Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

04/02/2020

Modes : maintenant les vieux intellos boudent l'écologie

ff633f0304ddd9cbb3ac878152e0ba4a.jpg

De Michel Onfray à Régis Debray & Cie, maintenant le salon intello chipote l'écologie – en des termes empruntés à la droite rance d'il y a vingt ou trente ans. Avec des raccourcis qui ignorent les faits de l'environnement et de l'économie (comme les faits du catholicisme). Ma chronique à Radio Espérance (Auvergne Rhône-Alpes) : 


<<  L’actualité est décidément écologique : on le voit avec la décision du Conseil constitutionnel, vendredi dernier, de placer la protection de l’environnement parmi les principes fondamentaux que devra respecter le législateur.

Mais aussitôt, d’étranges critiques viennent de certains milieux intellectuels – que visiblement les pesticides ne gênent pas. J’entendais samedi matin un éminent notable des idées [*] nous expliquer que la société n’est plus dans la perspective religieuse chrétienne (qui était tendue vers un avenir transcendant), mais dans un culte de « la planète », sorte de religion horizontale et immanente.

Cette idée est fausse, on va dire pourquoi. Mais d’abord elle oppose christianisme et écologie, comme si l’écologie (la vraie) était un culte païen, une espèce de sorcellerie au service de puissances obscures. Or les intellectuels dont je vous parle confondent l’écologie, qui est une science du vivant, avec certains délires à la mode. Et surtout, ces intellectuels ne savent pas ce que le christianisme catholique dit au sujet de l’écologie ! Ils n’ont lu ni Jean-Paul II, ni Benoît XVI, ni François. L’idée qu’ils se font de la pensée catholique n’est qu’un préjugé.

Et le pire, c’est que la notoriété de ces intellectuels impressionne des catholiques, qui eux non plus n’ont lu ni Jean-Paul II, ni Benoît XVI, ni François, et qui regardent leur propre religion avec les lunettes non-informées des gens de l’extérieur. C’est-à-dire les médias. Et comme ces catholiques-là, n’ayant pas lu les encycliques, croient que l’écologie est incompatible avec le catholicisme, on aboutit à une situation en porte-à-faux.

En réalité, une fois que l’on a compris ce que la Bible dit réellement des responsabilités de l’homme envers le reste de la création, le christianisme apporte, dans le domaine écologique, une pensée encore plus écologique. Je veux dire : une pensée écologique plus cohérente que celle de ce qu’on nomme improprement "l’écologie politique actuelle", pour laquelle on a le droit de faire à l’être humain ce qu’à juste titre on ne veut plus faire à la nature. Incohérence redoutable, par laquelle cette écologie politique pactise avec le système qu’elle prétend combattre !

Soyons justes : beaucoup d’écologistes célèbres, par exemple José Bové, n’ont pas cette incohérence et combattent l’artificialisation de la reproduction humaine comme les chrétiens la combattent. Cela aussi c’est une réalité, et très encourageante. Ayons-la à l’esprit, et qu’elle nous soutienne dans notre témoignage quotidien.  >>

__________

[*] Régis Debray, à l'émission d'Alain Finkielkraut. Entendre ronchonner Debray donne de plus en plus l'impression d'écouter Radio Courtoisie il y a trente ans.

 

 

R E 2.jpg

 

Commentaires

OUI ET NON

> Oui... et non. Je pense que ce qu'il y a derrière l'idée de certains penseurs, c'est que pour un certain nombre de gens, les pratiques écologiques ont remplacé des pratiques religieuses que leurs (grands-)parents avaient abandonnées ; ces pratiques servent, comme les pratiques religieuses pouvaient servir dans les années 1950 ou avant, à se sociabiliser et à se donner bonne conscience.
Et de fait, c'est certain que certains vont à l'atelier zéro déchet comme leur grand'mère allait à l'ouvroir paroissial... Et il y a indiscutablement des gens qui sont pas loin de l'idolâtrie.
C'est bien pour cela qu'il faut lire les papes : pour comprendre le sens de l'écologie dans une perspective chrétienne, sans tomber ni dans le déni ni dans l'idolâtrie.

Edel


[ PP à Edel – À condition de préciser que l'idolâtrie guette toute notre société, dont l'écologie standard fait partie plus qu'elle ne le croit. Et que l'idolâtrie de la consommation est infiniment plus répandue (et plus puissante) que la malheureuse écologie, qui fait beaucoup parler mais si peu agir. ]

réponse au commentaire

Écrit par : Edel / | 04/02/2020

SUR RÉGIS DEBRAY

> Je vous trouve sévère avec M. Debray. Je viens de lire son interview dans le Figaro Magazine du 18 janvier, et je ne trouve pas une telle critique de l'écologie, qu'il définit bien comme une science, à l'inverse de l'écologisme, idéologie inorganisée, fluide et ductile, qui masque la réalité pour ne pas désespérer la jeunesse. Debray ne nie en rien la crise écologique, "les raisons sont là irréfutables", dans laquelle nous sommes, notre monde payant "le coût de la société industrielle et sans doute de la modernité", l'homme découvrant sa "dépendance envers une nature fragile, dont on se croyait indépendant". Il en profite pour critiquer, à raison, la notion "quasi touristique d'environnement" (allez vite en voyage au pole nord avant qu'il ne fonde) , réduisant "la nature à une périphérie" de l'homme pour lui préférer le terme de "milieu", où l'homme est au milieu: "l'extérieur habite notre intérieur".

bertrand


[ PP à Bertrand – Je n'ai pas lu cet hebdomadaire : mais j'ai lu le livret de Debray et je l'ai écouté attentivement à l'émission 'Répliques'. Ce n'est évidemment pas un écolophobe grossier. Mais à côté des concessions que vous indiquez, il exprime des soupçons et des accusations gratuites (de type curieusement bourgeois) qui tendent à saper à la base la mobilisation des esprits face au changement climatique.
Et il répand l'idée absurde (typiquement libérale-conservatrice) d'une écologie "religion horizontale" donc incompatible avec la vision chrétienne... Si des écologistes vivent l'écologie comme "horizontale", voire comme ersatz de religion, c'est que notre société substitue à la transcendance diverses formes d'attitudes compensatoires. Et que l'écologie standard ressemble à notre société bien plus qu'elle ne le croit !
C'est cela que Debray (ou Finkielkraut) aurai(en)t pu dire samedi, si cette dimension du problème ne leur échappait visiblement... ]

réponse au commentaire

Écrit par : bertrand / | 04/02/2020

> Mais penser librement n'est ce pas penser différemment ?
______

Écrit par : Roger / | 06/02/2020

Les commentaires sont fermés.