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17/06/2021

Michel Onfray contre l'écologie "judéo-chrétienne"

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Le prophète d'on ne sait quoi parachève sa migration au-delà de la droite. Ma chronique à Radio Espérance (Auvergne Rhône-Alpes) :


<< Invité politique de Radio Classique l'autre jour, Michel Onfray s'en prend une fois de plus à ce qu’il nomme “le judéo-christianisme”. C’est à propos de l’écologie. Péremptoire dans ces domaines qu’il ne connaît pas, il balance au micro une série d’affirmations fausses… Je résume :

primo : à son avis (et quoi qu’en disent les climatologues), le réchauffement climatique n’a rien à voir avec la détérioration de l’atmosphère due aux gaz à effet de serre ;

secundo : si l’on ne partage pas l’avis d’Onfray, c’est qu’on fait partie de ceux qui cultivent “la peur” ; donc on fait partie des judéo-chrétiens, courant religieux catastrophiste qui cherche toujours à “accuser l’homme” : CQFD. L’intervieweur objecte à Onfray que tous les jours on a de nouvelles preuves scientifiques du facteur économique et industriel dans le changement climatique. Onfray riposte : « Dire ça, c’est rendre l’homme responsable, donc c’est judéo-chrétien », etc.

L’attitude d’Onfray est mentalement navrante – mais typique d’un phénomène nouveau : la contamination des intellectuels par les réseaux sociaux, relais de toutes les absurdités.

On connait depuis longtemps la haine incompréhensive de Michel Onfray envers le christianisme ; elle l’a poussé de la gauche à l’ultradroite où sévissent de vrais antichrétiens, ces “identitaires” entre guillemets pour qui la véritable “identité” de l’Europe serait le paganisme de l’Âge du Bronze. Donc rien d’étonnant à ce qu’Onfray déblatère aujourd’hui contre l’écologie, cible de cette ultradroite. D’autant que sa cible favorite à lui, l’Eglise catholique, propose une conception biblique et christique de l’écologie comme on l’a vu avec l’encyclique Laudato Si ! Raison de plus, pour Onfray, de proclamer que l’écologie relève de l’obscurantisme.

Mais il a un problème. Il se réclame de la Raison. Or dans cette affaire d’écologie, la raison est du côté des scientifiques, qui construisent (de la façon la plus rationnelle) un socle d’observations et de preuves. C’est sur ce socle que s’appuie l’Eglise catholique pour donner la lecture théologique des réalités nouvelles. La foi et la raison marchent ensemble, comme l’enseignait Jean-Paul II dans l’encyclique intitulée précisément Fides et ratio... Foi et raison analysent ensemble les mêmes réalités. Par exemple elles constatent ensemble que l’homme peut nuire à la Terre et ainsi se nuire à lui-même… Constater ça n’est pas du catastrophisme : c’est simplement du réalisme. Mais aujourd’hui la réalité est mal vue ; on lui substitue les opinions et on les clame avec véhémence. C’est ce que fait M. Onfray. Et c’est dommage pour lui.  >>

 

 

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Commentaires

CIRCONFLEXE

> Je ne pensais pas qu'il en était là...
"On connait depuis longtemps la haine incompréhensive de Michel Onfray envers le christianisme". Un petit accent circonflexe sur le i de "connaît", SVP ? (je m'oppose partout à la réforme de l'orthographe de 1990)...
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Écrit par : Alex / | 17/06/2021

CURIEUX

> Et en même temps, dans un entretien publié dans Le Figaro d'aujourd'hui, Onfray déclare : "bien sûr que je regrette la civilisation judéo-chrétienne. Pour l’heure, je me bats pour elle". Allez comprendre. Onfray est un homme curieux. En 2019, il en était à la publication de son centième livre, "Sagesse". Le premier, c'était "Le ventre des philosophes" en 1989. Soit 100 livres en 30 ans, 3,33 livres en moyenne par an. Depuis, il en a encore publié 5 ou 6 dont "La vengeance du Pangolin: penser le virus" en septembre 2020. C'est dire qu'Onfray pense vite. Trop vite. Et qu'il publie trop. Chez mon libraire, au rayon philosophie, il occupe plus de linéaire que n'importe quel autre philosophe. Bien plus que Platon ou Aristote par exemple. Cela en dit certainement beaucoup sur le lectorat actuel. Mais lira-t-on encore Onfray dans 2000 ans ? Que dis-je ? Dans un siècle ? Pour autant, si je ne prise guère l'oeuvre, bien trop pléthorique et vite pensée, remplie d'erreurs et d'érudition mal digérée, je garde une sympathie pour l'homme, le fils de Gaston Onfray, ouvrier agricole, et d'Hélène, femme de ménage. Son idée d'université populaire était aussi intéressante.
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Écrit par : JM / | 18/06/2021

LEUR CONSTANTE

> Tiens, il aurait pu aussi s'engouffrer dans la voie opposée-mais-qui-va dans-le-même-sens... à savoir que si la planète est mise en danger par l'homme, c'est à cause des textes sacrés du "judéo-christianisme", où Dieu lui dit de dominer la terre !
C'est curieux cette constante, chez les "athées" militants, d'accuser les chrétiens d'une chose et de son contraire le plus radical. Faites le test sur n'importe quel sujet, vous ferez certainement le même constat.
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Écrit par : Fernand Naudin / | 18/06/2021

à Fernand Naudin :

> G. K. Chesterton faisait déjà cet étrange constat dans son livre Orthodoxie, chapitre "Les paradoxes du christianisme".

Extrait :
"une lente et redoutable impression grandissait lentement mais vivement dans mon esprit : l'impression que le christianisme devait être une chose des plus extraordinaires. Car non seulement, à ce que je comprenais, le christianisme avait les vices les plus fulgurants, mais il avait apparemment un don mystique pour combiner des vices qui semblaient incompatibles. On l'attaquait de tous côtés, et pour toutes sortes de raisons contradictoires. Un rationaliste n'avait pas fini de démontrer qu'il était trop à l'est qu'un autre démontrait avec la même évidence qu'il était trop à l'ouest. Mon indignation devant sa forme carrée et agressive venait à peine de s'apaiser qu'on me rappelait pour me faire voir et condamner sa forme ronde, amollissante et sensuelle."
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Écrit par : Jean / | 01/07/2021

Les commentaires sont fermés.