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22/02/2020

Le "libéralisme conservateur" est une impasse [2]

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Le journaliste catholique américain Michael Sean Winters et le pape François (vidéo-message de 2017) désignent le cœur du problème social : la perte du sens du politique et l’urgence de le redécouvrir en libérant nos consciences de l’emprise de l’idole Argent :


Comme en réponse concrète à la tribune très abstraite (et lacunaire) d’Alexis Carré dans Le Figaro du 13 février, l’analyste catholique Michael Sean Winters écrit dans le National Catholic Reporter du 19 février : “Ce qu’il faut, c’est répondre ‘non’ à la domination de l’argent”. Parlant des Etats-Unis, il souligne : “Un milliardaire est président. Un autre milliardaire [Jeff Bezos] possède le ‘Washington Post’ et détruit mondialement, à grande vitesse, les petites entreprises ne voulant pas envoyer leurs produits par Amazon. Un troisième millionnaire veut être le candidat démocrate. De moindres barons de la finance, ayant acheté des franchises sportives, rackettent les nouveaux stades de villes en difficulté pour offrir plus de loges de luxe à leurs copains du patronat. Et on se demande pourquoi la solidarité sociale est en recul ?” À ceux qui objectent la générosité (sélective) de multimilliardaires comme Bill Gates, l’analyste catholique répond qu’il est extrêmement dangereux de retirer à l’Etat – en principe garant de la cohésion nationale – son rôle dans la solidarité, pour la confier à l’arbitraire du privé : c’est-à-dire de quelques géants de l’Argent.

De même le pape François, dans son vidéo-message de décembre 2017 au congrès des Catholiques en politique à Bogota, avait insisté sur la mission réelle des personnes engagées en politique : “placer le bien commun avant leurs intérêts particuliers, et médiatiques ; ne pas se laisser intimider par les grandes puissances financières et médiatiques ; conjuguer la recherche de la justice avec la miséricorde et la réconciliation… Jeter les fondements solides d’une amitié politique qui se libère des tenailles de l’individualisme et de la massification, de la polarisation et de la manipulation… Tendre vers des démocraties adultes, participatives, préservées des blessures de la corruption, de la colonisation idéologique, des prétentions autocratiques et de la démagogie à bon marché…“

Ce que disent le pape argentin et le journaliste catholique américain dépasse le cadre des deux Amérique. Le turbo-capitalisme, tout-puissant aux Etats-Unis, est en voie de le devenir au Brésil et dans d’autres pays latinos ; mais tout autant en France, si un coup d’arrêt n’est pas donné au bloc bourgeois (la Macronie) par un bloc populaire… introuvable pour l’heure.  

Et ce que Winters déplore aux Etats-Unis, nous le déplorons aussi en France : comme le disait le message du pape, “beaucoup de ceux qui prétendent être catholiques — nous ne pouvons pas juger leur conscience, mais nous pouvons juger leurs actes — montrent souvent un manque de cohérence entre leurs convictions éthiques et religieuses et le magistère catholique. Nous ne savons pas ce qui se passe dans leur conscience, nous ne pouvons pas le juger, mais nous voyons leurs actes… En France cette incohérence (ou cécité volontaire) s’exprime dans leur adhésion à l’imposture libérale-conservatrice, qui véhicule une idée de la société incompatible – non intégralement mais dans son centre nerveux – avec les encycliques sociales. A l’approche du Carême, n’hésitons pas à prier pour que leurs yeux s’ouvrent.

 

 

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Commentaires

ALLELUIA

> Alleluia, dans ma paroisse du nord-est essonnien nous avons pour projet d'étudier l'encyclique Laudato sii ! Nous verrons ce qui en sortira, priez pour nous.
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Écrit par : DV / | 22/02/2020

TROIS CHOSES

> "À ceux qui objectent la générosité (sélective) de multimilliardaires comme Bill Gates, l’analyste catholique répond qu’il est extrêmement dangereux de retirer à l’Etat – en principe garant de la cohésion nationale – son rôle dans la solidarité, pour la confier à l’arbitraire du privé : c’est-à-dire de quelques géants de l’Argent."
Il est en effet nécessaire de distinguer trois choses :
- l'exercice par chacun, riche ou pauvre, de la charité, au travers de dons et d'aumônes notamment, qui sera toujours légitime ;
- 'intervention de l'Etat dans la répartition des richesses, ne serait-ce que par un souci d'ordre (et par de plus nobles soucis si possible) ;
- et la philanthropie exercée par quelques riches mécènes souhaitant probablement se donner bonne conscience.
La troisième de ces choses devient dangereuse lorsqu'elle tend à se substituer à la deuxième en se parant des vertus de la première. La répartition des richesses ne se fera plus alors que selon les choix personnels - ou les lubies - de quelques individus puissants.
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Écrit par : Sven Laval / | 22/02/2020

KERRY-HEINZ

> Un exemple de ce qui est décrit par M.S. Winters peut être trouvé dans le couple Kerry-Heinz. Tous deux sont catholiques, riches à millions (à milliards pour Madame), certes philanthropes mais dont le style de vie n'a rien de 'Laudato Si', avec avions privés, cinq résidences secondaires, yachts, voyages incessants, etc. L'empreinte carbone du couple doit être monstrueusement élevée, alors que c'est ce même Kerry qui, tout cravaté de vert, signa en 2015 l'accord de Paris devant un Fafa au bord des larmes.
C'est en réalité toute cette classe des multimillionnaires qui vit dans la schizophrénie du 'faites comme je dis, pas comme je fais'. Ainsi de la duchesse de Sussex, qui avec des trémolos dans la voix se dit engagée pour la préservation de la planète mais continue de se déplacer en jet privé, ne voyant visiblement aucune contradiction entre les deux. Ou de l'ancienne coqueluche de la bien-pensance, Barack Obama, lui aussi déterminé à protéger l'environnement mais n'hésitant pas à se payer un mois de vacances dans un hôtel de luxe à Tahiti, assorti d'un aller-retour en avion privé vers la Polynésie française. Bien entendu, il serait inconvenant de glisser dans une conversation entre gens bien que l'ancien président contribue au réchauffement de la planète ; pourtant, c'est le cas.
Quand on est réellement inquiet quant à l'avenir de l'humanité, on n'agit pas ainsi :
https://www.telegraph.co.uk/news/2017/03/16/barack-obama-flies-island-french-polynesia-relax-luxury-resort/amp/#aoh=15824277166430&referrer=https%3A%2F%2Fwww.google.com&_tf=Source%C2%A0%3A%20%251%24s
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Écrit par : Philippe de Visieux / | 23/02/2020

DIX PLAIES DU LIBÉRALISME

> Les dix plaies du libéralisme… qu'il soit conservateur ou progressiste ?
- crises économiques ;
- spéculation financière ;
- recul du politique, ruptures des médiations représentatives ;
- individu absolutisé, libertarisé, smartphonisé ;
- divisions sociales ;
- creusement des inégalités ;
- disparition des services publics ;
- saccage de l'environnement ;
- utilitarisme forcené ;
- éducation au chacun pour soi.
Le monde dans lequel nous vivons coche toutes les cases.
Pour ce qui concerne la France, dans l'attente de la prochaine crise économique et financière qui scellera le sort de la Macronie, les blessures sont clairement à vif !
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Écrit par : Denis / | 23/02/2020

ET MAINTENANT, POLYTECHNIQUE

> https://blogs.mediapart.fr/laurent-mauduit/blog/230120/appel-contre-la-privatisation-partielle-de-polytechnique-au-profit-de-total
ADP, la SNCF, la Française des Jeux ne suffisaient pas : voici que c'est au tour de... Polytechnique d'être dans le viseur de l'ogre privatiseur.
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Écrit par : Philippe de Visieux / | 24/02/2020

à Philippe de Visieux, au sujet de Polytechnique

> Dommage que le texte parle d'intérêt général, notion ô combien lointaine de celle de bien commun, et en fait fortement teintée de libéralisme.
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Écrit par : olivier / | 24/02/2020

@ PdV

> Par parenthèse, si vous me permettez, à l'intention des jeunes générations, et en particulier de mes six petits-enfants… ;=)
Nous ne serions pas là à nous plaindre de "l'ogre privatiseur" de Polytechnique, si ce "libéral" avait été dûment traqué par les éducateurs, et ce, dès le cours élémentaire.
Ainsi la leçon bien connue sur les déterminants ou adjectifs possessifs. Chacun conviendra aisément qu'elle devrait toujours être assortie d'une catéchèse laïque bien comprise, sur le mode : "Mon ton son notre votre leur / Mes tes ses nos… voleurs !"
L'essentiel étant certes de s'entendre sur ces "vos-leurs" – et le dépassement nécessaire de leurs trop fameuses "valeurs" au nom du bien commun…
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Écrit par : Denis / | 24/02/2020

LE LIBÉRALISME

> Libéralisme conservateur est un oxymoron, on ne peut pas adhérer aux dogmes d'une "concurrence libre et non faussée", ce qui présuppose la suppression des règles de protection - donc de l'ordre de la conservation d'acquits - en vigueur et souhaiter se conformer à des principes ("valeurs", en novlangue) figés.
Le libéralisme est progressiste et s'adapte à tout, aux démocraties, aux dictatures, au communisme même, qui s'érigeait pourtant, au siècle écoulé, comme le prétendu rempart d'airain ; il fait même à merveille son lit dans les troubles, chaos, corruptions.
Le jour où nos chers progressistes-libertaires auront admis que la racine -liber est la même dans libéral que dans libertaire, et en tireront toutes les conséquences, peut-être aurons nous l'occasion d'effectuer un petit pas en avant dans la convergence des luttes:
Sinon, il me reste à assumer de plus en plus volontiers un conservatisme (ce qui vaut auto-injure en ce temps et en ce lieu):
Oui, je tiens à conserver la Création dans le meilleur état possible, oui, d'accord avec Lacordaire, entre le fort et le faible, entre le riche et le pauvre, entre le maître et le serviteur, c'est la liberté qui opprime et la loi qui affranchit, oui, pas une parole du Christ ne passera, en accord avec Matthieu 24:35: et surtout pas par un quelconque filtre sélectif, une trousse à maquillage interprétative, une mastérisation goût-du-jour attire-chaland...
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Écrit par : Aventin / | 24/02/2020

POURRI

> https://www.lemonde.fr/societe/article/2020/02/25/psa-reconnu-coupable-d-une-faute-inexcusable-pour-avoir-expose-un-ouvrier-de-sochaux-a-l-amiante_6030781_3224.html

https://www.lemonde.fr/economie/article/2020/02/25/engie-et-isabelle-kocher-s-entendent-sur-les-indemnites-de-depart_6030728_3234.html

L'imposture du libéralisme : un ouvrier chez Peugeot souffre d'un grave cancer bronco-pulmonaire en raison de la présence d'amiante dans l'usine, il obtient 110 000 euros alors qu'il « vit avec une épée de Damoclès au-dessus de la tête ». Le même jour, Mme Kocher quitte Engie avec les poches pleines de 3,3 millions d’euros. Elle n'y avait pourtant passé que quatre ans à peine, contre dix fois plus pour le retraité de Sochaux. Il y a quelque chose de pourri dans le royaume du capitalisme.
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Écrit par : Philippe de Visieux / | 27/02/2020

LE VOTE PAR NOTATION

> Macron n'a été élu que grâce à l'illusion du vote soit disant utile.
Pour élire le plus consensuel (et éviter les votes "utiles"), il faudrait passer au vote "par notation" :
http://www.votedevaleur.org/co/voteParNotation.html
(ce site explique les différents types mais c'est celui par notation le meilleur plus facilement mettable en place, à diffuser jusqu'à ce qu'il s'impose).
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Écrit par : franz / | 27/02/2020

LE 49.3

> (pas tout à fait dans le sujet mais lié par le côté politique)
Retraies : Le 49-3 est un leurre, la vraie question est pourquoi veut-on l'utiliser et ne pas utiliser le 44-3 ?
Le 49-3 va jusqu'à éviter le vote sur la loi.
Le 44-3 "vote bloqué" évite la discussion mais pas le vote.
On nous serine que le 49-3 est inévitable du fait du nombre d'amendement, donc le problème ne serait que sur les discussions, or si on veut passer directement au vote c'est le 44-3 qu'il faut utiliser et non le 49-3 qui dit "si vous ne renversez pas le gouvernement, la loi sera adoptée".
Le gouvernement douterait-il de ses "députés playmobil" sur cette loi ?
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Écrit par : franz / | 28/02/2020

UN MONDE DE L'ÉGOCENTRISME

> https://www.lemonde.fr/m-perso/article/2020/02/07/je-l-ai-vecu-comme-un-tsunami-mon-mari-est-devenu-ma-femme_6028800_4497916.html

Un exemple parmi d'autres du prométhéisme dans lequel l'humanité se trouve embarquée, à coup de lois sociétales : Bruno devient Béatrice, au grand dam de son épouse et de leurs enfants dont le couple craint qu'ils ne les abandonnent. Que d'égocentrisme et d'individualisme dans la décision de cette "transition" : loin de Dieu, le monde marche sur la tête avec le transhumanisme.
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Écrit par : Philippe de Visieux / | 10/03/2020

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