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01/02/2021

Éthique : la leçon de solidarité du Vendée Globe

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...aux antipodes du "tous contre tous" de l'idéologie ultralibérale ! Ma chronique de Radio Espérance (Auvergne Rhône-Alpes) :


<<  Méditons un peu sur l’arrivée du Vendée Globe la semaine dernière : au-delà de l’exploit nautique et du spectaculaire suspense des dernières heures, il y a une très forte dimension éthique dans la décision du directeur de course d’accorder un bonus à Yannick Bestaven, Sébastien Simon, Boris Hermann et Jean Le Cam : les concurrents qui avaient pris du retard en se déroutant pour porter secours à l’un d’entre eux, Kevin Escoffier alors en perdition à 600 milles au sud-ouest du Cap. C’est grâce à ce bonus que Yannick Bestaven a été reconnu gagnant de ce Vendée Globe 2021, alors qu’il n’est pas arrivé premier dans le chenal des Sables d’Olonne.

Ce classement, qui récompense l’altruisme et la solidarité autant que le talent de marin, a quelque chose de profondément réconfortant dans le monde actuel. Pendant les trente dernières années, en effet, nous avons baigné dans une atmosphère bizarre où le vent dominant était à la seule performance individuelle et à la concurrence sans limite imposée en norme suprême dans tous les domaines : ce qui aboutit inexorablement à une sorte de guerre de tous contre tous… Aujourd’hui le vent tourne. On redécouvre la solidarité et la conscience du bien commun, ces valeurs gratuites sans lesquelles une société se défait.

On les redécouvre mais difficilement, dans l’épreuve de l’épidémie où l’altruisme des gestes sanitaires a du mal à se faire admettre – car ici et là on le rejette au nom des pulsions individuelles : erreur dangereuse qui se commet pourtant à chaque épidémie ; relisez par exemple certains passages du roman de Giono Le Hussard sur le toit. Mais l’égoïsme aveugle se déguise souvent en instinct de conservation, c’est une faiblesse de la nature humaine.

Alors : ce que le coronavirus n’arrive pas toujours à nous enseigner (malgré sa pression redoutable) nous est enseigné, avec un grand coup d’air marin, par les péripéties et la conclusion d’une course mondiale à travers les océans. Et devant cette leçon d’altruisme, nous avons le sentiment de nous retrouver en pays de connaissance : un pays moral que nous avions plus ou moins quitté sans nous en rendre compte, déboussolés que nous étions par les idées à la mode depuis les années 1990.

Et ce qui est remarquable, c’est que ce soit par la mer que nous abordions de nouveau à ce pays. Je laisse la parole à Jean Le Cam. Très élu de l’accueil des gens des Sables d’Olonne, il nous dit : « Tu as tous les gens qui sont là, qui témoignent de ce que tu leur as fait vivre. C'est génial, dans des proportions hors du commun… Dans le chenal, tous les gens qui étaient là à 2h ou 3h du matin. Tu sens cette âme-là, cette profondeur, cette sincérité, et ça c'est beau !"  >>

 

 

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