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04/11/2020

Washington devient une république bananière

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Nos radios et télévisions s'étaient jetés avec extase sur l'élection présidentielle US, comme si le président des Etats-Unis était notre suzerain. Ils ressentent aujourd'hui un malaise devant l'image de république bananière que donne Washington. Aidons-les à se désintoxiquer. Décolonisons les esprits :


Si le professeur de droit Joseph R. Biden est finalement battu, ce sera surtout la défaite d'un parti démocrate qui ne veut pas comprendre la cause de son rejet par une partie des citoyens : le fait d'avoir abdiqué tout discours de mobilisation nationale pour s'enliser dans le marketing des minorités de toutes sortes. C'est ce que dénonçait en 2018 l'essayiste images.jpegdémocrate Mark Lilla1 [photo] : "l'hystérie morale sur les questions de race et de genre qui rend impossible tout débat public rationnel". Rien sur la solidarité du peuple entier ; tout sur les Noirs en tant que Noirs, les gays en tant que gays, etc... Cette politique, disait Lilla, "est un piège qui, à la fin, ne servira que la droite qui a bien plus l’habitude d’exploiter les différences". En l'espèce elle a servi M. Donald Trump, qui a consacré les quatre années écoulées à "exploiter les différences" – et même à les envenimer, au point de pousser les Etats-Unis dans un chaos dangereux. Car M. Trump n'aide pas les gens, il les joue les uns contre les autres, la négativité est le ressort de son pouvoir ; tout en clamant vouloir un pays great again (mots que les démocrates n'auraient pas l'idée de prononcer), il fabrique des boucs émissaires en divisant le peuple, comme font les démagogues mal nommés populistes. Et malgré son bilan social, une large part du peuple persiste à voter pour lui à cause de ses clameurs patriotiques ! Ce paradoxe prouve que les citoyens sont en manque de discours s'adressant à tous en tant que compatriotes et ravivant les raisons de vivre ensemble, condition de la solidarité sociale. La gauche américaine ne semble pas comprendre ce désir. La gauche française non plus ; c'est ainsi qu'elle abandonna dans les années 1980 l'idée même de patrie, dont elle fit cadeau à M. Le Pen... Le talisman jeté au ruisseau est ramassé par l'aventurier.

 

► Un électeur trumpiste interviewé ce matin par une radio française : "On aime Trump parce qu'il ne raisonne pas, il marche à l'instinct. On aime les cow-boys : ils ne raisonnent pas, ils tirent, bang !" (En langage psy-pub-médias, on dirait chez nous : "ils ne transigent pas avec leurs émotions"). Autrefois ce genre de qualités menait à la cour d'assises ; aujourd'hui il mène à la présidence.

 

Les médias français en extase devant la présidentielle US... La radio de service public a lancé un module intitulé Les élections américaines pour les kids (les agences ne veulent plus dire enfants). Avant-hier, une chroniqueuse de France Inter – radio favorite des Français – criait la gloire de l'Amérique et la ringardise de la France. Hier France Info annonçait : "L'Amérique vote, le monde retient son souffle". Nous sommes des colonisés.

 

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1. La gauche identitaire : l'Amérique en miettes (Stock).

 

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Commentaires

L'HYSTÉRIE

> L'hystérie bien réelle à laquelle vous faites référence est déjà une réalité française. Lors d'un déjeuner pris en compagnie de sociologues et de sinologues il y a quelques années, j'ai préféré me censurer plutôt qu'aborder les questions sociétales ; il y a pourtant beaucoup à dire mais la discussion n'est plus possible, au risque de se faire traiter de réac, d'ultraconservateur voire de "facho".
Ce que Védrine nomme fort justement "névroses venues des campus américains" est devenu le diktat de la bien-pensance : c'est l'extension du TINA thatchérien à des pans entiers du débat public. L'hystérie n'est que le stade premier du délitement social ; la guerre civile, réelle ou larvée, en constitue le paroxysme, et est donc un danger à plus ou moins long terme pour les sociétés occidentales.
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Écrit par : Philippe de Visieux / | 05/11/2020

RADIO

> Mal à l'aise ce matin en écoutant la radio chrétienne d'Ile de France, l'"expert USA" intervenant était très complaisant avec Trump, en tout cas manquait de neutralité. Cette radio chercherait elle à flatter la frange "catho réac" de ses auditeurs ? qui pour beaucoup adulent Trump pour ses positions pro-vie...
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Écrit par : Tangui / | 05/11/2020

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