27/05/2020
Prendre conscience de la "révolution" qu'est l'eucharistie
Que le P. Cassingena-Trévedy osb nous pardonne de lui emprunter ce texte – explosif et magnifique – qu'il vient de publier sur sa page Facebook. Chaque chrétien catholique devrait le méditer d'urgence ! Lisez-le, faites-le lire, diffusez-le dans les paroisses :
Elève de l'École normale supérieure (rue d'Ulm), le P. François Cassingena-Trévedy osb est entré dans la vie monastique en 1980 à l'abbaye Saint-Martin de Ligugé. Il collabore aux éditions des Sources chrétiennes. Il enseigne à l'Institut supérieur de liturgie (Institut Catholique de Paris). On connaît ses livres aux confins de la poésie, de la philosophie, de la théologie, de la spiritualité et de la musicologie.
De la "fabrique du sacré" à la révolution eucharistique - Propos sur le retour à la messe
(Les soulignements et une partie des alinéas sont de mon fait)
<< C’est décidément chose étrange comme la messe, dans l’histoire religieuse de notre pays, a pu faire l’enjeu de débats et le fait encore, même depuis que l’immense majorité de nos concitoyens a cessé de s’y rendre : au point que l’on peut se demander, parfois, si toute cette chamaillerie épisodique n’entre point parmi les indicateurs de notre identité française. Que l’on songe à la fameuse boutade d’Henri IV converti par diplomatie au catholicisme, dans la perspective de son sacre de 1593 : « Paris vaut bien une messe », ou encore, en plein affrontement de la République et de l’Église à l’aube du siècle dernier, aux non moins fameuses « fiches » du général André qui portaient éventuellement sur les cadres de l’armée, l’indication suivante : « va à la messe ». Alors que la normalisation d’une forme ordinaire et d’une forme extraordinaire du même rite romain (2007) n’a pas encore tout à fait aplani la courbe d’une opposition névralgique entre la « nouvelle messe » (1969) et la « messe de toujours » (?) qui connut chez nous son pic entre 1976 et 1988, la messe s’est trouvée tout récemment au cœur des revendications d’un puissant lobby catholique, au spectre complexe, auprès des autorités civiles, injustement soupçonnées de compromissions avec un antichristianisme souterrain et invétéré. Parce qu’elle a fait couler beaucoup d’encre ces derniers temps, et suscité de nombreuses prises de parole, il m’est venu à l’idée, ou plutôt il me tient à cœur de toucher quelques mots de la messe ou, plus exactement (car la nuance est considérable entre les deux termes), de l’Eucharistie. Ce faisant, j’espère – toujours attentif à tenir mon engagement – rendre quelque service non seulement à la communauté catholique, mais au monde qui l’entoure et qui doit la considérer parfois, avouons-le, avec une certaine perplexité.
Assurément, la messe, passablement estompée du paysage sociologique français et désertée par une masse toujours plus considérable de baptisés officiels, a fait ces jours-ci beaucoup de réclame. Assurément, beaucoup de fidèles seront heureux, très prochainement, de retourner à la messe. Mais là ne devra pas s’arrêter notre chemin, et c’est précisément toute la matière de mon propos. Car enfin, sous la messe, l’Eucharistie ne s’est-elle pas fait ces temps-ci quelque peu oublier ? Tout le bruit que l’on a fait – et qu’à vrai dire l’on fait depuis si longtemps autour de la messe (sinon parfois au cours de la messe…) – ne nous empêche-t-il pas d’entendre l’Eucharistie ? Ne nous distrait-il pas sans cesse d’entrer dans le processus vertigineux qu’a inauguré, pour nous, au soir de sa passion, le geste à la fois si simple et si innovant de Jésus ?
Il va donc falloir que, pour notre édification mutuelle et pour l’édification du monde (il serait temps d’y penser…), nous retournions non seulement à la messe, mais à l’Eucharistie, à supposer que quelqu’un d’entre nous puisse se targuer d’être jamais allé tout à fait jusque-là. Il va falloir que nous allions de "ma" messe à "la" messe (ce qui représente déjà un pas considérable), et puis de la messe à l’Eucharistie, ce qui est l’œuvre de toute une vie chrétienne et de tout le pèlerinage temporel de l’Église vers le Royaume. Il va falloir que nous allions de la messe qui agite, qui divise, à l’Eucharistie qui est le « signe de l’unité » (Vatican II, Constitution sur la sainte liturgie, 47, citant Augustin).
Les temps que nous venons de traverser, et qui sont loin d’être révolus sans doute, ont réveillé beaucoup de fantasmes archaïques : celui de nos peurs, bien sûr, mais aussi celui de la « religion » (sinon parfois de la religiosité) qui cherche à les exorciser. Et antiquum documentum novo cedat ritui, chantait-on jadis dans le Tantum ergo qui accompagnait les Saluts du Saint-Sacrement, c’est-à-dire : « Que l’ancienne alliance cède le pas au Rite de la nouvelle. » Est-il certain que, touchant à ce « si grand Sacrement » – Tantum ergo Sacramentum – nous ayons vraiment fait le pas personnel et ecclésial qui va de l’ancien au nouveau, de l’archaïque à l’eschatologique, de l’habituel à l’inouï, du religieux au révolutionnaire, de la « religion » au christianisme ?
Car enfin si nous savions le Don de Dieu (Jn 4, 10), si nous entrevoyions la portée de l’Acte pascal de Jésus qui nous a été transmis (1 Co 11, 23), si nous réalisions le caractère proprement explosif de la Fraction du pain (Lc 24, 35), alors nous ririons de nos mesquineries, nous pleurerions de nos disputes.
De fait, à ausculter tout ce qui s’est donné ces derniers temps à voir, à lire et à entendre çà et là, l’on ne peut s’empêcher d’éprouver un sentiment de tristesse et l’on demeure parfois franchement ahuri. L’on croyait disparu depuis longtemps le « matérialisme » sacramentel : en fait il est toujours vivace, il semble s’endurcir, et s’entretient de tout ce que notre religion non évangélisée comporte de primaire.
Je parlerai donc ici comme modeste théologien, mais aussi, tout simplement, comme baptisé, comme chrétien du XXIe siècle, comme chrétien « œcuménique » aussi respectueux de l’héritage de nos Pères dans la foi que soucieux de la réception de l’Évangile par le monde d’aujourd’hui.
Rappelons d’abord que les sacrements chrétiens, gestes sauveurs du Christ identifiés et sans cesse approfondis par l’Église, traversent l’histoire des hommes : le style de leur célébration comme la théologie que l’on en fait. À commencer par l’Eucharistie qui est le plus grand d’entre eux, et justement parce qu’il est le plus grand. Tantum ergo Sacramentum… C’est ainsi que l’on peut considérer, au fil des siècles, une célébration paléochrétienne, une célébration médiévale, une célébration baroque, une célébration romantique, une célébration antéconciliaire et une célébration postconciliaire de l’Eucharistie. Et c’est encore ainsi qu’il s’est élaboré des théologies successives de l’Eucharistie : celle d’Augustin, celle de Paschase Radbert, celle de Thomas d’Aquin, celle de Suarez, celle de Odo Casel, pour ne citer que quelques exemples. Aucune n’a eu ni n’aura d’ailleurs le dernier mot, puisque aussi bien le geste testamentaire de l’homme de Nazareth – le festin qu’il a fait de son destin – ne cesse de dévoiler des aspects inédits, compte tenu des investigations de l’exégèse et de la science historique, des évolutions de l’ecclésiologie, de l’expérience pastorale et spirituelle.
Or, au fil de l’histoire, la grande tentation qui guette notre célébration, notre théologie et notre rapport subjectif à l’Eucharistie, est le matérialisme. Car il existe bel et bien un matérialisme qui plombe notre compréhension, notre fréquentation, notre « économie » des réalités les plus spirituelles[1]. C’est peut-être d’ailleurs autour de l’Eucharistie que la tentation « religieuse » se fait la plus forte : celle de réduire le Vivant et la Vie à quelque chose que l’on fait, que l’on tient, que l’on consomme, que l’on mérite, que l’on possède. C’est relativement à l’Eucharistie que la régression chrétienne vers le « religieux » se fait la plus menaçante, alors même que ce religieux se drape dans les atours d’un « sacré » dont les attaches étrangement païennes n’ont pas grand-chose à voir avec la nouveauté radicale – révolutionnaire – qu’a instaurée le christianisme originel.
La théologie du haut moyen-âge occidental, régressant à cet égard sur des pages d’Augustin qui n’ont rien perdu de leur justesse (Cité de Dieu, X, 6 ; Sermon 272), a parlé volontiers – et maladroitement – des sacrements comme « vases » et comme « remèdes ». De fait, ce serait tellement facile, dans un sauve-qui-peut, dans un mouvement d’accaparation infantile, de mettre le bon Dieu en boite ! Mais les sacrements ne sont pas des vases tels qu’il s’en voyait autrefois sur les rayons des apothicaires et, même si le Christ guérit, les sacrements ne sont pas davantage des « médicaments » dans le sens immédiat du terme. Le Corps du Christ n’est pas une barre énergétique, ni le Sang du Christ une tisane bio.
Or est-il bien sûr qu’une conception magique, utilitariste et égoïste des sacrements, et particulièrement de l’Eucharistie, ne continue pas, aujourd’hui, à hanter le tréfonds des consciences chrétiennes ? Les vases sacrés de nos liturgies, si légitime que soit le souci que nous avons de leur beauté, ne doivent pas nous donner le change : rien ne confine la Présence. Et le vocabulaire de la « Présence réelle » lui-même ne doit pas prêter à contresens : res, qui renvoie à une Réalité vivante, au grand Réel, à Celui qui est le Véritable (1 Jn 5, 20), se voit presque immanquablement tiré, du fait de nos manipulations, du côté de la « chose ». Or l’Eucharistie n’est pas Quelque Chose, pas même la Chose la plus précieuse qui soit au monde : elle est Quelqu’un. Et ce n’est pas tout : elle est Nous, car Ceci est mon corps (Mt 26, 26), toujours au péril d’être chosifié, doit être sans cesse « équilibré », éclairé par l’affirmation paulinienne : Or vous êtes, vous, le corps du Christ (1 Co 12, 27). Peut-être la véritable « institution » de l’Eucharistie serait-elle à chercher (ou du moins à chercher davantage qu’on ne le fait d’ordinaire) dans la parole de Jésus lui-même en Mt 18, 20 : Quand deux ou trois sont réunis en mon Nom, Je suis là au milieu d’eux. L’Eucharistie n’est donc pas ce Quelque chose, si précieux soit-il, si « sacré » soit-il, à quoi nous la réduisons par commodité, par faiblesse, par régression, par intérêt : elle est Lui, elle est Nous, elle est Lui avec Nous et Nous avec Lui, elle est cet Entre-Nous au milieu duquel Il surgit (ressuscite), au milieu duquel Il se produit librement comme Événement pascal, comme Événement unique. Elle est l’Aliment vivant (Jn 6) et personnel, humano-divin (Jésus, l’homme du Père), de notre vivre-ensemble-en-Lui. Elle est Présence, elle est Acte, avec toutes les conséquences « sociales « (proprement explosives et révolutionnaires), avec tout l’humanisme intégral qui en découle et dont Mt 25, 40 donne l’indépassable formule : En vérité, je vous le dis : ce que vous avez fait à l’un de ces plus petits qui sont mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait.
Si l’Eucharistie est « provoquée » par notre décision de vivre ensemble (deux ou trois en mon Nom) et non par notre instinct grégaire, l’on saisit alors l’importance fondamentale de ce que nous mettons en commun, de ce que nous avons en commun, ou plutôt de ce que nous sommes en commun, et qui est proprement l’Église. L’Eucharistie n’est pas le bonbon d’une jouissance individuelle (mon Jésus à moi tout seul), mais l’inauguration sacramentelle de notre difficile construction commune en Corps du Christ, avec ses redoutables exigences et le ferme propos qu’elle réclame, car, même si nous avons toujours l’amour à la bouche et aux cordes de nos guitares, nos assemblées raboutent parfois les uns aux autres des êtres qui, en surface, ne peuvent pas se sentir, dans une proximité où se révèle l’humour du grand Vivant qui nous a invités. L’intimité la plus délicieuse avec Jésus postule la solidarité la plus industrieuse avec ses « frères : en christianisme, il n’y a pas de vie mystique en a parte. Et la « messe », quand messe il y a, n’est pas autre chose que la célébration humble, exigeante et festive de tout cela. Je dis bien « célébration » et non « cérémonie », ni « culte » ; la messe n’est pas le culte de l’Être Suprême : laissons ce vocabulaire du « culte » aux autorités publiques, qui en usent au demeurant fort respectueusement et auxquelles on ne saurait reprocher, bien sûr, d’entrer dans le vif de la réalité en question.
La chosification récurrente et endémique de l’Eucharistie a deux corollaires :
– Le premier est le consumérisme sacramentel qui, inconsciemment sans doute, use de l’Eucharistie, non comme du Pain de vie (Jn 6, 34), non comme du Vivant-Pain postulant le vivre, avec ses vertigineuses conséquences existentielles, mais comme d’un objet de consommation religieuse qui se juxtapose sans scrupules, le cas échéant, à d’autres formes du consumérisme moderne, avec tous les excitants émotionnels qui les accompagnent d’ordinaire. L’on se met alors à réclamer le sacrement comme un droit[2], l’on exige son église comme son restaurant ou sa station-service, dans une même « grande-surface » des besoins et des choses dont l’indifférenciation, affleurant dans certains propos récents, fait sérieusement problème. Pareille mentalité n’est pas sans lien avec la surconsommation sacramentelle à laquelle nous ont habitués, il faut bien le reconnaître, des siècles de chrétienté sociologique et qui, Dieu merci (peut-être !), se voit aujourd’hui de plus en plus compromise par la raréfaction des ministres ordonnés. Cette « surconsommation » est d’ailleurs majoritairement le fait des grandes agglomérations urbaines, pourvues d’un clergé plus nombreux, et qui ne semblent guère se représenter les régions de « disette » eucharistique qui les environnent : comment ne pas considérer comme une injustice à la fois sociale et spirituelle (trop peu relevée comme telle), le fait que les villes aient un accès beaucoup plus facile à l’Eucharistie que les campagnes ? L’on peut s’interroger, en tout cas, sur une certaine prétention, une certaine revendication, quant à l’accès « automatique » à l’Eucharistie. Car l’on ne vient pas à l’Eucharistie automatiquement, machinalement, pour obtenir son quota de satisfactions personnelles et de relations sociales adjacentes. Une plus grande frugalité ne serait-elle pas de mise, que n’imposerait ni la pénurie grandissante de ministres, ni je ne sais quelle recrudescence de sévérité janséniste, mais la nature même de l’Eucharistie ? Ne faudrait-il pas envisager courageusement, pour l’avenir, et jusque dans nos communautés religieuses encore privilégiées, des messes plus espacées dans le temps, des messes qui viendraient consacrer non pas un azyme insipide d’habitudes et de vies parallèles, mais le pain chaleureux, laborieux et complet de vies résolues à entrer pratiquement en communion profonde, à soutenir l’effort d’un pardon explicite et réciproque, et surtout ce partage fraternel de la Parole de Dieu qui, servant d’unique table sainte, fait la dignité d’un Peuple d’interprètes ? En d’autres termes, c’est l’épaisseur et la consistance de nos « provisions » eucharistiques qui sont à examiner et à travailler : provisions humaines faites de nos énergies, de nos travaux, de nos épreuves, de nos joies, de nos relations, tout ceci pour des eucharisties moins obligées, moins automatiques, moins machinales, qui viendraient tout simplement en leur lieu et en leur temps, et par conséquent plus à même de sustenter, parce que nécessitées par un arriéré de vie plus incarnée, plus ardente, et peut-être plus périlleuse (voir Ac 27, 33-38). Il ne faudrait pas que le désir individuel (sinon individualiste) de consommer nous obnubile à tel point que nous en venions à oublier, ici, ce que nous devons apporter : la matière première, le petit bois de notre humanité et les poissons de notre pêche commune, à l’issue de la peineuse nuit (Jn 21, 10).
– Moins immédiat, peut-être, à se révéler comme tel, mais non moins grave, le second corollaire de la chosification de l’Eucharistie, ou sa seconde conséquence, est le cléricalisme. Car celui-ci se porte évidemment très bien de celle-là. Dans ces conditions, largement entretenues par les séquelles d’une théologie scolastique et tridentine mal comprise, toujours en passe de séduire, le prêtre s’impose comme le « sacrificateur » attitré qui « fabrique », qui « confectionne » l’Eucharistie (sacra facere), qui a autorité sur elle – sur Dieu même, pensez ! –, qui l’administre, qui la possède, avec la tentation trop évidente d’en confisquer la possession, avec le prestige personnel qui s’attache à son « pouvoir » (il faudrait évoquer ici la focalisation quasi-magique sur les paroles de la consécration, si préjudiciable à l’équilibre de la théologie eucharistique). Prêtre fabriqué comme sacré par les instituts de formation cléricale, se fabriquant lui-même comme sacré dans la représentation qu’il a de lui-même, et fabricant de sacré aux yeux de trop de chrétiens qui en restent à une religion préchrétienne, voire non chrétienne[3]. Tout cela est aussi dangereux que désuet. En réalité ce n’est pas le prêtre, encore moins le prêtre seul, qui « fait » l’Eucharistie, mais l’Église. Le prêtre n’est pas l’homme exceptionnellement habilité à la « confection » du sacrement, mais le coordinateur et le serviteur de l’Action eucharistique à laquelle toute la communauté chrétienne collabore. Il n’est pas le fournisseur de la dévotion eucharistique, mais l’intermédiaire – l’entremetteur judicieux et délicat – de la Rencontre de la communauté avec son Seigneur : il est celui qui porte le souci de la vie eucharistique du Peuple de Dieu dans l’exercice concret de la charité dont l’Eucharistie est le sacrement. Il prend soin, si j’ose dire, du soin que le Corps de Jésus-Christ a de lui-même et de tout le Monde invité à faire Corps en Jésus-Christ. Il est à souhaiter, pour l’avenir, que le prêtre, exonéré d’un fonctionnariat sacramentel dévorant qui réduit et épuise la portée véritable de son ministère, puisse participer ordinairement aux divers travaux séculiers des hommes et, de la sorte, se faire « ouvrier » au sens large et pluriel du terme. Faut-il ajouter que des hommes mariés seraient tout à fait en mesure de satisfaire à une telle reconfiguration du ministère ordonné ?
Il est par ailleurs inutile désormais, compte tenu de l’état des lieux, de prétendre désespérément à la possession intégrale d’un territoire pour y imposer, pour y « maintenir » partout la messe. Le modèle territorial de la pastorale agonise et il est grand temps de battre en retraite pour oser et affiner d’autres modes, non de conquête, mais de présence : modes prophétiques à proportion de leur modestie. Mieux vaut que le prêtre « lâche prise » territoriale pour faire signe, là où il est, à échelle humaine, en ayant à cœur d’éveiller une communauté nécessairement éparse à ses responsabilités baptismales, de faire grandir le Peuple de Dieu en intelligence de la Parole de Dieu, tandis qu’il s’abreuve lui-même profondément à cette source. L’on verrait bien, alors, non par effet d’une quelconque défaite, mais par décision positive et réfléchie, des eucharisties plus rares dans l’espace et dans le temps, mais aussi plus sommitales, c’est-à-dire mieux préparées par une longue marche commune (Lc 24, 13) vers ce « sommet » qu’elles représentent ; des eucharisties qui « restaurent » à l’étape (Lc 24, 28-30), au sens plénier du terme, parce qu’elles ne sont plus de simples chèques rituels sans provisions d’existence généreuse.
Certains s’émerveillent du nombre de messes qui se disent à travers le monde en l’espace d’une minute : imaginons au contraire qu’il ne s’en célèbre qu’une seule où chacun se livrerait sans réserve au dynamisme pascal de Jésus-Christ et s’abimerait littéralement, non dans des émotions sensibles, mais dans les conséquences logiques, pratiques – vertigineuses – de Ceci est mon Corps / Vous êtes le Corps du Christ : cette unique explosion nucléaire suffirait à transformer le monde. L’Eucharistie, en vérité, si on la laisse faire, si on se laisse faire par elle, personnellement, communautairement, mondialement, c’est de la dynamite : Christ, Puissance (dynamis en grec) de Dieu et Sagesse de Dieu (1 Co 1, 24). Puisse-t-il illuminer les yeux de votre cœur pour vous faire voir (…) quelle extraordinaire grandeur sa puissance revêt pour nous, les croyants, selon la vigueur de sa force qu’il a déployée en la personne du Christ (Ep. 1, 18-20).
– Et c’est ainsi qu’avec la chosification de l’Eucharistie il convient d’évoquer cette espèce d’inflation du rituel qui porte préjudice au spirituel ou s’autorise de fausses spiritualités. Assujettissement du spirituel au rituel, comme si, moyennant la régression religieuse dont j’ai parlé plus haut, le rituel était un absolu et décidait de tout, même de la catholicité de ceux qui participent à la messe ou la célèbrent, avec toutes les excommunications sournoises que cela entraîne. On idolâtre les cérémonies au lieu d’entrer dans le mystère d’amour et de communion fraternelle dont elles ne sont que le seuil. Certes, il ne s’agit pas de mépriser le rituel ni d’en faire superbement l’économie. Le rituel est nécessaire à la célébration de l’Eucharistie, et ce pour trois raisons. Pour une raison anthropologique, d’abord, car l’homme est naturellement créateur de ritualité ; pour une raison sociologique, ensuite, car un minimum de ritualité est indispensable à un bien vivre ensemble ; pour une raison esthétique, enfin, parce que la célébration eucharistique, en l’occurrence, appelle spontanément tout « l’offertoire » de la beauté dont l’homme est capable (et Dieu sait les trésors de beauté architecturale, poétique, plastique, musicale dont l’Eucharistie ne cesse d’être le foyer). Reste que nos dispositifs rituels ne confinent pas la Présence, ne conditionnent pas la Présence, n’obligent pas le Vivant à se présenter parmi nous. La messe n’est pas une machine rituelle garantie (et dûment vérifiée) pour « fabriquer » de la Présence réelle !
Nous nous contenterons donc, pour satisfaire à ce que nous sommes, pour mieux nous donner rendez-vous mutuel, pour mieux honorer l’Ami qui vient à notre domicile, d’une ritualité sobre, digne, raisonnable, ni bizarre, ni obsessionnelle, ni maniaque, comme il se voit dans ces hybridations néo-rétro dont maints célébrants prennent couramment l’initiative. Marthe, Marthe, tu t’agites… Une seule chose est nécessaire (Lc 10, 41-42).
Et puis, parce que le Vivant est agile et libre, parce que le Bien-Aimé saute sur les montagnes et bondit sur les collines (Ct 2, 8), nous serons attentifs à tous les événements « eucharistiques » non ritualisés, non formalisés, inofficiels, de notre vie, à toutes les saillies imprévisibles de la Présence. Car il se passe bel et bien de l’eucharistique dans nos vies, et pas forcément à l’heure ni au lieu de la messe… Il se fait tout à coup de la Vie avec les natures mortes de notre vie… Tout ce minerai eucharistique, infiniment précieux, est à discerner après coup, à garder en mémoire, à conduire à l’église quand l’église est ouverte, et à apporter dans l’offertoire secret de nos messes dominicales, afin de ne pas y arriver le cœur vide. La fraction du pain (le premier et le plus beau nom de l’Eucharistie, Lc 24, 35 ; Ac 2, 42) dit quelque chose de la « fragilité » de Dieu et de la nôtre, en chemin : elle peut fulgurer tout à coup, entre les mains humaines les plus humbles, les plus rudes, les plus inattendues, tandis qu’elle échappe des mains de ceux qui pensent en être les propriétaires. Au vrai, il se rencontre partout des éclats du Vivant, et nous sommes nous-mêmes ces éclats. Nul ne saurait mettre la main sur lui (Jn 7, 30), ni individu, ni institution. La manne est pure gratuité : elle pourrit dès l’instant qu’on la met en réserve (Ex 16, 19-21).
Nos églises vont ouvrir à nouveau leurs portes à tous ceux dont nous serons si heureux de revoir le visage et d’entendre la voix au terme de ces longues semaines de séparation. Fais-moi entendre ta voix, car ta voix est douce et ton visage est beau (Ct 2, 14), dit le Seigneur à son Peuple, dit la Parole de Dieu au Peuple de Dieu. Nos églises vont ouvrir bientôt leurs portes : il est temps d’y faire encore un peu de ménage. De nous mettre au clair, surtout, quant à la conception que nous nous faisons de leur finalité, c’est-à-dire de l’Eucharistie que nous y célébrons. Nos églises vont-elles ouvrir seulement pour un entre-soi confortable, pour des cérémonies où le rituel distrait du spirituel, pour la répétition de fadaises et de boniments infantiles, pour l’appel racoleur et tapageur à des émotions fugitives, pour l’entretien exténué et morose de la consommation religieuse ? Ou bien vont-elles s’ouvrir pour un questionnement et un approfondissement de nos énoncés traditionnels, pour une interprétation savoureuse de la Parole de Dieu loin de toute réduction moralisante, pour une ouverture efficace aux détresses sociales, pour une perméabilité réelle aux inquiétudes, aux doutes, aux débats des hommes et des femmes de ce temps, en un mot pour la révolution eucharistique ? Si le temps de confinement et de suspension du « culte » public nous a permis de prendre la mesure de la distance qui sépare les deux extrêmes de cette alternative, autrement dit du pas que le Seigneur de l’histoire attend de nous, alors, pour parler comme le bon roi Henri, le bénéfice que nous avons retiré valait bien quelques messes… en moins. >>
François Cassingena-Trévedy
20 mai 2020, solennité de l’Ascension
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[1] Il peut s’accompagner, paradoxalement, d’une indifférence complète au corps (nos corps !), à l’importance de sa présence et du contact physique qu’il appelle, comme l’ont montré certaines pratiques sacramentelles palliatives discutables durant le temps du confinement.
[2] On peut revendiquer la messe ("Nous voulons Dieu dans la patrie", comme il se chantait autrefois) : on ne saurait revendiquer l’Eucharistie. A la pure grâce on ne peut que rendre grâces.
[3] J’ai inventorié les attaches historiques, psychologiques et politiques de tout cela dans mon petit livre Te igitur.
09:28 Publié dans Témoignage évangélique | Lien permanent | Commentaires (35) | Tags : catholiques
Commentaires
"SPLENDIDE"
> Splendide rappel au réalisme chrétien.
Loin de la "religion refuge" !
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Écrit par : Amicie Terray / | 27/05/2020
OUVRIR LE COEUR ET LES YEUX
> Puisse cette analyse ouvrir les coeurs et les yeux de cathos déboussolés donc figés sur l'illusion du "on ne lâche rien".
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Écrit par : Matthieu Bansard / | 27/05/2020
VOILÀ
> Voilà le vrai fil conducteur, et la fin des mélanges de "sacré" et de préjugés politiques qui sont le fond de sauce du conservatisme religieux.
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Écrit par : Samuel Daubat / | 27/05/2020
POUR UNE PRATIQUE PURIFIÉE
> Un texte qui pourrait et devrait être la base de toute une réflexion. Et d'une réflexion qui débouche sur une "pratique" purifiée, et en devenir.
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Écrit par : Jean-Claude / | 27/05/2020
RÉFLEXIONS
> J'ai peut-être lu trop vite, ou mal compris, mais le père Cassingena-Trévedy n'interroge-t-il pas en creux, dans ce texte, la pratique des prêtres de célébrer seul leur messe certains jours, dans l'oratoire dédié de leur presbytère, voire dans leur église paroissiale comme cela s'est très souvent passé durant ce confinement.
Il écrit en effet : « Peut-être la véritable "institution" de l’Eucharistie serait-elle à chercher (ou du moins à chercher davantage qu’on ne le fait d’ordinaire) dans la parole de Jésus lui-même en Mt 18, 20 : Quand deux ou trois sont réunis en mon Nom, Je suis là au milieu d’eux. L’Eucharistie n’est donc pas ce Quelque chose, si précieux soit-il, si "sacré" soit-il, à quoi nous la réduisons par commodité, par faiblesse, par régression, par intérêt (…). »
La célébration eucharistique du prêtre seul, en l'absence de fidèles, ne risque-t-elle pas également de nourrir le "cléricalisme" dénoncé par le P. Cassingena-Trévedy, qui critique dans ce même texte le « prêtre fabriqué comme sacré par les instituts de formation cléricale, se fabriquant lui-même comme sacré dans la représentation qu’il a de lui-même, et fabricant de sacré aux yeux de trop de chrétiens qui en restent à une religion préchrétienne, voire non chrétienne », tout cela étant, ajoute-t-il, « aussi dangereux que désuet ».
Toutes réflexions que l'on devrait donc mettre en regard avec les motifs principaux, théologiques et spirituels, justifiant la célébration quotidienne de la Messe, qu’il y ait ou non des fidèles, motifs dont je rappelle le premier, le risque du "pélagianisme spirituel" (cf. http://www.clerus.org/clerus/dati/2013-08/12-13/Celebrazione_quotidiana_s_messa_FR.html ) : « a) Moyen privilégié de sainteté du prêtre. La Messe est "source et sommet" de toute la vie sacerdotale : de celle-ci, le prêtre tire la force surnaturelle et nourrit l’esprit de foi dont il a absolument besoin pour se configurer au Christ et Le servir dignement. De même qu’il fallait chaque jour recueillir la manne de l’Exode, de même le prêtre a besoin chaque jour de s’abreuver à la source de la grâce, le sacrifice du Golgotha, qui se représente sacramentellement dans la Messe. Omettre cette célébration quotidienne – sauf en cas d’impossibilité – signifie se priver du principal aliment nécessaire à sa sanctification et au ministère apostolique ecclésial et également courir le risque d’une sorte de pélagianisme spirituel, qui a confiance dans la force de l’homme plus que dans le don de Dieu. »
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Écrit par : Denis / | 27/05/2020
"AMPLIFIÉ PAR L'INDIVIDUALISME LIBÉRAL"
> Cela m'encourage à témoigner de ma profonde tristesse quand je vois des pratiquants s'agenouiller quand on va mettre au tabernacle les hosties consacrées restantes, tout en regardant avec mépris ou indifférence l'assemblée des fidèles devenue le corps du Christ. Ils viennent travailler à leur propre sanctification et ils en sont très fiers. Je caricature évidemment, mais le problème est réel, amplifié par l'individualisme libéral qui nous imprègne aujourd'hui.
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Écrit par : Guadet / | 27/05/2020
à Guadet
> « Votre profonde tristesse » ? Ce n’est pas un tantinet exagéré, là ? Cela ne viendrait pas de votre propre incompréhension devant ce phénomène qui vous inciterait à penser que les personnes agenouillées seraient forcément celles qui regardent les autres avec mépris ou indifférence ?
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Écrit par : Hélène / | 27/05/2020
'TE IGITUR'
> C'est amusant : un ami prêtre m'a recommandé il y a moins de quinze jours la lecture de 'Te Igitur'. Le titre latin m'avait un peu effrayé (ma formation purement scientifique doit y être pour quelque chose). Je vais peut-être faire l'effort.
Cordialement
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Écrit par : Jean-Marie Poublanc / | 27/05/2020
RÉVOLUTION INTÉRIEURE
> D'accord avec Hélène.
Fichons-nous donc la paix, pour une fois. Certains sont à genoux, d'autres non. Ce moment relève surtout d'une intimité profondément respectable. Sans compter qu'au moment de la consécration on devrait avoir à se préoccuper bien plus de devenir soi-même table eucharistique et tabernacle que de penser à regarder ce que font les voisins ! Une révolution intérieure : si on la vivait comme telle, la position des uns et des autres nous importerait guère !
Marie-Do
[ PP à Marie-Do – Je partage votre sentiment. Faire la chasse aux "attitudes préconciliaires", comme disait le pauvre Henri Tincq, n'a aucun sens envers ces façons de prier quand elles viennent d'une démarche de foi. Même chose à propos d'une autre pratique : la fréquentation des messes en forme extraordinaire du rite romain.
En revanche, quand une agitation politico-religieuse (sites internet) se fait une arme de ces façons de prier et/ou de cette fréquentation... Là on ne marche pas, et il faut le dire.
Donc : distinguons pour ne pas confondre. ]
réponse au commentaire
Écrit par : Marie-Do / | 27/05/2020
@ Hélène
> J'ai bien dit que je caricaturais. Le fait est que j'ai connu maintes personnes très attachées à des signes extérieurs du rituel et semblant se moquer complètement du devoir de faire assemblée, de faire église.
Pour ne pas vous choquer, je dirai que cette forme d'individualisme est malheureusement beaucoup plus générale. Cela fait vingt ans que j'anime des groupes en paroisse et je remarque qu'on a beaucoup de mal à penser collectif et non individuel. Moi comme les autres.
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Écrit par : Guadet / | 27/05/2020
ESSENTIEL
> Merci Patrice de donner une large résonance à ce texte essentiel que j'ai déjà largement diffusé pour ma part ; on n'a pas fini d'interroger ce qu'est l'Eucharistie avec ce temps de confinement et de reprise des messes, dans un contexte où il est bien difficile de "faire Eglise" aujourd'hui en étant masqués, éloignés les uns des autres, limités en nombre ou devant s'inscrire.
Les pétitionnaires qui réclamaient à cor et à cri la messe dès le 11 mai comme si l'Eucharistie était un "droit", un "dû" et non un "don", ont rendu un bien mauvais service à l'Eglise.
MG
[ PP à MG – Oui : et ce milieu rend de "bien mauvais services à l'Eglise" depuis au moins sept ans. Gonflé d'autosatisfaction et de bonne conscience (jusque dans sa haine obtuse envers le pape), il ne s'en rend pas compte ; ni du fait qu'il est manipulé par de petits cercles dont le mobile n'est pas spirituel (c'est le moins qu'on puisse dire...)]
réponse au commentaire
Écrit par : Michel de Guibert / | 27/05/2020
à Guadet
> Comment peut-on à la fois se tourner vers le tabernacle, étant ou pas agenouillé, et regarder ses frères avec mépris ou indifférence, ou sans mépris ni indifférence ?
En revanche, on peut bel et bien voir ses frères si l'on ne se tourne pas vers le tabernacle.
S'ils sont méprisants ou indifférents, priez pour eux. Priez pour moi je vous prie, qui suis de ces agenouillés.
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Écrit par : Fil / | 28/05/2020
@ Marie-Do
> Vous oubliez seulement que c'est l'assemblée qui devient corps du Christ, et non chaque fidèle pris isolément. On ne peut pas ne pas se soucier de ce que vivent les voisins, et ne pas chercher à faire corps avec eux en faisant les mêmes gestes. On ne peut pas rester individualiste.
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Écrit par : Guadet / | 28/05/2020
à Guadet :
> Je comprends votre tristesse de voir des fidèles ignorer leurs voisins de banc après leur avoir donné un signe de paix et avoir communié au Christ : une telle attitude n'est pas chrétienne.
À Boston, la paroisse que je fréquentais avait institué une heure de 'café et conversation' après la messe de onze heures. Le curé s'y joignait souvent, on y fêtait les anniversaires des uns et des autres, on y parlait politique : si je n'ai conservé aucune amitié universitaire, je reste en lien avec ces personnes rencontrées et aimées, un peu à la manière des premiers chrétiens qui faisaient communauté.
La solitude ressentie après une messe à l'issue de laquelle personne ne vous a parlé peut être déstabilisante : se retrouver au presbytère autour d'un café peut y remédier en permettant aux uns et aux autres de se connaître et de devenir amis.
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Écrit par : Philippe de Visieux / | 29/05/2020
@ Fil
J> 'ai dû plusieurs fois déménager et donc changer de paroisse. Toutes ne font pas exactement les mêmes gestes au même moment. Je m'adapte donc à chaque fois pour montrer ma volonté d'entrer dans la communion avec les autres fidèles. Si on veut faire différemment - par exemple s'agenouiller : soit on pense que c'est mieux et c'est une forme de mépris, soit on ne voit pas pourquoi changer ses habitudes et c'est une forme d'indifférence. Ce ne sont pas des choses qu'on peut décider individuellement. Quand mon évêque ou même mon curé diront qu'il faut s'agenouiller, je le ferai.
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Écrit par : Guadet / | 29/05/2020
@ Guadet
> Vous faîtes corps spirituel et c'est bien le plus important.
Il ne manquerait plus que le curé ou les évêques dictent la façon de se tenir au moment de la consécration ou à la communion ! Dans ma paroisse, il n'y a pas une seule façon de faire et je trouve cela très bien ! Comme il n'y a pas une seule façon de recevoir la communion. Pensez-vous réellement que l'assemblée qui forme le corps du Christ a besoin d'être uniforme dans sa forme ? Heureusement que chaque chrétien conserve son individualité.
D'ailleurs si ça se trouve vos frères chrétiens ou pas qui ne sont pas à la messe ne sont ni debout ni à genoux, ils sont peut être même encore au fond de leur lit à roupiller ^^ Et pourtant c'est pour eux aussi que l'Eucharistie même s'ils ne communient pas physiquement.
Eucharistie soit dit au passage qui est "action de grâce" et donc ne se limite pas à son terme liturgique ni à l'hostie consacrée. Toute la vie devrait être eucharistique en quelque sorte.
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Écrit par : Marie-Do / | 30/05/2020
@ Marie-Do
> L'individualisme moderne se fonde sur une fausse individualité qui vient d'un niveau illusoire de liberté. Il se fonde sur "mes goûts, mes opinions, mes préférences", qui ne sont pas vraiment libres mais dépendent de l'éducation, des contingences et des formatages idéologiques. L'Église nous demande de mettre de côté nos propres choix (le terme grec a donné "hérésie") pour nous aider à échapper aux illusions et à l'influence du monde et nous permettre ainsi de trouver une vraie liberté et d'accéder à notre profonde et vraie individualité de fils de Dieu.
Cela ne nous empêche pas, dans des groupes paroissiaux, de partager et de défendre nos réflexions et nos idées mais en sachant ne pas en être prisonniers, en restant ouverts aux autres et en ayant l'humilité d'obéir à ce que préconise l'Église en définitive.
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Écrit par : Guadet / | 30/05/2020
ASSEZ DE TEXTES POUR SAVOIR QUOI FAIRE
> Bonjour Guadet. Ecoutez, pour tout ce qui touche à la célébration des sacrements, je pense qu'il y a assez de textes de référence dans l'Eglise catholique pour savoir quoi faire et comment. Libre à chacun des les ignorer mais cela constitue une boussole qui devrait précisément éviter aux fidèles de devoir toujours s'adapter aux habitudes locales, pas toujours très heureuses (auto-référentielles disait Benoit XVI).
Pour autant, jamais il ne me viendrait à l'idée de "regarder de travers" tel ou tel fidèle en raison de sa manière de prier. Du reste, je n'ai que très rarement constaté ce type de comportement.
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Écrit par : Thomas / | 30/05/2020
NICÉE CONTRE L'AGENOUILLEMENT
> Juste pour mémoire, puisque le sujet de l'agenouillement est abordé, le concile de Nicée avait prescrit de ne pas s'agenouiller le dimanche et pendant le temps pascal.
La position debout est l’attitude liturgique la plus fondamentale et la plus usuelle dans la célébration de l’Eucharistie, elle est même la règle dans les Eglises d’Orient qui ne connaissent pas de chaises ni de prie-Dieu dans leurs églises (comme c’était aussi semble-t-il le cas dans nos églises et nos cathédrales depuis la primitive Eglise jusqu’à l’époque médiévale).
L’attitude de l’homme debout a un fondement capital fortement souligné déjà par les Pères, comme notamment saint Irénée (IIe siècle) et saint Basile (IVe siècle) : c'est l'attitude de l'homme ressuscité de l’homme relevé, à l’image du Christ auquel nous sommes conformés par le baptême (par lequel, plongés dans la mort et la Résurrection du Christ, nous sommes libérés du péché et de la mort) ; c’est aussi l’attitude des élus au ciel qui "se tiennent debout devant le Trône et devant l’Agneau, en vêtements blancs, avec des palmes à la main" (Apocalypse 7, 9 ; 15, 2).
C’est déjà l’attitude des Juifs célébrant la Pâque, "les reins ceints, les sandales aux pieds et le bâton à la main" (Exode 12, 11).
Le concile de Nicée (325) l’avait prescrit, interdisant de s’agenouiller pendant la Cinquantaine pascale et le jour du Seigneur, la célébration dominicale étant la célébration pascale par excellence puisque c’est la Résurrection que nous célébrons tous les dimanches !
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Écrit par : Michel de Guibert / | 30/05/2020
@ Michel de Guibert:
> Dans notre cathédrale de St Omer, pour faciliter le respect des règles sanitaires les chaises ont été enlevées, ceux qui le souhaitent venant avec leur chaise pliante (j'avais tapé par distraction priante): les couples sont côte à côte, les familles en grappe autour de poussettes, qui peuvent circuler sans craindre de se heurter aux chaises. On n'a pas idée de ce que cela libère la nef de façon impressionnante: toutes ces rangées de chaises de fait, faisaient autant de barres d'obstacle nous éloignant du choeur, de l'autel ; nous ordonnait arbitrairement, et séparait hiérarchiquement les uns des autres. Nous ne pouvions alors bouger que par des déplacement contraints faisant se déplacer toute la rangée: là on se retrouve un seul peuple, comme une mer qui se meut librement jusqu'au bateau où se dresse le Christ.
Liturgiquement parlant, c'est très fort.
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Écrit par : Anne Josnin / | 31/05/2020
@ Anne Josnin
> Intéressante cette initiative de la cathédrale St Omer, qui renoue avec la pratique ancienne et avec celles de nos frères orthodoxes ! Pourquoi ne pas poursuivre dans cette voie ailleurs et au-delà de la période de levée du confinement !
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Écrit par : Michel de Guibert / | 31/05/2020
"RESET" ?
> Merci Michel de Guibert pour cet exposé érudit. Qu'en déduisez-vous ? Faire un "reset" général et s'en tenir à ces textes du IVè siècle ?
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Écrit par : Thomas Mousset | 01/06/2020
à Thomas Mousset
> Des "traditions" du XIXe siècle seraient-elles plus valables aujourd'hui que la tradition fondatrice des premiers siècles ? Alors que la société actuelle est aussi non-chrétienne, voire bien plus, que la société du IVe siècle ? Non-chrétienne voulant dire "à évangéliser", avec ce que cela suppose d'adaptation de nos pratiques à la tâche nouvelle
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Écrit par : Alice Rougerie / | 02/06/2020
@ Michel de Guibert:
> oui, j'ai beaucoup pensé à nos frères orthodoxes!
Merci pour votre développement sur l'homme debout dans l'é(E)glise.
Il y aurait certainement matière à tout un travail passionnant sur ce thème qui touche à notre manière de vivre la liturgie à travers nos corps, de la prostration à la position debout mains levées vers Lui.
M'avait ainsi profondément touchée (c'est le cas de le dire: de la tête aux pieds!), la tradition au Puy de s'allonger sur cette "pierre des fièvres" à l'origine de la cathédrale, pour se décharger de tous les poids de notre vie, nos croix, nos morts, et d'où naitre de nouveau.
Que le Covid nous oblige à repenser notre gestuelle, nos postures, nos manières de paramétrer inconsciemment nos mouvements, déplacements, en fonction des personnes et des objets autour de nous est l'occasion d'évangéliser ces impensés de notre vie, à la fois trop intimes, corps biologique exprimant sa vie intérieure (douleurs, joie..) et interagissant, langage corporel qui nous trahit, et corps social plus ou moins embrigadé, bridé, nos postures le plus souvent en mode automatique ou d'attention très superficielle, toute d'apparence, dictées par des codes collectifs, familiaux, socio-culturels qui selon unifient notre personne ou la déchirent, nous authentifient ou nous falsifient, le corps alors en souffrance muette, ignorée, notre attention nous portant plus vers ce que nous voyons (les autres) que vers notre propre manière d'habiter l'espace.
Or vivre en ressuscité c'est faire de notre corps, intime et ecclésial, par communion au Christ, le lieu où Dieu rejoint le monde. Quand on y pense, c'est proprement vertigineux.
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Écrit par : Anne Josnin / | 02/06/2020
à Thomas Mousset
> Anne Josnin et Alice Rougerie vous ont déjà répondu par leurs justes remarques, mais puisque vous me questionnez sur ce que j'en déduis ?
Soyons debout et ayons une gueule de ressuscités !
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Écrit par : Michel de Guibert / | 02/06/2020
LE TEMPS ET LE LIEU
> Mais il y a aussi de quoi s'asseoir dans les églises orientales !
Chaque rite doit être compris : il dépend donc de la mentalité du temps et du lieu ainsi que des besoins spirituels, il doit faire progresser spirituellement.
Détaché de la progression spirituelle, le rite n'a aucun intérêt.
Or étant donné la vanité de la société occidentale aujourd'hui, l'agenouillement ne fait pas de mal : marquer avec son corps que l'être humain est à genoux et que c'est le sacrifice de Jésus sur la croix qui le relève.
Donc s'agenouiller lors de la consécration oui pourvu qu'on se relève une fois la consécration faite : ça y est, Dieu m'a remis debout.
S'agenouiller lors de la bénédiction c'est-à-dire lorsque Dieu "dit du bien de nous", alors que nous ne le méritons pas (puisque nous sommes pêcheurs au point que le Christ a dû
se sacrifier, et que c'était gratuit de sa part car nous ne le méritons pas mais nous en avions besoin, nuance)
Évidemment avec des messes-youpi et des célébrations-waouh, et des chants "djizeusse is maïe friend", on ne risque pas de comprendre que la messe c'est le renouvellement de manière mystique du sacrifice de Jésus sur la croix, que c'est le moment où des vies sont sauvées....
On ne s'agenouille pas lors du pestacle de fin d'année de l'école maternelle. Alors lorsque la messe y ressemble...
A l'inverse, quand elle ressemble à une assemblée de désespérés jansénistes, on passe tout son temps à genoux et on se demande pourquoi Jésus s'est sacrifié si l'on se comporte toujours comme des pénitents perpétuels...
Bref la question ici serait : qu'est-ce qui me fait progresser ? les besoins du 4e siècle sont-ils ceux d'aujourd'hui ?
Benoît XVI a fait toute une catéchèse sur la prière du corps.
Pour pour le reste, heureux les humbles, voyons ce que dit l'Eglise :
http://www.vatican.va/roman_curia/congregations/ccdds/documents/rc_con_ccdds_doc_20030317_ordinamento-messale_fr.html
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Écrit par : E Levavasseur / | 02/06/2020
LE PASSAGE
> Fut un temps où j'ai fait office de cérémoniaire dans une formation catholique comprenant une petite minorité d'intégristes. Je me souviens de l'opposition de certains lorsque je suggérai de se relever après la consécration pour symboliser le passage de la mort à la vie ressuscitée (comme le préconise par exemple Marie-Noëlle Thabut)...
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Écrit par : PP/ | 03/06/2020
à E. Levavasseur, PP, M. de Guibert
> Un souvenir moi aussi à propos de "jansénistes" comme dit EL. Avant de virer ma cuti j'allais à St-Nicolas du Chardonnet il y a trente-cinq ans : je me souviens de militants à genoux sur les dalles très longtemps, "les mains liées et la face meurtrie" comme disait un de leurs Cantiques De Toujours. Je savais que dehors ils propageaient,au nom de "la Chrétienté", des idées féroces sans se rendre compte de leur incompatibilité avec l'Evangile. Alors, les postures physiques pieuses...
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Écrit par : Joseph Bexon / | 03/06/2020
TROIS ENNEMIS DU SAINT-ESPRIT
> Tous ceux, souvent des tradi-intégristes, qui s'exhibent à genoux, les mains liées et la face meurtrie… comme je le lis dans ce fil de commentaires, me semblent menacés par "les trois ennemis du don", et notamment du don de l'Esprit, présentés dimanche par le pape François – à savoir, "le narcissisme, la victimisation et le pessimisme" ; ou en d'autres termes, également employés par le Saint-Père, "le dieu-miroir, le dieu-lamentation et le dieu-négativité".
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Écrit par : Denis / | 03/06/2020
DISCERNEMENTS
> Ni martyfouetteurs sinistres,
Ni exaltés qui tortillent du cul sur des rites niveau Chantal Goya ou pleurnichent sur des chants d'adoration à la Céline Dion (et finissent par prendre leur émotion pour un mouvement du Saint-Esprit ; croit-on leur rendre service en permettant cela ?),
Ni recherche bourgeoise du catholique mainstream de chants et rites pas trop exigeants qui confortent son désir de tranquillité tiédasse (à l'opposé de l'exalté qui cherche tellement à être bousculé qu'il rejette le silence et déclare dépité "je ne vais pas à la messe ici, il ne se passe rien")
Rien de tout ça.
Je pense qu'il doit y avoir une juste méfiance envers soi-même et j'insiste sur le "juste".
Cela permet de ne pas se rechercher soi-même à la messe, de ne pas avoir un dieu à son image mais à l'inverse de chercher à être à l'image de Dieu.
Le copiage servile de ce que font les évangéliques est une mauvaise idée, cela mène à une confusion psycho-sprituelle et à prendre l'agitation pour de l'action.
Beaucoup de prêtres cherchent à plaire (et du coup sont tournés vers l'humain, ils font de la communication en croyant faire de l'évangélisation) pour remplir leur église mais j'en vois peu se préoccuper de faire des nouveaux venus des chrétiens.
Aucune formation, aucun caté pour adulte... qui sont pourtant des dûs !
Et pourtant n'est-il pas dit dans les Évangiles: "Allez ENSEIGNER (...)" ?
Dans le meilleur des cas, on organisera des adorations... oui mais sans formation chrétienne ? Même les apôtres demandent qu'on leur apprennent à prier !
Très souvent l'évangélisation se résume à vouloir montrer que "les cathos sont sympas".
En prétendant évangéliser, on organise beaucoup de choses qui reposent sur le bruit, le nombre, le sentiment, sur la séduction psychologique, le jeunisme, l'américanisation
(apparemment un vrai "catho" est anglophone) : beaucoup d'agitation.
Mais on voit que ce qui devrait être le pilier de l'évangélisation, l'enseignement diocésain, par lequel passent des dizaines de milliers d'enfants chaque année, ne se préoccupe guère d'évangéliser.
Il ne se préoccupe de son appartenance à l'Église que lorsqu'il s'agit de demander des quêtes lors des messes.
On est libre d'entrer ou non dans une église et dans cette église le prêtre ne propose pas de dire la messe: il la dit. Point.
Il ne fallait pas entrer si on ne supporte pas de voir des choses catholiques !
Dans une école catholique ça doit être pareil : il y a du caté, c'est légalement son "caractère propre" et le sachant, on est libre ou non d'y inscrire ses enfants.
On n'inscrit pas son enfant dans un club de foot pour ensuite s'étonner que jouer au foot y soit obligatoire.
Proposer n'est pas suffisant.
C'est dans les écoles publiques que le catéchisme est proposé (c'est normal puisque justement elle est laïque; mais l'école catholique, elle n'est PAS laïque, elle est CATHOLIQUE : ca fait légalement partie du "caractère propre": ce n'est donc pas seulement "proposé" mais fait partie des matières enseignées.
La proposition, c'est avant.
Et cela rien de contradictoire avec la liberté de conscience puisqu'on y entre ou non librement en connaissance de cause.
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Écrit par : E Levavasseur / | 03/06/2020
@ E. Levavasseur
> "Chaque rite doit être compris : il dépend donc de la mentalité du temps et du lieu ainsi que des besoins spirituels, il doit faire progresser spirituellement.
Détaché de la progression spirituelle, le rite n'a aucun intérêt.", écrivez-vous.
Je ne suis pas sûr que ce soit la bonne manière de "comprendre" les choses.
Avant d'être "compris", un rite doit d'abord nous faire entrer dans le mystère qui est célébré, c'est le caractère "mystagogique" de la liturgie.
Y entrer ne veut pas dire "comprendre" ni en faire le tour !
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Écrit par : Michel de Guibert / | 03/06/2020
à Michel de Guibert
> je ne comprends pas votre position sur les rites. Selon moi, un rite doit être compris, sinon il n'a pas de sens. Si je fais le signe de la croix, c'est pour me rappeler que c'est par sa mort sur la croix que le Christ m'a donné gratuitement le salut. Il n'est pas certain que les tous premiers chrétiens faisaient le signe de la croix, mais depuis des siècles, des millions de chrétiens l'ont fait, et ce rite-là n'a pas besoin de changer car il dit toujours quelque chose qui parle aux hommes. Encenser l'autel est un rite qui demande plus d'explication pour être compris, et personnellement, ayant des problèmes respiratoires, je suis soulagée qu'il ne soit plus utilisé qu'avec parcimonie. Il est quand même fâcheux de devoir quitter l'assemblée chrétienne parce que l'on ne supporte pas la fumée d'encens (et la fumée tout court d'ailleurs).
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Écrit par : Bernadette / | 04/06/2020
à Bernadette
> C'est sans doute une question de mots... Je ne voulais sûrement pas dire que les rites ne devaient pas avoir de sens, je voulais dire que cette "compréhension" des rites n'était pas qu'intellectuelle.
Pour reprendre vos exemples, le signe de croix "parle" immédiatement à tout chrétien et nous "marque" corporellement.
L'encensement, même si vous ne supportez pas la fumée (encore qu'il y a des encens de meilleure qualité que d'autres et qui n'irritent pas les bronches !), a un sens "qui parle aux sens" et qui est parfaitement exprimé dans la prière du lucernaire : "Que ma prière vers toi, Seigneur, s'élève comme l'encens, et mes mains devant toi, comme l'offrande du soir".
Bien sûr il n'est pas interdit d'expliciter cela ensuite dans une démarche catéchétique, mais ce qui est insupportable c'est le discours performatif et explicatif au cours même de la liturgie, qui n'a pas vocation à être bavarde mais mystagogique.
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Écrit par : Michel de Guibert / | 05/06/2020
ÊTRE RELEVÉ
> Le comble c'est de célébrer le Dieu des vivants, le Dieu incarné avec des têtes de jansénistes "les mains liées et la face meurtrie" !!! C'est ce que Maurice Bellet appelait le "Dieu pervers" (Titre d'un de ses livres que je conseille à tous) sur le radical renversement du Nouveau Testament.
Merci à Michel pour son argumentation sur la position liturgique. Que l'on soit debout ou que l'on se relève après la consécration, je trouve très beau et tellement important qu'on se souvienne et vive "corporellement" le sens pascal à ce moment : être relevé, être soulevé.
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Écrit par : Marie-Do / | 08/06/2020
LA TÊTE
> Merci pour ces échanges bien vivants :
Je suis à genoux, mon voisin debout, ou bien l’inverse…
Si j’y vois la controverse, cela n’aura ni queue ni tête
Voulant faire Corps, si on perd de vue la Tête
Nos pieds de nez nous mettront à coup sûr au tapis.
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Écrit par : Jacques / | 25/06/2020
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