Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

19/06/2020

Critiquer le libéralisme, c'est vouloir rouvrir le Goulag ?

affiche muniocipales LR LREM.jpeg

Le candidat de la gauche transformé par LR en successeur de Staline : ça se passe en 2020, vingt-neuf ans après la disparition de l'URSS, à Nancy (France), en vue d'un second tour d'élections municipales... Et ce n'est qu'un exemple de ce que proclament LR, LREM et BFM-Business contre la gauche et les écologistes :


Sentant venir sa débâcle aux municipales, la Macronie se raccroche aux idées fixes du public de droite et à la campagne de second tour de la droite. Mais le manque de personnel mène le camp Macron à la désespérante idée d’exhumer M. Valls, croyant trouver en lui un “premier flic de France” : rôle que M. Castaner ne pouvait intrinsèquement pas tenir. Les macronistes ignorent que M. Valls est honni des conservateurs (en 2013 il présentait les Manifs pour tous comme un putsch fasciste)... et méprisé par les autres, depuis son équipée barcelonaise. En tout cas M. Valls prend l’Elysée au mot ; il se voit déjà ministre de l’Intérieur. Pour hâter son grand retour transformiste et se montrer homme de la situation, il donne donc à Valeurs actuelles (16/06) un entretien où il surjoue le réac en parlant de “guerre de races”. M. Valls en fait toujours trop.

Mais en faire trop est classiquement le travers des partis avant les seconds tours difficiles. La gauche en fait trop, parce qu’au lieu de réfléchir elle laisse à ses vieux réflexes d’Inquisition le soin de disqualifier moralement l’adversaire. La droite en fait trop, parce qu’elle ne réfléchit pas non plus. Elle tire au canon contre les idées. Quand elle se sent mal partie, elle a un vieux truc : faire peur au bourgeois en allant chercher la momie du Bolchevisme. Ainsi à Nancy, où le maire sortant radical (soutenu par LR et LREM) accuse son challenger socialiste  d’être le continuateur de Marx-Engels-Lénine-Staline – et fait coller une affiche rouge illustrant cette trouvaille [photo ci-dessus] ! On appréciera surtout, en bas de l'affiche, les deux drapeaux rouges où le Bolchevisme censé menacer Nancy est dénoncé en deux mots : “impôts” et “insécurité”. Si payer des impôts et voir brûler des voitures est signe de Bolchevisme, nous étions sous régime bolchevique aux temps du camarade Chirac et du camarade Sarkozy... Et le cas du maire de Nancy n’est pas une exception : à Marseille, la candidate LR Martine Vassal tente d’affoler les beaux quartiers en qualifiant une éventuelle victoire électorale de la candidate écologiste de “putsch  à la cubaine”; peu regardante sur la géographie, elle ajoute : "Ce n'est pas la liste 'Printemps marseillais', c'est la liste 'Hiver sibérien' !"  À Lille, et quoique éliminées au 1er tour, les droites  et le centre-droit – y compris M. Pauchet (jusqu’ici chef de file des anti-Aubry) – appellent à voter… Aubry : c’est pour faire barrage le 28 juin aux écologistes, qualifiés de “marxistes, terroristes intellectuels cinglés fous furieux”.  Etc. Les chars de l’Armée Rouge ne sont pas loin.

Qualifier l’écologie de “marxisme” est une vieille idée de droite. Naguère, la droite était le public – peu intellectuel – des éditorialistes dits aroniens : ce qui ne menait déjà pas très loin. Aujourd’hui qu’est-ce que la droite ? Une poignée de prétextes anachroniques, pour habiller la défense très actuelle de l’ultralibéralisme. Les prétextes se font entendre sporadiquement (ainsi à Nancy, Marseille, Lille etc).  La défense de l’ultralibéralisme se fait entendre chaque jour, par exemple sur BFM-Business. Ce matin cette radio se déchaînait contre la Convention citoyenne sur le climat, qui planche jusqu’à dimanche pour choisir, parmi les nombreuses idées de réformes accumulées en  huit mois de travail, celles qui seront finalement présentées à M. Macron… N’attendant pas que ce groupe de 150 citoyens (tirés au sort) ait voté, les journalistes et les invités de BFM-Business ont donc explosé de mépris et d’indignation contre le stock d'idées soumises au vote final : ces messieurs trouvent grotesque et “punitif” que l’on veuille limiter l’utilisation solitaire de la voiture et réduire la vitesse sur route ; ou limiter le trafic aérien ; ou plafonner les dividendes1 ; ou inciter les entreprises à réduire leur empreinte carbone... Mais ce qui les irrite le plus, c’est l’idée d’un malus fiscal pour les entreprises pollueuses !  Derrière ce malus on sent rôder le spectre du Bolchevisme.

On verra dimanche soir ce que les 150 citoyens auront choisi parmi toutes ces propositions. Et surtout, on verra ce que M. Macron va faire de leur choix, et à quoi devait réellement servir toute l'opération... 

Mais la fureur de BFM-Business ce matin, ainsi que la campagne électorale – tellement rétro – de la droite et du centre-droit, montrent où est le vrai mobile de ce milieu politique. Ce sont bien les valeurs : boursières.

 

__________

1 Cette proposition n'est pas "idéologique" (donc forcément "marxiste"), contrairement à ce que clament les amis de BFM-Business. On sait que les choix de délocalisation vers des pays à bas coûts, mais ultra-pollueurs, sont pris très souvent sur pression des actionnaires : ce fut par exemple la cause de la fermeture, en France, du dernier site de production de masques médicaux. Conséquence : la pénurie de mars-avril, en pleine épidémie de maladie mortelle.

 

 

 

bolchevisme.jpg

 

20:47 Publié dans Idées | Lien permanent | Commentaires (10) | Tags : municipales

Commentaires

COMMERCE INTERNATIONAL

> Qualifier l'écologie de marxiste est désopilant quand on connaît le bilan environnemental du bloc soviétique et de la Chine...

Convention des 150: attendons de voir s'ils mettront en cause le commerce international.

PFH


[ PP à PFH – Ils le remettent en cause : cf. "Repenser la politique commerciale", dans la liste de propositions actuellement soumise au vote des 150. On verra demain soir si le document voté a conservé ça. ]

réponse au commentaire

Écrit par : PF. Huet / | 20/06/2020

UNE URSS LIBERALE

> C'est faire beaucoup d'honneur à une idéologie qui n'a fait que mettre l'État à la place du patron, sans rien changer à la situation des travailleurs !
C'est fort de café venant de gens qui soutiennent l'Union européenne qui n'a jamais été autre chose qu'une Union soviétique libérale avec un Soviet non élu mais formé par cooptation de gens qui appartiennent à la même idéologie (= au Parti), qui prend toutes les décisions et une bureaucratie aussi omniprésente qu'impuissante, un vaste bazar, un désintérêt des aspirations des gens, la négation de l'existence des nations, le servage de la paysannerie (avec les multinationales agroalimentaires à la place du kolkhoze), une spécialisation géographique des productions, un matérialisme comme unique ciment social, là aussi des promesses de lendemains qui chantent, et là aussi... des ivrognes aux manettes !
______

Écrit par : E Levavasseur / | 20/06/2020

FRICTIONS EN LOGE

> Pour ce qui est de la situation nancéienne, les explications entre frères risquent d'être franches en loge : le maire sortant, radical, comme son prédécesseur à la Métropole, sont maçons notoires ; le candidat socialiste l'est tout autant, comme l'était Michel Dinet, qu'il a remplacé à la présidence du conseil départemental. Des joutes en tablier, donc : querelles d'hommes sans que les idées diffèrent foncièrement entre eux (laïcisme militant, politique LGBT, 'progressisme' en matière d'euthanasie, etc.).
La France des Gilets jaunes est lasse de ces politiciens à la Gaudin, à la Collomb, à la Rossinot : qui font élire leur poulain à la mairie pour récupérer la métropole et se maintenir en apparatchiks, des décennies durant. Il est temps que ces pratiques dignes de la Troisième République évoluent.
PV


[ PP à PV – J'ai connu Rossinot naguère. Quel archétype ! ]

réponse au commentaire

Écrit par : Philippe de Visieux / | 20/06/2020

RIEN

> La pauvreté conceptuelle de la classe politique est sans limite : rien à droite, rien à gauche, et Macron n'a comme originalité que de prétendre marier droite et gauche : donc deux fois rien.
______

Écrit par : Le Balp / | 21/06/2020

DÉSEMPARÉE

> On comprend aussi le désemparement de l'Immortelle Barbara Cassin:
https://www.franceinter.fr/culture/philo-desemparee-un-texte-inedit-de-barbara-cassin?fbclid=IwAR1zIrByNV9m4lzYYpU2KpuBxafO2UMlqEplElYzTkaM2sr61tIH1GY7GKo
______

Écrit par : Anne Josnin / | 21/06/2020

BON SENS

> https://www.bastamag.net/CAC40-dividendes-salaires-PDG-CICE-lobbying-suppression-d-emplois-Carrefour-Alstom-Peugeot-Sanofi
Un exemple de ce qu'un peu de bon sens pourrait apporter dans le capitalisme à la française. Quand tout est laissé aux actionnaires et qu'on licencie des caissières pour les remplacer par des robots alors que le PDG gagne en un jour ce que ces mêmes caissières gagnent en un an, c'est qu'il y a un énorme problème.
______

Écrit par : Philippe de Visieux / | 22/06/2020

@ PP

> Oui, c'est évoqué, dans la cadre de l'UE pour renégocier la CETA, et une préconisation de "défendre des positions auprès de l'OMC".
Mais le CETA n'est pas le principal problème. Quand, par exemple, on vend du bois à la Chine pour ensuite, lui acheter des planchers, ce n'est pas le CETA!
Mais le gouvernement n'est pas l'interlocuteur de l'OMC, c'est Bruxelles.
D'autre point sont intéressants, il y a aussi beaucoup d'évidences.
______

Écrit par : PF. Huet / | 23/06/2020

à PF.Huet :

> En effet, mais il y a aussi beaucoup d'incongruïtés au plan national. Comment expliquer que Carrefour économise des centaines de millions d'euros d'impôts chaque année au titre du CICE tout en fermant des points de vente, en remplaçant les caissières par des robots, en licenciant sans ménagement sur l'autel de la rentabilité... tout en faisant de M. Bompard, son PDG, un multimillionnaire après avoir accordé un pactole à son prédécesseur ?
On aimerait un usage plus responsable de l'argent public. Mais il est vrai que M. Bompard, énarque, est ancien inspecteur des finances : les loups ne se mangent pas entre eux !
______

Écrit par : Philippe de Visieux / | 23/06/2020

À Philippe de Visieux ("BON SENS")

> Exemple de bon sens: Fuir ces caisses automatiques.
Le deuxième pas est d'expliquer pourquoi on le fait,
et de le rappeler à ses amis, sa famille, ses collègues.
______

Écrit par : olivier / | 24/06/2020

@ Philippe de Visieux

> Oui, bien sûr. De toutes façons, s'il y a beaucoup de choses dans ce travail que je suis en train d'étudier, toutefois il est à la fois complexe et lacunaire et parfois dangereux, du fait de la connaissance insuffisante des accords internationaux actuels et de certaines questions techniques, logistiques et commercial de ladite commission.
Exemple: limiter la vitesse à 110 sur autoroute: oui, c'est en général ce que je pratique, MAIS le gain est faible car cela ne touchera pas les poids lourds! et cela peut renvoyer du trafic sur les routes parallèles au grand dam des riverains.
Pour le fret routier: plusieurs mesures compliquées, mais pas de relance de l'écotaxe. Trop simple ?
Autre: "Permettre la construction d’immeubles collectifs dans les zones pavillonnaires" Les promoteurs seront ravis ! Bétonner davantage les banlieues au nom de l'écologie.
Autre: juste rémunération des agriculteurs ? sans "décartellisation" de la distribution, c'est du voeu pieux car il faut changer le rapport de forces.
etc...
______

Écrit par : PF. Huet / | 24/06/2020

Les commentaires sont fermés.