22/06/2021
Combien de fois fera-t-on le coup du "danger imminent" ?
Et si le mythe – démenti dans les urnes– de la “montée du RN”, et son corollaire l’injonction au “front républicain”, étaient l’un des facteurs de l’abstentionnisme de masse ? Ma chronique à Radio Présence (Toulouse Midi-Pyrénées) et Radio Fidélité Mayenne :
<< Combien de fois nous refera-t-on le coup du danger imminent ? A chaque élection sauf à la rigueur les municipales, les médias sonnent le tocsin ; chaque fois « la montée du Rassemblement national » est annoncée, et chaque fois on annonce que contre lui tous les autres partis doivent s’unir, quitte à oublier leurs différences.
Regardons ça de plus près. D’une part, le spectre lepéniste s’évanouit presque partout le dimanche à 20 h, dès les premiers résultats. Mais d’autre part on aura entendu, une fois de plus, l’injonction d’oublier toutes les différences politiques : comme si « faire barrage aux lepénistes » était devenu la seule raison d’être du politique dans ce pays.
Le côté anormal de cette consigne finit quand même par apparaître. Dans la région PACA, le candidat écologiste Jean-Laurent Félizia ne s’est désisté qu’à contre-cœur, après avoir tenté pendant vingt-quatre heures, malgré la pression de tous les autres partis, de maintenir sa candidature au second tour. Il expliquait au nom de ses électeurs, je cite : « Nous n’en pouvons plus de l’effacement de nos idées et de nos valeurs… » C’est exact : que devient une démocratie quand elle n’est plus une comparaison entre les propositions des uns et des autres ? Que devient une démocratie quand s’installe une pensée unique, ou pensée-zéro parce ce n’est plus une pensée mais seulement un refus de quelque chose ?
Evidemment je ne suis pas en train de dire que le programme lepéniste est sans problème ! Je dis seulement qu’il est anormal d’entendre dire, depuis des années, que les différences de vision entre les autres partis doivent s’effacer pour s’opposer aux lepénistes : on donne ainsi l’impression que seuls les lepénistes sont différents, ce qui revient à leur donner un atout, comme si désormais ils étaient indispensables et au centre des choses. Ce qui pourtant ne semble pas être l’avis des électeurs, on le voit à chaque scrutin !
Il serait temps de s’apercevoir que cet appauvrissement du débat national est l’une des causes de l’abstentionnisme de masse, qui s’aggrave d’élections en élections, et dont l’énormité dimanche dernier ne peut qu’inquiéter ceux qui se soucient des institutions. Entendre, dans tous les radio-trottoirs, des citoyens déclarer que la politique ne sert à rien, devrait pousser les dirigeants à se poser des questions. Entendre ces citoyens ajouter que la politique « ne [leur] apporte rien dans [leur] vie personnelle », devrait aussi interroger sur l’effet du consumérisme commercial sur les mentalités. On aimerait voir nos débats télévisés aborder ces problèmes… >>
https://www.radiopresence.com/IMG/mp3/23062021_chroeco_airtemps.mp3
11:34 Publié dans Politique | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : régionales, extrême droite
Commentaires
CASSE-TÊTE
> Trouver un parti pour qui voter devient un vrai casse-tête chinois :
- la mondialisation ultra-libérale du parti au pouvoir je n'en veux pas
- la droite crache sur Macron et dit qu'elle fera mieux, mais Macron fait son programme, ils en ont rêvé, Macron l'a fait
- la gauche (socialiste) n'a plus qu'un programme économique de droite (libéral) depuis 40 ans (depuis que Mitterand a privatisé les entreprises d'état et fait sauter les taxes aux frontière)
- le communisme ne me fait pas rêver (regardez la chute de l'URSS, la Chine aujourd'hui & co)
- Lepen, j'aimerai éviter
- les écolos, j'aimerai bien, mais ils n'ont qu'un programme LGTB, l'écologie véritable, ils ne savent pas ce que c'est (au moins ceux qui sont en tête d'affiche chez les Verts/Europe Ecologie & co)
- le vote blanc n'est jamais décompté, affiché, c'est comme s'il n'existait pas.
Résultat, pour "emmerder les politiques" (et leur faire comprendre qu'ils doivent se mettre à réfléchir) il me semble qu'il ne reste que 2 solutions :
- voter Lepen (pour leurs faire peur), mais bon, jouer avec une grenade dégoupillée, j'aimerai éviter, c'est dangereux à terme
- ne pas voter. Et là cela fait réagir : on voit la panique (de façade ?) dans le poulailler.
Que faire donc ? la politique de la chaise vide n'est pas tenable à long terme.
Cdt,
PS : et je vous passe le vote sur les machines à voter dans ma commune, où j'ai le plus grand doute sur l'authenticité des résultats.
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Écrit par : bergil / | 24/06/2021
MACRON ET SES "VALEURS"
> Le débat que vous soulevez, cher PP, est une résultante de la manipulation macronienne qui consiste à désigner les partis de droite et de façon générale, "le conservatisme antilibéral contre nos valeurs" (cf. la déclaration du jour du président français), comme la source du manque actuel de crédibilité et des difficultés politiques des démocraties européennes.
Ce faisant, M. Macron, suivi par les principaux médias, invente et désigne à la vindicte publique un satyre-bouc émissaire ayant le sourire carnassier d'une Le Pen en campagne, le torse musculeux du premier ministre hongrois Viktor Orban et les jarrets bondissants du président polonais Andrzej Duda.
Sauf que les citoyens français et européens ne sont pas dupes et savent où résident les véritables satyres, tous suppôts de l'ultralibéralisme anglo-saxon et atlantique qui spécule à n'en plus finir sur l'économie et sur les mœurs dans le but de maintenir sa domination sur les masses…
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Écrit par : Denis / | 25/06/2021
LA CASTE CONTRE LE PEUPLE
> Bien évidemment, « Sans le demos, que serait la démocratie ? », a dit (à peu près) Mélenchon, qui est parfois sensé.
Sauf que la classe bavarde médiatico-politique répète que c'est le peuple qui quitte la démocratie, alors qu'on a bien l'impression du contraire : le peuple reste attaché à la politique, mais il voit que son vote, qui devrait commander la politique du pays, n'a plus d'effet. Et quand les commandes ne répondent plus, comme dans sa voiture par exemple, il vaut mieux tout lâcher et quitter le véhicule d'urgence, question de sûreté. Même si c'est à regret, parce qu'on aime son pays et ses concitoyens.
Je crois que les élections sont une occasion de chute pour les chrétiens (je l'avais déjà écrit ici en 2017). Nous sommes fascinés par le spectacle (à la Debord) comme tout le monde et les cathos, avec leur naïveté intrinsèque, s'imaginent avoir 'quelque chose' à apporter à la politique de leur pays, ou alors comme mes proches, croient qu'en votant conservateur (à droite) ils votent selon 'les valeurs chrétiennes'. Or non, les pouvoirs français et européens (l'UE) sont partis dans une dérive latérale anti-démocratique. Les chrétiens n'ont pas de raisons de vouloir s'immiscer dans cette machine, en devenir un rouage, pas plus que nos anciens des premiers siècles ne participaient au pouvoir impérial qui les persécutait (nous ne sommes pas persécutés par la violence évidemment, mais étouffés si).
Chaque élection doit être pour le chrétien l'occasion d'observer ses propres réactions au spectacle électoral : mon choix de vote spontané est-il une expansion de l'égo de « l'homme ancien » en moi qui tarde à mourir, ou bien un acte de charité envers la communauté nationale venu de « l'homme nouveau » ? Mais en quoi un bulletin de vote peut-il être considéré comme acte de charité, dans le sens où il est donné à un représentant élu et à son parti qui en disposeront forcément, dans le système actuel, dans la logique néolibérale qui est radicalement anti-chrétienne ?
Nous devons nous interroger, nous catholiques, sur nos liens avec les institutions quand leur fonctionnement s'oppose manifestement à notre conscience. Je ne reprends pas le pari de Rod Dreher; nous sommes dans le monde, nous devons nouer des liens interpersonnels avec tous nos concitoyens, nous devons participer aux élections locales lorsque l'enjeu est clair.
Mais clairement aussi nous devons séparer définitivement notre définition du catholicisme français, et la culture politique commune de l'Etat français et de l'UE (Je regrette la décision de l’Église de promouvoir le personnage politique Robert Schuman).
Le nombre de réactions sur ce blog à chaque élection montre que voter est devenu une vraie question de conscience pour beaucoup de catholiques. Que chaque élection soit une occasion de réfléchir et de partager, et que le bulletin de vote nous brûle les doigts.
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Écrit par : Pierrot / | 26/06/2021
> @ Pierrot : parfaitement d'accord !
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Écrit par : Malozru / | 26/06/2021
SENTIMENT DE L'INUTILE
> Il y a un grand sentiment d'inutilité, d'impuissance du fait de la complexité administrative. Méconnaissance ou démagogie, les candidats pérorent hors sujet:
Quand le RN parle de sécurité, il devrait savoir que ni la police, ni la justice ne sont du ressort des départements et régions. Idem pour EELV qui voudrait remplacer par un parc l'aéroport du Bourget qui, pareillement n'appartient pas à ces collectivités.
Les régions, souvent assemblages artificiels parfois plus vastes qu'un grand nombre de membres de l'ONU et paraissent loin des citoyens.
Et le seul slogan de moult bien pensants: "battre le RN" n'a plus d'intérêt puisque le RN s'est banalisé.
Un plaisir quand même: le résultat des LREM.
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Écrit par : PF. Huet / | 27/06/2021
EN TANT QUE CHRÉTIEN
> https://www.vaticannews.va/fr/vatican/news/2021-06/robert-schuman-europe-venerable-beatification.html
C'est le "chrétien" Schuman qui est déclaré vénérable, pas le "politique"...
Il a œuvré là où il était pour un rapprochement, même un amitié et non pour un éloignement, un ostracisme ou une séparation ... voire une culture du ressentiment et de la haine.
C'est mieux d'aller à la source apparemment la plus sûre ______
Écrit par : Gérald / | 28/06/2021
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