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18/06/2020

En 2020, où donc est l'esprit de l'appel du 18 juin 1940 ?

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Aujourd'hui 18 juin 2020, presque tous les personnages politiques à Paris se réclament d'un "gaullisme" qui dans leur bouche n'a plus de sens précis. Surtout si on le confronte à ce que de Gaulle lui-même rappelle dans ses Mémoires de guerre :


Charles de Gaulle, Mémoires de guerre, ch. 3 : La France Libre

<< Pour que l’effort en valût la peine, il fallait aboutir à remettre dans la guerre, non point seulement des Français, mais la France. […] Ce que je savais des hommes et des choses ne me laissait pas d’illusions sur les obstacles à surmonter. Il y aurait la puissance de l’ennemi, que seule pourrait briser une longue usure et qui trouverait le concours de l’appareil officiel français pour s’opposer au redressement guerrier de la France. […] Il y aurait les entreprises dites “parallèles”, mais en fait rivales et opposées, que ne manqueraient pas de susciter parmi les Français leur passion de la dispute et que la politique et les services alliés ne manqueraient pas d’utiliser, selon la coutume, afin de disposer d’eux. […] Il y aurait enfin la tendance des grands Etats à profiter de notre affaiblissement pour pousser leurs intérêts au détriment de la France.

Quant à moi, qui prétendait gravir une pareille pente, je n’étais rien au départ. À mes côtés, pas l’ombre d’une force ni d’une organisation. En France, aucun répondant et aucune notoriété. À l’étranger, ni crédit ni justification. Mais ce dénuement même me traçait ma ligne de conduite. C’est en épousant, sans ménager rien, la cause du salut national que je pourrais trouver l’autorité. C’est en agissant comme champion inflexible de la nation et de l’Etat qu’il me serait possible de grouper, parmi les Français, les consentements, voire les enthousiasmes, et d’obtenir des étrangers respect et considération. Les gens1 qui, tout au long du drame, s’offusquèrent de cette intransigeance ne voulurent pas voir que, pour moi, tendu à refouler d’innombrables pressions contraires, le moindre fléchissement eût entraîné l’effondrement. Bref, tout limité et solitaire que je fusse, et justement parce que je l’étais, il me fallait gagner les sommets et n’en descendre jamais plus… >>

 

C’est l’esprit même de l’homme du 18 juin. Se réclamer aujourd’hui du “gaullisme” sans partager cet esprit est un abus de langage : symptôme (parmi d’autres) d’une société où les mots n’ont plus de sens précis, et où les dirigeants français sont porteurs de catégories mentales made in USA…

 

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1  Nombreux alors à gauche, à droite et au centre ! Parmi les plus connus : à Londres, Raymond Aron qui attaquait de Gaulle tout en étant membre de la France Libre)… À Washington, Jean Monnet ou le diplomate Alexis Léger (en littérature Saint-John Perse), qui pressaient Roosevelt d’“abattre de Gaulle l’apprenti dictateur”… En France, certains chefs pro-américains de la Résistance intérieure ; et les giraudistes prêts à une sujétion US après la sujétion allemande... Etc.

 

 

FFL, campagne d'Afrique : prière dans le désert

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Londres, 1943 : Cadets de la France Libre

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Commentaires

TRAHISON DE LA DROITE

> La perte de l'esprit gaulliste a commencé dès son départ. Giscard a commencé une réorientation complète des axes stratégiques antérieurs, poursuivie par tous les successeurs. Les partis dits "de droite" ont trahi cet esprit depuis longtemps. C'est triste à dire, mais en fait sur le long terme c'est plus l'esprit pétainiste qui a gagné que l'esprit gaulliste.
BCM


[ PP à BCM – De Gaulle disait : "Je n'aime pas les communistes, parce qu'ils sont communistes ; ni les socialistes, parce qu'ils ne sont pas socialistes. Et je n'aime pas les miens parce qu'ils aiment trop l'argent..."
Il se doutait de ce qui allait suivre. ]

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Écrit par : BCM / | 18/06/2020

LE MAIRE, MACRON ET L'ESPRIT DU GÉNÉRAL

> L'esprit gaullien souffle sans doute en ce 18 juin lorsque M. Le Maire considère que la décision américaine d'enterrer le projet international de taxation des GAFAM relève d'une "provocation" et autorise une imposition unilatéralement décidée par la France.
Sachons dire non quand "l'intérêt supérieur de la Patrie" le requiert : empêcher M. Bezos de pilonner les petites librairies françaises, ou M. Zuckerberg de contourner l'impôt français par une implantation irlandaise, c'est servir sa Patrie, quand bien même un tel refus déplairait au suzerain américain.

PV


[ PP à PV – Mais M. Macron aussi jongle avec les mots du Général : "souveraineté", "indépendance", "participation dans l'entreprise", etc. On l'attend aux actes. Et là... ]

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Écrit par : Philippe de Visieux / | 18/06/2020

PAS NON PLUS

> Ceci dit, il ne faut pas non plus déifier Charles de Gaulle. C'était un être humain, avec ses travers et ses faiblesses.
Un homme doté d'un orgueil grand comme une cathédrale (je ne sais pas si c'est une légende urbaine... mais il me semble qu'à l'ESM, il refusait que ses condisciples le tutoient ! ). Un chef militaire pas exceptionnel, globalement haï de ses hommes, à tel point qu'aucun de ceux qui ont été sous ses ordres en 1939-1940 ne l'a suivi à Londres. Des préjugés qui ont eu parfois des conséquences fâcheuses ... ainsi, son "un Arabe ne sera jamais un Français" (formule de mémoire) aura valu une mort atroce à des milliers de harkis.
Mais, il faut le reconnaître, une des plus grandes figures de l'Histoire de France. Qui permit à notre pays de revenir, à bon rang, dans le concert des nations. Tout ça, pour ça, quand on voit ce qu'il est devenu, notre foutu pays !
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Écrit par : Feld / | 18/06/2020

MACRON ET DE GAULLE

> Une authentique politique gaullienne impliquerait une remise à plat de la construction européenne. De Gaulle, qui 'en avait', alla jusqu'à bloquer la CEE pendant six mois, durant le second semestre 1965, par la politique de la chaise vide. Évidemment, c'était de Gaulle et la communauté fonctionnait à six, dont une Allemagne encore hantée par les fantômes de son récent passé ; aujourd'hui, M. Macron est à la tête d'un pays qui a beaucoup perdu de son prestige, où les cathédrales et les sous-marins nucléaires flambent, où les ronds-points - y compris celui de l'Arc de Triomphe - s'embrasent, où les masques font défaut lorsqu'on en a le plus besoin.
Surtout, la Commission européenne est beaucoup plus puissante qu'il y a cinquante ans, devenue une sorte de 'papauté du libéralisme' à laquelle le simple 'archevêque' français qu'est M. Macron ne saurait s'opposer, faute de devenir schismatique.
C'est le logiciel qu'il faut changer et cela prendra du temps : M. Magnette, non sans panache, l'a appris à ses dépens. Si M. Macron souhaitait réellement se mettre à la suite du Général, il cesserait d'associer la France à la négociation de tous les accords de libre-échange en préparation et se retirerait de ceux déjà conclus avec la Corée du Sud, Singapour, le Canada ou le Mercosur. Mais le désire-t-il ?
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Écrit par : Philippe de Visieux / | 19/06/2020

MACRON ET LE N'IMPORTE QUOI

> Macron est passé maître dans la récupération de tout et n'importe quoi. Il n'hésite pas à se réclamer de De Gaulle alors qu'il serait plus à sa place sur la tombe de Pétain. Je ne comprends pas pourquoi on écoute encore ses discours. Mitterrand au moins avait davantage le courage de ses opinions quand il fleurissait la tombe du maréchal.
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Écrit par : Guadet / | 19/06/2020

@ Feld:"globalement haï de ses hommes".

> J'ai pour témoignage dissonant celui la petite fille de son ordonnance Paul Dublique, alors que de Gaulle était sous-lieutenant au 33e R.I en 1912: elle m'a dit à plusieurs reprises que son grand-père n'en disait que du bien.
Et comme elle a conservé des coupons de presse d'après-guerre, les propres mots de son grand-père, médaillé de Verdun:
" Ce n'était pas un officier difficile à servir, le plus important de mon travail consistait à lui faire son lit, car il prenait ses repas avec mon lieutenant au restaurant du Commerce. La guerre éclata et je revis encore deux fois le sous-lieutenant De Gaulle, une première fois à la ferme du Choléra, puis le 2 mars 1916 à la veille de monter en lignes, à Douaumont. Après l'invasion, lorsqu'on parla du général De Gaulle, je me rappelai le jeune sous-lieutenant du 33e R.I. J'avais encore en mémoire le son de sa voix au ton persuasif. Et comme il m'arrivait d'écouter clandestinement la radio, je me mis à l'écoute en 42 quand le général parla d'Alger. Il n'y avait pas de doute, il s'agissait bien de Charles De Gaulle que j'avais eu l'honneur d'entendre quand il m'était permis, en ma qualité d'agent de liaison, d'assister à la critique des opérations présidées par le colonel Pétain." (article titré: En 1912, au 33e R.I).
De passage à Saint-Omer, le président de Gaulle reconnaitra son ordonnance de 1912 et le saluera.
Ceci n'est qu'un témoignage, d'une obscure ordonnance. Mais les grand-pères du peuple ("des plus humbles" comme l'écrit le journaliste de l'époque) n'ont pas je crois pour habitude de parler faux à leur petite fille.

AJ

[ PP à AJ – Par ma mère qui était messine et liée dans sa jeunesse à la famille Giraud, je sais que si de Gaulle était mal vu dans la garnison de Metz (où il commandait le 507e régiment de chars de combat), ce n'était pas par ses hommes : mais par ses homologues et par certains de ses supérieurs (surtout Giraud, commandant la place de Metz ; mais non Pétain, qui l'avait au contraire soutenu dans sa carrière).
Que lui reprochaient-ils ? D'être "un intellectuel" : c'est-à-dire de donner des conférences, d'écrire des livres, et surtout de prétendre ("par orgueil" disaient-ils) secouer le cocotier du grand état-major. C'est-à-dire substituer au concept Maginot le concept d'une armée nouvelle : mobile, offensive et axée sur l'arme blindée. Une grande partie de ce qu'était en train de faire la Wehrmacht. La seule faiblesse de ses vues de 1930 – mais partagée par tous à l'époque –était de ne pas confier assez de tâches aux avions de bombardement. Mais de toute manière, le grand état-major restait sourd et Pétain aussi... ]

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Écrit par : Anne Josnin | 19/06/2020

à Feld :

> Oui, il ne faut déifier personne. De Gaulle n'était pas particulièrement tendre avec ses camarades de Saint-Cyr : alors que le maréchal Juin manifestait son opposition à la politique algérienne du Général, ce dernier le démit du Conseil supérieur de Défense, le priva de chauffeur, de secrétaire, de voiture et le tint à l'écart de toutes les commémorations militaires. De même, il a été rapporté que de Gaulle avait fait enlever le couvert d'un convive arrivé à 13h2 à l'Élysée, avec deux minutes de retard sur l'horaire prévu.
Autant d'exemples qui montrent que le grand homme n'était pas particulièrement charitable...

PV


[ PP à PV – De Gaulle avait le défaut d'être extrêmement rancunier. (Louis XIV aussi envers les anciens de la Fronde nobiliaire, même quarante ans après : d'où certaines de ses injustices graves racontées par Saint-Simon). ]

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Écrit par : Philippe de Visieux / | 20/06/2020

> Merci Patrice de nous faire connaître cette remarquable photo, "Prière dans le désert".
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Écrit par : Isabelle Meyer / | 22/06/2020

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