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31/05/2020

Pentecôte : “l’exact renversement de la prétention des hommes lors de la construction de la tour de Babel”

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 Les textes de cette fête, lus par l'un des plus grands théologiens :


 

H.U.v.Balthasar, sur le récit de la Pentecôte (Actes 2,1-11) : 

<< La tempête et le feu par lesquels l’Esprit y remplit l’Eglise dans sa totalité, et chacun séparément par une langue de feu particulière, sont pour elle la preuve donnée par Dieu le Père et Dieu le Fils de sa fécondité : dans l’Esprit de la fécondité divine, elle pourra elle aussi être désormais féconde, ce qui se manifeste aussitôt miraculeusement dans le fait que des gens de tous les peuples comprennent chacun dans leur langue. C’est l’exact renversement de la prétention des hommes lors de la construction de la tour de Babel : prétention d’être – par une force spirituelle humaine – une unité internationale unique jouant atout contre l’unité de Dieu (“Voici que tous parlent une seule langue, et c’est le début de leurs entreprises”, Genèse 11,6)… À la Pentecôte, l’unique langue de l’Eglise publiant “les merveilles de Dieu” devient compréhensible par la force divine pour tous les peuples. À tous, il doit, ou peut, apparaître que cette langue unique ne se situe pas dans la série des autres mais les dépasse, elle seule ; de même que la Parole et la vérité de Dieu dépassent toutes les inventions religieuses des hommes. >>

 

Sur la 2e lecture (1Corinthiens 12, 3-7,12-13) : 

<< La multitude des grâces, des forces, des ministères que répartit le Dieu trinitaire, proviennent de son unité et visent son unité. Il ne s’agit pas des nombreuses cultures humaines, que l’histoire du monde en avançant cherche à rassembler en une unité artificielle : l’unité vraie est une unité fondée par Dieu le Père dans le Fils et dans l’Esprit. Unité qui, préalablement donnée, déploie sa plénitude intérieure ; où chaque manifestation particulière se tient au service de la plénitude de l’unité. Paul utilise pour cela l’image de l’unique corps qui n’a ses nombreux membres qu’en vertu de sa vitalité intérieure. Le corps dont il s’agit est, en même temps, un corps spirituel formé par l’Esprit, et un corps physique appartenant au Fils incarné. Les deux choses sont inséparables : “C’est en un seul Esprit que nous avons été baptisés pour ne former qu’un seul corps” ; la vie intérieure spirituelle et la constitution extérieure sont inséparables dans l’Eglise. >>

 

 

 

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Commentaires

DANS L'ESPRIT SAINT, UNE "RÉFORME CATHOLIQUE”

29 mai 2020 - Sophie de Villeneuve, rédactrice en chef de la revue 'Croire' (éd. Bayard) :

« Un Esprit inventif
"Quand on est dans un tunnel, on n’y voit rien, mais c’est absurde de vouloir pour autant que le paysage à la sortie du tunnel soit le même qu’à l’entrée. Laissons l’Esprit saint faire son travail." Cette réflexion de Christian de Chergé tombe à pic. Alors que chacun se demande ce qui va "changer" dans nos vies, y compris dans nos vies chrétiennes, elle invite à laisser faire quelqu’un que nous célébrons dimanche et qui est bien plus au fait que nous de notre devenir commun. L'Esprit saint, donné à profusion au jour de la Pentecôte, n’en finira pas de nous étonner.
Il est l’Esprit des surprises.
Nous avons expérimenté bien des choses durant ce confinement : Zoom, Teams, liturgies domestiques, messes en ligne, prière virtuelle… Quelle inventivité ! Que de questionnements aussi sur notre façon de vivre la foi ! Aujourd’hui, nous sortons du tunnel, le paysage change, et nous avec. L’Esprit est plein d’imagination. Pour peu qu’on l’écoute, il donnera la route à suivre.
Oui, le tunnel est passé, le paysage a changé. Que notre Église change aussi ! »
SM

[ PP à SM – Un exemple de changement très matériel mais avec immédiate (et grande) portée spirituelle est donné par la cathédrale de Saint-Omer, signale Anne Josnin dans ce commentaire d'aujourd'hui publié sous une précédente note ("Prendre conscience de la révolution qu'est l'Eucharistie", 27/05) :
« Dans notre cathédrale de Saint-Omer, pour faciliter le respect des règles sanitaires les chaises ont été enlevées, ceux qui le souhaitent venant avec leur chaise pliante (j'avais tapé par distraction priante): les couples sont côte à côte, les familles en grappe autour de poussettes, qui peuvent circuler sans craindre de se heurter aux chaises. On n'a pas idée de ce que cela libère la nef de façon impressionnante: toutes ces rangées de chaises de fait, faisaient autant de barres d'obstacle nous éloignant du choeur, de l'autel ; nous ordonnait arbitrairement, et séparait hiérarchiquement les uns des autres. Nous ne pouvions alors bouger que par des déplacement contraints faisant se déplacer toute la rangée: là on se retrouve un seul peuple, comme une mer qui se meut librement jusqu'au bateau où se dresse le Christ. Liturgiquement parlant, c'est très fort. »
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Écrit par : Sara Moser / | 31/05/2020

à Sara Moser et Anne Josnin

> Merci de cette information. C'est très inspirant. Retour aux sources.Voyez les tableaux du XVIIe : pas de chaises ! Elles furent inventées au XIXe, avec les "prie-Dieu" à plaque nominale individuelle, bien possessifs. Extension des domaines de l'appropriation bourgeoise.
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Écrit par : Amicie T. / | 31/05/2020

AUTREFOIS

> Les plaques sur les "prie-Dieu" signalaient leur appartenance à des personnes suffisamment aisées pour avoir leur propre chaise à l'église sans la trimballer à chaque messe (ce que d'autres personnes faisaient). Il y avait aussi les chaisières, demeurant proche de l'église et heureuses propriétaires de plusieurs chaises, qui les apportaient à l'église et les louaient. Les gens trop pauvres restaient debout, même si âgés ou handicapés. C'est pour remédier à cette injustice que les paroisses ont progressivement acheté des chaises ou des bancs.
Et qui se rappelle encore que selon le moment de la messe, il fallait retourner sa chaise, selon qu'on devait être agenouillé ou assis ?
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Écrit par : Bernadette / | 01/06/2020

EN FORME DE 'U'

> Pour l'Eglise, oui, il peut y avoir certains changements; mais il ne faudrait pas qu'ils se traduisent par des exclusions, comme on peut le craindre dans le cas de la suppression des chaises, car parmi les paroissiens, il n'y a pas que des jeunes bien portant de moins de 80 ans, loin de là !
Quant à la société, quand on voit d'un côté les bouteilles et canettes de bière jonchant à nouveau le sol, maintenant en compagnie de masques usagés, d'un autre côté les décisions de nos gouvernements, on se dit que le tunnel est en forme de U et que les deux extrémités débouchent sur le même paysage.
Certes, c'est un peu terre à terre comme point de vue.
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Écrit par : PF. Huet / | 01/06/2020

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