Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

28/05/2020

Tragi-comique : Bolsonaro trahi par le virus trumpiste

 

30-mars-2020-jair-bolsonaro-nie-le-danger-que-represente-le-covid-19-1024x725.jpg

Ayant cru imiter Trump en restant viralo-négationniste, Bolsonaro se retrouve avec un Brésil en plein Covid-19... et les frontières US fermées aux voyageurs venant du Brésil ! Ma chronique à Radio Présence (Toulouse Midi-Pyrénées) et Radio Fidélité Mayenne :


https://radiopresence.com/IMG/mp3/27052020_chroeco_airtem...

 

<<  Décidément la vie est une jungle. Le président brésilien Jaïr Bolsonaro vient de l’apprendre à ses dépens. Si quelqu’un adulait Donald Trump, c’était bien M. Bolsonaro : il l’imitait dans tous les domaines, et même en exagérant – ce qui semblerait difficile à n’importe qui ; mais M. Bolsonaro n’est pas n’importe qui. C’est un personnage qui fait reculer les bornes du grand n’importe-quoi, mais que le déboussolage des esprits (phénomène propre à notre époque) a mis à la tête d’un pays de 9 millions de km2 et 300 millions d’habitants.

Outre le fait qu’il est psychologiquement bizarre, M. Bolsonaro arbore une idée d’un autre âge : tout sacrifier à une guerre sainte contre un danger disparu depuis trente ans, le communisme soviéto-cubain. Ce prétexte sert à camoufler les deux vrais mobiles du président brésilien :  1. servir les intérêts agro-industriels les plus féroces, quitte à détruire l’Amazonie qui est le poumon de la planète ; 2. idolâtrer le président Trump, qu’il qualifie, comme en 1950, de « leader du monde libre » (libre de quoi ? on ne sait pas).

Donc : quand la pandémie de coronavirus s’est déclarée, en mars dernier, on se souvient que M. Trump a commencé par la nier et dire que ça allait disparaître. M. Bolsonaro a trouvé cette posture géniale, puisqu’elle venait de M. Trump.  Le malheur est que parfois une posture de M. Trump ne dure pas 48 heures – et que M. Bolsonaro n’est pas assez acrobate pour suivre le mouvement. Vis-à-vis de l’épidémie il est donc resté « dans le déni », comme on dit aujourd’hui, en croyant toujours imiter le maître de la Maison Blanche. Pendant ce temps-là, M. Trump changeait continuellement de posture. M. Bolsonaro ne s’en rendait pas compte. Refusant de porter le masque, ou le portant pendant sur le côté de la joue comme une oreille molle de lapin bélier, il préside aujourd’hui un pays montré du doigt… parce que devenu principal foyer de la pandémie.

Résultat : le président Trump vient de fermer les frontières des Etats-Unis à tout voyageur venant du Brésil !  Coup très dur pour le business brésilien et le tourisme brésilien : pourquoi aller dans un pays dont on ne pourra pas revenir si l’on est nord-américain ?

Coup très dur aussi pour le prestige de M. Bolsonaro auprès de ce qui lui reste de supporters au Brésil. Ils découvrent un peu tard ce que la terre entière sait déjà : que dans la bouche de M. Trump « America first » veut dire : « America only » : les Etats-Unis seuls, et tant pis pour les alliés. Le propre des égoïsmes nationaux est l'écrasement des petits par les gros ; et des gros par les très gros. >>

 

 

bolsonaro.jpg

 

Commentaires

SILENCE DANS LES RANGS

> Sur cette guignolade, slence assourdissant chez nos libéraux-conservateurs gaulois pourtant habitués à encenser Trump "qui a des résultats au moins lui", et à loucher du côté de Bolsonaro "qui doit penser comme nous" puisqu'il vomit l'écologie et qu'il est nostalgique de la dictature militaire.
______

Écrit par : Fulup / | 28/05/2020

À HONG-KONG AUSSI

> Dans l'affaire hongkongaise, Washington s'affirme également tête du "monde libre" pour reprocher à Pékin de légiférer dans l'un de ses territoires.
Je n'ai aucune espèce d'attirance pour le Parti communiste chinois et encore moins pour la manière dont il traite ses citoyens, que ce soit à Hong Kong ou dans le reste du pays. Mais nul ne peut reprocher à la Chine d'agir souverainement chez elle : si le "monde libre" avait quelque appréhension à confier l'administration de Hong Kong à un régime autoritaire, c'est en 1982 qu'il aurait fallu l'exprimer, sans doute plus brutalement que ne l'ont fait les Britanniques qui ne souhaitaient pas priver leurs entreprises de l'immense marché chinois : sacrifier des milliards de profits dans le seul but de conserver une colonie ne parut pas justifiable aux yeux d'une "nation de boutiquiers" connue pour son pragmatisme. En 1997, la Chine recouvra sa souveraineté sur ce territoire : si la Grande-Bretagne peut continuer d'observer l'évolution de son ancienne "perle", la Chine a tout à fait le droit de ne tenir aucun compte des considérations de l'ancien colonisateur, fort logiquement ignorées lorsqu'on connaît les circonstances peu glorieuses de l'implantation anglaise, liée aux guerres de l'Opium.
Un ami hongkongais connaisseur de la question m'avait un jour affirmé que Londres avait abandonné Hong Kong pour un plat de lentilles : il était en effet naïf de croire qu'une "déclaration conjointe" aurait quelque importance dès lors que la souveraineté sur le territoire était effectivement transférée à la Chine. Que dirait Washington si M. Xi lui reprochait telle ou telle loi américaine s'appliquant à Porto Rico ?
Ici encore, le "monde libre" étonne par ses méthodes et ses objectifs : un ami généralement bien informé m'a confirmé la présence de la CIA et de ses financements derrière les manifestations hongkongaises, comme ce fut le cas lors des événements de Kiev. L'intention véritable de Washington est-elle la défense de la démocratie à Hong Kong et en Ukraine ou la déstabilisation des régimes chinois et russe ?
______

Écrit par : Philippe de Visieux / | 29/05/2020

HONG KONG 2

> Pour en rajouter sur l'intervention de Philippe, voici un question-3réponses dans les commentaires sur un blog de géopolitique plutôt bien informé :
- "... pourrait nous parler de l annexion de hong kong par la chine?" (seb)
- "Quand on écrit "annexion de Hong-Kong par la Chine", on imagine ... Pourtant, la réalité historique est tout autre. Ce sont les britanniques qui, au 19e siècle, ont débarqué sur les côtes d'une Chine qui avait eu le mauvais goût de mettre terme à un trafic d'opium massif et organisé qui faisait des ravages dans la société du pays entier. La cessation de l'île aux britannique n'est qu'un des termes humiliants imposé par l'empire vainqueur. Il est utile aussi de rappeler que le suffrage universel, et l'idée même d'un système démocratique, n'a été accordé aux Hong-kongais qu'au départ même des britanniques au terme de leur bail de 99 ans en 1997. Une petite clause empoisonnée lâchée dans le puits par le pouvoir colonial sortant avant de rendre l'île à son propriétaire." (la grive)
- "Il faut également préciser que la prospérité de Hong Kong a été construite par la Chine et non par les britanniques. C'est à Deng Xiaoping, qui en a fait l'interface privilégiée entre le monde occidentale et la Chine continentale, que Hong Kong doit sa position de grande place financière." (Madudu)
- "Ce n'est pas l'annexion de Hong kong par la Chine, mais le retour de Hong Kong à la Chine, sous le principe "un pays, 2 système". Mais ce que l'on oublie, à dessein ou involontairement, c''est que c'est seulement pendant 50 ans. En 2047 les lois Hongkongaise auront toutes convergé vers les lois Chinoise." (Germs)
In extenso ici, dans les commentaires :
http://www.chroniquesdugrandjeu.com/2020/05/rififi-a-kiev.html
Ben après tout, on a bien récupéré l'Alsace et la Lorraine.
Maintenant incluse dans un contexte plus large, Hong-Kong n'est qu'un petit pion qui sert surtout à la propagande destinée aux citoyens du monde libre pour faire plus facilement accepter une aggravation des tensions entre les Américains et les Chinois et ses conséquences possibles :
http://www.entelekheia.fr/2020/05/24/laction-de-la-chine-a-hong-kong-illustre-la-fin-de-la-superiorite-des-usa/
et cette propagande se traduit comme cela :
https://9gag.com/gag/aMxGdDP
(J'ai déjà vu ailleurs que le coronavirus c'était pour brider Hong-Kong en loucedé)
Globalement, du temps de Kissinger-Nixon, l'ennemie était la Russie soviétique et ils avaient joué la carte Chine pour isoler les Russes. Aujourd'hui, Trump-et affidés (Macron, Merkel, Johnson ?) entre deux risettes fichent un peu la paix à la Russie; la Chine est l'ennemie.
Le petit soucis reste que les liens Russie-Chine sont à un niveau historiquement inégalé et immunisés contre les louvoiements occidentaux. Il est quasi certain que si les Américains commettent une atteinte physique vis à vis de la Chine, ils (et affidés qui bougeront) auront aussi la Russie sur le paletot.
Hors-précédent* : Patrice, quelles sont les relations sino-vaticanes ?

Écrit par : Yvan / | 29/05/2020

L'INTENTION

> L'intention de Washington est-elle la défense de la démocratie en Chine, en Russie, en Ukraine ou ailleurs ? Bien évidemment non. L'intention est de préserver les intérêts des grands groupes américains. Seulement le peuple américain n'étant pas plus assoiffé de sang qu'un autre peuple, il faut lui faire croire qu'on lutte pour un noble idéal.
______

Écrit par : Bernadette / | 30/05/2020

à Bernadette :

> Concernant l'idéal démocratique chanté par le "monde libre" avec des trémolos dans la voix, beaucoup de Hongkongais se souviennent que Londres ne s'est pas embarrassé d'une consultation électorale dans sa colonie avant de signer l'accord sino-britannique de 1984 formalisant la rétrocession à venir, alors que certaines parties du territoire avaient été transférées de manière permanente au XIXe siècle et auraient pu, de jure, demeurer britanniques.
Le système colonial, dans sa version antérieure aux réformes introduites par Patten entre 1992 et 1997, n'avait en effet rien de démocratique : Hong Kong était dirigée de manière relativement autoritaire et ses habitants considérés comme des citoyens de seconde classe.
Pékin a très peu goûté la mauvaise foi anglaise consistant à offrir un début de démocratie quelques mois avant de rétrocéder le territoire, tandis que cette même démocratie avait été refusée par le colonisateur pendant plus d'un siècle et demi. In cauda venenum !
______

Écrit par : Philippe de Visieux / | 30/05/2020

à Yvan :

> Les relations sino-vaticanes progressent en coulisses pour deux raisons :
- Le pape actuel souhaite normaliser le statut de l'Église qui est en Chine d'une manière qui soit acceptable pour Rome comme pour les autorités de Pékin. Pour cela, il faut se parler, instaurer la confiance, ce que le Vatican entreprend par petites touches, parfois anecdotiques mais chacune riche de symbole : participation du Saint-Siège au congrès horticole mondial de Pékin, expositions d'œuvres d'art dans les deux États, ouverture du ciel chinois aux vols papaux et, dernièrement, rencontre entre les chefs de la diplomatie chinoise et vaticane à Munich. Les médias chinois ont ajouté en commentaire, concernant cette dernière rencontre, qu'elle avait été organisée à la demande de la partie romaine, pour faire comprendre à Taïwan qu'ils ne devaient plus se faire d'illusions, et au reste du monde que la Chine était prête à davantage de coopération avec le Vatican.
- La Chine a compris que le Saint-Siège n'est pas une succursale américaine, et ceci de manière manifeste sous François dont les positions ne cherchent pas à plaire à l'oncle Sam. Pékin voit en Rome un allié diplomatique potentiel sur certains sujets, notamment le réchauffement climatique. La politique religieuse chinoise fait ainsi montre de davantage de bienveillance à l'égard du catholicisme que des églises évangéliques, qui sont perçues comme des relais de Washington financées par l'Amérique.
Il est possible, sinon probable, que des relations officielles soient établies dans un proche avenir.
______

Écrit par : Philippe de Visieux / | 31/05/2020

> Merci Philipp
______

Écrit par : Yvan / | 31/05/2020

NAZILLONS UKRAINIENS CHEZ BOLSONARO

> A propos de Brésil: trouvé ceci sur le site d'Erwan Castel (baroudeur courageux qui, toutefois, n'est pas de ma paroisse), sur le recyclage des nazillons ukrainiens au Brésil:
https://alawata-rebellion.blogspot.com/2020/06/lukraine-import-export-du-neo-nazisme.html?fbclid=IwAR2N1r0ntR0iJjgZbXypybQFJmtzMGWmEAyFvbFCeIMo6WIlyNhQc1lwwyw

PFH


[ PP à PFH – Info intéressante en effet. A utiliser, même si M. Castel (qui est-ce ?) semble partager de son côté une idéologie peu lucide... Dire : "mondialisme" (au lieu de : "intérêts nord-américains") traduit une mentalité bien typée. Pourquoi ne pas nommer par leur nom les officines américaines de sous-traitance, et désigner à la place un moulin à vent ? ]

réponse au commentaire

Écrit par : PF. Huet / | 01/06/2020

@ PP

- Erwan Castel me paraît être un identitaire.
- Parler de mondialisme ne me paraît pas illusoire, les intérêts étatsuniens étant le point focal du système financier vu le rôle du dollar dans le monde, et la quasi-absence de contestation de cette position.
Comme disait déjà le Comte de Chambord bien avant que n'existent les réseaux informatiques : "la fortune anonyme et vagabonde".

PFH


[ PP à PFH :
– USA et mondialisme, c'est le problème de l'oeuf et de la poule... et c'est un problème d'origine économique, le "mondialisme" étant resté une utopie jusqu'à ce que le capital ait transformé la planète en marché mondial agglutiné (la "machine à dissoudre les peuples").
– Mais l'ultradroite invoque le mot "mondialisme" dans une acception idéologique fantasmée, en évitant de parler de la mondialisation ultralibérale... pourtant seul "mondialisme" réalisé.
– Cela dit, l'ultralibéralisme dans sa variante Trump, qui se veut "nationale-libérale", ne voit le mondial que comme le champ de tir d'une domination US ; il rejette toutes les apparences de multillatéral qui sont le corollaire de la globalisation libérale dans sa version Clinton-Obama & Cie. ]

réponse au commentaire

Écrit par : PF. Huet / | 02/06/2020

Les commentaires sont fermés.