21/06/2021
Élections : pourquoi cet abstentionnisme de masse ?
Mon édito à RCF ce matin :
<< Emmanuel Macron comme Marine Le Pen avaient tout fait pour transformer ce scrutin en prélude de la présidentielle de l’an prochain. Résultat : les deux perdants d’hier sont le parti d’Emmanuel Macron et, dans une moindre mesure, celui de Marine Le Pen. Le parti Macron continue à dégringoler. Le parti Le Pen est en net recul par rapport aux régionales de 2015.
Les rares électeurs qui sont allés voter hier, ont refusé de voir ces élections sous l’angle de la politique nationale. Ils ont privilégié les considérations locales. S’ils ont réélu des sortants, c’est en fonction non pas de leur couleur partisane, mais de leur bilan régional ou départemental…
Tout se passe comme si, aux yeux des électeurs, les questions locales n’avaient plus rien à voir avec les questions générales ; mais peut-être aussi (et ce serait grave) les polémiques générales ne soulèvent-elles plus, en France, qu’un immense scepticisme… qui vient d’amputer la participation à ces régionales, trop envahies de ces polémiques générales.
Pourquoi le rejet des partis politiques ? Il y a plusieurs hypothèses. Les partis semblent démonétisés, on l’a vu avec les Gilets jaunes. Mais peut-être également les gens ont-ils l’impression que le national n’a plus de prise sur les grandes questions, abandonnées aux pouvoirs financiers et technologiques transnationaux…
Le résultat, en tout cas, c’est un sentiment populaire d’impuissance politique, qui se traduit par l'énorme taux d’abstention hier : 68 %, chiffre sans précédent. Hier soir à la télévision les représentants des partis s’accusaient les uns les autres d’avoir provoqué cela par leurs attitudes respectives. En réalité l’énorme abstentionnisme actuel vient de causes bien plus profondes que la mauvaise organisation du scrutin et le retard dans la distribution des professions de foi. Ce qui est menacé, c’est la survie du politique, dans un monde où les politiciens paraissent dépassés, et où les citoyens sont tentés massivement de tourner le dos à tout ça. >>
PS – La réduction à cinq ans du mandat présidentiel joue aussi un rôle dans la lassitude des électeurs : rendue quasi-permanente, la campagne présidentielle n’excite que les médias mais éclipse les autres scrutins. (Par ailleurs la brièveté du quinquennat dégrade encore la fonction d'un chef de l’Etat devenu faiseur de pluie, et booste – dirait M. Wauquiez.– l'ambition de politiciens de série B).
08:00 Publié dans Politique | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : régionales
Commentaires
POURQUOI
> Pourquoi une telle abstention ?
Les cervelles smartphonisées du bon peuple de France n'ignoraient rien des élections de ce dimanche, il leur manquait juste l'appli isoloir-perso pour voter… Non, mais, il ferait beau voir que je bouge jusqu'au préau de l'école pour faire face à un assesseur qui refuse de toucher ma carte d'électeur, même du bout des doigts, covid oblige…
;=) On comprendra que c'est ce qui m'est arrivé… Ce brave concitoyen m'a demandé d'ouvrir la carte et de la poser soigneusement sous ses yeux, et dans le bon sens, pour qu'il puisse la lire sans la toucher, avant de s'écrier, non sans réprimer un bâillement : "A voté !").
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Écrit par : Denis / | 21/06/2021
"CLERGÉ MÉDIATIQUE"
> J'apprécie votre analyse, ce lundi soir , après l'hystérie de l'industrie médiatique d'hier soir ! Le "clergé médiatique" au service du personnel politique "professionnel" était en belle action !
Bref , une réelle soirée ennuyeuse de radoteurs professionnels grassement bien rémunérés pour commenter !
A suivre...
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Écrit par : Yves Marniquet / | 21/06/2021
CHERCHER AILLEURS
> Il faudrait un Clemenceau, ou plutôt un Churchill français. Les deux avaient commencé médiocrement, on disait par exemple de Clemenceau qu'il était un opportuniste qui avait de la chance.
Il y a bien Manuel Valls qui se prend pour Clemenceau, mais lui Manuel c'est un opportuniste qui n'a pas de chance ! Il faut chercher ailleurs.
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Écrit par : B.H. / | 21/06/2021
PIEDS D'ARGILE
> 31 août 2019, Valérie Pécresse organise un meeting à Brive-la-Gaillarde avec... des faux militants. Dans un monde normal, on aurait dit que cette femme est désespérée politiquement. Mais non, elle arrive largement en tête dans sa région. https://www.mediapart.fr/journal/france/060621/l-histoire-du-meeting-fantoche-de-valerie-pecresse?onglet=full
De même, en 2017, Macron organise des meetings qui simulent la liesse du public alors que seul un petits carré "d'ambianceurs" l'acclame réellement. On aurait donc le droit de penser que ce type n'a aucune assise politique. Mais non! Il gagne assez largement l'élection. https://www.politis.fr/articles/2017/02/une-video-devoile-les-trucs-de-macron-pour-ambiancer-ses-meetings-36304/
Bernard Charbonneau avait raison de dire que le vote est un simple rituel par lequel le citoyen se donne l'impression qu'il décide. https://www.partage-le.com/2015/12/28/du-vote-comme-rite-de-participation-par-bernard-charbonneau/
Chaque année c'est pareil. Non seulement le système électoral est fait pour faire gagner les mêmes (système à la majorité...), mais la caste médiatique le protège (là, pas besoin de lien pour l'étayer).
Si on ne va pas voter, rien ne change, sinon qu'on ne nous fait pas croire à la légitimité du système.
Et même si on vote, le pouvoir reste délégué à Bruxelles, la police tue impunément, les élites corrompues échappent à la prison et les sociétés privées ramassent ce qu'il reste de l'Etat. En gros, si on ne va pas voter, le roi est nu parce que le pot-au-rose simili-démocratique est découvert.
Pour spiritualiser un peu, je reprendrai cette image de la statue de Daniel: la tête en or, le buste en argent, les jambes en bronze, les cuisses en fer et les pieds en fer et argile. L'or, c'est quand le pouvoir est perçu comme divin. L'argent, il n'est plus perçu comme divin mais demeure respecté car puissant. Le bronze, c'est quand le pouvoir fait peur, même s'il n'inspire plus le respect. Le fer, c'est quand le pouvoir ne gouverne plus que par la violence. Et le fer mêlé à l'argile, quand la violence ne marche plus, le peuple a conscience de sa faiblesse (l'argile) et il est bon pour s'écrouler. Nous ne sommes peut-être pas encore dans la dernière étape. Il y a encore des gens pour croire à la pertinence des institutions. Mais pour combien de temps?
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Écrit par : Cyril B / | 22/06/2021
PROXIMITÉ
> Je suis allée voter ce dimanche (une des rares "jeunes") et votre analyse me parait juste : je perçois en effet plus de "politique" au sens de pourvoir au bien de la cité et du Bien commun dans les départementales (et dans une moindre mesure aux régionales).
Etant donné que dans le cadre de mon association, je commence à m'impliquer dans un comité territorial concernant diverses questions comme l'isolement, la déstigmatisation du handicap, l'âge. De ce fait, je me sentais bien plus concernée pour aller voter à des départementales que pour des présidentielles où je vote blanc la majorité du temps tant c'est devenu une pièce tragicomique...
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Écrit par : A-L / | 22/06/2021
> La suppression du septennat au profit d'un quinquennat était une lourde erreur.
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Écrit par : Michel de Guibert / | 23/06/2021
CE MONDE POLITIQUE
> Sur ce sujet, je voudrai partager de tout mon cœur mon dégoût de ce monde politique.
Avant de devenir prêtre, j'ai travaillé dans le développement territorial pendant dix ans. J'ai vu et travaillé avec les élus locaux de villages d'une centaine d'habitants jusqu'à un ministre. Localement, on fait ce qu'on peut et le maire voire le conseiller départemental arrange, bricole pour essayer de maintenir l'activité sur son territoire. S'il est adroit, assez malin, il peut amener un peu plus de choses et avec son réseau, il peut faire venir des subventions publiques plus fortes. On attend un peu comme un dieu, l'élu qui sera bien vu à Paris pour aller chercher plus d'argent car lui aussi à son réseau pour grappiller les sous.
Il y a des hommes et des femmes dévoués et d'autres qui sont corrompus, tout pour eux, pour leurs communes. Les coups bas se font sans cadeaux et à notre petit niveau, on est loin d'une société unie, chacun tirant de son côté.
M'occupant d'aller chercher des subventions européennes, on voyait déjà à l'époque arriver les conditions plus ou moins sociétales (égalité homme-femme, non discrimination,etc...) faisant parti des conditions d'attributions.
Finalement, je sentais, qu'on avait localement, une petite marge de manœuvre mais avec le reste, tout était joué. Les politiques montent, ceux qui ont des ambitions (de tous bords), mais n'ont le pouvoir que d'appliquer le programme établi au-dessus par des instances qui ne nous représentent pas ou qui représentent des idéologies qui ne se définissent même plus en France mais dans des organisations mondiales (officielles ou occultes (Bilderberg, Trilatérale, Davos, etc..).
Finalement, nous vivons dans un casino politico-financier et à quoi bon ?
Deux exemples qui m'ont poussé à arrêter de voter pour des gens qui n'ont que des slogans ou qui n'appliquent que des programmes pré-établis :
– un 11 novembre, où l'on a joué au fin fond de la France, tous les hymnes de nos alliés en 14-18 sauf évidemment ceux de la Russie et de la Serbie, (dictature totale de la mémoire) ;
– premier jour du confinement, un dimanche (étrange, n'est-ce pas?), où on a demandé de ne pas rejoindre les bancs de l'Eglise mais l'isoloir pour voter pour les municipales (dictature sanitaire).
Personnellement, c'est terminé, je ne voterai plus. Ce n'est pas l'appel compulsif des évêques (faisant semblant ou croyant au système actuel?), style "faire son devoir de bon citoyen", qui peut changer mon cœur. Je n'y crois plus à leur truc. Nous nous enfonçons dans un néant. Heureusement, que j'ai le Christ et des amitiés....
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Écrit par : elgringos777 / | 24/06/2021
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