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31/10/2020

Islamisme etc : pourquoi la France est dans l'impasse

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Enfermé à la Cour européenne de justice, le Penseur se demande s'il y est à sa place.

Des voix s'élèvent à gauche pour tenir (enfin) un langage réaliste sur la situation de la République française. Mais le réalisme mène à rompre avec tout le système euro-libéral en vigueur, et c'est une autre paire de manches :


Tourner en rond dans une impasse : c’est l’impression que donnent les pages “idées” des journaux et les débats à la radio. Par exemple celui de ce matin à France Culture chez Alain Finkielkraut, entre Philippe Raynaud (La laïcité, histoire d’une singularité française - Gallimard) et Laurent Bouvet (La nouvelle question laïque - Flammarion)… Une heure de brio pour n'aboutir qu'à l'impasse habituelle : 1. La difficulté du problème islamiste en France repose sur la nature “inorganisable” de l'islam sunnite, très majoritaire au sein des millions d'immigrés musulmans ; 2. La question ne peut être résolue (ni même envisagée) par une société européenne en plein néant culturel, face à un islamisme qui se présente comme la seule riposte de masse à l’émiettement individualiste occidental.

Ce néant, où erre la foule solitaire, parlait hier à la télévision par la bouche d’une Niçoise blonde interviewée dans la rue sur les assassinats de l’église Notre-Dame. La jeune femme exprimait son indignation – justifiée – mais finit par ce cri de mépris : “Et tout ça pour des religions ! » 

Cette personne-type ne prononce donc plus la formule usuelle (“l’islamisme n’est pas l’islam”). Elle ne voit même pas le problème spécifique de l'islamisme. Elle accuse “les religions” en général, comme si le terrorisme était une guerre entre islam et catholicisme ; et le mépris de la jeune femme va au fait qu’une chose aussi absurde que des religions puisse subsister à notre époque.

Quelle époque ? Celle de la consommation et de la “technologie” installées en raisons de vivre. Cet horizon est déclaré indépassable. Il suffit à beaucoup.

Mais il ne suffit pas à tous... Notamment pas à des milliers de jeunes immigrés parqués dans une société à l'économie flageolante et aux “valeurs” factices.

À leurs yeux l’islamisme est “une vision du monde totale, conciliant aventure collective et promesse de salut personnel”, souligne Raphaël Glucksmann dans Le Monde du 29 octobre... Il ajoute : “Seule une vision du monde arrête une vision du monde”. Or la société française et son conseil d’administration n’en ont aucune. L’incantation aux “Lumières”, au “progrès” et à “la liberté d’expression” (Charlie Hebdo organe suprême de la République !) ne cache pas le vide de nos dirigeants : ce sont des financiers et des commerciaux égarés dans le politique, ce vestige que les grandes écoles leur avaient appris à mépriser, et auquel ils consacrent – pour faire semblant – des tirades oratoires de mauvais acteur.

Glucksmann écrit : “Dans une société post-épique ayant fait du bien-être des individus l’horizon de toutes choses, la quête de transcendance n’a plus de débouché politique.” Sauf l’islamisme... Ce qui explique une partie des conversions de jeunes Français à cette idéologie, perçue comme étant la seule offre politique révolutionnaire aujourd’hui.

Face à cela, les controverses actuelles de la classe politique sont minables et futiles. Minables, parce que les uns et les autres ne voient que des fragments du problème. Futiles, parce qu’ils ne croient pas eux-mêmes que leurs propositions soient réalisables. La “remigration” massive vers les pays d’origine, dont rêve l’extrême droite, est une vue de l’esprit. Mais “l’intégration républicaine” en est une autre, dans la mesure où “la République” n’est plus qu’un magma plus ou moins cohérent “d’institutions et de règles dont le sens n’est plus clair pour personne”.  Ce sens s’est perdu lorsque les gérants provisoires de l’Etat l’ont asservi à la Machine financière avec pour mission de se démanteler lui-même – on voit par exemple à quoi cela a conduit l’hôpital public…

Alors que faire ? Brandir une recette serait présomptueux. Glucksmann a raison d’écrire : “Il nous faut rompre avec la religion du laissez faire, laissez passer” ; encore faudrait-il dénoncer ceux qui nous ont imposé cette religion par calcul d’intérêts personnels.

Il nous faut, dit-il, non plus seulement “laisser s’affirmer des individus” mais “à nouveau former des citoyens” : c’est exact, et pour cela il faudrait savoir de quelle cité nous sommes les citoyens ! Je doute que la Cour de justice européenne et la Banque centrale suffisent à répondre ; ni même qu’elles le veuillent, la question n’ayant à leurs yeux aucun sens.

Et tant que la réponse ne sera pas là, je doute de l’efficacité des propositions citoyennes de Glucksmann : le brassage social par un long service civique obligatoire de toute la jeunesse, la réhabilitation des services publics, la reconstruction de vrais partis et de syndicats solides, le sauvetage et la régénération d’une école que la République laisse crouler, etc… Oui, tout ça serait nécessaire, et c’est un signe des temps que de voir des thèses pareilles avancées par un eurodéputé “progressiste-socialiste-démocrate” ! Mais il faut d’abord faire sauter une chape de béton : la pensée-zéro ultralibérale et son matérialisme mercantile, qui rendent impossible une renaissance.

 

 

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Commentaires

ISLAMISME ET CLASSE POLITIQUE

> Très bonne analyse. Un bémol toutefois sur "...l'islamisme [...] seule proposition politique révolutionnaire médiatiquement visible..". L'islamisme et/ou l'islam étant parfaitement compatibles avec le capitalisme financier le plus forcené, au contraire du christianisme, certains tomberaient de haut...
Pour la suite et les actions concrètes, je crains qu'il n'y ait hélas aucune voie raisonnable qui puisse être suivie par les politiques, qui sont quand même totalement responsables de la situation actuelle en ayant suivi les mêmes errements, quelque soit leur bord, depuis presque 50 ans. Au final, soit on continue vers la voie américaine, soit en cas d'aggravation on peut parfaitement basculer vers la voie chinoise. Pas très réjouissant dans les deux cas !

BCM


[PP à BCM :
– Je ne pense pas que l'islamisme soit réellement une proposition politique "révolutionnaire", mais qu'il se présente comme en étant une (voire la seule), et que ses sympathisants le perçoivent ainsi ; ce qui n'est pas tout à fait la même chose.
– D'accord avec vous sur l'incapacité de la classe politique à suivre une voie raisonnable. Il faudrait avoir une lucidité dont ces gens sont dépourvus : ces élus "politiques" n'ont aucune idée de ce qu'est en soi le politique, et leur esprit est saturé par le prêt-à-penser des agences de communication. Ils sont aveugles au point d'ignorer qu'il existe des choses à voir... ]

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Écrit par : BCM / | 31/10/2020

RIEN

> Anecdote réelle : un enfant rentre de l'école et dit que son ami Mehdi lui a parlé de l'islam, que sa famille est musulmane... Il demande à ses parents "C'est quoi, être musulman ?" Les parents expliquent comme ils peuvent. Puis l'enfant demande "Et nous, on est quoi ?" Réponse véridique : "Nous, on est RIEN". Tout est dit, hélas.
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Écrit par : Alex / | 31/10/2020

MAASTRICHT ET LA DETTE FRANÇAISE

> Dans le grand débarras à venir, il faudra sans doute revenir sur la loi bancaire de 1973 et sur le traité de Maastricht. Le P. Giraud rappelait récemment que sur les cent pour cent de dette publique française, soixante pour cent sont les intérêts de cette dette. En d'autres termes, sans la loi bancaire et Maastricht, l'endettement français aurait été de l'ordre de quarante pour cent du PIB. C'est en se refinançant à taux quasi nul que l'État, avant 1973, a pu lancer les centrales nucléaires et autres grands projets ; nous n'en aurions sans doute plus les moyens aujourd'hui.
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Écrit par : Philippe de Visieux / | 01/11/2020

LE LGBTQI+, "VALEUR DE LA RÉPUBLIQUE"

> https://m.facebook.com/story.php?story_fbid=3344515622334262&id=193524660766723
Un autre exemple du néant ambiant.
Hier avait lieu à Taïwan la marche des "fiertés" (homosexuelles). Le bureau consulaire français a officiellement participé à cette manifestation pour le moins prosélyte. Cette participation est regrettable : l'État "laïque" devrait rester neutre devant la promotion des "droits LGBTI".
Ces droits feraient-ils à présent partie des "valeurs de la République" ?
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Écrit par : Philippe de Visieux / | 01/11/2020

IMMIGRÉE

> Un détail émouvant : parmi les victimes se trouvait... une immigrée (mère de famille et aide soignante).
Les immigrés ne sont pas tous des criminels comme voudraient le faire croire certains.
Ils ne pas tous musulmans non plus.
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Écrit par : Phil / | 01/11/2020

TERRE DE MISSION

> Le christianisme serait une réponse à cette acédie. Malheureusement notre société s'est affranchie du christianisme. La France est une terre de mission à labourer par les chrétiens. Faut-il qu'ils se lèvent et que des hommes politiques chrétiens prennent leur tête.

AdV


[ PP à EdV – Pour être missionnaires, c'est-à-dire témoins de l'évangile dans notre vie quotidienne et avec tous, pas besoin d'hommes politiques ! La tâche de ceux-ci est différente : agir pour le bien commun, en cohérence avec la pensée sociale de l'Eglise. Et dans ce domaine, les quelques "hommes politiques chrétiens" existant aujourd'hui auraient beaucoup de progrès à faire ! ]

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Écrit par : alain De Vos / | 01/11/2020

VÉDRINE

> https://www.franceculture.fr/emissions/lesprit-public/terrorisme-en-france-un-monde-en-suspens-elections-americains-et-2e-vague
Belle intervention d'Hubert Védrine sur France Culture.
L'ancien ministre rappelle certaines vérités dérangeantes : "Cela fait des années voire des décennies que les mots de 'république' ne veulent rien dire pour au moins la moitié des jeunes musulmans en France. Jean Daniel m'avait expliqué cela après une réunion avec l'ensemble des imams de France il y a quinze ans, il y a quinze ans ! [...] Le résultat à l'arrivée, c'est une sorte d'inhibition devant le phénomène islamiste, ce qui fait qu'on est obligé de passer par une phase Darmanin. C'est le prix à payer pour tellement de complaisance, tellement d'aveuglement, tellement d'utilisation scandaleuse du terme 'islamophobie' qui ne veut rien dire car soit c'est du racisme anti-arabe qu'il faut combattre en tant que tel, soit c'est la critique de l'islam qui est autorisée. [...] La partie critique doit être autorisée, je ne dis pas qu'il faille blasphémer toute la journée. On est quand même un pays embarrassé. [...] La censure, elle est le fait des petits groupes, minuscules, qui sur les campus américains ont exporté leurs névroses sur le territoire français à partir de points de vue qui à l'origine étaient justifiés de la part des femmes, LGBT, indigènes, etc. ; cela a été pris en main par des activistes extrémistes, et ce sont eux qui font la censure. [...] Ce n'est pas L’État qui fait la censure. Pour ceux qui trouvent les mesures trop fermes, je rappelle qu'après la loi de 1905 - tout le monde s'attache à cela comme à un radeau -, on a envoyé l'armée pour expulser les congrégations ; il me semble que même les plus durs des plus durs n'ont pas dit cela pour les mosquées salafistes. Levi-Strauss a cessé d'être invité sur les plateaux de télé lorsqu'il a commencé à dire à la fin de sa vie qu'il avait défendu le droit des Bororos [et que] la civilisation occidentale aussi a le droit de se défendre. Les gens ont dit, il est devenu un vieux gâteux réac ; Lévi-Strauss, c'est quand même plus vaste que les polémiques actuelles."
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Écrit par : Philippe de Visieux / | 02/11/2020

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