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28/06/2021

Signe des temps : l’abstentionnisme de masse pose un grave problème à la République

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Mon dernier éditorial de la saison à RCF :


 

<< 66 % d’abstentions hier soir en France… 31 millions d’abstentionnistes : 11 millions de plus qu’en 2015 ! A ce niveau-là c’est un vrai boycott. Presque une sécession.  

Alors : POURQUOI ?  On invoque 36 explications possibles : les Français n’auraient pas trouvé l’offre qu’ils auraient souhaitée… Ou bien il leur aurait fallu « le vote par internet » (comme il y a l’achat par internet)… Ou bien c’était « le début de l’été »… Etc.

En tout cas il y a une bizarrerie : les politologues nous disaient qu’on ne voulait plus des partis politiques nationaux et qu’on voulait « de la pro-xi-mi-té ». Mais justement, aux régionales et départementales, on pouvait voter pour des listes d’intérêts locaux sans étiquette partisane : pourtant les gens ont boudé en masse !  Hier soir un expert de Sciences Po disait que le Français « n’a plus le sens civique » et ne réagit plus qu’à ce qui le concerne « lui personnellement ». Mais justement les régionales et départementales touchent la vie quotidienne des gens. Or des millions de gens quand même n’ont pas voté... Est-ce qu’en fait ils ne s’intéresseraient plus à rien ?

Eh bien, pas exactement. Vous avez sûrement entendu des jeunes, par exemple, dire ce qui les intéresse plus que les élections. Beaucoup déclarent que les élections sont un truc de vieux, et que les réseaux sociaux donnent « de meilleurs moyens de s’exprimer » : des moyens, disent-ils, « qui nous ressemblent plus que les élections ».

Mais attention : est-ce que les élections ont pour but de tendre aux gens un miroir pour produire des images « qui leur ressemblent » ? Est-ce que les élections sont à voir comme un « moyen d’expression » au sens où Twitter, Facebook, Instagram ou TikTok sont des « moyens d’expression » ?

Evidemment non. Les citoyens-électeurs ne sont pas censés faire un selfie, mais désigner des élus chargés d’agir dans l’intérêt général. Si vraiment aujourd’hui ce système républicain ne fonctionnait plus dans l’esprit des gens, c’est que la notion d’intérêt général serait perdue de vue. Il faudrait tous ensemble se poser cette question, et chercher des réponses. >>

 

https://rcf.fr/la-matinale/l-abstentionnisme-probleme-pou...

 

 

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10:25 Publié dans Idées, Politique | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : régionales

Commentaires

UNE AUTRE EXPLICATION

> Peut-être y a-t-il une autre explication : une partie des Français considère que le pays n'a pas besoin d'épuiser ses finances en multipliant les strates délibératives. A-t-on les moyens, en 2021, de financer 120 assemblées élues sachant que Bruxelles et Paris régissent déjà quasiment tout ? Les Français ne comprennent pas à quoi servent ces conseillers, comme ils perçoivent le peu de pouvoirs dont jouissent les députés européens : ne pas s'étonner que ces élections soient boudées par la majorité de nos concitoyens.
Je n'ai pas voté pour cette raison : nous avons déjà des maires, des députés, des sénateurs, des députés européens, des CESE aux plans national et régional... sans évoquer préfets, sous-préfets, recteurs d'académie, etc. Cela fait beaucoup : y ajouter conseillers départementaux et régionaux, est-ce bien raisonnable dans un pays dont le taux réel de chômage, à équivalent temps plein, est plus proche de 25% que de 10% (selon Gaël Giraud) ?
Dans l'Église, nous n'avons que deux échelons entre le fidèle de base et le pape : monsieur le curé et l'évêque. Ne devrait-on pas nous en inspirer en France ?
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Écrit par : Philippe de Visieux / | 28/06/2021

SELFIES

> Une certitude, dans l'état actuel des mœurs… Si, d'ici avril 2022, Emmanuel Macron réussit à faire 30 millions de selfies, au gré de ses pérégrinations hexagonales, il atteindra l'immunité collective, il conquerra l'invariant électoral, il sera réélu !
L'urgence est là, pour LREM : mettre en place des "selfiodromes" !
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Écrit par : Denis / | 28/06/2021

ET EN PLUS

> Comme Ph. de Visieux ! Et en plus, les candidats locaux que je connaissais un peu (de loin) ne sont pas rassurants... Marre de voter blanc pour des prunes depuis 20 ans à toutes les élections, franchement...
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Écrit par : Alex / | 28/06/2021

à Alex :

> Nous approchons de 120% de dette publique. À ce niveau, pourquoi ne pas opérer une authentique simplification administrative ? En commençant par supprimer Sénat et CESE, qui ne servent strictement à rien comme l'a prouvé la récente loi de bioéthique.
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Écrit par : Philippe de Visieux / | 29/06/2021

LES VRAIES CAUSES DE LA DETTE FRANÇAISE

> La dette française est la résultante de la défiscalisation massive de la finance et des hauts revenus, de l'obligation faite aux organisations publiques de privatiser leur dette (la dette de la SNCF n'est pas dû aux "privilèges" des cheminots, mais à la financiarisation de ses emprunts de développement) et bien sûr à l'ardoise des crises systémiques de la finance.
Qu'il y ait trop d'échelons intermédiaires, de commissions, de comités, moi, je veux bien, mais je me fous complètement qu'il y ait ou pas des notables engraissés ou inutiles. En comparaison des actionnaires engraissés, leur poids est inexistant. La finance dérégulée est seule responsable de la dette, qui est d'ailleurs la même partout.
Vous évoquiez Gaël Giraud : il montre bien que si on compare ce qui doit l'être, les taux d'endettement français et allemands sont identiques, par exemple. Il en va d'ailleurs de même pour le chômage : l'étude Xerfi de 2016 montre que, depuis la réunification, la France a créé autant d'emplois que l'Allemagne. Mais la fécondité diffère. Si on applique le taux de fécondité français à l'Allemagne depuis 1990, on se retrouve avec un taux de chômage identique. Ne parlons pas du plein emploi américain, pays dans lequel, juste avant la pandémie, 50% des actifs (l'ancienne classe moyenne disparue) vivaient au jour le jour, sans possibilité de mettre un sou de côté pour remplacer le pommeau de douche en cas de problème.
En d'autres termes, les mêmes biotopes créent les mêmes animaux, et tous les bricolages à l'intérieur du système néolibéral ne permettront jamais de faire baisser la dette ni de créer de l'emploi véritable. C'est vrai en France, c'est vrai partout. C'est le système qu'il faut détruire, et je ne crois pas judicieux de perdre du temps et de l'énergie à une énième réforme d'avance stérile des échelons locaux ou des comités consultatifs, quoi que je pense par ailleurs de la Cour des comptes, du comité Théodule ou du collectif Zanzibar.
De mon côté, je ne vote pas (même pas blanc) parce que le système électoral dans sa structure est faussé (une assemblée qui obtient la majorité absolue avec moins de 18% des électeurs cesse d'être démocratique, sauf à considérer comme démocratiques les institutions censitaires balzaciennes) et parce qu'il n'y a pas d'alternance possible à l'obsession libérale dans les partis actuels, en France et ailleurs : le marais bancaire central absorbe tout, des pseudo-gaullistes aux pseudo-socialistes, le RN a toujours été économiquement libéral (et ça n'est qu'un de ses crimes). Quant à LFI, en plus d'un dirigeant qui sucre les fraises, elle se paralyse dans les niaiseries intersectionnelles et racialistes, qui semblent lui donner plus de satisfaction que la défense des opprimés.
Pour autant, je ne me hasarde bien sûr pas à expliquer ainsi le taux d'abstention. Ce qui est valable pour moi ne l'est que pour un nombre beaucoup trop indéterminé d'individus pour que j'en tire des conclusions générales. Même si moi non plus, comme vous Philippe, je ne suis pas un boomer ! :)
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Écrit par : Lucas Pommat / | 29/06/2021

à Lucas Pommat :

> Privatisation de la dette, oui c'est bien le mal de notre temps. En abandonnant le circuit du Trésor, en promulguant la loi de 1973 puis en adoptant le traité de Maastricht, on a progressivement fait le jeu des Allemands (et de leurs amis "frugaux" d'Europe du Nord) qui ne pouvaient accepter - et ne font que timidement tolérer - le financement de l’État par la banque centrale. Attitude tout à fait irrationnelle comme le rappelle Gaël Giraud mais plongeant ses racines dans l'entre-deux-guerres, les brouettes pleines de billets pour s'acheter un sandwich et leur conséquence, les chemises brunes au pouvoir.
Ce système de financiarisation généralisée est effectivement à démanteler au plus vite : c'est ce système qui a contribué à désindustrialiser le pays depuis vingt ans.
Mais quel parti ou quel candidat porte aujourd'hui un tel projet, qui implique de remettre en cause les fondamentaux de l'Union européenne voire l'euro en tant que monnaie unique ?
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Écrit par : Philippe de Visieux / | 02/07/2021

à Lucas Pommat :

> https://www.lefigaro.fr/sciences/le-milliardaire-richard-branson-prevoit-d-aller-dans-l-espace-des-le-11-juillet-avant-bezos-20210702
Un exemple, s'il en fallait, de deux "actionnaires engraissés" : Branson veut aller dans l'espace avant Bezos. On est en cour de récré, avec deux ados qui se chamaillent. Que la Terre se réchauffe à un rythme jamais atteint ne les empêche pas de poursuivre leurs caprices : ils préparent même le terrain à de futurs "clients astronautes". Atterrant.
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Écrit par : Philippe de Visieux / | 02/07/2021

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