Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

11/02/2020

"Prêtres mariés" : La rubrique religieuse du 'Figaro' aura (une fois de plus) fait du tapage pour rien

ANSA1215415_Articolo.jpg

Selon La Repubblica et les évêques américains reçus hier par le pape, l'exhortation apostolique sur l'Amazonie publiée demain (écrite depuis la fin décembre) ne comporte pas d'évolution vers l'ordination de diacres mariés, mais se focalise sur des questions "autrement plus importantes" :


Francesco ai vescovi Usa: "Nessuna svolta sui preti sposati"

("Aucun tournant en direction de prêtres mariés" – La Repubblica, 11/02)

 

Selon le vaticaniste de La Repubblica Paolo Rodari, "ceux qui croyaient que l'exhortation post-synodale sur l'Amazonie (publiée demain matin) comporterait une ouverture aux prêtres mariés se trompaient : François lui-même l'a dit hier à un groupe d'évêques américains", ce que confirme l'agence américaine Catholic News Service. Selon Mgr Solis, évêque de Salt Lake City, le pape a donné aux évêques présents l'impression que l'ordination sacerdotale de diacres mariés (pour remédier au manque de prêtres dans les régions isolées d'Amazonie) ferait l'objet d'un discernement mais ultérieur.  D'après Mgr Wester, archevêque de Santa Fe, le pape a indiqué en substance que sur ce sujet il n'avait "pas l'impression que l'Esprit Saint soit actuellement à l'oeuvre".

Rodari ajoute : "Il y a un mois beaucoup de bruit était fait autour d'un livre du cardinal Robert Sarah avec contribution de Benoît XVI sur l'importance du célibat sacerdotal. Publié avant l'exhortation post-synodale, ce livre avait soulevé un tapage de la part de ceux qui le lisaient [*] comme une volonté d'influencer François sur un point névralgique dans l'Eglise. En réalité [...],  l'exhortation était déjà rédigée fin décembre, avant la parution du livre."

Donc beaucoup de bruit pour rien, au détriment de l'Eglise, dans un coup de marketing monté par un intrigant d'édition en cheville avec un quotidien parisien : Le Figaro, journal d'une bourgeoisie qui lit peu. Les méthodes de cette droite n'ont rien à envier à celles des pires buzz-makers.

Peut-on espérer que l'affaire servira de leçon aux paroissiens qui s'y étaient laissés prendre avec un zèle amer ?

Et peut-on espérer que les paroisses françaises expliqueront toutes à leurs fidèles ce que contient en réalité l'exhortation Querida Amazonia – et pourquoi elle s'inscrit dans le droit fil de Laudato Si' ?

__________

[*]  "Lisaient" est un mot faible. Un journaliste s'était permis de titrer : "Le pape François giflé par son prédécesseur".  Fausse nouvelle contraire à la déontologie de la presse...

 

 

 

campagne-marketing1-1170x625.jpg

 

Commentaires

LA PAROLE DE FIN SILENCE

> Le pape François n'est toujours pas venu en France, le pays d'à-côté. Quelle honte pour nous et quelle sagesse de sa part. Les brebis égarées de la fille aînée de l’Église sont tellement malades qu'elles ne peuvent recevoir paisiblement leur pasteur. Quelles polémiques grasses et bruyantes sa venue ne susciterait-elle pas ? Manifestations anti-pape et autres protestations de la part de notre docte clergé d'intellectuels égarés ?
Quand nous ressentirons vraiment les effets du désert conceptuel que nous traversons et que nous serons assoiffés de sens alors nous pourrons entendre la "parole de fin silence" qui n'a jamais cessé de murmurer à notre oreille "Écoute Israël"...
______

Écrit par : isabelle / | 11/02/2020

LE PAPE FRANÇOIS

> Le pape François ne s'est jamais montré très favorable au 'célibat comme option' et à l'ordination d'hommes mariés, sauf éventuelle exception pour des raisons pastorales (il citait les îles du Pacifique).


[ PP à MG – De nombreux agités sur Facebook "défendent" le célibat sacerdotal avec une telle emphase qu'il en résulte un mépris implicite envers le clergé catholique marié. Quand on le leur dit, ils entrent en ébullition et nous traitent de naufrageurs de "L'Eglise De Toujours". Triste... (C'est surtout leur ignorance de l'ecclésiologie qui est un sujet de tristesse).
______

Écrit par : Michel de Guibert / | 11/02/2020

L'ESPRIT SAINT

> La voici, la clef du discernement pour le pape comme pour tout croyant : l'Esprit saint, dont chacun de nous est le temple, qui nous guide par la voie de notre conscience. En l'écoutant, par la prière, nous nous mettons à l'écoute de Dieu et "avançons en eau profonde" sans crainte aucune.
______

Écrit par : Philippe de Visieux / | 12/02/2020

COLOSIMO

> http://www.lavie.fr/actualite/religions/le-tour-de-passe-passe-du-cardinal-sarah-11-02-2020-103761_395.php

Très beau texte du théologien Jean-François Colosimo, qui ne pratique pas non plus la langue de buis. L’analyse qu’il dresse de l’affaire Sarah est excellente, soutenue par une photographie qui, comme vous l'écriviez Patrice, fait mal à tous ceux qui ont aimé et aiment Benoît XVI : un vieillard à l’extrême fin de son existence terrestre, le regard vide, épuisé, la croix pectorale tombant sur le côté, etc., entouré de deux hommes alertes, conscients que leur « tour de passe-passe » est sur le point de fonctionner. Cette « affliction terminale », car c’en est une, est ignoble.
Sur le fond, M. Colosimo a pleinement raison de s’insurger devant les arguments du cardinal Sarah : le clergé catholique oriental n’est pas « de seconde classe » ou « conscient de son imperfection » comme l’affirme le prélat guinéen. Le croire, l’écrire, est une grave atteinte à l’unité de l’Église ; qu’un théologien orthodoxe le souligne fait chaud au coeur.
______

Écrit par : Philippe de Visieux / | 12/02/2020

L'EXHORTATION LUE

> J'ai lu cette exhortation apostolique et je suis allé dire mon chapelet : la nature était en fête dans le domaine Saint-François que vous connaissez comme moi, cher PP… Ainsi ai-je béni un aimable rouge-gorge tout en priant pour le pape, lequel (le rouge-gorge) me l'a rendu trois fois en m'accompagnant sur une centaine de mètres avec la plus vive cordialité ! Amazonie quand tu nous tiens… ;)
J'ai aimé ce texte du Saint-Père. Il est assez innovant dans la forme et le ton, parsemé d'extraits de poésie accompagnant les quatre « rêves » de l'Eglise pour l'Amazonie (1/Un rêve social 2/Un rêve culturel 3/Un rêve écologique IV/Un rêve ecclésial). Et donc, il indique à tous les catholiques (et notamment à ceux qui se montraient en novembre tellement angoissés par la ‘Pachamama’, cette représentation de la Terre-Mère accueillie au synode des évêques) la nécessité de relayer les craintes des populations amazoniennes ainsi exprimées : « Nous sommes eau, air, terre et vie du milieu ambiant créé par Dieu. Par conséquent, nous demandons que cessent les mauvais traitements et les destructions de la Mère terre. La terre a du sang et elle saigne, les multinationales ont coupé les veines à notre Mère terre ».
Un François très « force tranquille » : le synode avait ouvert plusieurs pistes sur le plan de l'organisation ecclésiale des paroisses amazoniennes, comme le mariage des viri probati que sont les diacres mariés. Mais le Saint-Père insiste surtout sur la nécessité d'une inculturation et d'une évangélisation bien conduites, qui passent à la fois par une plus grande présence de prêtres ordonnés et par le rôle primordial accordé aux laïcs et notamment aux femmes « pour toutes les fonctions, même ecclésiales, ne requérant par l'Ordre sacré » : ainsi appelle-t-il l'Eglise à « l’audace de l’Esprit, pour faire confiance et pour permettre de façon concrète le développement d’une culture ecclésiale propre, ‘nettement laïque’. Les défis de l’Amazonie exigent de l’Église un effort particulier pour assurer une présence capillaire qui est possible seulement avec un rôle important des laïcs ».
Bref, l'heure n'est pas à la polémique mais à la recherche des chemins les plus concrets « pour défendre les pauvres de l’Amazonie, pour montrer la sainte face du Seigneur et pour prendre soin de sa création ». Programme irréalisable sans Marie, Mère de Jésus et donc « Mère de l'Amazonie » : « Nous savons », écrit le Saint-Père, qui s'appuie sur l'expérience des églises locales résumée dans les actes d'un symposium d'octobre 2006 sur la Théologie indienne, « que “les autochtones rencontrent vitalement Jésus-Christ par différentes voies ; mais que la voie mariale a le plus contribué à cette rencontre” ».
Au reste, tout est dit dans la prière que François adresse à la Vierge Marie en conclusion de cette exhortation apostolique : « … Mère au cœur transpercé, toi qui souffres dans tes enfants abusés et dans la nature blessée, règne toi-même en Amazonie avec ton Fils. Règne pour que personne ne se sente plus jamais maître de l’œuvre de Dieu… ».
(… Et j'ajouterai, Très Sainte Mère, Mère de l'Amazonie, continuez de bénir les terres, eaux, forêts, rouges-gorges et autres habitants peu ou mal croyants de nos périphéries et banlieues !).
______

Écrit par : Denis / | 12/02/2020

P.P.V.

> Discussion ce soir avec un PPV (pur produit Versaillais) qui était en désaccord "feutré" avec le pape François. Que dire ? ...j'ai essayé d'expliquer avec bienveillance que François n"était pas à opposer à ses prédécesseurs mais dans la continuité... bref je n'ai pas votre patience PP, la désespérance me guette à propos de ce micro-milieu que je connais bien, il me parait de plus en plus irrécupérable...

Tangui


[ PP à Tangui – Pour paraphraser le Seigneur : expliquons-leur jusqu'à soixante-dix-sept fois sept fois...
Un grand pas est fait quand on les amène à reconnaître qu'ils n'ont lu ni François, ni ses prédécesseurs, et que ce qu'ils en disent leur vient par ouï-dire de micro-milieu. Dans ces conditions comment prétendre opposer François à Benoît XVI et Jean-Paul II ? (Oublions Paul VI, ils ne savent pas qui c'est).

réponse au commentaire

Écrit par : Tangui / | 12/02/2020

Mme SAUVAGET

> https://www.liberation.fr/planete/2020/02/12/le-pape-francois-reformateur-en-retraite_1778221

« François semble bel et bien avoir manqué son rendez-vous avec l’histoire. Il ne sera pas le grand pape réformateur que certains attendaient. [...] A plusieurs reprises, il réclame de l’audace, celle peut-être qui lui manque. A défaut de révolutionner son Église, François demeure quand même le pape des pauvres. »
L’analyse de Mme Sauvaget zappe l’aspect spirituel de la réflexion ecclésiale : être « réformateur », dans l’Église, ce n’est pas être progressiste, c’est se mettre à l’écoute de l’Esprit saint, qui ne souffle pas forcément dans le sens souhaité par ‘Libération’, ou pas au même tempo. Le pape n’a manqué aucun rendez-vous avec l’histoire ; le seul rendez-vous qui compte, c’est celui du croyant avec le Christ ; si Mme Sauvaget avait un peu d’audace, elle le rappellerait aux lecteurs de ‘Libé’.

PV


[ PP à PV – Mme Sauvaget connaît trop bien l'Eglise et ses arcanes pour ignorer que son article est hors-sujet. Et c'est un symptôme. Je traite cette question dans la note qui sera en ligne tout à l'heure. ]

réponse au commentaire

Écrit par : Philippe de Visieux / | 13/02/2020

Les commentaires sont fermés.