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06/06/2021

Fête du Saint Sacrement du Corps et du Sang du Christ

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Sur l’eucharistie dans le mystère du Christ, c’est le moment de relire Le rite et l'homme : un livre fondamental du théologien Louis Bouyer (1913-2004), protestant devenu catholique – ”le moins conformiste des théologiens et parmi les plus traditionnels” selon le cardinal Lustiger qui me disait après ma conversion de lire “le plus possible de livres de Bouyer” :


<<  Aucun doute ni sur la signification du mystère chrétien, ni sur le monde d’idées auquel il se rattache. Il ne procède en rien des religions à mystères, mais il se définit à partir de ce qu’il y a dans le judaïsme de plus original par rapport à toutes les autres religions. Il n’est pas un de ces anciens rituels où l’on voit germer les grands mythes qui sont à la base des religions naturelles, et ce n’est pas davantage une explication, ou plutôt une transposition, de ceux-ci opérée dans la ligne de la spéculation philosophique grecque, fût-ce en réaction contre elle-même. Il est un fait unique de l’histoire humaine, où il apparait que cette parole – elle aussi sans analogue – qui s’était frayé les voies à travers l’histoire sainte d’Israël, a fait éclater définitivement le réseau d’un univers enclos sur lui-même… La puissance divine, dans le Christ, agit directement, sans intermédiaires, dans l’homme et par l’homme, pour associer l’homme à son règne reconquis sur un cosmos dévoyé.

Ni rite ancien, ni interprétation plus ou moins renouvelée d’un rite ancien, l’eucharistie est la révélation d’un dessein divin. Notre histoire s’y accomplit en étant comme récapitulée en-deçà du péché et consommée dans la propre vie de Dieu… Le mystère chrétien va se trouver à son tour une expression dans des rites. Il reprendra, refondra une seconde fois ce matériel archaïque des rites naturels que déjà le judaïsme avait épuré, transfiguré. Il le fera en achevant et consommant leur “historisation” : en absorbant leur sens premier, cosmique, dans un sens non seulement tiré de l’histoire sainte mais qui est le sens ultime de celle-ci. Le Christ a exprimé le sens divin de sa croix au cours du repas rituel de la veille de Pâques, en y faisant l’eucharistie du pain comme de son corps brisé, du vin comme de son sang répandu “pour la rémission des péchés”...  >>

 

Louis Bouyer

Le rite et l’homme (Cerf 1962)

 

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