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16/06/2021

Biden veut mettre l'Atlantique Nord en mer de Chine

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Lâche soulagement européen devant le "retour" du maître. Mais il veut nous embarquer (via l'OTAN) dans une aventure militaro-stratégique contre la Chine, au risque de déclencher une catastrophe… D’où une série de questions : sur l'utilité de l’OTAN, la validité de l'UE et le sens du politique. Ma chronique à Radio Présence (Toulouse Midi-Pyrénées) et Radio Fidélité Mayenne :


  

<< Bizarre contact cette semaine à Bruxelles, entre Joe Biden et les dirigeants européens. Plus courtois que Donald Trump mais pas plus ouvert aux intérêts de l’Europe, le président américain venait appeler les pays de l’OTAN à suivre le Pentagone dans sa stratégie en Asie contre la Chine. Certes il faut résister à la Chine sur le plan financier, économique et commercial. Et il est déjà difficile d’empêcher la Hongrie ou l’Italie de trop s’ouvrir aux intérêts chinois…  Mais accepter que l’OTAN intervienne dans le monde entier sous les directives de Washington, et nous embarquer ainsi dans des aventures en mer de Chine qui peuvent dégénérer en Troisième Guerre mondiale, c’est une autre affaire.

 Emmanuel Macron semble réticent devant cette perspective et on ne peut pas lui donner tort. Notamment lorsqu’il dit à Biden : “ “L’OTAN est une organisation militaire, la question de notre relation avec la Chine n’est pas seulement une question militaire. L’OTAN est une organisation qui concerne l’Atlantique Nord, la Chine n’a pas grand-chose à voir avec l’Atlantique Nord…” A croire que, dans ce domaine-là, la politique étrangère de la Ve République se sera imposée, plus ou moins, à des présidents français successifs. Cette politique vise à ne pas trop se laisser entraîner dans des opérations militaires pour les intérêts américains ; opérations plus qu’incertaines quant aux résultats (on l’a vu en Afghanistan), surtout si cette fois le nouvel ennemi est le géant chinois…

D’époque en époque, les Etats-Unis ont toujours eu besoin d’un ennemi mythique sur lequel polariser leur opinion publique, pour restaurer leur unité intérieure ébranlée. Et depuis la Guerre froide ils ont toujours voulu, et toujours au nom d’une “défense du monde libre” de plus en plus anachronique, imposer cet ennemi mythique aux Européens. Lesquels se laissent entraîner par réflexe ; on sait combien Chirac les a choqués en refusant naguère de participer à l’invasion de l’Irak…

Observons aussi que réduire la politique étrangère à “se désigner un ennemi”, c’est adopter une conception du politique opposée à celle de la pensée catholique. Pour les catholiques, le politique est le service du bien commun et son idéal est la paix. Les théologiens classiques sont clairs sur ce point. Et tous les papes le rappellent, l’un après l’autre… Souvenons-nous de Jean-Paul II en 1991 condamnant la guerre du Golfe : “Je veux répéter avec force que la guerre ne peut être un moyen de résoudre les problèmes entre les nations : elle ne l’a jamais été et ne le sera jamais.” J’ajouterai : surtout quand la guerre militaire est la poursuite de la guerre économique par d’autres moyens ! Déclencher un holocauste nucléaire pour éliminer la concurrence serait, disons le mot, une forme satanique de l’économie. >>

  

https://www.radiopresence.com/emissions/societe/actualite/l-air-du-temps/article/l-air-du-temps-du-16-juin

 

 

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11:28 Publié dans Biden, Europe, Otan | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : biden, europe, otan

Commentaires

CATHOLIQUE

> Biden est catholique. Espérons qu'il fasse passer sa foi chrétienne devant le manichéisme un peu primaire auxquels sont habitués les Américains...
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Écrit par : Philippe de Visieux / | 16/06/2021

DISCUSSION

> Votre article m'étonne un peu, lorsque vous ramenez la politique américaine à une hostilité uniquement commerciale contre un concurrent, en l'occurrence la Chine. Je pense que la question est plus large, et concerne les luttes entre Etats, comme jadis Athènes et Sparte. Le Christ avait bien dit qu'il fallait rendre à César ce qui appartenait à César. La religion chrétienne a-t-elle à nous intimer une doctrine en matière de défense ? Alors, quand la Chine est menaçante, il faudrait tendre l'autre joue ? Mais n'avons-nous pas le devoir, avant cela, d'essayer de conserver notre intégrité et notre liberté ? Il me semble que telle est la seule ambition des Américains -- mais je sais, cher PdP, que vous ne les aimez guère, contrairement à moi. Néanmoins, je voudrais attirer votre attention sur un remarquable ouvrage qui a théorisé le conflit dont vous nous parlez : c'est l'essai du professeur émérite à Harvard Graham Allison, intitulé "Vers la guerre", L'Amérique et la Chine dans le piège de Thucydide ? Peut-être est-ce un livre qu'il faudrait réactualiser, en parlant notamment de la Russie aujourd'hui avec Poutine -- que je ne sous-estime pas, mais qui n'est pas pour moi une démocratie. Il y a de nos jours un conflit entre ces empires et nos démocraties occidentales. Et pour moi, seules les démocraties défendent les valeurs chrétiennes dans la civilisation, comme le rappelait Jacques Julliard dans sa chronique du "Figaro", citant un ouvrage dirigé par M. Reinié, le politologue (aux éditions du Cerf, je crois -- mais vous n'aimez pas ces éditions, je crois). Enfin, c'est une grave et importante question que vous soulevez là. Et difficile ! Au fond, nous avons deux ennemis, la Chine, certes, mais aussi la Russie. Il n'est que de voir le malaise entre Biden et Poutine lorsqu'ils se sont rencontrés, il y a quelques jours. Ils n'avaient rien à se dire. Et cela, c'est très dangereux !

Bégand


[ PP à Bégand – Washington a la géopolitique de ses intérêts économiques, lesquels sont élaborés par les multinationales US. Washington, ce n'est pas Rome : c'est Carthage. ]

réponse au commentaire

Écrit par : Bégand / | 17/06/2021

CONDAMNÉS

> L'OTAN en mer de Chine… ? Mon avis est que Biden, Poutine et Xi Jinping sont condamnés à s'entendre.
Au reste, nous n'avons pas fini de nous interroger… :=(
L'apôtre Jean (Ap 13 et suivants) nous annonce-t-il que la Bête de la mer (l'Alliance atlantique ?), soutenue par la Bête de la terre (la Russie ?) et le Dragon infernal (Satan et ses suppôts), s'alliera au faux prophète (expert en chinoiseries ?), pour faire la guerre aux saints ?
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Écrit par : Denis / | 18/06/2021

LE CAS DE LA RUSSIE

> Le cas de la Russie est complexe. Poutine et le Service fédéral de sécurité (FSB) sont fiers d'être les héritiers de Dzerjinski, de la Tchéka, du Guépéou, du NKVD, etc. Il suffit pour s'en convaincre de regarder la page "Histoire" (История) - elle n'a guère changé depuis 20 ans - sur le site internet officiel de cette organisation: pour elle, l'histoire commence le 20 décembre 1917 avec la création de la Tchéka et ses trois derniers directeurs, dont Poutine, s'inscrivent sans complexes dans une lignée qui compte aussi, outre le fondateur Dzerjinski, les bourreaux Peters, Menjinski, Iagoda, Iejov, Beria... Ils auraient pu marquer la rupture, celle de 1991, ou le lien retrouvé avec l'ancien régime russe, après la parenthèse soviétique. Ils ne l'ont pas fait. On a parfois du mal à le croire car c'est un peu comme si le ministère de l'Intérieur allemand actuel faisait commencer son histoire en 1933 (création de la Gestapo). C'est pourtant une réalité. Mais d'un autre côté, on se demande parfois si les USA et les Atlantistes ne seraient pas de toute façon anti-russes quels que soient les dirigeants en poste à Moscou, quand bien même se serait Navalny, qui tout opposant à Poutine et à la corruption qu'il est, reste d'abord russe, et n'a pas condamné par exemple ce que l'Occident a appelé l'«annexion» de la Crimée (en fait le retour de la Crimée en Russie après le «don» à l'époque sans grand enjeu par Khrouchtchev à la République socialiste soviétique d'Ukraine).
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Écrit par : JM / | 18/06/2021

TROIS HEURES

> Biden et Poutine ont malgré tout parlé pendant trois heures à Genève le 16 juin...la teneur exacte, l'habillage "médiatique actualisé" c'est une autre histoire....quoiqu'il en soit, les américains ou les USA, comme on veut, sont, pour tout ce qui transpire de leurs "transactions" en tout genre à travers romans, films, musique, ou cinémas ou "TCQV" (tout-ce-qu'on-voudra),des marchands, des affairistes et des négociateurs durs-durs-durs et l'honneur d'une nation n'est pas leur préoccupation majeure ... à moins ...à moins qu'ils aient devant eux un peuple et/ou un homme et encore ... ils mettront tout "contre" même des moyens bas..."La finance, la finance mon bon Monsieur !"
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Écrit par : Gérald / | 18/06/2021

à Bégand :

> Vous aimez l'Amérique : il est vrai, comme chantait Sardou, que sans elle, nous serions tous en Germanie (ou en France satellite soviétique, l'Armée rouge ayant écrasé la Wehrmacht au prix de millions de morts).
Mais ne prenons pas l'Oncle Sam pour un enfant de chœur. À la fin des années 1980, Gorbatchev crut aux promesses américaines : or Washington n'avait qu'un objectif, mettre à terre son ancien ennemi en l'humiliant dès l'éclatement de l'URSS. On avait assuré à Moscou que l'OTAN ne s'étendrait pas à l'Est : Washington cherche aujourd'hui à embrigader jusqu'à l'Ukraine, terre russe historique. Toute l'Europe centrale est passée sous pavillon U.S., États baltes compris ; Washington tenta même de s'implanter en Ouzbékistan et en Mongolie. On s'étonne ensuite que la Russie soit passablement irritée d'être traitée comme un paillasson...
Plus à l'Est, Washington considère que la mer de Chine ne doit pas passer sous influence chinoise : or Pékin ne revendique rien d'autre qu'une doctrine Monroe à la chinoise. Si nous étions Chinois, accepterions-nous que l'U.S. Navy fasse passer ses bâtiments au large des côtes chinoises ? Que l'océan Pacifique soit de fait contrôlé par les Américains ? Washington se réjouirait-il de la "liberté de navigation" si la Chine envoyait ses porte-avions croiser au large de New York ? L'Amérique se croit devoir être le gendarme du monde : un de Gaulle sut frapper du poing sur la table en disant "U.S. Go home", pourquoi pas Xi Jinping qui a dans son proche voisinage (Corée, Japon, Okinawa) une ribambelle de bases américaines dont la seule fonction est de contenir la Chine ? Washington tolérerait-elle des bases chinoises à Toronto ou au Mexique ?
L'Amérique ne connaît pas d'amis, elle n'a que des intérêts. Ainsi de la guerre du Kosovo, dont le territoire possède depuis lors une immense base américaine, aux portes de la Serbie pro-russe. Ainsi de l'invasion de l'Irak en 2003, décidée unilatéralement et dont la France eut à connaître les conséquences à long terme au Bataclan et à Saint-Étienne-du-Rouvray : la déstabilisation durable du Proche-Orient fut voulue par le Pentagone, faisant fi des avertissements lucides d'un Chirac. Ainsi également du rachat extorqué d'Alstom et de Technip par l'entremise d'une application éhontée du droit américain à la Terre entière. Un cadre supérieur d'Alstom fut même emprisonné dans les geôles américaines : le "monde libre" sait parfois se montrer cruel.
Ainsi aussi d'une écoute répétée de l'Europe par la NSA, d'un refus obstiné de réglementation internationale des GAFAM, etc. Les exemples sont légion.
Si avec tout cela, vous ne percevez pas que Washington ne tolère aucune menace directe ou indirecte à sa suprématie dans tous les domaines, vous ne pouvez effectivement comprendre que certains États soient lassés de cet état de fait. Pour M. Poutine, cela fait trente ans que ça dure. La généreuse Amérique a même interdit aux taïkonautes chinois l'accès à la Station spatiale pourtant qualifiée d'"internationale"... conduisant la Chine à envoyer son propre module spatial.
L'Amérique, héraut du monde "libre"... Vraiment ?
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Écrit par : Philippe de Visieux / | 19/06/2021

@ PP et Bégand.

> Rome contre Carthage? Athènes contre Sparte? Je ne sais.
Mais ni Athènes ni Rome (modèle des Etats-Unis d'Amérique, ne l'oublions pas) ne traitaient humainement les vaincus, ennemis extérieurs ou vassaux indociles à châtier. Concernant Rome, la lecture de Tacite est édifiante!
Les démocraties défendent-elles les "valeurs chrétiennes"? Demandez la réponse aux chrétiens de Syrie ou d'Irak. Regardez aussi l'évolution de nos lois.
Nous, pauvres Français, vassaux de second rang, derrière l'Allemagne et la Turquie, devons-nous être soumis à un des deux empires, je parle bien-sur des Etats-Unis et de la Chine, plutôt que rechercher une diplomatie de désescalade?
Il y a déjà eu assez de grabuge, le pire étant d'avoir rejeté la Russie dans les bras de la Chine en pensant peut-être que si ça tourne mal, les Polonais fourniront la chair à canon des valeurs démocratiques.
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Écrit par : PF Huet / | 19/06/2021

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