31/05/2021
Ecosse : un protestantisme pro-UE sauf sur les moeurs
Un rigorisme enraciné en Ecosse depuis John Knox (1514-1572)
Indépendantiste et "européenne" en 2021, la ministre des Finances écossaise Kate Forbes ne dissimule pas son christianisme étranger au climat LGBTQI de Bruxelles... Mon éditorial à RCF :
<< Tout le monde sait que l’Union européenne évite la référence aux racines chrétiennes “par égard pour les autres religions”. Un des pays à l’avant-garde de cette attitude était l’Angleterre… Mais l’Angleterre a quitté l’Union européenne. Et l’Ecosse, qui veut quitter l’Angleterre, veut à tout prix revenir, elle, dans l’Union européenne ! Or l’Ecosse, à l’avant-garde de valeurs “européennes” comme l’égalité homme-femme, n’est pas à l’avant-garde de la froideur envers le christianisme. Voici ce que vient de déclarer à la BBC Mme Kate Forbes, 30 ans, ministre des Finances du gouvernement indépendantiste : "Je crois en la personne de Jésus-Christ. Je crois qu'il est mort pour moi, qu'il m'a sauvée et que mon appel est de le servir, de l'aimer et de servir et d'aimer mon prochain de tout mon cœur, toute mon âme, toute ma force. C'est essentiel à mon être. Je suis une personne avant d'être une femme politique, et cette personne continuera à croire que je suis faite à l'image de Dieu." Voilà un langage qui n’est pas tout à fait celui de la classe politique du continent.
Et les actes suivent les mots : en mai 2018, Kate Forbes, chrétienne convaincue, mène une bataille dans l’enseignement pour que les enfants chrétiens d’Ecosse puissent parler de leur religion à l’école sans qu’on leur fasse des histoires. Un mois plus tard, la cheffe du gouvernement régional écossais nomme Mme Forbes ministre des Finances ! Et le 6 mai 2021, Kate Forbes est réélue députée avec une majorité en forte progression. Et re-nommée ministre. En Ecosse, les positions chrétiennes n’entravent pas une carrière, bien que Kate Forbes appartienne à la Free Church of Scotland fondée en 1840 dans les Highlands : une église évangélique dont les positions sur les moeurs ne sont vraiment pas celles de Bruxelles. Néanmoins la jeune ministre Forbes avec son gouvernement veut qu’une Ecosse indépendante soit membre de l’Union européenne... Comme dit Shakespeare, il y a plus de choses au ciel et sur la terre que n’en peut rêver toute la philosophie. >>
11:47 Publié dans Ecosse, Europe | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : ecosse
Commentaires
PROTESTANTS ET CATHOLIQUES
> Cette personne, comme vous le rappelez, est protestante calviniste. Certes, catholiques et protestants sont tous chrétiens mais peut-être ont-ils une approche différente de leur foi au Christ dans la société. Je ne vous apprends rien, Patrice, vous qui avez publié un ouvrage sur ce sujet.
Il est bon que nous catholiques lisions la profession de foi de Mme Forbes comme un modèle d'engagement dans la vie sociale. Qui aujourd'hui, en politique, en entreprise, dans la fonction publique, oserait tenir en France le type de discours que tient cette ministre ?
En Amérique, à Taïwan, en Chine, que je connais assez bien pour y avoir longuement vécu, les catholiques étaient souvent de bons gestionnaires d'hôpitaux et d'écoles dûment estampillés 'cathos' mais peu revendicatifs de leur foi en Christ. Les protestants étaient en revanche bien plus évangélisateurs, distribuant des bibles aux non-croyants, les invitant au culte, faisant part de leur désir de faire connaître les raisons de leur Espérance.
Les catholiques s'arrêtent souvent aux questions de stricte organisation ecclésiale, comme si la hiérarchie cléricale était l'alpha et l'oméga de l'appartenance religieuse, tandis que les protestants, bons connaisseurs de la Parole de Dieu, évoquent plus souvent le fond que la forme. Donnons-leur raison.
Il est sain que les chrétiens s'enrichissent mutuellement : sachons apprendre des protestants ce qui les rapproche du Christ. Ne pas s'étonner si Taïwan, par exemple, connaît une poussée fulgurante des communautés évangéliques : les paroisses catholiques y sont gentilles, mais souvent embourbées dans la rigidité de leur organisation, avec des messes peu vivantes auxquelles assistent, en rangs d'oignons et par ordre décroissant d'importance, évêques, prêtres, diacres, bonnes sœurs et le reste du peuple chrétien sans qu'il n'y ait de réelle interaction entre eux. Chez les protestants, tout le monde se sent un peu chez lui ; la structure est réduite au strict minimum et l'énergie déployée quasi exclusivement dans l'annonce de la Bonne Nouvelle.
Ce que Mme Forbes a affirmé, tout catholique devrait pouvoir le dire haut et fort autour de lui. Vous Patrice le faites sur ce blog depuis des années. Mais qui oserait le faire en entreprise, auprès de collègues ? Je dois avouer que je ne pourrais même pas l'envisager dans ma propre famille, largement sécularisée. Sortir à un repas de famille, entre la poire et le fromage, "je crois qu'Il est mort pour moi, qu'Il m'a sauvée et que mon appel est de Le servir, de L'aimer et de servir et d'aimer mon prochain de tout mon cœur, toute mon âme, toute ma force" aurait l'effet d'une bombe : on ne parle plus guère de religion en France, en tout cas depuis le père Combes, et c'est infiniment regrettable ! Merci donc à nos frères et sœurs d’Écosse de nous rappeler qu'un chrétien doit toujours être prêt à la mission : "malheur à moi si je n'annonce pas l’Évangile" !
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Écrit par : Philippe de Visieux / | 31/05/2021
> ("entre la poire et le fromage" oui, difficile, mais avant chaque réunion, prier l'ES de nous rendre attentif à toute occasion de rebond sur le sujet)
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Écrit par : franz / | 07/06/2021
U.E. CONTRE DÉMOCRATIE
> https://www.lefigaro.fr/international/la-presidence-slovene-de-l-ue-sous-surveillance-20210630
Un titre que les europhiles écossais feraient bien de méditer : "La présidence slovène de l’UE sous surveillance - Le premier ministre Janez Jansa, proche de Viktor Orban, y voit l’occasion de promouvoir une autre vision des valeurs européennes."
Tout est dit : "ce petit pays des Balkans" ose tenir tête à Bruxelles et à ses "valeurs libérales". La Slovénie est un État souverain, comme chacun des vingt-six autres membres de l'Union, et à ce titre elle a parfaitement le droit de mener des politiques qui ne vont pas dans le sens des "valeurs européennes". Et quelles sont-elles, ces valeurs libérales ? S'y opposer justifie-t-il que l'on soit mis "sous surveillance" ?
Bruxelles veut donc des pays dociles et soumis ? Et la démocratie, n'est-elle pas précisément une "valeur européenne" ? Ce vieux concept dont Jean-Claude Juncker avait dit - et il était sobre, ce jour-là : « il ne peut y avoir de choix démocratique contre les traités européens déjà ratifiés ».
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Écrit par : Philippe de Visieux / | 01/07/2021
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