23/05/2020
À quoi sert le coronavirus [1] : nouvelle offensive du lobby des cartes bancaires pour évincer les espèces
Des commerçants français invoquent des “raisons sanitaires” pour refuser les paiements en espèce. Explication : le Groupement des cartes bancaires leur répète avec insistance que les billets et pièces sont dangereux. Moyen d'aggraver la pression bancaire déjà ancienne pour évincer les espèces, quitte à braver la loi :
Tout le monde a vu sur des vitrines l'affichette "CB uniquement". Beaucoup ont dénoncé cette pratique auprès de 60 Millions de consommateurs, qui partage leur indignation. En effet, refuser les espèces est : 1. réprimé par le Code pénal, 2. discriminatoire envers les "populations les plus vulnérables" n'ayant pas accès aux outils informatiques !
Ce rappel sévère de la Direction de la consommation vient d'être adressé aux grandes enseignes comme aux petits commerçants. La plupart des enseignes ont alors battu en retraite, mais pas toutes... Si Castorama ou Bricomarché, par exemple, plaident maintenant "l'erreur de communication" et disent que "tous les types de paiement sont acceptés" [1}, la chaîne de fast-food Burger King France maintient sa consigne : "Paiement par carte bancaire ou sans contact uniquement"'. Défiant ainsi la Direction de la consommation, la Banque de France et le Défenseur des droits...
Burger King – et les autres enseignes précédemment – invoquent, ou invoquaient, "la sécurité de nos équipiers et de nos clients". Explication : selon l'enquête de la Fedesfi (Fédération des entreprises de la sécurité financière), depuis deux mois le Groupement des cartes bancaires [2] a entrepris de persuader le commerce que le paiement en espèces propage la pandémie. Cette rumeur ne repose sur aucun rapport scientifique, constate la Banque de France : "Utiliser des billets ne présente pas de risques particuliers d'infection", précise-t-elle aux radios. Les épidémiologistes ajoutent que le risque de contamination au magasin est moins dans l'acte de payer que dans celui de manier les produits (aux rayons et aux caisses).
Le lobby des cartes bancaires ne fait en l'occurrence que "profiter du contexte sanitaire" pour relancer sa pression, indique aux radios le délégué général de la Fedesfi. Il explique : "C'est encore et toujours la guerre entre le cash et la carte bancaire..." Évincer les espèces des achats quotidiens est en effet l'objectif des banques depuis la dffusion des moyens de paiement quasi-dématérialisés ; cela au mépris de la catégorie de population qui reste étrangère (ou réfractaire) à tel ou tel de ces moyens – par exemple les 5 % des Français ne possédant pas de carte bancaire. Le mépris du lobby envers ces derniers contrevient à l'égalité constitutionnelle de tous dans l'accès aux achats de première nécessité...
On est ainsi devant un nouvel exemple de deux caractéristiques du système ultralibéral : 1. il est monté en puissance – avec la longue complicité des pouvoirs publics – au point de défier maintenant ces mêmes pouvoirs publics jusque dans les domaines régaliens (la monnaie) ; 2. sa redoutable plasticité lui permet de profiter de tout (y compris des dégâts provoqués directement ou indirectement par lui) pour étendre encore son emprise. Comme le dit l'appel du CERAS (note ici du 21/05), "les chantres d'un néolibéralisme et d’une mondialisation dérégulée ne semblent pas prêts à laisser les rênes du pouvoir..." C'est le moins qu'on puisse dire.
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[1] Mais comme toutes les franchises composant le groupement des Mousquetaires, chaque point de vente Bricomarché est relativement libre envers les orientations nationales élaborées au "Parc de Tréville" (centre de régulation du groupement, à Bondoufle dans l'Essonne).
[2] Pôle d'intérêt économique privé réunissant les principales banques françaises.
Et ce commerçant français nous parle en globish : "CB only, no cash".
Fuck yourself !
12:29 Publié dans Economie- financegestion, Société | Lien permanent | Commentaires (12) | Tags : coronavirus, crise
Commentaires
UN RÉVÉLATEUR DES MÉFAITS DU CAPITALISME
> "les chantres d'un néolibéralisme et d’une mondialisation dérégulée ne semblent pas prêts à laisser les rênes du pouvoir..."
Sans aucun doute, mais, d'un autre côté, on peut dire que la crise du Covid-19 aura servi de révélateur aux populations sur les méfaits du capitalisme. Les honnêtes gens ont désormais compris quelle était la cause principale de nos malheurs, et que, si on ne fait rien, l'homme disparaîtra.
A long terme, les chantres du néo-libéralisme sont objectivement perdants : déjà, ils sont considérés comme les représentants d'une idéologie économique désastreuse et honteuse, avant de finalement passer pour ce qu'ils sont : des assassins.
On assistait, avant même l'épidémie, à un regain du vote écologiste en Europe, et en France même dans les plus grandes villes. Cette tendance va s'accentuer, comme une réponse donnée par le peuple. L'encyclique "Laudato si'" aura vraiment été un texte à la pointe du monde actuel.
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Écrit par : Bégand / | 23/05/2020
LEURS ESCLAVES
> Ceci n'est guère étonnant, le paiement par carte bancaire générant de l'argent pour les banques, peu à chaque fois, mais les petits ruisseaux font les grandes rivières.
D'ici à ce que les banques persuadent les Etats que le tout numérique évitera les vols et filouteries en tout genre, empêchera le contribuable de dissimuler des valeurs, etc.. Et puis, frapper monnaie ou imprimer des billets, cela coûte, vous devez économiser...
Evidemment que s'ils disaient directement aux dirigeants "être nos esclaves sera extrêmement sécurisant pour vous et extrêmement profitable pour nous", il y aurait un sursaut, alors on y va petit à petit, on grignote, en profitant de toutes les circonstances.
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Écrit par : Bernadette / | 23/05/2020
LE NOM DE LA BÊTE
> Je ne sais pas s'il y a un vrai rapport, mais immanquablement je pense à ce passage de l'Apocalypse 13:16-17
"- Et elle (la bête)fit que tous, petits et grands, riches et pauvres, libres et esclaves, reçussent une marque sur leur main droite ou sur leur front, et que personne ne pût acheter ni vendre, sans avoir la marque, le nom de la bête ou le nombre de son nom".
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Écrit par : Fernand Naudin / | 23/05/2020
DISTRIBUTEURS VIDES
> Ajoutons à cela un constat (je ne sais s'il ne vaut que pour le quartier de Paris où j'habite) : les distributeurs de billets semblent vides en ce moment.
Si nous subissons en ce moment les effets d'une épidémie, rien ne dit qu'à l'avenir nous ne devrions pas subir ceux d'une vaste panne de tous les systèmes prétendument dématérialisés. Les zélateurs (devrais-je dire les zélotes ?) de ces systèmes en seront pour leurs frais, et nous avec.
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Écrit par : Sven Laval / | 23/05/2020
LA CPAM
> Sans rapport avec l'épidémie : mais il se trouve que je dois de l'argent à la CPAM, or que me demande-t-on ? de choisir entre 2 variantes de virement par internet, comme si tout le monde avait un ordinateur et un abonnement à internet...
Pr T.
[ PP à Pr T. – Cette connivence de fait entre les pouvoirs publics et le commerce privé (multinationales), avec obligation pour l'assujetti d'acheter cet équipement au privé pour remplir ses devoirs de citoyen, est une violation des droits constitutionnels. Mais qui donc le sent encore ? Et y a-t-il encore des citoyens dans la foule des consommateurs ?
Quant à la connivence de la classe politico-administrative avec le business, c'est le péché originel de la République. Comme l'écrivait déjà l'ex-Montagnard Barère en 1825 dans une note sur les livres de Thiers et Mignet : "Ce qui a perdu la République, c'est l'avidité des réformateurs qui se sont précipités vers les titres et les richesses... Ces hommes cupides et vaniteux, ces bourgeois aristocrates, ces parvenus d'une époque ont paru à la nation n'avoir entrepris la révolution que pour leur intérêt personnel..." Barère savait de quoi il parlait : les "bourgeois aristocrates" de la Plaine l'avaient proscrit sous Thermidor.]
réponse au commentaire
Écrit par : Pr Tournesol / | 23/05/2020
ADVERSAIRE ONTOLOGIQUE
> Un pas de plus dans la vampirisation de nos vies... ce turbo-capitalisme n'en a jamais assez, et il n'en aura jamais assez.
La "chose" exige tous les fruits de la terre et tous les fruits de notre labeur, mais au-delà du plan matériel, elle est l'adversaire ontologique de tout esprit et de toute vie.
Il n'est que d'observer ce que sont aujourd'hui concrètement le monde du travail, le monde de l'éducation, le monde du soin, le monde agricole, etc.
Je mets au compte de cette machinerie sans foi ni loi l'affaissement moral et le spectacle affligeant que nous livrent ceux qui devraient au contraire inspirer le respect par leurs compétences et leur probité, et qui suscitent en moi, les bons jours de l'hilarité (le grand cirque Barnum), et, les jours où la coupe est trop pleine, de la nausée (la «messe noire»).
Le "monde d'après" risque fort de ressembler au temps des catacombes.
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Écrit par : Jean-Christophe / | 24/05/2020
REFUS D'ESPÈCES
> Ne possédant pas de carte de crédit, je règle tous mes achats en espèces, faisant usage des pièces jusqu'à celles cuivrées de un, deux et cinq centimes. Beaucoup de restaurants les refusent depuis plusieurs années : il y a quelques mois, je dus expliquer à un serveur qui refusait tout règlement au moyen de ces pièces qu'elles avaient cours légal dans la zone euro et que ce refus était contraire à la loi. Cet argument ne fut d'aucune utilité : je dus payer au moyen d'un billet alors que je n'en avais pas l'intention.
En Chine, les espèces ont disparu depuis cinq ans : on paye via son téléphone mobile. Au pays du marxisme teinté de pensée Mao, des hommes d'affaires (Jack Ma) sont devenus milliardaires grâce à ce juteux marché des porte-monnaie virtuels.
Soyons assez avisés de n'enrichir ni ces princes rouges ni les Visa et autres MasterCard américaines, en commençant par proposer de plus belles illustrations aux billets de la BCE !
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Écrit par : Philippe de Visieux / | 24/05/2020
PAS D'ACHAT LÀ
> Pas plus tard qu'hier, j'ai fait demi-tour devant un géant du bricolage qui m'imposait ce mode de paiement. De plus, il instaure des mesures de sécurité totalement délirantes pour jouer à la "multinationale citoyenne" qui ajoute de l'angoisse et de la paranoïa dans une (di)société où nous sommes déjà des "handicapés du lien" (formule d'Alain Damasio).
Je différerai donc cet achat et l'orienterai vers un commerçant indépendant qui me permettra d'effectuer mon paiement avec de la vraie monnaie et qui ne fuit pas l'impôt par divers subterfuges, quitte à payer un peu plus cher l'article en question.
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Écrit par : Raphaël R. / | 24/05/2020
@ Fernand
> Je pense aussi au chiffre de la Bête quand nous sommes, pour commencer, un numéro Insee. Ensuite viennent nos numéros d'allocataire à la Caf, à la retraite, à Pôle Emploi, aux numéros des Chambres de commerce, d'artisanat, d'agriculture. Mon numéro de ticket d'attente dans la file. Aussi nos numéros de clients: comptes bancaires, abonnements électricité, gaz, eau, assurance, téléphonie. Mon numéro de facture. Mon numéro de téléphone fixe, du portable; et encore à nos identifiants et mots de passe sur internet et mon adresse IP. Ma plaque minéralogique. Ma carte bancaire. Et j'en oublie. Me demande d'ailleurs si 666 n'exprime pas cette multitude.
Plein les mains et plein la tête, tout le temps et partout.
Ben sans tout ça je ne peux ni acheter, ni vendre, ni travailler.
Ne reste que le numéro du clown qui fait sourire; bon, pas de bol celui-ci n'est pas très joyeux:
https://www.youtube.com/watch?v=4_ocaBSrmWI
"D´une petite voix comme
il n´en avait jamais eue
il parle de l´amour
de la joie, sans être cru"
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Écrit par : Yvan / | 24/05/2020
LE POINT DE VUE D'UN SALARIé DU 'G.I.E. C.B.'
> Bonjour Patrice,
Afin d'éviter les vaines polémiques qui se concentrent sur Facebook, je viens poster ici.
Pour vous dire les choses clairement, je suis salarié du GIE Cartes Bancaires. Cette institution fut créée en 1984 lorsque les banques étaient nationalisées. L'objectif était de créer une entité capable de fédérer toutes les banques françaises pour créer ce qu'on appelle l'interbancarité. Ce GIE dispose d'un budget voté chaque année. Le budget affectée à la com et au marketing est quasi nul. Quelques campagnes de pubs sont financées exceptionnellement par les banques. Notamment celle sur le sans-contact.
Il y a quelques années, un règlement européen a été mis en place. Ce règlement stipule que le porteur doit avoir le choix de la marque au point de vente. Evidemment, pour tout connaisseur du marché de la carte, on voit là l'oeuvre du lobbying des géants du secteur : les américains Visa et MasterCard, qui, loin de leur statut associatif initial sont aujourd'hui cotés en bourse à NewYork.
Les commerçants français jouent donc le jeu du GIE CB aujourd'hui. L'objectif n'est pas forcément de tuer le cash qui n'est plus vraiment un concurrent, pas plus que le chèque. L'objectif pour les commerçants est que ce choix de la marque soit CB (notion de marque préférée du commerçant) ... Une histoire de commission beaucoup moins importante : 8 fois moins chez les français de CB ... Et combien lorsque CB aura disparu et qu'on sera soumis au duopole américain ?
Je pourrais approfondir chaque point et chaque invective des commentateurs pourraient faire l'objet d'une réponse.
Mais posons déjà cela là comme préalable.
La campagne n'a donc pas vocation à détruire les espèces mais à faire connaître timidement une marque en concurrence avec les géants du paiement internationaux.
A dispo pour approfondir chaque aspect de message, notamment la partie règlementaire.
B.C
[ PP à BC – Refaire en "national" ce que fait le système au niveau "global" peut viser à s'émanciper de la tutelle US ; je comprends l'argument. Mais si le résultat (à terme) est d'enfermer les gens dans le tout-virtuel, cette forme inédite de patriotisme ne répond pas à l'objection des anti-virtualistes.
- D'autre part, répandre une information médicalement infondée n'est pas une méthode louable... ]
réponse au commentaire
Écrit par : B.C / | 25/05/2020
¨POURTANT JE VIS TRÈS BIEN
> La quasi totalité de nos données personnelles sont désormais gérées par des services made in USA. Pour rappel Visa europe a été racheté une bouchée de pains par Visa Inc :
https://www.lesechos.fr/2015/11/pourquoi-les-banques-europeennes-vendent-visa-europe-a-visa-inc-279598
Nos données de santé sont désormais hébergées chez Microsoft Azure.
https://interhop.org/le-gouvernement-contraint-les-hopitaux-a-abandonner-vos-donnees-chez-microsoft/
La vaseline qui permet de faire oublier l'essentiel à la population c'est le fameux "vous n'avez rien à cacher". C'est le cheval de troyes qui permet de mettre à terre notre vie privée. Le Coronavirus va être l'accélérateur, notamment avec les applis de traçage.
Certes toutes ces giga-boites américaines rendent des services qui semblent remarquablement bien faits (mais à quel prix ? avec des optimisations fiscales pour payer le moins d'impôts possible, même aux USA !). Il revient désormais à chacun d'entre nous d'examiner nos propres pratiques. En quelque sorte, il faut arrêter les drogues dures que sont tous ces services que l'on imagine gratuits et qui se payent grassement sur nos vies privées.
Parce que les solutions alternatives existent. Parce que il y a toujours des solutions alternatives pour partager des photos ou pour partager des éléments de sa vie privée.
J'analyse l'usage de tous ces services par les individus, les entreprises et l'Etat comme un véritable suicide économique collectif.
Alors oui, changer demande un effort. Et c'est là dessus que ces mégas entreprises comptent: l'homme cherche la solution qui va lui éviter de mettre les mains dans le cambouis ou de faire un effort.
Perso, à mon niveau, j'essaye de faire au mieux en essayant de consommer bio le plus possible :
- mageia linux et debian sur mes ordinateurs
- firefox avec ses extensions µBlock et Privacy Badger
- sailfish OS sur mon smartphone (oui faut reflasher le smartphone, mais il y a aussi Lineage OS ou mieux encore la efoundation (/e/).
- framasoft pour certains services comme nextcloud
- la mère zaclys bientôt pour le mail et le cloud pour une partie de mon activité.
- pas de compte google - donc pas de gmail - pas de compte facebook pas de compte instagram, pas de compte linkdin, pas de compte whatsapp (en revanche j'utilise Signal), pas de compte Yahoo ou Hotmail. Pas de compte Dropbox.
Et pourtant je vis très bien et je n'ai vraiment pas l'impression d'être déconnecté de quoique ce soit.
Et en lecture pour approfondir, je suggère "l'Homme nu" de Marc Dugain et Christophe Labbé. Bien entendu, nous éviterons de l'acheter chez Amazon ;-)
Malheureusement pour nos données de paiement c'est désormais mort sauf à ce qu'un nouveau système apparaisse. Nous ne sommes pas partis pour :-(
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Écrit par : Pierre O. / | 25/05/2020
"USAGE MODÉRÉ"
> Croyez moi, ce qui se fait au niveau national est sans commune mesure avec ce qui se fait au niveau mondial/US. En France, il y a la CNIL, et l'idée de protection des données.
Je ne connais pas le combat des antivirtualistes ... Mais je crois qu'entre les délire d'Elon Musk et le retour au village gaulois, on peut se prendre à rêver d'un usage modéré de la technologie.
Sur le sujet du cash et de l'augmentation du plafond Sans-Contact à 50 €, il faut bien se dire que certains rêvent d'un plafond à 100 € depuis longtemps avant le COVID et que CB s'est fait l'avocat d'une augmentation progressive de ce montant pour des questions de sécurité.
Quant à l'histoire de la transmission du virus via le cash ... Aujourd'hui la BdF dit que ce n'est pas risqué, mais hier, tout le monde craignait que ce soit un vecteur privilégié ... Il faut voir où les français rangent leur cash ... Les caissières qui survivent en parleraient mieux que moi.
La médecine n'est pas une science exacte ...L’épidémiologie non plus.
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Écrit par : B.C / | 27/05/2020
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