Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

09/06/2021

Paradoxes du télétravail déconfiné

35505_large.jpg

Est-ce vraiment un progrès ? Ses effets dans les entreprises et dans la vie personnelle sont-ils tous positifs ? Ma chronique à Radio Présence (Toulouse Midi-Pyrénées) et Radio Fidélité Mayenne :


<< Alors ça y est, l’isolement professionnel a pris fin : au bout de sept mois on retrouve cette semaine le chemin du boulot “en présentiel” (néologisme atroce), et ça fait partie du retour des beaux jours…

En fait, la situation n’est pas si simple.

► Primo, ce n’est pas la fin du télétravail : le protocole sanitaire national appelle les entreprises à le maintenir pendant une partie de la semaine.

► Secundo, beaucoup de gens se sont mis à préférer le télétravail. Ça va avec la tendance de masse à l’informel. Travailler chez soi en pyjama et à n’importe quelle heure, c’est le comble du "venez comme vous êtes" de la pub MacDo : slogan commercial devenu le mot d’ordre des comportements dans presque tous les domaines.

► Et tertio, la dispersion des équipes professionnelles en une poussière de postes à domicile va dans le sens de ce que Boltanski et Chiapello, dans un livre fondamental, appelaient le nouvel esprit du capitalisme : un certain nombre d’entreprises sautent sur l’occasion de réduire leurs locaux et (maintenant) de les rendre peu accueillants aux salariés en supprimant leur table et leur siège personnels ; elles appellent ça le “flex office” (puisqu’il faut parler américain), ça vise à dégrader les conditions de travail pour pousser le salarié à rester chez lui, et c’est le comble d’une flexibilité dont l’idéal managérial serait le zéro-salariés…

Mais comme le dit François Hommeril, président du syndicat des cadres CFE-CGC, "un poste 100 % télétravaillable, ça n’existe pas. Le travail, ça se fait au sein d’un collectif". Cette dimension collective du travail en équipe était la définition même de l’entreprise autrefois : avant le néolibéralisme dont le véritable but est financier et non économique.

Du coup, on s’interroge sur l’accord national interprofessionnel signé en novembre 2020. Selon cet accord, le télétravail doit être volontaire de la part du salarié. Mais dans les cas où tout est fait pour le dissuader de venir dans les locaux de l’entreprise, le volontariat devient une fiction : une de plus, à notre époque qui rend fictives les notions héritées d’un passé plus social. On peut même se demander si ce n’est pas un peu la même chose en politique : mais c’est une autre histoire. >>

 

https://www.radiopresence.com/emissions/societe/actualite/l-air-du-temps/article/l-air-du-temps-du-09-juin

 

 

 

logo_presence.jpg

fidelite_mayenne-9.png

 

Commentaires

LA FIN DU TRAVAIL

> Vous exprimez en fait quelque chose de redoutable : la fin du travail. Le capitalisme dans nos pays occidentaux tend à faire diminuer, jusqu'à extinction totale, le salariat. Ceci est déjà anticipé par certains hommes politiques avec l'instauration du revenu universel, qui permettrait de vivre sans travailler. Le revenu universel est déjà effectif dans certains pays européens, comme en Italie, je crois. Un jour, on déclarera officiellement l'abolition légale du travail.
Cela doit être pris au sérieux par un chrétien, la Bible mettant en avant le "repos du 7e jour". La vie sera un jour un dimanche permanent. Mais que fera l'homme, alors ? Ce sera une révolution morale. Il faudra réviser de fond en comble notre manière de vivre. Avoir d'autres aspirations par exemple que le consumérisme, et alors revenir de manière centrale à la religion, qui serait la clef de tout.
Des universitaires se sont penchés sur cette question de la disparition radicale du travail, par exemple Jeremy Rifkin, "La fin du travail", La Découverte, 1997, disponible en poche.
______

Écrit par : Bégand / | 09/06/2021

'FLEX OFFICE' : CONFIRMATIONS
Je reçois ces deux témoignages (sur Facebook) :

Hervé de Portzamparc
> À mon modeste niveau, je confirme ce constat : beaucoup de mes collègues étaient à 100% chez eux depuis octobre. Certains sont revenus aujourd'hui (et viendront 1 jour/ semaine jusqu'au 30, puis on reviendra à ce qui est prévu dans le contrat avec un minimum de 2j/semaine sur site) et étaient un peu perdus. Les repères sont oubliés, d'autant + que notre chef a supprimé les emplacements fixes pour les télétravailleurs, il y a un "espace partagé" (co-working) dans une partie de l'open-space. ça incite à ne pas s'installer, d'autant qu'ils n'ont plus de caissons. Je pense qu'après la période COVID, l'envie de renouer des liens entre collègues a diminué chez certains, qui veulent rester chez eux pour éviter les temps de transports et les contraintes du bureau. De mon point de vue, c'est bien dommage : la dimension humaine est fortement fragilisée.

Anne-laure Tarascon
> Même chose là où je travaille. Dans mon équipe la plus réfractaire au retour au bureau était une peureuse qui ne voulait pas entendre parler de télétravail en 2019.
Par contre pour l’instant on a gardé une place dédiée par personne avec ses petites affaires. Mais la direction générale commence à évoquer la réduction des locaux, qui se fera sûrement quand des sites auront à déménager pour x raisons. Ce qui se heurte pour l’instant à la volonté de garder 1 jour par semaine où personne ne télétravaille ...
______

Écrit par : commentaires Facebook / | 10/06/2021

Les commentaires sont fermés.