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06/10/2020

'Fratelli tutti'– 1. Une désinformation du 'Figaro'

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Nous entamons ici une exploration des thèmes de cette encyclique d'une irrésistible richesse intellectuelle et spirituelle. En regrettant de devoir d'abord rectifier la présentation du texte de François par un journal français lu dans la bourgeoisie "catho" :


La façon dont Le Figaro1 résume Fratelli tutti est une véritable désinformation. Au lieu de donner un aperçu objectif de ces huit chapitres de considérations papales puissantes, denses, complexes (dans l’objet de leur analyse) et centrées sur l'amour du Christ dans l’esprit de François d’Assise, Le Figaro les réduit à une attaque « contre “le dogme néolibéral“ » ! Comme si le pape avait exprimé des opinions d'incompétent... On sent que ce journal cherche à attirer au “jésuite argentin” le mépris du bourgeois.

D’autant que l’article mutile ensuite ce que l'encyclique dit des migrants... Comme pour  déguiser le pape en excité du sans-frontières, Le Figaro ne cite que les passages où l’encyclique fustige l’attitude souvent déshumanisante des pouvoirs publics. Alors que Fratelli tutti, comme les autres grands textes de François, est un développement ample et équilibré, radical mais nuancé, qui ne néglige aucun des aspects d'un problème... Mais Le Figaro ne veut pas le savoir : son titre et ses punchlines sont faits pour irriter des notables qui lisent peu et n'iront pas vérifier à la source. Le “vaticaniste” du quotidien omet donc de mentionner les passages-clé dans lesquels François rappelle les préceptes catholiques constants en la matière :

Par exemple le § 40 : « L’Europe, aidée par son grand patrimoine culturel et religieux, a les instruments pour défendre la centralité de la personne humaine et pour trouver le juste équilibre entre le double devoir moral de protéger les droits de ses propres citoyens, et celui de garantir l’assistance et l’accueil des migrants... » (c’est ce qu’enseignait également Benoît XVI).

Ou au § 38 : « Il faut aussi réaffirmer le droit de ne pas émigrer, c’est-à-dire d’être en condition de demeurer sur sa propre terre... »

Et le § 41 : « Je comprends que, face aux migrants, certaines personnes aient des doutes et éprouvent de la peur. Je considère que cela fait partie de l’instinct naturel de légitime défense. Mais il est également vrai qu’une personne et un peuple ne sont féconds que s’ils savent de manière créative s’ouvrir aux autres. J’invite à dépasser ces réactions primaires, car le problème, c’est quand [les doutes et les craintes] conditionnent notre façon de penser et d’agir au point de nous rendre intolérants, fermés, et peut-être même – sans nous en rendre compte – racistes. Ainsi, la peur nous prive du désir et de la capacité de rencontrer l’autre… »  Les libéraux conservateurs y verront de « l’immigrationnisme » ? un croyant y voit l’Evangile.

De même le développement admirable autour de la parabole du Bon Samaritain (§ 67) : « Cette parabole est une icône éclairante, capable de mettre en évidence l’option de base que nous devons faire pour reconstruire ce monde qui nous fait mal. Face à tant de douleur, face à tant de blessures, la seule issue, c’est d’être comme le bon Samaritain. Toute autre option conduit soit aux côtés des brigands, soit aux côtés de ceux qui passent outre sans compatir avec la souffrance du blessé gisant sur le chemin. La parabole nous montre par quelles initiatives une communauté peut être reconstruite grâce à des hommes et des femmes qui s’approprient la fragilité des autres, qui ne permettent pas qu’émerge une société d’exclusion mais qui se font proches et relèvent puis réhabilitent celui qui est à terre, pour que le bien soit commun. En même temps, la parabole nous met en garde contre certaines attitudes de ceux qui ne se soucient que d’eux-mêmes et ne prennent pas en charge les exigences incontournables de la réalité humaine… ».

Dans cette parabole, souligne François, « il est impressionnant que les caractéristiques des personnages du récit changent totalement quand ils sont confrontés à la situation affligeante de l’homme à terre, de l’homme humilié. Il n’y a plus de distinction entre l’habitant de Judée et l’habitant de Samarie, il n’est plus question ni de prêtre ni de marchand ; il y a simplement deux types de personnes : celles qui prennent en charge la douleur, et celles qui passent outre ; celles qui se penchent en reconnaissant l’homme à terre, et celles qui détournent le regard et accélèrent le pas. En effet, nos multiples masques, nos étiquettes et nos accoutrements tombent : c’est l’heure de vérité ! Allons-nous nous pencher pour toucher et soigner les blessures des autres ? Allons-nous nous pencher pour nous porter les uns les autres sur les épaules ? C’est le défi actuel dont nous ne devons pas avoir peur. En période de crise, le choix devient pressant : nous pourrions dire que dans une telle situation, toute personne qui n’est pas un brigand ou qui ne passe pas outre, ou bien elle est blessée ou bien elle charge un blessé sur ses épaules »

Et encore : « L’histoire du bon Samaritain se répète. Il devient de plus en plus évident que la paresse sociale et politique transforme de nombreuses parties de notre monde en un chemin désolé, où les conflits internes et internationaux ainsi que le pillage des ressources créent beaucoup de marginalisés abandonnés au bord de la route. Dans sa parabole, Jésus ne propose pas d’alternatives comme : que serait-il arrivé à cet homme gravement blessé, ou à celui qui l’a aidé, si la colère ou la soif de vengeance avaient gagné leur cœur ? Il se fie au meilleur de l’esprit humain et l’encourage, par la parabole, à adhérer à l’amour, à réintégrer l’homme souffrant et à bâtir une société digne de ce nom » (§ 71)...

Et trois lignes terribles (§ 75) sur ceux qui – comme les clercs de la parabole – « passent outre en regardant de l’autre côté » : aujourd’hui, dit le pape, ce sont « ceux qui croient rester purs dans leur fonction importante, mais en même temps vivent du système et de ses ressources » !

Nous aborderons demain l’analyse du « système » et de ses effets dans Fratelli tutti. Elle est aussi fine que forte.

(à suivre)

 

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1. Numéro du 4/10 : article de Jean-Marie Guénois.

 

 

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Commentaires

LE DIABLE ASPERGÉ D'EAU

> "Mais Le Figaro ne veut pas le savoir : son titre et ses punchlines sont faits pour irriter des notables qui lisent peu et n'iront pas vérifier à la source" : et cela marche, hélas : les commentaires de certains lecteurs du Figaro ressemblent à ce que doivent être des éructations du diable après une aspersion d'eau bénite (je ne parle pas de Valeurs Actuelles, où c'est encore pire). On dirait qu'il leur suffit de lire "pape François" pour qu'ils s'agitent ainsi.
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Écrit par : Sven Laval / | 06/10/2020

LES CATHOLIQUES QUI NE LISENT PAS

> Beaucoup de catholiques (ceux qui lisent le Figaro) n'iront pas voir par eux-mêmes ce qu'il y a dans cette encyclique. Ils se font une vague idée à partir de la rumeur, et s'en contentent. A la librairie où j'ai acheté mon exemplaire, retenu d'avance, il y avait une petite pile de cette nouvelle encyclique, dans l'édition Cerf-Bayard-Mame. Difficile de passer à côté. Et pourtant. J'ai dû indiquer à telle ou telle de mes connaissances qu'on pouvait lire cette encyclique, que ça en valait la peine, qu'elle abordait des questions qui allaient les intéresser... Elle est même disponible gratuitement sur le site du Saint Siège, comme vous l'aviez rappelé.
Donc, une petite question : en connaissez-vous le tirage ? Ce serait intéressant de le savoir.
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Écrit par : Bégand / | 07/10/2020

À LA SOURCE

> Il peut se révéler utile de passer par ces commentaires. Mais quand même, il s'agit du Pape et de son magistère. Aussi convenait-il de remonter à la source, dans un souci tant d'honnêteté intellectuelle que d'attachement foncier à l'institution papale.
Ce passage à la lecture de l'encyclique m'a fait passer de surprise en surprise. Pour l'instant, je n'ai lu que l'introduction et l'incroyable premier chapitre dans lequel, grâce au Pape François, j'ai revisité l'anthropologie chrétienne à travers une description crue et fouillée du spectacle de sa négation. Cela fait froid dans le dos. Tout y passe : l'utilitarisme matérialiste envers les personnes et les peuples dans une économie déconstruisant le politique, la rupture de la chaîne générationnelle, la virtualisation des rapports sociaux, les mécanismes de repli sur soi et de l'entre soi, le déni d'égalité des droits pourtant fondés sur la même dignité humaine, en particulier du droit des nations à réaliser leur développement depuis leur propre culture, déni qui empêche de traiter la question incontournable des migrations dans un équilibre permettant l'accueil fraternel depuis la continuité de sa propre culture nationale. Sur ce point et de mon point de vue, le n°40 de l'encyclique est à relire. On n'oubliera pas la mention d'une proximité de catholiques à ces mécanismes de déconstruction anthropologique et sociale, ni la référence truculente au grand imam Ahmad Al-Tayyeb.
Sur ce point, notre Pape se situe dans la tradition théologique et canonique de l'Église catholique qui recensait Maïmonide, Aristote, Averroës, Gaïus, Auguste, Justinien (empereur chrétien) et quelques autres parmi ses "auctoritates", à l'appui de ses raisonnements ou de ses dispositions.
Le thème de la multiforme déconstruction anthropologique et en conséquence juridique (la dignité à la source des droits) dans le monde d'aujourd'hui m'a semblé majeur. Le thème de la virtualisation des rapports sociaux (n°41-46), de son caractère intrusif par le fait de personnes ou de pouvoirs publics, de sa violence induite, de ses effets déconstructeurs sur la fraternité réelle, m'est apparu très intéressant. De cette manière pourrait-t-on revisiter certaines restrictions intégrales et disproportionnées qui, en leur temps, avaient été portées à l'exercice du droit fondamental de conscience et de culte collectif en présentiel, durant le premier confinement.
Je poursuivrai ma lecture avec patience, dans un souci d'appartenance à l'Église catholique, de déférence envers son Pasteur universel et, dans ce cadre, d'inaliénable droit des fidèles à la liberté d'expression, droit consacré de façon équilibrée au c.212§3 du Code de droit canonique.
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Écrit par : Père Christian / | 07/10/2020

"QUELQUE CHOSE NE VA DÉCIDÉMENT PAS" (EN EFFET)

> J'adore Monsieur de Plunkett vos hauts le coeur à l'encontre du Figaro en oubliant peut -être que vous avez été directeur adjoint du Figaro_Magasine et avez eu un rôle non négligeable dans Valeurs actuelles
En comparaison dois-je vous rappeler l'attitude beaucoup plus élégante de Yves Montand lorsqu'il a reconnu combien il avait eu tort d'être devenu compagnon de route du PCF
Quant à l'encyclique du Pape que je n'ai lue que très partiellement actuellement il me plait particulièrement de constater qu'elle a droit à l'approbation du président agnostique d'un mouvement universaliste de même que Laudato avait eu droit à l'approbation sans réserve de Nicolas Hulot ,personnage pour lequel j'éprouve néanmoins une certaine sympathie.
lorsqu'un Pape produit des textes qui emportent l'adhésion de non-croyants je me dis que quelque chose ne va décidément pas

Dominique Bargarelli


[ PP à DB :

Monsieur,

1. a) Pourquoi "haut le coeur" ? Il s'agit d'une désapprobation motivée. Et je ne vois pas en quoi le fait d'avoir autrefois participé à la presse de droite (avant ma conversion chrétienne) m'interdirait trente ans plus tard de critiquer sa désinformation envers le pape.
b) Non seulement je "n'oublie" pas ce que j'étais il y a quarante ans, mais je l'ai raconté dans mon dernier livre avec mon autocritique et mon cheminement religieux – qui m'a fait rompre avec le milieu d'où je venais, en l'occurrence la droite. N'affirmez rien au sujet de quelqu'un que vous ne lisez pas.
(Quant à "l'élégance" de Montand, allé du Charybde stalinien au Scylla ultralibéral, elle se résumait à la poursuite de ses propres intérêts).

2. Vous vous indignez de voir un pape "produire des textes emportant l'adhésion de non-croyants". C'est pourtant une démarche d'évangélisation missionnaire : autrement dit, c'est la nature même du christianisme. L'encyclique suit le précepte de la 1ère lettre de Pierre : "Soyez toujours prêts à donner les raisons de votre espérance..." Le christianisme n'est pas un musée dont le pape serait le conservateur. ]

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Écrit par : dominique bargiarelli / | 07/10/2020

CONVERSIONS

> La pique de D. Bargiarelli est sans grand intérêt. L'évangile y répond avec les paraboles du retour de l'enfant prodique ou des ouvriers de la onzième heure. Moi aussi, je suis revenu tard à ma religion, à 50 ans, après une longue période d'indécision. C'est comme ça. P. de Plunkett n'est pas à blâmer pour cela, en tout cas pas plus que d'autres : par les temps qui courent, ce revirement était même inespéré. Une petite question : M. de Plunkett, vous vous êtes converti à la même époque que Louis Pauwels, votre patron, faisant du Fig-Mag de l'époque un "cluster" catholique. Est-ce l'exemple de Pauwels qui vous a décidé, l'influence que peut-être il avait sur vous, son emprise intellectuelle ? Ou tout simplement une sorte d'imitation professionnelle ad hoc ? Lecteur du Fig-Mag de cette époque, je me suis toujours posé la question, et c'est un aspect de la question que vous n'abordez pas spécifiquement dans votre dernier livre de Mémoire.

Bégand


[ PP à Bégand – Contrairement aux apparences chronologiques les deux choses étaient bien trop personnelles pour être liées. Et je n'étais pas dans un rapport "filial" avec Louis Pauwels, c'est le moins qu'on puisse dire ; sur le plan catholique non plus je n'étais pas en phase avec lui, qui déplorait (avec Alain Madelin) que Jean-Paul II n'ait pas bazardé la doctrine sociale de l'Eglise...
Sur le plan professionnel, ma conversion ne m'a pas rendu service par la suite dans la maison Hersant : les sentiments du seul vrai patron, Robert Hersant lui-même, étant très peu favorables au domaine religieux... Je me souviens par exemple de son hostilité méprisante lorsque j'avais pris sur moi de publier, un an après le départ en retraite de Pauwels, un article sur la réhabilitation scientifique de l'historicité du linceul de Turin. 'Le Figaro' de cette époque commençait d'ailleurs à réduire sa rubrique religieuse, pourtant tenue par de grands spécialistes : Jean Bourdarias et Joseph Vandrisse. ]

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Écrit par : Bégand / | 07/10/2020

Dominique,

> Outre l'enfant prodigue déjà cité par Patrice, dois-je vous rappeler Zachée ? Dois-je vous rappeler la femme adultère ? Dois-je vous rappeler tous les pécheurs et publicains des évangiles ? Dois-je vous rappeler le bon larron ? Dois-je vous rappeler St Paul ? Dois-je vous rappeler la kyrielle de saints de l'Eglise qui ont eu des parcours atypique et qu'il y en a tellement qu'un parcours atypique est finalement un parcours très standard ? Dois-je vous dire que moi aussi j'aime faire de belles phrases parce que je suis orgueilleux comme un pou ? Dois-je vous rappeler que vous et nous sommes tous pécheurs, parce que sans cela vous et nous ne serions pas sur cette terre à ramer ?
Il me plait de vous rappeler ceci :
"Jésus, qui avait entendu, déclara : “ Ce ne sont pas les gens bien portants qui ont besoin du médecin, mais les malades. Allez apprendre ce que veut dire cette parole : C'est la miséricorde que je désire, et non les sacrifices. Car je suis venu appeler non pas les justes, mais les pécheurs." (Matthieu 9, 10-13)(il aurait pu ajouter les agnostiques avec)
(Et paf ! là, je viens de prendre 15 jours d'enfer en plus à additionner au reste, et m**** !)
Et permettez-moi ceci (c'est ma culture) :
https://9gag.com/gag/aLwWXzM
... mais que c'est dur !

Yvan


[ PP à Yvan - Mais non, pas l'enfer. Le purgatoire. On s'y verra tous... Enfin souhaitons-le. ]

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Écrit par : Yvan / | 07/10/2020

IONESCO

> Merci, cher P. De Plunkett, d'avoir pris la peine de répondre à ma question, et d'avoir précisé ce qu'il fallait mettre dans le mot "conversion" pour Pauwels et pour vous à cette époque. En effet, c'était bien différent. Entre Hersant, arrogant homme de presse, et Pauwels, grand manitou du journalisme, vous avez été sans doute à rude école ! Vous devriez d'ailleurs écrire un livre de mémoires spécialement sur vos années Fig-Mag, et la façon dont vous avez pu mener votre retour à la foi malgré les obstacles les plus imprévus autour de vous.
Ce fut une époque qui, en tant que jeune lecteur, m'a marqué, car dominée par le culturel. Cela se reflétait dans les pages glacées du magazine, chaque week-end, d'une manière dont on n'a plus idée aujourd'hui, où le seul résidu de cette tradition perdue au Fig-Mag actuel est l'inepte Beigbeder.
Quelque chose vous concernant m'avait surpris : dans chaque numéro, il y avait une sorte de tableau qui présentait les livres ayant paru récemment, et les critiques de la presse, dont vous-même, mettaient une note, selon qu'ils avaient aimé ou non. Au livre de Ionesco, "La Quête intermittente", un essai dans lequel le grand dramaturge racontait sa vie spirituelle, ses tentatives de croire en Dieu, etc., vous aviez mis une très mauvaise note. Manifestement, cette confession philosophico-mystique, qui parlait d'une foi sincère mais déficiente, ne vous avait pas du tout plu. Donc, ma question est : pourquoi ? Si jamais vous vous en souvenez, évidemment ! Car de mon côté je me souviens avoir lu ce livre avec une passion énorme. Il a beaucoup compté dans ma conception de la religion, fondée sur la faiblesse de l'homme face à un "deus absconditus" plongé dans un silence énigmatique. Encore aujourd'hui, le propos de ce livre de Ionesco me semble d'un intérêt déterminant. Quand je suis revenu au catholicisme, je me suis souvenu de cette pensée, de cette littérature : je n'ai pas la foi du charbonnier, mais une foi malheureusement bien limitée qui dépend néanmoins de ce qui est écrit, de ce verbe créateur qui attire la lumière à lui, et qui nous apprend que la vie (la vie ontologique, l'être) est la véritable lumière des hommes... Bonne journée à vous !

Bégand


[ PP à Bégand – Navré, mais je n'ai aucun souvenir d'avoir lu ce livre ! D'autant que j'appréciais beaucoup Ionesco. Êtes-vous sûr que cette note de lecture était de moi ? ]

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Écrit par : Bégand / | 08/10/2020

LE BON SAMARITAIN

> Je ne vois pas l'équilibre du pape François sur la délicate question de l'immigration quand d il dit que l'immigré peut rester chez lui.Oui, c'est évident t et il faut l'aider. Maintenant le pape François s’appuie sur la parabole du Bon Samaritain. Ne l'instrumentalise-t-il pas un peu? C'est l'histoire d'un riche dépouillé par les brigands et laissé pour mort, rencontré par un Bon Samaritain. C'est une parabole sur la proximité, non sur une catégorie sociale, prolétaires ou bourgeois , ni de races bien sûr. Tout cela est transcendé par la proximité , sous entendu devant notre Père commun rappelé avec délicatesse et subtilité par le Christ . En quoi peut-on l’extrapoler pour l'adapter aujourd’hui à la catégorie de l'immigré, qui lui aussi est une catégorie abstraite, réductrice? Cette parabole s'adresse à notre cœur et appelle à une réaction sur une personne concrète, elle ne me semble pas être un mode d'emploi politique devant des problèmes complexes.; (comme toute parabole, ,d’ailleurs, je pense aux ouvriers de la 11 heure, à l’intendant infidèle etc. ) Cette parabole, on pourrait aussi la commenter cruellement aujourd’hui en prenant l'exemple dans nos cités, de ceux qui sont abandonnés couverts de plaies dans la rue, après avoir été battus par des " violents", et observer l'indifférence des personnes et médiatique accompagnant trop souvent ces agressions ne la secourant pas toujours...... Une des conclusions de cette parabole faite par le pape m'interroge quand il dit " C’est pourquoi il est important que la catéchèse et la prédication incluent plus directement et clairement le sens social de l’existence, la dimension fraternelle de la spiritualité, la conviction de la dignité inaliénable de chaque personne et les motivations pour aimer et accueillir tout le monde.
«Accueillir tout le monde " , c'est manifestement dans le contexte d’aujourd’hui, une invitation politique, instrumentalisant une parabole qui s'adresse à notre cœur, notre intimité d'homme . Peut-elle être ainsi instrumentalisée? et puis qui est notre prochain aujourd’hui? Voilà la difficulté, chacun le définit à sa porte, moi j'en connais qui peuvent être victimes justement du prochain des autres, mais mon prochain n'est pas tous les prochains, personne ne peut le catégoriser! . Le problème est bien le Bien commun, qui est une notion complexe qu'il ne suffit pas de citer, maist rappeler avec plus de précision, même dans une encyclique...

Henri


[ PP à Henri – Pardon, mais votre façon d'en parler donne l'impression que vous n'avez pas lu l'encyclique. Si vous l'aviez lue, en particulier le chapitre du bon Samaritain, vous ne diriez sans doute pas ce que vous dites là... Le pape ne fait pas une interprétation réductionniste de la parabole : au contraire, il en fait une application extensive. Ce qui est légitime et salutaire, puisque les paraboles sont faites pour ça...
Le catholicisme ne dit pas "ou bien, ou bien" ; il dit "et, et". Dans le cas qui nous occupe : le caritatif individuel ET la solidarité collective. En matière de charité évangélique, si l'on commençait à dire : "non, jusqu'ici et pas plus loin", on sortirait de l'esprit catholique...
Et si l'on commence à dire que "mon prochain" ce n'est pas "n'importe qui", tout est compromis. Car cette question "qui est mon prochain ?", Jésus répond qu'elle est absurde : au lieu de la poser (ce qui mène fatalement à la discrimination), nous devons nous faire, NOUS, le prochain de ceux qu'il nous est donné de rencontrer. Quels qu'ils soient... Lisez l'encyclique : c'est dedans. Au chapitre du bon Samaritain. ]

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Écrit par : Henri / | 08/10/2020

CE QUE DIT VRAIMENT L'ENCYCLIQUE

> Merci pour cette mise au point salutaire préalable au compte rendu de votre exploration. La lecture cet article du Figaro m'avait fait froid dans le dos. Le pape dénonçant sans nuance les frontières, prônant presque une nation globale, citant l'Iman Ahmad Al-Tayyeb à plusieurs reprises; diable voilà qu'il allait un peu loin pour mon esprit encore trop étriqué. Or rien de tout cela, ou pas exactement, mais une citation de Benoit XVI rappelant que l'ONU est une "famille de Nations", du Compendium selon lequel "la Communauté Internationale est une communauté juridique fondée sur la souveraineté de chaque État membre, sans liens de subordination qui nient ou limitent son indépendance"...
Le texte est bien plus complexe et balancé que ne feint de le croire M. Guénois. Enfin, à ce qu'il m'a semblé, point de citation de l'Iman, mais un rappel fraternel, adressé autant à celui-ce qu'à nous, de nombreux passages de la déclaration d'Abou Dabi qu'ils ont signée ensemble, comme la suite et l'aboutissement de la rencontre initiée par St François d'Assise en son temps.
Il est évidemment à craindre que les caricatures afflueront, et que les résistances soient légions et épidermiques.
Vous avez aimé les discussions sur Laudato Si en famille, en paroisse et dans les dîners en ville? Vous allez adorer Fratelli Tutti.
Notre besoin urgent est d'élaborer une petite synthèse de contre-terrorisme intellectuel, afin de pouvoir fraternellement corriger nos frère et défendre la pensée papale en quelques points; oui Fratelli Tutti est évangélique, oui la doctrine sociale est politique, ce que le pape ne dit pas, ce qu'il dit en qqs mots etc...une sorte de FAQ FT.
Et puis donc l'interdiction de la Bombe (des bombes puisqu'il cite aussi les armes chimiques et bactériologiques) bien insuffisante pour faire face aux menaces actuelles (terrorisme, conflits asymétriques cybernétiques, problèmes environnementaux ...).
Tout ceci ravive le souvenir du général de Bollardière, qui ne séparait pas son engagement et sa foi catholique, l'une impliquant l'autre, et qui écrivait entre autres choses sensées puisées dans sa Foi et son expérience des guerres : " je sais de quoi l'homme en moi-même est capable s'il ne respecte plus ce qu'il y a d'humain en lui et ses frères".
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Écrit par : bertrand / | 08/10/2020

IONESCO 2

> "Êtes-vous sûr que cette note de lecture était de moi ?"
Ce n'était pas un compte rendu, mais un simple avis, comme lorsqu'on met des étoiles pour dire qu'on a aimé ou non. Enfin, ceci n'a plus d'importance : l'essentiel est que vous aimiez Ionesco. Je me souviens d'ailleurs qu'il y avait des écrivains invités chaque semaine, qui écrivaient à tour de rôle une petite chronique de temps à autre, et on avait le plaisir souvent de lire la prose de Ionesco, qui nous donnait de ses nouvelles, qui parlait de Dieu, qui se demandait si Dieu pensait à lui... C'était la grande époque du Fig-Mag !
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Écrit par : Bégand / | 08/10/2020

à Bégand et Patrice :

> Jacques Attali a affirmé dans un entretien que l'un des écrivains favoris de François Mitterrand, pourtant (officiellement) grand socialiste, grand homme de gauche, était Louis Pauwels - qui quant à lui "écrivait des horreurs sur Mitterrand" (selon Attali). Mitterrand était un homme complexe qui n'avait jamais vraiment rompu avec son milieu d'origine.
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Écrit par : Philippe de Visieux | 09/10/2020

réponse à PP :

> Je n'ai pas dit " le prochain , ce n'est pas n'importe qui", je n'ai pas sélectionné " le prochain", comme vous semblez le craindre, donc il peut bien être l'immigré que j'ai rencontré ci et là. là dessus on est bien d'accord, mais . c'est ce sue xz que vous appelez l'extension, que j'ai soulevé le problème, "Nous devons nous faire Prochain ",de ceux qu'il nous est donné de rencontrer". Nous sommes bien d'accord, mais qui allons nous rencontrer? Cela reste le mystère ou l'aventure de la vie. Les gens de la France d'en bas? , le migrant? , le chrétien d'orient, l' Afghanistan , le Tunisien, la vieille dame de la rue etc.. Oui peut on catégoriser ? Et s'il ne faut exclure personne de cette reconnaissance d'un "Tu es d donc je suis" , c'est à dire comme le dit le philosophe Ivanov, que "c'est à travers le regard de l'autre que se révèle Dieu " cette rencontre reste personnelle, doit- être planifiée, organisée? Certes il faut parfois organiser la charité, les secours à apporter de manière collective, mais l'ordre de la charité ne peut prétendre à tout résoudre et nous devons aussi la charité à nos communautés . Etre en veille oui? Ensuite articuler, est ce aussi facile?

Henri


[ PP à Henri – Je ne comprends pas votre façon de poser la question avec des catégories. Le bon Samaritain ne se la pose pas : il aide qui la Providence met sur son chemin...
D'autant que nous sommes des particuliers, non des gouvernants, et que nous n'avons pas à nous soucier de "gérer des flux" comme on dit aujourd'hui. Raisonner comme si nous étions les responsables de l'ensemble de la société mène à oublier l'impératif individuel de charité. Deutéronome 10,17 : Dieu est "impartial" (trad. AELF), ou "ne fait pas de favoritisme" (Segond 21), ou "ne fait pas acception de personnes" (BJ)...]

réponse au commentaire

Écrit par : Henri / | 09/10/2020

"COUTUMIER"

> Quand j'ai vu au bas de votre billet le nom de celui qui avait rédigé l'article, je n'ai finalement pas été surpris. Car il est coutumier du fait. On peut se rappeler de cet article présentant le catholicisme qu'il soutient et qui est à des antipodes de celui du pape François, ce qui m'avait amené à réagir ici : https://patpik.blogspot.com/2014/09/des-cathos-rebelles-en-france-ou-le.html
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Écrit par : Patrick Pique / | 09/10/2020

'LE FIGARO' & Cie

>La mise au point est salutaire mais cependant Le Figaro n'est pas vraiment un journal "catho".

Ludovic


[ PP à L. – Certes ! J'en sais quelque chose. Mais il est lu par la bourgeoisie française, laquelle constitue aujourd'hui sociologiquement une grande partie (voire la majorité selon les lieux) du milieu "catho" dans l'Hexagone. Un ami vivant dans une métropole régionale me disait hier au téléphone qu'il venait de changer de paroisse, la sienne très bourgeoise) ayant une attitude révoltante à l'encontre de l'encyclique. Que ces gens n'avaient pas lue, mais "jugeaient" d'après notamment l'article du Figaro relayé sur les réseaux sociaux... ]

réponse au commentaire

Écrit par : Ludovic / | 09/10/2020

Réponse à PP d'Henri :

> Merci de me ramener à la lecture complète de l' encyclique.

H.


[ PP à H. – Excusez-moi de vous avoir dit cela, mais j'avais réellement le sentiment que des aspects importants vous avaient échappé. ]

réponse au commentaire

Écrit par : Henri / | 10/10/2020

"PRÉTENDUE ÉVANGÉLIQUE"

> "Dieu ne fait pas de favoritisme". Absolument. Je pensais au Deutéronome vendredi matin en entendant à la radio une excitée se prétendant chrétienne évangélique qui criait que la mission du pape est de "protéger les catholiques", que "saint Pierre le faisait" et que François paraît-il "ne le fait pas". Bien sûr on pardonne une évangélique de ne pas connaître la mission des papes. Mais si cette personne était vraiment chrétienne elle saurait que la foi au Christ ne consiste pas à "se protéger". Et si elle était vraiment journaliste elle saurait que François parle très souvent des persécutés, devant les foules de la place Saint-Pierre ! Mais bon, Zemmour l'insulteur fait école y compris chez les protestants.

Écrit par : Marie-Liesse / | 10/10/2020

@ Marie-Liesse

Zemmour qui pourrait tout à fait succéder à M. Macron en 2022. Délire ? Peut-être. Mais rappelons qu'en 2006, c'est ce que beaucoup disaient de l'hypothèse d'un succès de M. Sarkozy à l'élection présidentielle. Et depuis, d'autres évènements -encore plus ? -improbables se sont produits...
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Écrit par : Feld / | 10/10/2020

LA LOI DES 14 SEMAINES

> Sans être directement en lien avec l'encyclique, la question de l'allongement à quatorze semaines du délai durant lequel un avortement pourrait être obtenu en France si la loi était promulguée mérite d'être mentionnée.
Le Pr Nisand, pourtant pas particulièrement anti-IVG, a rappelé la monstruosité de l'acte : à 14 semaines, la tête déjà osséifiée doit être pressée et aplatie, puis le corps du fœtus découpé pour pouvoir être extrait du ventre maternel.
On souhaite en outre autoriser l'IVG jusqu'à neuf mois au motif vague et aisément contournable de détresse psychosociale de la mère. Mgr Aupetit a justement évoqué une "boucherie".
200 000 enfants à naître ont ainsi été tués l'an dernier en France. Comment peut-on évangéliser une société qui, dans son immense majorité, n'est pas choquée devant un tel degré de barbarie ?

P.S. Les députés écologistes souhaitent interdire la cruauté envers les animaux, de la chasse à courre aux abeilles tuées par néonicotinoïdes. Nous les suivons évidemment sur ce plan. Mais comment peuvent-ils se montrer à ce point insensibles devant l'atteinte à la vie humaine que constitue un avortement ? Écraser et déchiqueter une tête de fœtus est pour eux acceptable, alors que piéger un oiseau dans de la glu ne l'est pas : comment comprendre l'incompréhensible ? Comment faire société dans ces conditions ?

PV


[ PP à PV – On a pu évangéliser la société romaine, dans laquelle le niuveau-né n'était reconnu comme humain que lorsque son père en avait ainsi décidé ; faute de quoi le bébé était jeté... Sans oublier le reste des habitudes inhumaines de la grande Roma Aurea... ]

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Écrit par : Philippe de Visieux / | 10/10/2020

à Feld

> Vous savez forcément que ceux qui rêvent de Zemmour en 2022 sont aussi ceux qui rêvent du mirage sans électeurs Marion Maréchal. Et qui juraient en 2016 que la "droite hors les murs" de Ménard allait faire un tabac. On a vu ce qu'elle a donné : un petit happening d'excités virés du FN. Et l'état de Zemmour commence à inquiéter même ses fans depuis sa dernière prestation : le pape "adolescent boutonneux", etc. Plantage garanti s'il tentait 2022.
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Écrit par : René Sémelaigne / | 10/10/2020

à Patrice :

> C'est exact, mais la société française semble se détourner de plus en plus d'une "normalité" fondée sur l'Évangile, pour reprendre le terme même du pape.
Il y a quelques jours, le fils d'un de mes voisins m'annonçait au cours d'une conversation anodine que sa compagne s'était fait avorter il y a un an car "c'était pas le bon moment, dans un an ou deux, oui". Cette annonce m'a glacé d'effroi : mon interlocuteur me disait cela avec nonchalance et détachement, sans aucune émotion, comme si sa concubine était allée se faire détartrer les dents la veille ; je compris que la conception défendue par Simone Veil en vue d'autoriser l'IVG comme dernier recours, aussi grave qu'exceptionnel, avait laissé place à ce que les féministes les plus ultras souhaitent, faire de l'avortement un acte médical tout à fait banal. Or je ne peux imaginer faire société avec une majorité de semblables pour qui déchiqueter un bébé dans le ventre maternel n'a rien de choquant.
Dans notre "normalité" postmoderne, on trouve également tout ce que le pape dénonce dans l'encyclique : indifférence à l'égard des aînés, ignorance de la souffrance des migrants, mise à mort économique des salariés sur l'autel de l'optimisation des dividendes, individualisme forcené pour ceux qui refusent de voir ou d'aider la misère qui les environne.
On semble revenir à une normalité sinon romaine du moins païenne, fortement nihiliste, ayant érigé la liberté individuelle comme norme suprême. Il y a quarante ans, nous n'en étions pas encore là : que faire pour 'renverser la vapeur' ? Est-il encore temps alors que les 'millenials' semblent avoir largement rompu avec toute pensée qui entraverait leur volonté souveraine ?

PV


[ PP à PV – Nous sommes déjà dans la société prophétiquement décrite par Huxley dans son 'Meilleur des mondes'. On ne renversera évidemment pas la vapeur, tout cela venant d'une emprise économique que même les "conservateurs" (pourtant opposés aux réformes sociétales) ne veulent pas combattre, parce qu'ils y ont leur carrière.
Vous savez bien ce que nous avons à faire : certainement pas nous replier en bunkers comme le voudraient les "conservateurs", mais vivre l'Evangile en direction d'autrui. C'est la juste compréhension du christianisme catholique, exprimée par exemple dans 'Fratelli tutti'.
La feuille de route sera douloureuse à suivre, mais c'est la seule vraie... ]

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Écrit par : Philippe de Visieux / | 11/10/2020

S'ÉCOUTER

> Dernière réponse à PP. Ce n'est pas moi qui catégorise, en particulier avec l'immigré. Décidemment nous avons bien du mal à nous comprendre. merci de m'avoir écouté.
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Écrit par : Henri / | 11/10/2020

@ Philippe de Visieux,

> Si l'avortement suit (peut-être ?) l'habitude, que nous avons tous prise, du bouton "annuler-je reviens en arrière" du monde informatique, alors pourquoi s'intéresser au bébé ?
Puisqu'on peut faire comme s'il n'avait pas existé, comme s'il n'avait pas d'identité propre...
Il me semble que pour être constructif et entendable, le dialogue ou l'argumentation doit d'abord faire remarquer la monstruosité de cette loi en terme de pression sociétales sur les femmes d'une part, et d'horreur à vivre pour le monde soignant d'autre part.
N'est-ce pas essentiel pour ouvrir le dialogue ? Et surtout ça prend complètement à rebours l'argument de l'IVG qui serait en faveur des femmes.
(même si c'est d'ailleurs violent pour toute le monde : les papas, les frères et soeurs, la famille etc etc)
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Écrit par : Isabelle Meyer / | 11/10/2020

@ PP répondant à Philippe de Visieux

> Oui, mais c'était une société qui n'avait pas connu le Christ. alors que la nôtre l'a connu, jadis, et pas qu'un peu ! Certes en lui étant souvent infidèle.
Je suis persuadé que, pour beaucoup de musulmans, cette incapacité du christianisme à se maintenir dans des zones où il a jadis été dominant, ainsi que l'impossibilité qu'a l'Eglise catholique de remettre d'équerre les sociétés occidentales à la dérive, est la preuve que l'Islam est La Voie..
Je pense à une chose, en me remémorant l'Evangile lu ce matin. Peut-être le Seigneur permettra-t-il que notre pays soit islamisé (avec ça et là quelques chrétiens des CSP+++)... avant d'appeler à lui cette multitude mahométane. En Europe, les chrétiens des XXII ème et XXIII ème siècles (dans l'hypothèse bien sûr où l'humanité n'aura pas disparu entre temps) seront peut-être, en majorité, descendants de fidèles du Prophète...
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Écrit par : Feld / | 11/10/2020

à Patrice :

> Bien sûr, s'enfermer dans un bunker relèverait du contre-témoignage absolu. Néanmoins, je me désole de constater le peu d'intérêt que mes tentatives d'évangélisation ont pu engendrer : je passe au mieux pour un marginal ou un idéaliste, au pire pour un naïf le nez dans ses bondieuseries.
Il semble en effet qu'il y ait peu de marge pour le dialogue : lorsqu'on m'annonce trois avortements de confort et que j'interroge mes interlocuteurs sur le sens de la vie ainsi retirée, on me répond qu'il faut être pragmatique, qu'un enfant non désiré n'est jamais un enfant heureux, que l'argument économique l'emporte sur toute autre considération, etc. : la discussion devient rapidement un dialogue de sourds.
J'en avais fait l'expérience il y a cinq ans lorsque Laudato Si est sortie. En discutant des thèmes développés avec des collègues, croyants ou non, je n'ai reçu tout au plus que des haussements d'épaules devant des positions perçues comme irréalistes.
Souvent, je me console en me disant que cet effort d'évangélisation est à l'image des graines de moutarde, minuscules mais qui porteront du fruit. Mais il faut reconnaître que la société dans son immense majorité est plongée dans le grand bain relativiste : chacun se forge sa propre vérité selon les normes ou critères qu'il ou qu'elle juge respectables. Inviter nos semblables à passer de vérités subjectives à la Vérité semble être en 2020 une tâche surhumaine.

PV


[ PP à PV – D'accord avec des niuances :
– actuellement il ne s'agit pas de tenter de faire partager des idées sociétales "cathos" à des contemporains acquis à la norme anomique d'aujourd'hui. Echec garanti, cf l'impasse des MPT et l'enlisement de ceux de ses militants partis se mettre minables chez Sarkozy & Co ;
– la seule chose possible est d'aider ceux qui cherchent une voie spirituelle (il y en a plus qu'on ne croit) à rencontrer le Christ : ce qui implique d'être en situation de parler avec tout un chacun, donc de ne pas faire partie du club-bunker ;
– et pour l'avenir, se souvenir de la mission d'hôpital de campagne définie par le pape François : autrement dit, que ml'Eglise tout entière soit en situation de relever (matériellement et spirituellement) les innombrables blessés de la vie que fabriquera ce Brave New World technolâtre, dissociétal et décérébré. Mais ça, ce n'est pas pour tout de suite... ]

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Écrit par : Philippe de Visieux / | 12/10/2020

à Isabelle Meyer :

> Précisément, le dialogue est nécessaire mais je remarque qu'il se heurte trop souvent à un mur. Les personnes (athées) avec qui j'ai pu parler d'avortement au sein même de ma famille n'étaient pas choquées par l'acte, ne percevaient aucune monstruosité ni aucune atteinte à la vie humaine dans l'IVG ; les arguments habituels m'étaient servis, de la protection de la liberté indéfectible de la femme au refus d'accueillir un enfant si l'économie du couple ne le permet pas (mais dans ce cas, pourquoi ne pas opter pour un moyen sûr de contraception ?), sans oublier un malthusianisme de plus en plus affirmé (faire des enfants est criminel, la Terre surpeuplée étant condamnée). Étant le seul croyant de la famille, je me résous le plus souvent à ne pas chercher l'affrontement sur ces questions (avortement et euthanasie) : devant un Jean-Louis Touraine, comment dialoguer ? Comment arriver à lui faire admettre qu'il n'existe qu'une Vérité et que seule cette Vérité rend libre et pleinement humain ? Comment arriver à toucher une personne athée, souvent antireligieuse, pétrie de certitudes ?
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Écrit par : Philippe de Visieux / | 12/10/2020

à Patrice :

> Ne pas oublier la préface ajoutée par Huxley à l'édition de 1946 du 'Meilleur des mondes' : « Il semble que l'Utopie soit beaucoup plus proche de nous que quiconque ne l'eût pu imaginer, il y a seulement quinze ans. À cette époque je l'avais lancée à six cents ans dans l'avenir. Aujourd'hui, il semble pratiquement possible que cette horreur puisse s'être abattue sur nous dans le délai d'un siècle. »
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Écrit par : Philippe de Visieux / | 12/10/2020

à Patrice :

> D'accord avec vous. L'annonce de la Vérité était déjà difficile au temps d'Augustin ("veritas parit odium", dans les Confessions : la vérité engendre la haine).
Aider ceux qui cherchent une voie spirituelle à rencontrer le Christ : voilà effectivement la mission actuelle de tout chrétien. Mais il faut bien reconnaître que la concurrence que nous opposent les évangéliques en la matière est assez rude...

PV


[ PP à PV – Elle est rude parce qu'ils prennent la voie d'accès direct aux mentalités d'aujourd'hui... quitte à en aggraver le subjectivisme et l'utilitarisme : deux virus postmodernes contre lesquels la foi au Christ devrait immuniser. Il y a donc des leçons d'apostolat à prendre chez les évangéliques à condition de faire un tri. Le livre que préparent Pierre Jova et Henrik Lindell devrait éclairer ce sujet. ]

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Écrit par : Philippe de Visieux / | 14/10/2020

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