29/04/2020
Messes encore retardées : la position réelle de l'épiscopat
Après l'annonce d'Edouard Philippe, déclaration officielle et directives de la CEF aux catholiques frustrés d'eucharistie. C'est un autre son de cloche – évidemment – que celui des sites ultras... qui rêvent, quant à eux, de remettre le religieux au service de tensions partisanes (ce dont ils avaient été seuls bénéficiaires en 2013) :
Déclaration de la CEF
<< Le Premier ministre a annoncé ce 28 avril 2020 que les célébrations avec assemblées ne pourraient reprendre qu’à partir du 2 juin, même si les lieux de cultes pourraient rester ouverts comme ils le sont aujourd’hui ; que la liturgie des obsèques pourrait toujours être célébrée, tant dans les églises que dans les cimetières, en limitant le nombre de participants à 20.
Le Conseil permanent de la Conférence des évêques de France, au nom de tous les évêques, prend acte avec regret de cette date qui est imposée aux catholiques et à toutes les religions de notre pays. Nous partageons le souci du gouvernement de limiter au maximum la circulation de l’épidémie, mais nous voyons mal que la pratique ordinaire de la messe favorise la propagation du virus et gène le respect des gestes barrières plus que bien des activités qui reprendront bientôt. La dimension spirituelle et religieuse de l’être humain contribue, nous en sommes persuadés, à la paix des cœurs, à la force dans l’épreuve, à la fraternité entre les personnes, et à toute la vie sociale. La liberté de culte est un élément constitutif de la vie démocratique. C’est pourquoi les évêques souhaitent rencontrer les pouvoirs publics, nationaux ou locaux, pour préparer la reprise effective du culte.
Les catholiques ont respecté et respecteront les consignes du gouvernement. Le Conseil permanent des évêques de France encourage vivement les familles qui seraient frappées par un deuil à ne pas renoncer aux obsèques religieuses, même si tous les membres de leur famille ne peuvent pas se réunir. Il encourage aussi les fidèles à se rendre dans les églises pour y prier individuellement ; il recommande aux diocèses et aux paroisses de continuer à proposer les moyens nécessaires à leur vie de foi. L’Eglise de France évaluera par ailleurs comment ce cadre nouveau permet la reprise de certaines activités caritatives étant données les situations de précarité dont elle est témoin.
La fête de la Pentecôte devrait marquer, sauf reprise de l’épidémie, la fin du confinement sévère en matière de vie liturgique et sacramentelle. Le Conseil permanent des évêques de France invite les catholiques à vivre le mois de mai comme un mois « au Cénacle » dans une prière instante pour le don de l’Esprit Saint, et comme un mois marial. >>
Mgr Éric de Moulins-Beaufort, archevêque de Reims, Président de la CEF,
Mgr Dominique Blanchet, évêque de Belfort-Montbéliard, vice-président de la CEF,
Mgr Olivier Leborgne, évêque d’Amiens, vice-président de la CEF,
Mgr Michel Aupetit, archevêque de Paris,
Mgr Jean-Pierre Batut, évêque de Blois,
Mgr Jean-Marc Eychenne, évêque de Pamiers,
Mgr Dominique Lebrun, archevêque de Rouen,
Mgr Philippe Mousset, évêque de Périgueux,
Mgr Matthieu Rougé, évêque de Nanterre,
Mgr Pascal Wintzer, archevêque de Poitiers.
Mon commentaire
► Une divergence de ton et de contenu oppose cette directive de la CEF à l’une des déclarations personnelles d’évêques montées en épingle, depuis hier, par des sites d’ultradroite avides de remettre le religieux au service d’une partisanerie politique (comme en 2013).
La déclaration en question est celle de l’évêque de Nanterre : cosignataire de la directive de la CEF, il se livre néanmoins sur KTO à une mise en cause publique du for intérieur du président de la République [*]. Chose déconcertante de la part d’un prêtre ! D’autant qu’accuser de “tropisme anticatholique” M. Macron ne tient pas compte de son discours d’hommage au P. Hamel en 2017…
Le problème est ailleurs. Si le macronisme a contredit le catholicisme depuis trois ans, c’est dans un domaine objectif avéré : sa politique socio-économique aux antipodes de Laudato Si’.
[*] Je le dis d’autant plus librement que notre blog combat la politique de M. Macron ! Mais il le fait pour des raisons objectives, de nature socio-économique, que ne peuvent évidemment partager les milieux libéraux-conservateurs. Même les membres catholiques de ces milieux sont d’accord – au fond – avec le néolibéralisme du pouvoir actuel. Forcés néanmoins (par droitisme) de tenir une posture anti-macronienne, ils la nourrissent de fake news et de procès d’intentions métaphysiques.
13:22 Publié dans Eglises, Macron | Lien permanent | Commentaires (40) | Tags : confinement, catholiques
Commentaires
PAS RÉALISTES
> Le retour à la messe dès le 17 mai n'était pas réaliste et ne tient pas la route (même avec les conditions proposées par les évêques).
La comparaison avec les commerces repose le plus souvent sur une vision des commerces d'avant crise, mais tous les services qui ouvrent vont rouvrir dans des conditions nouvelles et infiniment plus complexes. Beaucoup de services et de commerces vont faire essentiellement du drive ; bien souvent, tout ce qu'auront touché les clients sera mis en quarantaine, pendant une durée variable suivant le matériau. Le séjour long (au-delà de quelques minutes) sera le plus souvent proscrit, ce qui exclut d'emblée les pratiques de type messe ou autres offices.
Dans ces conditions, lors de la première phase, tout ce qu'on pourrait envisager c'est la mise en place de "drives" de confession à l'américaine, éventuellement associées à la distribution de la communion hors de la messe. Ou bien des messes sur parking, les fidèles dans leur voiture... Bref, rien de bien idéal.
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Écrit par : Edel / | 29/04/2020
LA QUASI-TOTALITÉ
> De la même façon, j'ai été un peu déçu par l'intervention de Mgr Aupetit sur RND, ce matin. Déplorant les "lacunes en matière d'anthropologie" (ou une expression de ce genre) des dirigeants politiques et administratifs, il ne semblait pas se rendre compte que c'est la quasi-totalité de la population française qui les a, ces lacunes... Pour la majeure partie de nos contemporains, le catholicisme est un "boulet", héritage du passé dont on n'aurait que des avantages à se débarrasser... alors arrêtons de revendiquer la reprise de "nos" messes, de "nos" célébrations...
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Écrit par : Feld / | 29/04/2020
PLÂTRIERS DE MENSONGES
> Le gouvernement n'est ni crédible, ni sincère: il s'obstine sur l'affaire des masques à la manière d'un adolescent buté qui s'arc-boute sur un mensonge contre toute évidence. Du coup, cette affaire des masques (qui met en cause directement Mme Touraine,ancienne ministre de la santé, et M.Salomon qui égraine chaque soir à 19h les chiffres) lui colle à la peau, comme le sparadrap du capitaine Haddock dans "l'affaire Tournesol".
La crise a été l'occasion pour les pro-avortements de "gagner" deux semaines de plus dans l'autorisation des avortements, et aux partisans de l'euthanasie de permettre la prescription par les médecins de ville d'un médicament euthanasique (on est loin de toutes les précautions de langage qui nous assuraient - les yeux dans les yeux - que toute décision d'euthanasie serait toujours prise sur la base d'une concertation à plusieurs etc...).
On peut légitimement, sans être tout de suite taxé de "complotisme", soupçonner ce gouvernement quant à sa décision de retarder la reprise de la vie liturgique de l'Eglise.
Et de plus, je le soupçonne d'avoir attendu la fin du Ramadan, dont on sait que dans les territoires perdus de la République il peut être difficile à faire respecter à supposer que les autorités aient même l'intention de faire respecter les lois de la République une et indivisible... "Plâtriers de mensonges" comme disait Job à ses "amis" (TOB, livre de Job, chap 13, verset 4).
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Écrit par : B.H. / | 29/04/2020
CONTRADICTION
> Il n'y a pas contradiction de fond entre la position de la CEF, qui est de froid formalisme institutionnel et les réactions de plusieurs évêques, dont deux signataires du communiqué, exprimant simplement leur sentiment avec leur franc-parler.
J'avoue préférer le second style.
Sur le tropisme du régime, l'équipe dirigeante n'est pas spécialement anticatholique, simplement, comme l'a noté Mgr Aupetit « leur anthropologie c’est zéro ! ». « Qu’est-ce que l’homme et fondamentalement, qu’est-ce que l’humanité, ils ne savent pas du tout, c’est ça le grand vide ».
PFH
[ PP à PFH – Pas du tout d'accord avec vous poiur dire que le communiqué de la CEF est du "froid formalisme institutionnel". C'est un texte nuancé mais très clair et comportant des directives pleines de sens, et de bon sens, sans laisser la moindre ouverture aux récupérateurs politisés des groupes ultras. Ce qui n'est pas le cas de la déclaration de l'évêque de Nanterre, dont se gargarisent les sites en question pour tenter de rallumer un esprit de guerre civile. Seul évêque à avoir employé une formule outrancière, Mgr Rougé a fait un faux pas hors de sa pondération ; ce qu'il a dit est récupérable par les agitateurs, alors que la déclaration de la CEF (solidement argumentée) ne l'est pas. Il y a donc contradiction sur le fond. ]
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Écrit par : PF. Huet / | 29/04/2020
MESSES ET PROPHYLAXIE
> Les catholiques sont majoritairement de nos jours des personnes âgées. Donc celles qui ont le plus à craindre de la pandémie. Les églises sont-elles en mesure d'assurer des mesures d'hygiène fortes : savons à l'entrée, sols, chaises et bancs nettoyés correctement et régulièrement ? Quid des bénitiers, des missels ?. Marquages pour la distanciation, etc ... Je n'ai rien lu à ce sujet !!!
JCK
[ PP à JCK – Rien dans la déclaration de la CEF, puisqu'elle n'envisage pas de passer outre au maintien du confinement. Mais rien non plus chez les ultras, qui prêchent la rébellion et les messes clandestines... (au risque d'attirer une fureur de l'opinion publique contre le catholicisme). ]
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Écrit par : J C Kill / | 29/04/2020
DISCUSSION
> Pour une fois je pense M de Plunkett que vous ne vous êtes pas assez renseigné mais plusieurs évêques ont réagis sur le même ton que Mgr Rougé... dont Mgr Ginoux qui s'était illustré dans sa défense des gilets jaunes et qui appel par Twitter quasiment à la désobéissance civile "# Culte public interdit = cas de conscience.On ne peut pas priver nos fidèles de la nourriture essentielle qu'est la grâce sacramentelle.Donc nous les nourrirons.". L'incompréhension de ce refus de reprendre les messes dépasse largement l'ultra droite. Dans ma petite paroisse de campagne les gens sont clairement dans l'incompréhension. Je cite Mgr Le Gall qui me semble assez clair et qui n'est pas réputé être "d'ultra droite" "Cette interdiction prolongée du culte va entamer gravement notre confiance en ceux qui nous dirigent" (Site Famille Chrétienne.) Le curé de notre paroisse (lui non plus pas spécialement aficionados des sites que vous évoqué) me confirme que l’évêque de notre diocèse est très remonté. Je ne sais pas comment fonctionne la CEF mais apparemment il y a une dichotomie certaines entre ses déclarations et les évêques pris individuellement... Il me semble que rappeler à nos dirigeants que l'homme ne vie pas seulement de pain mais à aussi des besoins spirituels et fraternels est un devoir de salubrité et va parfaitement dans le sens de Laudato Si.
RR
[ PP à RR – Non, cher ami. La question n'est pas de déplorer ou non la décision gouvernementale. Elle est de savoir si un évêque a le droit d'incriminer en public le for intérieur de quelqu'un (président ou non). Relisez Mgr Ginoux, Mgr Le Gall ou Mgr Aillet : aucun ne dit ce qu'a dit Mgr Rougé, sur le fond ni sur la forme (ultra-violente chez l'évêque de Nanterre : il use-là d'un vocabulaire si inhabituel chez lui que j'aurais hésité à croire à l'authenticité de sa déclaration... s'il n'y avait la vidéo).
Je me permets de constater aussi que les catholiques libéraux-conservateurs, qui ne cessent d'accuser leurs frères catholiques anti-libéraux de "manque de sens des nuances et de respect des personnes", n'hésitent pas à oublier nuances et respect quand ça les arrange... ]
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Écrit par : Raphaël R. / | 29/04/2020
LES ÉNERVÉS
> Ce ne sont pas que les "catholiques libéraux-conservateurs" ou "ultras" qui réagissent ainsi ; plus largement, des "catholiques énervés", dont le tempérament les pousse, parfois voire souvent, à revendiquer, pétitionner, manifester, et plus si affinités (avec les deux premiers groupes, aussi). Puisse cette ascèse nous creuser et nous faire petits...
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Écrit par : Alex / | 29/04/2020
ÉGLISES ET MARCHÉS
> Pas du tout d'accord avec Edel.
Je ne vois pas en quoi la fréquentation de mon petit supermarché de quartier (qui fait un travail remarquable pour la prophylaxie) serait moins dangereux qu'aller à la messe.
Le nombre de clients est limité, les stands boucherie et charcuterie "traditionnels" sont fermés, seuls demeurent le stand boulangerie et le stand poissonnerie, défendu d'approche par des barrières Nadar. Mais les boîtes de conserves, bouteilles et autres touchés par les clients restent sur les étagères et ne sont pas mis en quarantaine, il faudrait un membre du personnel derrière chaque client.
En fait, ce sont les toutes petites épiceries, où l'on n'a pas le droit de se servir soi-même, qui pourraient assurer la meilleure hygiène : un masque pour le vendeur et le client, un seul client à la fois dans le commerce.
Pour les commerces de vêtements, je ne vois pas comment faire. Quand la première cliente a essayé 5 vêtements pour en acheter un, on fait quoi des 4 autres ? Quel choix reste-t-il pour la 10e cliente de la journée ?
Et dans les crèches, comment s'occupe-t-on d'un bébé pour le langer, lui donner le biberon, en restant à plus d'un mètre de lui ?
Dans les églises, on pourrait être une chaise sur deux et un rang sur deux. Par contre il faudrait encore jeûner d'eucharistie.
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Écrit par : Bernadette / | 29/04/2020
LE PAPE
> https://www.la-croix.com/Religion/Catholicisme/Pape/Le-pape-met-garde-chretiens-contre-victimisation-2020-04-29-1201091775
Mais je ne peux pas tout lire, n'étant pas abonné...
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Écrit par : Alex / | 29/04/2020
UN PROBLÈME
> Juste une remarque quant au culte pendant le confinement. Il n'y a pas de case à cocher pour aller dans son lieu de culte dans le formulaire d'autorisation. Donc, si je tombe sur un représentant de l'ordre de mauvaise humeur, je peux prendre 135€ d'amende car ce n'est pas pour aller faire des courses, aller au travail ou autre cas signalé. Et personne n'a lancé de polémique là-dessus, il me semble. Là, pour moi, il y a un problème par rapport à la place du spirituel dans notre société plus que pour la pratique collective.
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Écrit par : VF / | 29/04/2020
ESPÉRER
> Je ne pense pas que le président ni son gouvernement aient voulu porter atteinte à la religion. Ils essaient d'improviser un déconfinement responsable, et malgré des faux pas (le retour des enfants à l'école) ils maintiennent le cap.
Rappelons-nous le discours du président Macron aux Bernardins. Moi non plus, je n'aime pas du tout Macron, mais je ne crois pas qu'il soit l'Antéchrist ! Personnellement, j'aimerais beaucoup que les messes reprennent, mais ce n'est pas pour autant qu'il faut faire abstraction de la menace épidémique et de la lutte sanitaire contre elle. Tout ceci n'est pas terminé !
Je me suis promené cet après-midi dans les rues, et j'ai constaté que les commerces se ranimaient. Les gens croient que tout cela est derrière nous. La déclaration des évêques m'a paru prématurée, dans ce contexte. Ils ont raison, très certainement, et c'est un point vraiment important, d'appeler à la célébration solennelle des obsèques. On ne peut pas enterrer à la sauvette des êtres humains. Mais pour les autres cérémonies, ne faut-il pas éviter les rassemblements importants ?
Peut-être que les paroisses auraient dû inventer une présence plus palpable de la religion dans nos vies, durant ce confinement. Mais que faire, sinon attendre qu'on puisse se réunir à nouveau publiquement et sans danger ? Chacun doit y mettre du sien.
On pourrait se dire aussi qu'après une telle épreuve, vécue dans le stoïcisme, les gens vont revenir plus nombreux vers leur religion. Le Covid-19 va peut-être avoir pour effet de remplir les églises, à nouveau. Il aura fait réfléchir chacun sur le sens de la vie, sur la mort, et, entre autres, sur le fait que le consumérisme et tout ce qui va avec (l'ultra-libéralisme, le règne de l'argent, etc.) n'est pas une solution. Peut-être aurons-nous une bonne surprise ! Je l'espère.
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Écrit par : Bégand / | 29/04/2020
MARSEILLE
> je vous mets le lien d'un article de l'évêque de Marseille Mgr Aveline dans "La Provence". Le lien vers cet article est à la une du site de la CEF.
Le contenu de l'article est beaucoup plus large que le titre...
https://www.laprovence.com/article/societe/5974831/info-la-provence-larcheveque-de-marseille-demande-la-reouverture-des-lieux-de-culte-des-le-16-mai.html
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Écrit par : Véronique SM / | 29/04/2020
D'UN CURÉ DE PAROISSE NANTAIS
> Tout à fait d'accord avec vous, Patrice.
Je fais suivre le texte humoristico/sérieux de Denis Moreau, professeur de philo à l'université de Nantes ; ce texte plait beaucoup au curé de paroisse de base (du diocèse de Nantes) que je suis :
» Allez, je vais faire râler un peu mes coreligionnaires catholiques (j’aime assez ça) et leur donner l’occasion de ressentir à quel point ils sont de bons chrétiens quand moi j’en suis un très mauvais.
Depuis le début de ce confinement, le simple fidèle que je suis ne peut plus, comme tout le monde, assister à la messe dominicale. Moi qui n’ai jamais raté la messe du dimanche depuis plus de 30 ans (sauf une fois où j’avais plus de 40 de fièvre), pour remplacer, je regarde donc scrupuleusement tous les dimanches la messe à la télé ou sur Internet. C’est certes un pis-aller. Mais, honnêtement, je dois bien avouer que ne pas pouvoir assister à la messe en vrai et communier ne me manque pas tant que ça. J’ai un peu honte, surtout quand je lis sur Internet tous ces cathos qui expliquent que ne pas pouvoir aller à la messe ni communier creuse un vide béant dans leurs vies et les fait intensément souffrir (je ne me permettrai évidemment pas de suspecter la sincérité de ce genre de témoignage, mais mon mauvais esprit me pousse quand même à me demander dans quelle mesure certains n’en rajoutent et ne surjouent pas un peu dans ce registre)
Enfin bon, c’est comme ça. Je vous laisse trouver si vous le voulez que je suis un très mauvais catholique (je suis habitué). Si on veut prendre les choses du bon côté, je me demande si, spirituellement parlant et en ce qui me concerne, cela ne sera pas la principale leçon de ce confinement : il va falloir que je j’apprenne à désirer et aimer un peu plus la messe dominicale.
De façon plus globale, et puisqu’il faut bien trouver des moyens de faire autant que possible une bonne limonade avec le fort amer jus de citron du confinement, je dirais ceci : je me demande si, pour l’Eglise catholique de France, ce confinement n’est pas une bonne occasion de réaliser, volens nolens, la mutation à laquelle elle ne coupera pas mais devant laquelle elle recule, ou refuse l’obstacle, depuis pas mal de temps. On le sait bien : dans quelques années et hors de quelques diocèses privilégiés, les prêtres manqueront massivement. Je ne suis pas sûr que les catholiques de France, qui sont pourtant tous au courant du problème, aient eu jusqu’à présent le courage et la lucidité pour l’affronter et l’anticiper. Au contraire on continue, en bricolant de bric et de broc, à faire comme si tout allait continuer à peu près comme avant (je pense typiquement au schéma : un curé/une paroisse qu’on ne maintient, de façon de plus en plus fictionnelle, qu’en faisant démesurément grandir la taille des paroisses, ce qui rend la charge épuisante pour les prêtres qui s’en occupent). Ce confinement nous force en quelque sorte à imaginer ce que sera l’Eglise d’après, celle qui devra apprendre à vivre avec peu de prêtres, moins d’eucharisties, des sacrements moins accessibles et plus rarement dispensés. Et à ma grande surprise, moi qui suis plutôt pessimiste par nature, je trouve que ce qui est en train de se passer dans l’Eglise de France donne plutôt des raisons d’espérer. Je ne parle pas ici des messes virtuelles (qui posent effectivement un problème), mais de tout le reste, cette remarquable floraison d’initiatives spirituelles et de solidarités qu’on observe depuis la mi-mars : attention redoublée aux plus faibles et démunis, aux anciens, groupes de prière via Internet, partages d’expériences spirituelles, rôle accru des laïcs (et donc des femmes) dans tout cela.
A nouveau mon tempérament me porte à être assez pessimiste à propos de tous les grands et beaux discours qu’on entend ces jours-ci sur le « monde d’après » qui serait radicalement différent de celui d’avant. Je crains qu’une fois cette histoire de Covid réglée (puisqu’elle finira bien par l’être), tout reparte comme avant : frénésie de consommation, capitalisme triomphant, saccage de la planète. Mais pour l’Eglise de France, étant entendu qu’il est souhaitable de rétablir la dimension réelle, incarnée, des relations qui nous manque si cruellement depuis six semaines, j’espère que cette bizarre expérience du confinement sera l’occasion de mettre en branle, activement, une profonde et inévitable mutation, plutôt que d’attendre benoitement sans rien faire l’effondrement de ses structures actuelles. Comment ? Je n’en sais rien. Mais il y a sûrement une foule de choses à inventer à partir de ce que nous avons vécu depuis la mi-mars.»
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Écrit par : bernard / | 29/04/2020
D''UN CURÉ DE PAROISSE (2)
> Mgr Matthieu Rougé est un homme très brillant. Il a manqué gravement de discernement dans sa dernière intervention. Je suis sûr qu'il va s'en rendre compte et qu'il saura garder la réserve qui sied à un jeune évêque manquant de l'expérience que ne remplace pas l’intelligence.
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Écrit par : Bernard / | 29/04/2020
Manque de mesure
> J'ai été choqué par les propos de Mgr Rougé.
Je fais, pourtant, partie des catholiques trouvant les clercs tièdes en général, voir lâches.
Mais en tenant de tels propos, que j'ai trouvé à la limite de l'insulte, cet évêque rompt toute possibilité de dialogue futur avec le gouvernement.
Cela ne m'empêche pas de trouver ce gouvernement incompétent et pitoyable.
Je travaille dans un établissement culturel qui va rouvrir ses portes le 11 mai. Nous accueillerons les groupes dans de moins bonnes conditions que celles proposées par la CEF pour la reprise du culte public.
Établissement public national, nous en sommes à commander des masques à la couturière du coin (cela permet au moins de faire travailler les artisans locaux).
La colère monte en France. Espérons qu'elle ne se retournera pas contre l'Eglise. Église, associée à raison au vu de la sociologie de ses fidèles à la bourgeoisie dirigeante, mais à tort si nous écoutons le message de son fondateur.
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Écrit par : PAC / | 29/04/2020
BÉNÉFIQUE
> Sûr que le confinement a des effets bénéfiques. J'ai beaucoup goûté la messe télévisée du dimanche, que j'ai trouvée plus profonde que les rares fois où, malade, je l'avais regardée se dérouler dans une paroisse - sauf dimanche passé où j'étais hélas en panne de connexion internet. Là, vraiment dur : pas de messe et pas de contact humain possible avec les proches. Qu'est-ce que cela doit être pour ceux qui vivent seul.
Et puis, je regarde quand je le peux une partie de la messe matinale du pape, parfois tout, mais plus rarement. Ses homélies sont profondes, et je n'aurais jamais pu en profiter sans ce confinement.
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Écrit par : Bernadette / | 29/04/2020
@ bernard :
> très bon texte de Denis Moreau; merci de nous l'avoir fait partager. J'ai profité de ce confinement pour relire tous les Évangiles et les Actes des Apôtres, et je conseille une telle lecture en continu des synoptiques et de l'évangile de Jean, que j'ai regretté de ne pas avoir pratiqué avant.
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Écrit par : BMC / | 29/04/2020
@ Bernard
> Excellent, ce texte de Denis Moreau. Il rejoint la prophétie de Joseph Ratzinger sur l'avenir de l'Eglise... pauvre et humble, qui perdra l'ensemble de ses privilèges (processus déjà bien avancé dans notre pays, mais pas achevé ! ) et la plupart de ses lieux de culte.
En toute sincérité, je ne pense pas que la décision de reporter à début juin (au mieux !) la reprise des cultes soit motivée par un quelconque "tropisme anti-catholique". Simplement : on aligne tout le monde sur l'islam - par parenthèse la première religion de France en nombre de pratiquants- qui connaîtra une fin de ramadan le 23 mai (autant limiter les attroupements pour l'Aïd).
Une mesure vraiment anti-catho, pour le coup, serait de ... céder à la revendication . Comme ça, si nouvelle vague il y a, il sera très très facile d'accuser l'Eglise catholique. Et on ne sait pas ce que peut faire une population apeurée, ivre de vengeance... déboussolée et déchristianisée. Car c'est bien connu : Macron= les riches= les cathos qui ne pensent qu'à leurs privilèges débiles et qui n'en ont rien à f... que les enfants de ceux qui sont obligés de bosser aillent se faire contaminer à l'école dès le 11 mai. D'ailleurs, c'est le pape qui a fait pression sur Macron pour que les Eglises rouvrent, tout le monde le sait...
Ne jouons pas avec le feu !
Ne jouons pas avec le feu !
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Pour attirer à elle, l'Eglise devra être servante, pas lobby catégoriel :
http://www.lavie.fr/actualite/billets/nos-paroisses-sont-elles-pretes-a-l-afflux-de-la-misere-qui-va-deferler-25-04-2020-105832_288.php
Écrit par : Feld / | 30/04/2020
DU MONDE
> Mgr Rougé et les autorités sont au moins d'accord sur un point : les messes pourraient rassembler du monde. Nous pouvons y voir là un beau signe de vitalité !
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Écrit par : Patrick / | 30/04/2020
> https://twitter.com/MgrDominiqueRey/status/1255512246958129159
Mgr Rey semble lui aussi user de termes un peu forts, parlant de « mépris » du gouvernement envers l’Église qui est en France : à ses yeux, les autorités traitent la messe de manière « secondaire voire ludique ».
De telles critiques sont incompréhensibles : en quoi un décalage de trois semaines applicable aux cultes indiquerait-il que le gouvernement considère ces derniers comme une activité « ludique » ? Ces évêques savent pourtant qu’aucune église française n’est à ce jour préparée au post-confinement : gel hydro-alcoolique à l’entrée, chaises espacées d’un mètre (ou emplacements délimités lorsqu’il y a des bancs), éventuellement gants pour la distribution de l’Eucharistie, nettoyage systématique des sols et des bancs après chaque office, etc.
Mgr Rey semble s’insurger de voir l’Église traitée après les hypermarchés ; c’est oublier que les grandes enseignes ont toutes fait disposer des vitres en plexiglas au niveau des caisses, ont habillé leurs salariés en conséquence, etc.
Sans doute le gouvernement souhaite-t-il s’assurer que les églises seront sanitairement sures pour y assurer les offices ; je n’y vois qu’une application du principe de précaution, surtout à l’approche de la Pentecôte généralement fréquentée, sans « mépris » à l’égard d’une activité « ludique ».
L’évêque de Fréjus sait par ailleurs que le Premier ministre ne visait pas dans son allocution que les seuls catholiques mais bien toutes les « communautés religieuses » du pays ; si le gouvernement avait voulu porter atteinte à la liberté de culte, il aurait reporté sine die l’autorisation des messes publiques : il n’a fait que la reporter de trois semaines. Un peu de tempérance ne ferait pas de mal !
Comme souvent, c’est le Saint-Père qui apporte la voix de la sagesse : « en ce moment, alors que nous commençons à avoir des dispositions pour sortir de la quarantaine, prions le Seigneur de donner à son peuple, à nous tous, la grâce de la prudence et de l’obéissance aux dispositions, afin que la pandémie ne revienne pas ».
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Écrit par : Philippe de Visieux / | 30/04/2020
FRA GIACOMO DALLA TORRE : R.I.P.
> Prière à l’intention du grand maître de l’ordre de Malte, qui a rejoint hier la maison du Père. Il aida son organisation à s’extirper d’une peu reluisante opération anti-François ; c’est l’occasion de remercier cet ordre pour tout ce qu’il fait dans le monde au service des pauvres et des malades, hors caméras mais sous la constante bénédiction du Seigneur. Que Dieu l’accueille dans Sa lumière.
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Écrit par : Philippe de Visieux / | 30/04/2020
UNE COUCHE
> https://www.nouvelobs.com/confinement/20200429.OBS28120/mgr-matthieu-rouge-la-maniere-de-traiter-les-religions-dans-ce-deconfinement-n-est-pas-respectueuse.html
L’évêque de Nanterre en remet une couche dans ‘L’Obs’ : « le ton du Premier ministre, se débarrassant des religions en trois phrases lapidaires, est indigne de notre démocratie » ; le prélat renouvelle son accusation d’ « anticléricalisme » et dénonce « une brutalité incompréhensible » de l’exécutif.
User d’un tel vocabulaire pour trois semaines de confinement supplémentaire, est-ce bien raisonnable ?
Surtout dans ‘L’Obs’, où le risque d’être perçu comme radical par des lecteurs peu favorables à la sphère catholique n’est pas négligeable. Mgr Rougé, qui est intelligent, le sait : pourquoi rajouter ainsi de l’huile sur le feu ?
« Indigne de notre démocratie » : l’évêque de Nanterre ne dépasse-t-il pas les bornes ?
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Écrit par : Philippe de Visieux / | 30/04/2020
SIGNE DE DIEU
> Un éclairage intéressant aussi ici
http://www.lavie.fr/debats/idees/les-eglises-fermees-un-signe-de-dieu-23-04-2020-105809_679.php
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Écrit par : cristiana / | 30/04/2020
> J'écrivais ceci à des amis de notre chorale le 25 avril, je crois que je n'ai rien à y retrancher aujourd'hui :
"Nous sommes toujours confinés jusqu'au 11 mai et tout ne reprendra pas immédiatement dès la levée du confinement contrairement à ce que croient certains.
Le gouvernement envisage de n'autoriser les rassemblements dominicaux qu'après la Pentecôte, voire à la mi-juin...
Je vois fleurir des pétitions et des lettres ouvertes pour demander, voire exiger, la reprise des messes dès le 11 mai.
Les évêques eux-mêmes plaident en ce sens, notamment celui de Toulouse et celui de Paris (qui est pourtant médecin), avec des aménagements qui ne permettent pas vraiment de rassembler les communautés (on parle de Doodle pour s'inscrire en nombre limité !)...
Sans attendre le plan de déconfinement qui sera annoncé mardi par le Premier ministre ni les décisions de la Conférence des évêques, je pense qu'il est prématuré, voire irresponsable, de demander ou d'exiger la levée du confinement pour les messes dominicales dès le 11 mai...
Ce qui est à craindre, c'est un rebond de l'épidémie 15 jours ou 3 semaines après la levée du confinement si les gens font les c... , vers la fin mai ou le début juin.
Il faut être sûr qu'il n'y aura pas de deuxième pic épidémique avant de déconfiner plus largement.
La messe, même si elle est la source et le sommet de la vie chrétienne, n'est pas le tout de la vie chrétienne, et nous pouvons, nous l’avons fait déjà, faire preuve d'imagination pour vivre notre foi autrement.
J'espère ne choquer personne en disant cela !
Saint Jean Chrysostome déclarait au IVe siècle, sans choquer son auditoire : « Bien des chrétiens, en toute une année, ne participent qu’une fois à ce sacrifice ; d’autres, deux fois ; d’autres, souvent. Dans le désert, les solitaires n’y prennent part qu’une fois l’an, souvent même à peine une fois en deux ans. Mais, après tout, qui sont ceux que nous approuverons le plus, de ceux qui communient une fois, de ceux qui communient souvent, ou de ceux qui communient rarement ? Pas plus les uns que les autres, mais ceux-là seuls qui s’y présentent avec une conscience pure, avec la pureté du cœur, avec une vie à l’abri de tout reproche » (Sur l’Épître aux Hébreux, Homélie XVII, 4).
Les chrétiens du Japon ont été privés de messe durant plus de trois siècles, tous les prêtres ayant été martyrisés en 1587, mais quand les missionnaires sont revenus vers eux au XIXe siècle ils ont découvert dans ces communautés sans messe une foi eucharistique absolument intacte.
C'est aussi une manière pour nous de nous unir spirituellement à ceux qui dans le monde sont privés d'eucharistie dans les pays où les chrétiens sont persécutés.
Bref, pour ce qui nous concerne, nous ne reprendrons malheureusement pas nos activités avant la Pentecôte (31 mai)."
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Écrit par : Michel de Guibert / | 30/04/2020
LA VIE CHRÉTIENNE
> J'ajoute que la vie chrétienne ne se limite pas à la question du jeûne eucharistique.
Il y a bien d'autres aspects de la vie chrétienne :
- d'une part l'autre table, la Parole de Dieu
* "L'homme ne vit pas seulement de pain, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu" (Mathieu 4, 4)
- d'autre part le sacrement du frère :
* L'évangile selon St Jean, "le disciple que Jésus aimait", ne rapporte pas le récit de l'Institution, contrairement aux synoptiques, mais seulement le récit du lavement des pieds (Jean 13, 1-17).
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Écrit par : Michel de Guibert / | 30/04/2020
PAS DE DISCRIMINATION
> Et où est la "discrimination cathophobe" puisqu'on peut toujours aller prier individuellement dans les églises, alors que restent fermés les cinémas, théâtres, grands musées, salles de concert, salles des fêtes et salles polyvalentes ?
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Écrit par : Julie Gauthier / | 30/04/2020
REGRETS
> Dans le fond vous m'avez convaincue : je crois que le communiqué du CEF est fautif, les "regrets" exprimés sont même de trop.
Maud
[ PP à Maud – D'accord avec vous pour regretter ces regrets, mais pas pour dire que le communiqué est fautif. En fait il est très équilibré, regrets mis à part.
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Écrit par : Maud / | 30/04/2020
DANS LE BON ORDRE
> Je me range à l'avis de Michel de Guibert et de Tomás Halík cité par cristiana. L'absence de messe doit être l'occasion de comprendre son importance ; ne pas la voir comme une habitude à garder, un entraînement hygiénique pour gagner le paradis ou quelque chose de magique à consommer.
Les premiers chrétiens ont commencé par tout partager et s'aimer les uns les autres pour former une communauté capable, grâce à ça, de célébrer l'eucharistie. Remettons les choses dans ce bon ordre : attachons-nous plutôt d'abord à former une communauté fervente et aimante, plutôt que de reprendre trop hâtivement nos saintes assemblées. D'autant qu'une messe où chacun devrait se garder de toucher ou même d'approcher son frère me semble loin d'être satisfaisante.
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Écrit par : Guadet / | 30/04/2020
au P. Bernard :
> Merci pour ce beau texte de Denis Moreau.
Je ne suis pas certain que l'Église se berce d'illusions devant la raréfaction de ses fidèles et de son clergé, mais que peut-elle faire ? La solution à ce problème doit être trouvée au plan de l'Église universelle, d'où le dernier synode consacré à l'Amazonie.
L'Église qui est en Allemagne réfléchit à ces questions, avec un nouveau président de la conférence épiscopale qui est tout sauf ambigu, étant favorable à rien de moins que l'ordination des hommes mariés, l'accès des femmes au sacerdoce et le mariage homosexuel lorsque les époux vivent fidèlement leur union ! De quoi donner des sueurs froides aux lecteurs réguliers de 'Fideliter'...
Pour ce qui est de la France, une première approche pourrait consister à fusionner des diocèses devenus humainement de trop petite taille pour justifier la lourdeur bureaucratique que le statut diocésain impose : par exemple, en regroupant Saint-Dié et Verdun dans un diocèse de Nancy et de Toul couvrant les trois départements lorrains non concordataires. Strasbourg est l'exemple d'un grand archidiocèse qui fonctionne bien malgré sa superficie (toute l'Alsace) et sa population.
Commençons par cesser d'entretenir une organisation institutionnelle trop lourde pour concentrer les forces ecclésiales là où elles sont les plus attendues : pastoralement, dans l'annonce concrète de la Bonne Nouvelle.
Un père scheutiste congolais en poste à Taïwan m'avait naguère fait cette remarque : pourquoi tant de prêtres à la Curie et dans les congrégations romaines, occupant des postes administratifs, alors qu'on manque de bras dans l'évangélisation du monde ? On pourrait étendre ce raisonnement à nos évêchés et services diocésains : une bureaucratie réduite à la portion congrue, tout l'accent porté sur l'évangélisation d'un monde qui en a besoin.
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Écrit par : Philippe de Visieux / | 30/04/2020
À LIRE ET MÉDITER
> Oui, merci à Bernard de nous avoir reproduit le texte savoureux et remarquable de Denis Moreau (que j'avais lu ailleurs).
Merci aussi à Christiana d'avoir donné le lien vers cet autre texte remarquable du Père Tomás Halík : "Les églises fermées, un signe de Dieu ?" : http://www.lavie.fr/debats/idees/les-eglises-fermees-un-signe-de-dieu-23-04-2020-105809_679.php
La tribune, que j'avais lue déjà auparavant également, de ce prêtre et intellectuel tchèque qui médite sur les églises vides et la vacuité cachée des Eglises et appelle à en faire un kairos, un moment opportun pour aller en eau plus profonde, est à lire et à méditer.
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Écrit par : Michel de Guibert / | 30/04/2020
Deux petits textes :
> Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus : "Si vous me trouviez morte un matin, n'ayez pas de peine : c'est que Papa le bon Dieu serait venu tout simplement me chercher. Sans doute, c'est une grande grâce de recevoir les sacrements ; mais quand le bon Dieu ne le permet pas, c'est bien quand même, tout est grâce" (Carnet Jaune 5 juin 1897)
> Sainte Edith Stein, alors qu'elle allait être arrêtée par la Gestapo dans le carmel hollandais où elle avait trouvé refuge : " Dieu ne s'est pas engagé à nous maintenir pour toujours entre les murs du cloître. Pour Dieu, la clôture est sans importance car il y a d'autres murs pour nous protéger. Il y a là quelque chose de comparable aux sacrements. Ce sont pour nous les moyens ordinaires de la grâce, et nous ne pouvons jamais les recevoir avec trop de zèle; cependant Dieu ne leur est pas lié. Si un contrainte extérieure venait à nous couper des sacrements, il pourrait, d'une autre manière et abondamment, compenser ce manque; et il le fera d’autant plus généreusement que nous aurons été fidèle à recevoir les sacrements. "
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Écrit par : bernard / | 30/04/2020
Mgr RAVEL
> Oui, la déclaration de Mgr Rougé semble maladroite. On y entend un jugement (rapide ?) des intentions ou états d'esprit de nos hommes politiques.
Je préfère pour ma part celle de Mgr Ravel, qui donne son avis sur la situation actuelle et cette décision gouvernementale avec un grand réalisme : https://youtu.be/2lZ2x6HF5YA
Beaucoup de réactions soulignent ce qui se joue aujourd'hui avec l'impossibilité de participer à l'eucharistie. Il me semble que nous vivons quelque chose de plus large : en utilisant le terme impropre de cérémonie pour parler de célébrations, le premier ministre a clairement relégué à une date non précisée l'organisation de tout regroupement dans nos églises (à part l'exception formulée des obsèques). Je crains que proposer la prière du chapelet ou toute autre initiative créative d'un rassemblement priant soit considérée aujourd'hui comme une rébellion des catholiques. Or, nous n'avons pas d'abord besoin de communier à Jésus Eucharistie (car nous pouvons le faire par intention en en étant privés), mais nous avons surtout besoin de nous retrouver pour faire Eglise... Et l'intention de le faire ne peut pas vraiment remplacer cela...
Xavier
[ PP à X. – La doctrine du Conseil scientifique du gouvernement est : pas de rassemblements au coude-à-coude. D'où la fermeture maintenue des cinémas, théâtres etc. C'est pénible pour des catholiques, mais ils ne sont pas seuls visés...]
réponse au commentaire
Écrit par : Xavier / | 30/04/2020
MERCI À Mgr LAFONT
> Un évêque qui donne un autre son de cloche, cela fait du bien !
Selon Mgr Emmanuel Lafont, évêque de Cayenne, le prolongement de l’interdiction de célébrer des messes publiques doit être l’occasion d’approfondir la Bible et de vivre en solidarité avec les chrétiens persécutés à travers le monde.
Entretien
" La Croix : En métropole, de nombreux évêques, prêtres et fidèles s’impatientent de pouvoir reprendre les messes avant le 2 juin : qu’aimeriez-vous leur dire ?
Mgr E. L. : Cette fixation ne me paraît pas saine ; je la trouve même un peu immature. Dès le début du confinement, j’ai dit à mes frères « nous partons au désert », en leur citant le prophète Osée (Os 2,16). Dieu est en train de nous parler dans ce désert qui se prolonge. Rappelez-vous l’exil à Babylone, quand le peuple hébreu avait perdu le Temple, les sacrifices et le travail des prêtres. Le peuple n’avait plus que la Parole et les prophètes (tels Ézéchiel, Jérémie et le second Isaïe, avec les chapitres 40 à 55) et ce sont eux qui les ont aidés à vivre spirituellement ce temps d’exil comme un temps de conversion. Ce temps de confinement est le moment d’entrer davantage dans la Bible (1) : c’est donc une chance. Et puis, qu’est-ce que deux semaines de plus ou de moins ?
J’ai rappelé à mes diocésains que nous vivons très temporairement ce que 150 millions de chrétiens – toutes confessions confondues – vivent habituellement parce qu’ils sont persécutés. Ce confinement est donc aussi une occasion de vivre en solidarité avec ces chrétiens qui sont dans l’impossibilité chronique de célébrer, ce qui ne les empêche pas de vivre leur foi. Comme disait Thérèse de Lisieux : « Quand on peut avoir les sacrements, c’est bien ; quand on ne peut pas les avoir, c’est bien aussi ! »
Enfin, je dirais que nous pouvons vivre ce mois de mai au Cénacle, en restant en prière avec Marie, comme le pape François nous y invite, dans l’attente patiente que l’Esprit Saint vienne nous saisir. Nous savons que le déconfinement se prépare, alors que les risques d’une seconde vague de contagion sont très possibles et que nous allons devoir vivre avec ce virus pendant encore de nombreux mois. L’épisode des disciples d’Emmaüs nous rappelle que sans le pain de la Parole, le pain eucharistique devient incompréhensible.
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Écrit par : Michel de Guibert / | 30/04/2020
CASES
> Il est évoqué plus haut dans ce fil de discussion l'impossibilité de savoir quelle case cocher.
Outre remarquer que c'est souvent le cas dans les papiers administratifs (et plus encore quand vous avez un robot au téléphone), je propose de cocher "motif familial impérieux" : Jésus, qui s'est fait notre frère, se languit de notre visite.
A noter que certains préfèreront probablement cocher : "convocation judiciaire" car "notre Juge nous jugera sur notre participation régulière à la messe". Mais si c'est ainsi qu'ils voient le Seigneur, en "maître dur qui moissonne où il n'a pas semé", qu'ils prennent garde à la fin de la parabole et accordent leurs actes avec leurs convictions.
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Écrit par : Bernadette / | 01/05/2020
à Guadet :
> "D'autant qu'une messe où chacun devrait se garder de toucher ou même d'approcher son frère me semble loin d'être satisfaisante." : rien de plus vrai. Je garde le souvenir de cette famille sociologiquement proche des Le Quesnoy dans 'La vie est un long fleuve tranquille' qui s'agenouillait à l'élévation (ce qu'il faut faire !), communiait dans la bouche (ce que je fais aussi) mais saluait d'un sec et froid signe de tête lors du rite de paix et surtout sortait systématiquement de l'église sans le moindre regard pour les personnes qui venaient comme eux d'y suivre la messe.
Cette attitude m'a toujours choqué. Il m'est arrivé de m'en affliger en pensant au témoignage que PP avait apporté lors d'un passage dans la 'Foi prise au mot' : cette évangélique qui l'avait chaleureusement accueilli à la 'Porte ouverte' des Peterschmitt au son d'un "vous êtes mon frère".
D'où un plein satisfecit à ce qu'écrit Mgr Lafont : l'Eucharistie n'est pas l'unique moyen de s'élever spirituellement. Penser le contraire serait sans doute insultant à l'égard de nos frères protestants qui vivent leur foi dans l'Esprit par la lecture de la Parole.
Quand un catholique reçoit Jésus-Eucharistie mais ignore son frère en sortant de l'Église, a-t-il bien communié au Christ ?
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Écrit par : Philippe de Visieux / | 01/05/2020
MERCI À Mgr LEBORGNE
> Somme : l’évêque Mgr Olivier Leborgne adresse une lettre à tous les baptisés du diocèse
https://www.lebonhommepicard.fr/2020/04/30/somme-leveque-mgr-olivier-leborgne-adresse-une-lettre-a-tous-les-baptises-du-diocese/
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Écrit par : Michel de Guibert / | 01/05/2020
PAS D'ACCORD
> Je viens de revisionner la déclaration de Msr Rougé et je ne vois pas pourquoi vous la trouvez placée (PP). Nous avons tellement l'habitude du parler soft, qui ne dérange personne, qui satisfait tout le monde,
que lorsque un évêque s'exprime clairement et dit ce qu'il pense cela ne va plus; dire que nos politiques ne comprennent rien à notre foi, c'est une évidence, qu'ils sont influencés (c'est moi qui complète) par des officines anti cathos c’est irréfutables (que font francs-maçons aux réunions des cultes ?) Il n'y a pas là de débat ultra libéraux conservateurs vs cathos bien , il y a simplement cette envie de porter l'évangile à ceux que nous devons aimer (les pauvres) pour cela la messe est notre carburant !
Garroux
[ PP à Garroux – Vous faites un hors-sujet, pour quatre raisons :
1. Le devoir de tous et spécialement des évêques n'est pas de parler "fort" : il est de parler "vrai" ! Dire une chose fausse avec un vocabulaire outrancier est une faute en soi, et une double faute de la part d'un pasteur diocésain. Prétendre que M. Macron (de qui je ne pense guère de bien par ailleurs) a un "tropisme anticatholique" est faux, comme il l'a prouvé notamment dans son hommage au martyre du P. Hamel. Le problème de M. Macron avec le catholicisme est ailleurs, comme je l'indique dans ma note, que vous semblez n'avoir lue qu'en zigzag avant de réagir comme si nous étions sur twitter.
2. Si vous lisiez plus souvent ce blog, vous sauriez que les lobbies y sont épinglés souvent.
Le plus influent aujourd'hui sur le plan politique est d'ailleurs le LGBT : ce n'est plus la franc-maçonnerie comme en 1880, époque à laquelle certains cathos de 2020 semblent être restés... (A ce propos, la présence de la F.M. aux réunions des cultes la place parmi les... cultes : au même titre, par exemple, que l'islam ; et cela correspond à sa réalité profonde, contrairement au statut de "cerveau de la démocratie" auquel prétendent les loges).
3. "Pas de débat entre cathos libéraux-conservateurs et cathos bien" ? C'est vous qui le dites ! Avec deux éléments de langage caractéristiques, justement, des libéraux conservateurs qui : a) ne conviennent pas de leur propre existence, dénégation propre à tous les clans divisant l'Eglise ; b) caricaturent leurs contradicteurs en les taxant de pharisaïsme ("cathos bien"), comme s'il était "pharisien" de constater l'incompatibilité objective entre les positions socio-économiques des libéraux et l'enseignement social de l'Eglise ! Ce problème d'incompatibilité objective est crucial actuellement en France, bien qu'esquivé par ceux des évêques dont beaucoup de conseillers appartiennent à ce milieu...
4. Si vous voulez "porter l'Evangile à ceux que nous devons aimer, les pauvres", formule pleine de bonnes intentions (quoique encore trop bourgeoisement paternaliste pour être dans l'esprit des exhortations papales), alors il ne faut pas commencer par revendiquer un statut privilégié pour "notre" messe et "nos" réunions alors que les cinémas, théâtres etc restent fermés dans la phase prophylactique actuelle.
N'arrivez-vous pas à envisager l'indignation antireligieuse (fondée !) des populations si une ou plusieurs paroisse(s) catholique(s) devenai(en)t un nouveau cluster d'épidémie, parce que l'évêque du lieu s'est mis à parler comme les sites ultras ?
Evangéliser ne veut pas dire soulager nos nerfs frustrés en brandissant nos "droits" – voire exiger un passe-droit en prétendant que l'Etat "doit bien cela à la Vérité", quitte à scandaliser les gens auxquels vous dites vouloir "porter l'Evangile".
Evangéliser veut dire aider les gens à rencontrer le Christ, par le témoignage de notre propre engagement christique qui implique parfois (on ne cesse de l'oublier depuis deux mille ans) d'accepter le plus grand sacrifice s'il nous est imposé. Relisez Bernanos et Thérèse de Lisieux : "Qu'est-ce que cela fait ? tout est grâce".
C'est l'esprit des instructions du pape sur le confinement.]
réponse au commentaire
Écrit par : Garroux / | 01/05/2020
à Patrice :
> J'ajouterais à votre commentaire, auquel je souscris pleinement, qu'un évêque qui s'exprime dans 'L'Obs' pour critiquer la prolongation de trois semaines applicable aux cultes comme "indigne de la démocratie" parle effectivement fort, beaucoup trop sans doute : la conférence épiscopale a d'ailleurs temporisé les choses en appelant au calme, avec raison. Que sont trois semaines face aux années passées dans les geôles albanaises et vietnamiennes par les cardinaux Simoni et Nguyen Van Thuan ?
PV
[ PP à PV – Tout à fait. Et les énervés qui croient pouvoir dire "bravo au cmlmuniqué de la CEF" comme s'il appelait à la clandestinité, ne l'ont simplement pas lu... Ce qui n'étonne pas de leur part, puisqu'ils n'ont pas coutume d'avoir lu ce à quoi ils "réagissent". Grands compulsifs de la postmodernité 2.0... ]
réponse
Écrit par : Philippe de Visieux / | 02/05/2020
L'EUCHARISTIE N'EST PAS UN DÛ
> Quand je vois des soignants révoltés par la prétention de certains catholiques demandant, voire exigeant, l'ouverture des églises aux célébrations religieuses ouvertes aux fidèles (pétitionnaires, auteurs de lettres ouvertes, et hélas aussi déclarations publiques de certains évêques, de trop d'évêques), quand je lis que les autres cultes déclarent vouloir respecter les mesures de confinement sans rien revendiquer, j'ai mal à mon Eglise.
Je peux comprendre les souffrances exprimées, mais la communion eucharistique n'est pas un dû, mais un don.
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Écrit par : Michel de Guibert / | 02/05/2020
LA MISÈRE ET LES DONS
> Merci à Feld pour le lien vers l'excellent article de N. Trouiller,
qui nous aide à revoir nos priorités et à revenir à la réalité :
nos paroisses sont-elles prêtes à l'afflux de la misère qui va déferler ?
L'article vaut la peine d'être lu en entier.
http://www.lavie.fr/actualite/billets/nos-paroisses-sont-elles-pretes-a-l-afflux-de-la-misere-qui-va-deferler-25-04-2020-105832_288.php
Et un rappel important,
le lien pour la quête de chaque dimanche :
https://donner.catholique.fr/quete/~mon-don
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Écrit par : Isabelle Meyer / | 03/05/2020
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