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26/10/2020

La liberté de parole peut-elle ignorer les réalités ?

liberté

"Résistance" aux mesures sanitaires, (faux) procès au pape, etc : les exemples de "liberté de parole" ignorant le réel se multiplient, fruit de l'idéologie postmoderne... Mon éditorial de ce matin à RCF :


  

https://rcf.fr/la-matinale/edito-patrice-de-plunkett

 

<< Bonjour. Je ne sais pas si c’est votre impression, mais ces temps-ci on se fait une curieuse conception de la liberté d’opinion : on fait comme si cette liberté pouvait ignorer les faits réels et les remplacer par de l’imaginaire.

Sur l’épidémie, par exemple : l’indignation de pas mal de gens devant ce qu’ils appellent une « dictature sanitaire », contre laquelle il faudrait, disent-ils, « entrer en résistance ». Comme si les mesures de protection contre le virus étaient un abus de pouvoir, une sorte de complot contre nos libertés fondamentales… la plus fondamentale de toutes étant, paraît-il, celle de nous réunir sans masques et de nous faire de nouveau la bise en groupe – alors que le virus contamine des dizaines de milliers de gens tous les jours et partout. « Ici on est libres », disaient joyeusement des Parisiens en vacances sur une plage de l’Ouest : pleins d’illusions, sans masque et entassés à une terrasse de café… Et pendant ce temps-là, les personnels des hôpitaux suppliaient qu’on leur épargne un nouveau déferlement de contaminés : car c’est ça la réalité ! Et notre liberté pourrait en tenir compte, au moins par respect pour la santé du voisin.

Autre exemple de tapage de paroles étranger à la réalité : la semaine dernière, sur Facebook et Twitter, la marée de commentaires et de polémiques lancés par des gens qui rivalisaient entre eux d’émotion parce qu’ils avaient entendu dire que le pape allait se rallier au mariage des homosexuels. Or c’était une fausse rumeur, à partir d’un film comportant un montage de courts extraits d’une interview ancienne, laquelle ne disait pas ça ! Mais ces internautes avaient attaqué sans vérifier. Et si vous aviez le malheur de leur dire que cette polémique était hors de la réalité, ils vous traitaient d’ennemi de la liberté de parole.

Alors… La liberté de parole, oui, bien sûr, c’est fondamental. Mais un débat, c’est la parole de chacun sur une réalité qui est la même pour tous. Si on tourne le dos à la réalité, si la parole n’est plus qu’une bulle d’émotions sans fondement, le débat devient impossible. Il faut peut-être réfléchir à ça… >>

 

 

 

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09:32 Publié dans Idées | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : liberté

Commentaires

L'EXÉCUTIF

> L’audition du précédent premier ministre à l’Assemblée Nationale était fort instructive : L’alpha et l’omega de la politique de lutte contre la CoVid19 c’est ne pas saturer les services d’urgence et de réanimation, illustré à l’époque par des images de la situation italienne en Lombardie et de la menace d’avoir à choisir entre les patients à l’hôpital : résultat immédiat, tout le monde a eu peur pour sa vie et pour celle de ses proches, et puis l’exécutif s’est engagé progressivement dans une méthode de gouvernement par la peur et la menace (de remettre tout le monde en confinement si on ne se tient pas sage et docile, ça rassure après les épisodes gilets jaunes où il ne maîtrisait plus rien), alors oui, c’est une forme d’abus de pouvoir, d’autant plus abusive que les mesures prises manquent de cohérence sous couvert de sur-mesure.
Sur le principe de "protéger les français » (contre eux-mêmes parce que c’est ce dont il est question), on pourrait généraliser la méthode de restriction des libertés à beaucoup d’autres situations provoquant des accidents ou de l’insécurité, mais quand s’arrête-on ? Quel est le risque acceptable ? Est-ce à un gouvernement (pouvoir exécutif) de définir cela ?...
Au passage, le choix entre les patients a quand même eu lieu : https://twitter.com/LCP/status/1318928419476934658?s=20
Sur la réalité de la situation épidémique depuis le début de l’année (en terme de mortalité) :
https://www.insee.fr/fr/statistiques/4487861?sommaire=4487854
et sur nos capacités hospitalières (lits de réanimation) :
https://www.data.gouv.fr/fr/datasets/repartition-des-lits-de-reanimation-par-departement/#_
La réalité c’est que notre pays n’est pas équipé pour faire face à une situation d’urgence collective et que c’est bien là le problème. Il y a de quoi râler et protester, et surtout de ne pas recevoir de leçon de morale, fusse-t-elle « républicaine et laïque » .
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Écrit par : J.-Luc / | 26/10/2020

"COMMENT EN SORTIR ?"

> Triste réalité que l'on retrouve trop souvent aujourd'hui et pas seulement sur ces sujets : relativisme et individualisme mènent à des discussions stériles où chaque partie s'enferme dans "sa" vérité, ignorant la réalité et n'écoutant pas l'autre pour le comprendre et lui répondre.
Je me pose souvent de plus en plus la question : comment en sortir ? Que peut-on ou doit-on transmettre à nos enfants ?
Si vous avez des pistes, je suis à l'écoute...
Je n'ai pas de réponse facile ni toute faite mais je suis convaincu qu'il faut commencer par poser des actes plutôt que de continuer à parler... souvent dans le vide.
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Écrit par : Xavier / | 26/10/2020

ILLUSOIRES CERTITUDES

> Merci, Patrice, pour ce bel et juste éditorial, mais je crains fort qu'il soit illusoire d'espérer convaincre de cela tous les complotistes et conspirationnistes qui sévissent sur les réseaux sociaux et qui alimentent leurs illusoires certitudes à la négation a priori de la réalité des faits.
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Écrit par : Michel de Guibert / | 26/10/2020

LE LIBÉRALISME DANS TOUTE SA SPLENDEUR

> "Et si vous aviez le malheur de leur dire que cette polémique était hors de la réalité, ils vous traitaient d’ennemi de la liberté de parole." C'est le libéralisme dans toute sa splendeur. Le libéralisme, sous toutes ses formes, auquel s'est toujours opposée l'Eglise commence par un refus de la vérité: s'il y a une vérité, je ne suis pas libre qu'elle ne soit pas la vérité. C'est alors seulement qu'est conçue la liberté, une liberté coupée de la vérité. On est aux antipodes de l'Evangile: "La Vérité vous rendra libres." La conclusion coule de source: "on fait comme si cette liberté pouvait ignorer les faits réels et les remplacer par de l’imaginaire."
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Écrit par : ND / | 26/10/2020

DISCUSSION

> Il est vrai que la liberté de parole permise par internet et les réseaux sociaux véhicule beaucoup d'idées fausses. Il est vrai aussi que, dans cette période difficile, l'individualisme peut entraîner des comportements irresponsables, mais aussi des attitudes de défiance vis-à-vis de l'autre allant jusqu'à la délation.
Si toutes les informations étaient basées sur des faits réels, exposés de manière claire et objective, la situation serait plus simple.
La profusion de "fake news" (expression popularisée par D. Trump et reprise à tout propos par nos dirigeants et journalistes) n'est-elle pas alimentée par les informations orientées, sinon biaisées, des médias dominants ?
Comment résister à la tentation du complotisme quand les autorités de santé interdisent des traitements efficaces et peu couteux et imposent des médicaments chers et à l'efficacité incertaine ?
La "réalité des faits" n'est pas si facile à cerner, à moins de faire une totale et aveugle confiance aux politiques, et aux médias qui sont si peu indépendants.

Doucet


[ PP à Doucet – D'accord, sauf sur la question du médicament "efficace et peu coûteux" ! Les études scientifiques, menées par les équipes plurinationales de chercheurs épidémiologistes spécialisés, ont conclu – après des semaines de tests en résultats croisés – que la chloroquine n'est pas efficace contre le covid-19. Pour rejeter cette conclusion expérimentale, il faudrait accuser en bloc TOUS ces chercheurs d'incompétence, de docilité, voire de vénalité : ce qui serait d'une inexactitude et d'une injustice indéfendables... Des scandales de vénalité ont existé dans ce milieu, mais il serait ubuesque d'en déduire que TOUS les chercheurs sont des ripoux. ]

réponse au commentaire

Écrit par : Doucet / | 27/10/2020

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