression extraordinaire de la lex orandi elle-même » ne voulait en aucune manière méconnaître la réforme liturgique, mais était dictée par le désir de répondre aux « prières insistantes de ces fidèles », leur permettant de « célébrer le Sacrifice de la Messe selon l’édition typique du Missel romain promulgué par le bienheureux Jean XXIII en 1962 et jamais abrogé, comme forme extraordinaire de la Liturgie de l’Église ». Il était conforté dans son discernement par le fait que ceux qui désiraient « retrouver la forme, qui leur est chère, de la sainte Liturgie », « acceptaient clairement le caractère contraignant du concile Vatican II et étaient fidèles au pape et aux évêques ». Il déclarait également infondée la crainte de scissions dans les communautés paroissiales, parce que « les deux formes de l’usage du Rite Romain auraient pu s’enrichir mutuellement ». C’est pourquoi il invitait les évêques à surmonter les doutes et les peurs et à recevoir les normes, « en veillant à ce que tout se passe dans la paix et la sérénité », avec la promesse que « l’on pouvait chercher des voies pour trouver un remède »,  au cas où « de graves difficultés seraient venues à la lumière » dans l’application de la normative après « l’entrée en vigueur du Motu proprio » .

Treize ans plus tard, j’ai chargé la Congrégation pour la doctrine de la foi de vous adresser un questionnaire sur l’application du Motu proprio Summorum Pontificum. Les réponses parvenues ont révélé une situation douloureuse qui m’inquiète, me confirmant la nécessité d’intervenir. Malheureusement, l’intention pastorale de mes prédécesseurs, qui avaient entendu « faire tous les efforts afin que tous ceux qui ont vraiment le désir de l’unité aient la possibilité rester dans cette unité ou la retrouver », a été souvent gravement négligée. Une possibilité offerte par saint Jean-Paul II et avec une  magnanimité encore plus grande par Benoît XVI afin de recomposer l’unité du corps ecclésial dans le respect des différentes sensibilités liturgiques a été utilisée pour augmenter les distances, durcir les différences, construire des oppositions qui blessent l’Église et en entravent la progression, en l’exposant au risque de divisions.

Je suis également attristé par les abus de part et d’autre dans la célébration de la liturgie. Comme Benoît XVI, je stigmatise moi aussi que « dans de nombreux endroits on ne célèbre pas de façon fidèle aux prescriptions du nouveau Missel, mais qu’il soit même compris comme une autorisation ou jusqu’à une obligation à la créativité, qui conduit souvent à des déformations à la limite de ce qui est supportable ». Mais je ne suis pas moins attristé par une utilisation instrumentale du Missale romanum de 1962, toujours plus caractérisée par un refus croissant non seulement de la réforme liturgique, mais du concile Vatican II, avec l’affirmation infondée et insoutenable qu’il aurait trahi la Tradition et la « vraie Église ». S’il est vrai que le chemin de l’Église doit être compris dans le dynamisme de la Tradition, « qui tire son origine des Apôtres et qui progresse dans l’Église sous l’assistance de l’Esprit Saint » (DV 8), le concile Vatican II, au cours duquel l’épiscopat catholique s’est mis à l’écoute pour discerner le chemin que l’Esprit indiquait à l’Église, constitue l’étape la plus récente de ce dynamisme. Douter du concile, signifie douter des intentions mêmes des Pères, qui ont exercé leur pouvoir collégial de façon solennelle cum Petro et sub Petro au concile œcuménique, et, en dernière analyse, c’est douter de l’Esprit-Saint lui-même qui guide l’Église.

Le concile Vatican II lui-même éclaire le sens du choix de revoir la concession permise par mes prédécesseurs. Parmi les voeux que les évêques ont indiqué avec le plus d’insistance, émerge celui de la participation pleine, consciente et active de tout le peuple de Dieu à la liturgie, dans la ligne de ce qui a déjà été affirmé par Pie XII dans l’encyclique Mediator Dei sur la renouveau de la liturgie. La constitution Sacrosanctum Concilium a confirmé cette demande, en délibérant sur « la réforme et la croissance de la liturgie », en indiquant les principes qui devraient guider la réforme. En particulier, il a établi que ces principes concernaient le rite romain, tandis que pour les autres rites légitimement reconnus, il demandaient qu’ils soient « prudemment révisés de manière intégrale dans l’esprit de la saine tradition et qu’on les dote d’une vigueur nouvelle selon les circonstances et les besoins de le temps ». C’est sur la base de ces principes, que la réforme liturgique s’est faite, sa plus haute expression étant le Missel romain, publié in editio typica par saint Paul VI  et révisé par saint Jean-Paul II. Force est donc de constater que le rite romain, adapté plusieurs fois au cours des siècles aux nécessités des époques, a non seulement été conservé, mais renouvelé « dans le fidèle respect de la Tradition ». Quiconque désire célébrer avec dévotion selon la forme liturgique antécédente n’aura aucune difficulté à trouver dans le Missel romain réformé selon l’esprit du concile Vatican II, tous les éléments du rite romain, en particulier le canon romain qui constitue un des éléments les plus caractéristiques.

il y a une dernière raison que je veux ajouter au fondement de mon choix : sont toujours plus évidents, dans les paroles et dans les attitudes de beaucoup, la relation étroite entre le choix des célébrations selon les livres liturgiques précédant le concile Vatican II et le rejet de l’Église et de ses institutions au nom de ce qu’ils considèrent comme la « vraie Église ». Il s’agit d’un comportement qui contredit la communion, nourrissant cette incitation à la division« Je suis à Paul ; Moi, par contre, à Apollos ; Je suis de Céphas ; Je suis du Christ »contre laquelle l’apôtre Paul a réagi fermement.

C’est pour défendre l’unité du Corps du Christ que je suis contraint de révoquer la faculté accordée par mes prédécesseurs. L’usage déformé qui en a été fait est contraire aux raisons qui les ont conduits à leur laisser la liberté de célébrer la messe avec le Missale Romanum de 1962. Puisque « les célébrations liturgiques ne sont pas des actions privées, mais des célébrations de l’Église, qui est » sacrement de l’unité », elles doivent se faire en communion avec l’Église. Le concile Vatican II, tout en réaffirmant les liens extérieurs d’incorporation à l’Église – la profession de la foi, des sacrements, de la communion – affirmait avec saint Augustin que c’est une condition pour que le salut que de demeurer dans l’Église non seulement « avec le corps », mais aussi « avec le cœur ».

Chers frères dans l’épiscopat, Sacrosanctum Concilium a expliqué que l’Église comme « sacrement de l’unité » est telle parce qu’elle est  « le Peuple saint rassemblé et ordonné sous l’autorité des évêques » [26]. Lumen gentium, tout en rappelant à l’Évêque de Rome d’être « le principe perpétuel et visible et le fondement de l’unité à la fois des évêques et de la multitude des fidèles », dit que vous êtes le « principe visible et le fondement de l’unité dans vos Églises locales, à partir desquelles il existe la seule et unique Église catholique » . Répondant à vos demandes, je prends la ferme décision d’abroger toutes les normes, instructions, concessions et coutumes antérieures à ce Motu Proprio, et de conserver les livres liturgiques promulgués par les saints pontifes Paul VI et Jean-Paul II, conformément aux décrets du concile Vatican II, comme la seule expression de la lex orandi du rite romain.

Je suis réconforté dans cette décision par le fait qu’après le concile de Trente, saint Pie V a également abrogé tous les rites qui ne pouvaient se vanter d’une antiquité prouvée, établissant un seul Missale romanum pour toute l’Église latine. Pendant quatre siècles, ce Missale Romanum promulgué par saint Pie V fut ainsi l’expression principale de la lex orandi du rite romain, remplissant une fonction unificatrice dans l’Église. Pour ne pas contredire la dignité et la grandeur de ce rite, les évêques réunis en concile œcuménique on demandé qu’il soit réformé ; leur intention était que « les fidèles n’assistent pas au mystère de la foi comme des étrangers ou des spectateurs silencieux a mais, qu’avec une pleine compréhension des rites et des prières, ils participent à l’action sacrée consciemment, pieusement et activement ». Saint Paul VI, rappelant que le travail d’adaptation du Missel romain avait déjà été commencé par Pie XII, déclara que la révision du Missel romain, menée à la lumière des sources liturgiques les plus anciennes, avait pour but de permettre à l’Église d’élever, dans la variété de langues, « une seule et même prière » qui exprime son unité. J’ai l’intention de rétablir cette unité dans toute l’Église de rite romain.

En décrivant la catholicité du Peuple de Dieu, le concile Vatican II rappelle que « dans la communion ecclésiale il y a des Églises particulières, qui jouissent de leurs propres traditions, sans préjudice de la primauté de la chaire de Pierre qui préside à la communion universelle de charité, garantit les diversités légitimes et en même temps veille à ce que le particulier non seulement ne nuise pas à l’unité, mais qu’il la serve ». Alors qu’en exerçant mon ministère au service de l’unité, je prends la décision de suspendre la faculté accordée par mes prédécesseurs, je vous demande de partager ce poids avec moi comme une forme de participation à la sollicitude pour toute l’Église. Dans le Motu proprio, j’ai voulu affirmer qu’il appartient à l’évêque, en tant que modérateur, promoteur et gardien de la vie liturgique dans l’Eglise dont il est le principe d’unité, de régler les célébrations liturgiques. Il vous appartient donc d’autoriser dans vos Eglises, en tant qu’ordinaires locaux, l’usage du Missel romain de 1962, en appliquant les normes de ce Motu proprio. C’est avant tout à vous de travailler pour revenir à une forme festive unitaire, en vérifiant au cas par cas la réalité des groupes qui célèbrent avec ce Missale romanum.

Les indications sur la marche à suivre dans les diocèses sont principalement dictées par deux principes : d’une part, pourvoir au bien de ceux qui sont enracinés dans la forme de célébration précédente et ont besoin de temps pour revenir au rite romain promulgué par les saints Paul VI et Jean-Paul II ; d’autre part, interrompre l’érection de nouvelles paroisses personnelles, liées plus au désir et à la volonté de certains prêtres qu’au besoin réel du « saint peuple de Dieu fidèle ». En même temps, je vous demande de veiller à ce que chaque liturgie soit célébrée avec décorum et avec fidélité aux livres liturgiques promulgués après le Concile Vatican II, sans excentricités qui dégénèrent facilement en abus.

Les séminaristes et les nouveaux prêtres doivent être éduqués à cette fidélité aux prescriptions du Missel et aux livres liturgiques, qui reflètent la réforme liturgique souhaitée par le Concile Vatican II.

Pour vous, j’invoque l’Esprit du Seigneur ressuscité, afin qu’il vous rende forts et fermes dans le service du peuple que le Seigneur vous a confié, afin que, par vos soins et votre vigilance, il exprime la communion même dans l’unité d’un seul rite, dans lequel est gardée la grande richesse de la tradition liturgique romaine. Je prie pour vous. Vous priez pour moi.”

 

FRANÇOIS

 

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Commentaires

"LE TEXTE EST CLAIR"

> Le texte est clair il n'y a donc pas besoin de perdre les pédales comme sur 'Valeurs Actuelles' ou Twitter où ça délire complètement ("guerre déclarée aux traditionalistes").
Ça délire autant que dans cet article du 'Monde' qui parlait de cette religieuse de Pontcallec renvoyée de l'état religieux, parlant de "relents de procès en sorcellerie." Rien que ça !
Il s'agit évidemment d'un réflexe puisque les Dominicaines de Pontcallec étant tradis la religieuse renvoyée est censée être forcément une gentille progressiste : ça ca plairait au journal 'Le Monde' ! sauf que... effectivement Pontcallec est tradi, mais la religieuse en question apparemment ne cessait de faire du mauvais esprit dans un sens ultra-tradi, refusant les évolutions tout à fait naturelles à un ordre vivant, l'Église vivante. Si la journaliste prenait le temps de renseigner...
https://www.lemonde.fr/societe/article/2021/05/25/je-tremble-d-etre-definitivement-chassee-de-ma-vocation-chez-les-dominicaines-du-saint-esprit-une-religieuse-dans-la-tempete_6081445_3224.html

La seule question que je me pose pour le nouveau motu proprio c'est : que veut dire le pape quand il dit que les évêques pourront déterminer "les jours de célébration" ?
Qu'il n'y en aura pas tous les dimanches ?
______

Écrit par : E Levavasseur / | 17/07/2021

UNE AFFAIRE QUI N'INTÉRESSE QUE LES CATHOLIQUES
(ET ENCORE PAS TOUS, LOIN DE LÀ !)

> Rappelons que la question liturgique est un problème à l'égard duquel l'immense majorité de nos concitoyens n'a strictement rien à foutre.
Ce qui prime, ce n'est pas de savoir si monsieur le curé doit ou non porter un manipule ; c'est d'annoncer l'Évangile 'hic et nunc', la Bonne Nouvelle à des millions de personnes sans Espérance. Les évangéliques, eux, s'y emploient avec énergie, laissant les cathos à leurs querelles d'un autre âge.
Le rêve déçu de Benoît XVI, c'était d'intégrer les communautés traditionalistes à la pleine communion ecclésiale, pas de réhabiliter Lefebvre. Cela a parfois fonctionné, mais souvent dérapé vers un retour sournois aux origines intégristes.
Je n'ai aucun doute quant au fait que le pape émérite n'est nullement choqué par cette salutaire décision : il le fut sans doute bien davantage devant les réticences d'Écône malgré toutes les avances qu'il avait faites (jusqu'à la levée d'excommunication d'un évêque négationniste, quasiment extorquée - de manière ignoble - d'un pontife qui avait connu l'horreur nazie).
Si nos amateurs de soutanes et de cappa magna souhaitent rejoindre Écône, cela démontrerait que leur ralliement à Rome n'était pas sincère ; leur hypocrisie prendrait alors fin. Aux grands maux, les grands remèdes !
PV


[ PP à PV – D'accord à cent pour cent. ]

réponse au commentaire

Écrit par : Philippe de Visieux / | 17/07/2021

@ PV

Tout à fait d'accord sur votre constat : que les masques tombent.
C'était déjà la conclusion de l'article ci-dessous qui datait de 2016

http://www.letempsdypenser.fr/lallergie-au-pape-francois-est-revelatrice-des-turpitudes-et-des-incoherences-de-certains-milieux-catholiques/

Rien n'a vraiment changé.
______

Écrit par : Louis Charles / | 19/07/2021

LE PAPE DEMANDE AUSSI LA FIN
DU LAISSEZ-ALLER LITURGIQUE

> Je ne suis pas tradi… (Je n’ai été que deux fois à la messe « en latin » et je me réjouis de découvrir la richesse des textes conciliaires à chaque fois que je les travaille.)
En revanche, je suis attaché à la dignité des célébrations et je souffre beaucoup de la négligence liturgique dans beaucoup de paroisses.
Ne fréquentant pas les milieux tradi, je n’ai pas été confronté à leur arrogance (même si je la perçois très nettement sur les réseaux sociaux ces derniers jours. D'ailleurs, ces réactions à elles seules suffisent à prouver la justesse de la décision du pape.)
Mais il y a une arrogance à laquelle on est souvent confronté lorsqu'on se permet de faire des propositions pour que le rite « ordinaire » soit vraiment respecté. C’est l’arrogance et la dureté d'une partie de ceux qui se revendiquent de « Vatican II » sans avoir jamais lu les textes.
(Je note que c’est souvent une génération vieillissante dont les enfants et petits-enfants ne vont plus à la messe et qui sont incapables de se remettre en cause et de comprendre pourquoi les jeunes générations sont attachées à une liturgie soignée).
J’espère donc que ce motu proprio sera accueilli dans toutes ses dimensions, y compris dans ce rappel très juste du pape (merci d’avoir partagé le texte dans son intégralité !) :
« je vous demande de veiller à ce que chaque liturgie soit célébrée avec décorum et avec fidélité aux livres liturgiques promulgués après le Concile Vatican II, sans excentricités qui dégénèrent facilement en abus. »
Je partage l’inquiétude du pape François face à la rigidité de certains et l’instrumentalisation de la question liturgique pour des raisons idéologiques. Il fallait réagir. Je trouve donc ce motu proprio particulièrement bienvenu… à condition qu’il conduise aussi à une remise en cause de ceux qui prennent leur liberté avec la liturgie dans le rite romain "ordinaire".
Pour accueillir tous les fidèles dans la communion à l’occasion de l’Eucharistie (notamment ceux qui étaient attirés par le « rite extraordinaire »), chacun doit faire l’effort de ne pas imposer ses lubies personnelles aux autres…
Acceptons de recevoir humblement la liturgie qui nous est donnée par l’Eglise !
______

Écrit par : Marc / | 19/07/2021

DISCUSSION

> (Précision : je fréquente ma paroisse Saint Martin et y participe à quelques activités.)
On ne peut qu’être attristé par la situation actuelle. Je veux bien comprendre qu’il y a eu des dérives schismatiques sous couvert des autorisations données par Benoît XVI et qu’une réaction était nécessaire. Oui, il y a de l’arrogance chez certains traditionalistes, mais il y en a ailleurs.
Car il existe un mal profondément enraciné hier et aujourd’hui chez nombre de prêtres, évêques, journalistes, théologiens et autres ? Ce mal, n’est pas une question de fond mais de communication, chose au moins aussi importante de nos jours
Ce mal consiste à tellement louer l’après Vatican II et tellement discréditer l’antérieur que des fidèles peuvent se dire que l’Eglise s’est trompée et les a trompés pendant des générations. Et peut-être certains de ces communicateurs (ou beaucoup ?), doivent le penser vraiment. On comprend que ce langage et cette présentation des textes du magistère sème un trouble et cultive une mentalité de rupture.
Deuxième trouble par ricochet : si on nous fait comprendre que l’Eglise peut s’être trompée de la sorte, pourquoi serait-il impossible qu’elle se trompe aujourd’hui?

PFH


[ PP à PFH :

– On ne peut pas dire que les évêques du XXIe siècle présentent le passé ecclésial de la même façon que les médias. Je n'ai vu aucun évêque condamner le passé de l'Eglise. A fortiori aucun pape... Sauf évidemment si l'on juge révoltante la repentance du bimillénaire exprimée en 2000 par Jean-Paul II : mais alors il faudrait soutenir que jamais les gens d'Eglise n'ont commis de fautes ou d'injustices, ce qui serait à la fois une sottise historique et une thèse anti-théologique.
Donc ? ]

réponse au commentaire

Écrit par : PF. Huet / | 22/07/2021

à Marc

> vous avez bien résumé l'enjeu de la liturgie et j'ai moi-même observé dans ma paroisse une crispation de la part de certains fidèles tout ça parce que le prêtre avait laissé un encensoir devant l'autel pendant la consécration des offrandes et que cela faisait "tradi" ou "vieille-Église".
Pourtant j'ai trouvé cela beau, cela m'a fait pensé au psaume 140 "que ma prière..." et au-delà cela m'a "relié" en prière à tous ceux qui avant nous, dans les religions qui nous ont précédés, cherchaient je pense Dieu.
Je pense que retrouver une certaine beauté dans la liturgie (y compris en puisant dans les beautés des chants grégoriens) est utile pour nous aider à prier mieux et avec plus de ferveur. J'espère que les évêques vont mettre cela en travaux dans leurs diocèses avec les fidèles et que cela va servir l'annonce de l’Évangile.

Damien


[ PP à Damien – S'indigner cointre ce que l'on qualifie de "vieille Eglise", c'est prétendre s'approprier la pratique paroissiale : et ce n'est pas différent du symétrique inverse : ceux qui prétendaient "reconquérir les paroisses" (à la "messe de St Pie V"). Dans les deux cas on prétend assujettir la religion à des préférences partisanes].

réponse au commentaire

Écrit par : Damien / | 25/07/2021

@ PP

> Bien sûr, les gens d'Eglise ont commis des fautes dans le passé, une des pires ayant été le silence face à la traite négrière. Toutefois, la situation actuelle de l'Eglise en France devrait inspirer beaucoup d'humilité.
Elle est sous perfusion!
Dans mon diocèse principal, il y a près de moitié de prêtres étrangers, surtout africains.
En vacances, au pays de ma famille maternelle, ce matin prêtre africain, et "animation" musicale par une famille wallisienne installée ici. C'est joli, coloré, mais nous n'avions pas la traduction...
Dans les monastères, c'est pareil: le carmel historique de Pontoise, (fondé pas une compagne de Sainte Thérèse, Anne de Saint Barthélémy!) à été sauvé par une arrivée massive de Brésiliennes. Je pourrais en citer d'autres. Cela fait percevoir l'universalité de l'Eglise, certes, mais c'est inquiétant.

PF Huet /


[ PP à PFH – Oui, c'est inquiétant. Le catholicisme et l'adhésion à l'Eglise s'évaporent dans les esprits européens, au même rythme que tous les "grands récits" et toutes les appartenances séculiers.
Et force est de constater que le prétendu "réveil des catholiques français" circa 2013 n'a rien donné en termes de vocations de prêtres diocésains ! (L'argument ressassé des "nombreuses vocations dans les séminaires tradis" ne tient pas la route, pour deux raisons majeures qui n'ont pas leur place dans cette réponse).
Il faut donc s'attendre à une rétraction sociologique et matérielle du catholicisme français, et de la disparition de beaucoup de ses formes institutionnelles présentes. L'important est que ça n'entraîne pas un recroquevillement spirituel, mais au contraire un nouvel élan apostolique... (que, là aussi, les fameux "tradis" seraient bien incapables de concevoir). ]

réponse au commentaire

Écrit par : PF. Huet / | 25/07/2021

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