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29/01/2020

Climatologie : l'Académie des sciences, libérée, rejoint enfin la communauté scientifique internationale

courtillot et allegre.jpg

Les obscurantistes : Courtillot en meeting (2016), avec vidéo d'Allègre

Après dix ans de manoeuvres de retardement climato-négationniste (qui ont ridiculisé la France), l'Académie des sciences a fini par se libérer de cette emprise. D'où le colloque des 28-29 janvier sur le thème Face au changement climatique, le champ des possibles


 

De 2010 à 2015, notre blog a rendu compte des démêlés au sein de l'Académie des sciences. Il y avait d'un côté la majorité de ses membres, qui acceptait les données climatologiques. Et de l'autre, une très petite minorité de négationnistes autour du géochimiste Allègre (jusqu'en 2013) puis du physicien Courtillot. Or la minorité arrivait à parasiter la majorité ! Sur-représentée au bureau de l'académie  (dont deux des quatre membres étaient alors affiliés au réseau Allègre), la cabale négationniste se trouvait en mesure de fausser les débats et de déprogrammer l'élection de climatologues... Ainsi prise en otage, la Coupole s'isolait de la communauté scientifique internationale – et semblait s'inféoder à des salons libéraux-conservateurs dont le bon ton incluait, et inclut toujours, le négationnisme climatique.

Cette situation ubuesque scandalisait évidemment les académiciens compétents en climatologie. D'où une série de crises : chaque fois que la question du climat devait revenir en séance, les réalistes avaient à affronter les manoeuvres internes des négationnistes.

En septembre 2010, par exemple, M. Courtillot avait ressorti une fois de plus sa démonstration (déjà réfutée) attribuant le réchauffement climatique à l'activité solaire ; en octobre, les réalistes avaient dû lui opposer les faits : "L'activité solaire, qui a légèrement décru en moyenne depuis 1975, ne peut être dominante dans le réchauffement observé sur cette période... Aucun lien probant entre la variation de la température terrestre, moyennée sur une période de dix ans, et l'activité solaire au cours des derniers cinquante ans, n'a été mis en évidence..." Ce rapport avait été adopté par la grande majorité des 284 académiciens. Commentaire alors du climatologue Hervé Le Treut : "L'Académie, en endossant de manière forte les éléments principaux du diagnostic posé par la communauté scientifique, restaure la confiance entre celle-ci et le grand public." Mais c'était se réjouir trop vite. Les trolls étaient toujours là...

En 2015 M. Courtillot repartait l'attaque, brandissant la même pseudo-démonstration ! C'était à propos d'un avis demandé à l'Académie pour appuyer la COP 21. À nouveau la majorité des académiciens étaient prêts à adopter le point de vue réaliste. Mais cette fois M. Courtillot obtenait du bureau que l'égale valeur des deux points de vue (réalisme et négationnisme) soit érigée en principe – et que le contenu de l'avis en tienne compte... Résultat : après des mois d'empoignades, le texte final ne mentionna ni les effets du dérèglement climatique, ni la responsabilité du système économique dans les gaz à effet de serre. L'avis académique esquivait le problème. L'Académie s'attirait ainsi l'estime des lecteurs de Valeurs actuelles – et le mépris de la communauté scientifique compétente, navrée de voir Paris se ridiculiser.

Mais l'emprise des négationnistes était fragile. Le renouvellement du bureau allait les priver de leur moyen de blocage. D'où, enfin, le colloque tenu hier et aujourd'hui par l'Académie des sciences : "Il fallait repositionner l'Académie là où elle doit être, comme un lieu de réflexion sur le climat",  explique Hervé Le Treut... En public (et sans sabotage pour la première fois), les académiciens ont entendu 25 spécialistes décrire le dérèglement du climat et ses effets, puis débattre des solutions possibles. L'Académie "a retrouvé son rang, au même niveau que les autres académies du monde", déclare un de ses membres à la presse.

Sans doute, juge la paléoclimatologue Valérie Masson-Delmotte, mais "que de temps perdu !"

Oui : dix ans de "combat culturel" libéral-conservateur...

 

 

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Commentaires

> Excellente nouvelle en effet.
Sans me considérer être un ayatollah anti-climatosceptique, j'étais un peu dubitatif ce matin en lisant le titre d'un article du 'Figaro' : "Climat: en matière d’effet de serre, le scénario du pire est peu probable".
Certes, il faudrait lire l'étude en question publiée dans la revue 'Nature' pour pouvoir porter un commentaire objectif.
Mais on sait qu'en matière médiatique, c'est surtout l'effet d'annonce qui compte : on l'a vu il y a quinze jours avec l'affaire Sarah ("le pape giflé par son prédécesseur").
Il aurait sans doute fallu nuancer ce titre un peu catégorique, par exemple : "Selon certains chercheurs, le scénario du pire serait peu probable". Le GIEC, en effet, qui est aussi sérieux que Zeke Hausfather et Glen Peters, semble beaucoup moins optimiste qu'eux sur cette question cruciale.

https://www.lefigaro.fr/sciences/climat-en-matiere-d-effet-de-serre-le-scenario-du-pire-est-peu-probable-20200129
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Écrit par : Philippe de Visieux / | 30/01/2020

"CULTE"

> Alors Pluncket toujours dans le culte réchauffiste ?
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Écrit par : Semperfi / | 30/01/2020

DOGME

> J'ai entendu dire qu'en raison des tremblements de terre et autres mouvement des plaques tectoniques, l'inclinaison de la terre aurait variée. J'ai également lu que la position des pôles variait provoquant le recalibrage des outils GPS. Alors on me sort l'idée que ces modifications seraient une des cause (pour ne pas dire : la cause) du réchauffement climatique.
Bref...

PierreO


[ PP à PierreO – Ils inventeront n'importe quoi pour ne pas admettre que leur système économique est impliqué. C'est en vertu du dogme de l'inerrance du capitalisme. ]

réponse au ciommentaire

Écrit par : PierreO / | 30/01/2020

L'ANTHROPOCÈNE ET L'HISTOIRE DE LA PLANÈTE

> Si j’ai bien compris les données scientifiques, en très synthétique cela donne ça : la Terre n’était pas propice à la vie au départ, (si ce n’est la première production d’oxygène par electro-magnetisme probablement, le doigt divin selon certains scientifiques, amorce qui se serait éteinte aussitôt si les tous premiers vivants n’avaient pris le relais), mais c’est la vie qui s’est fabriqué ses conditions par un long travail commencé il y a 2 milliards d’années par les plantes qui ont transformé une bonne partie du gaz carbonique en oxygène. Les plantes sont les seuls vivants à savoir utiliser l’énergie solaire qu’elles stockent grâce à la photosynthèse sous forme de matière. Cette énergie stockée de leur vivant a permis aux animaux d’apparaître à leur tour en se procurant auprès d’elles cette énergie solaire, ainsi disponible, vitale.
Parallèlement à cet usage immédiat de leur travail, elles ont constitué sur le surplus (1% de la biomasse) un stock d’énergie qui, par une lente transformation sur 200 millions d’années, est devenu charbon, gaz, pétrole.
Si l’on ramène ce long travail de transformation stockage d’une énergie particulièrement riche à une semaine: en une seconde la dernière espèce animale, super-prédatrice, qu’est l’homme, l’aura épuisée et donc renvoyée sous forme principalement de CO2 dans l’atmosphère.
Et sur l’échelle de l’histoire humaine, c’est une poignée de générations qui a brûlé toute l’énergie fossile en laissant aux suivantes une planète épuisée et asphyxiée.
Donc: quels que soient les facteurs seconds du réchauffement climatique, la libération sur une période très courte de l’énergie solaire stockée sur des centaines de millions d’années par les végétaux, conjointe à l’exploitation intensive du manteau végétal cassant la boucle de recyclage naturel du CO2 en oxygène, explose l’équilibre de l’écosystème Terre.
Et philosophiquement parlant, cela s’explique par le triomphe de l’idéologie de la loi du plus fort : un système concurrentiel dans un premier temps le plus vorace gagne en occupant tout l’espace, dans un second temps il meurt épuisé et sans ressources.
Il est urgent de remettre au-dessus de tout esprit de domination l’universelle loi de l’entraide, où chacun, conscient de tout ce qu’il doit aux autres, cherche à son tour à faire sa part pour être aussi lieu d’échange entre tous les vivants.
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Écrit par : Anne Josnin / | 30/01/2020

INSTRUCTIF

https://www.youtube.com/watch?v=j48hBShnfB0

Du très bon 'Janco', pour faire contrepoids au duo Allègre-Courtillot : c'est très pertinent, comme toujours, précis et réaliste, avec quelques sorties dignes d'Audiard. Instructif à tous égards.
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Écrit par : Philippe de Visieux / | 31/01/2020

à Anne Josnin :

> Pleinement d'accord avec vous.
Peut-être y ajouterais-je une conséquence physiologique de taille, souvent rappelée par le P. Giraud : l'augmentation du dioxyde de carbone implique que la quantité d'oxygène apportée au cerveau diminuera au profit du gaz carbonique, néfaste. L'humain de la seconde moitié de ce siècle sera donc moins intellectuellement agile (de l'ordre de vingt pour cent, si je me souviens bien des propos du jésuite) que ses parents et grand-parents, sans évoquer les ravages imputables à l'intelligence artificielle.
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Écrit par : Philippe de Visieux / | 02/02/2020

@ Philippe de Visieux au sujet de l'apport d'oxygène au cerveau

> Je vois une faille dans le raisonnement sur la physiologie: c'est de supposer que les apports sont proportionnels aux quantités disponibles dans le mélange initial (autrement dit, l'air respiré). Mais en fait, non, puisqu'au contraire le poumon est là pour en extraire l’oxygène, et lui seul. Les petites variations du taux de CO2 (oui, malgré leurs conséquences néfastes, ce sont de petites variations au regard des autres constituants majoritaires de l'air que nous respirons) sont sans influence sur le cerveau lui-même.

D'ailleurs, ce qui compte pour l'organisme, ce n'est pas la proportion d'oxygène, mais sa quantité, qui est bien plus que suffisante à peu près partout. Pensez par exemple que pour un cycliste du tour de France, dont les efforts surhumains entraînent une consommation bien au delà de la dose habituelle, le seuil qui compte est atteint vers 2000m d'altitude.
Pour rester en ligne avec votre commentaire, je laisse de côté les effets présents et à venir des interactions avec des machines, et je reste donc sur les menaces physiologiques sur le cerveau humain: Non, pas le CO2, mais les perturbateurs endocriniens et autres polluants de la croissance et du fonctionnement de cet organe complexe.
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Écrit par : olivier / | 03/02/2020

à Olivier :

> Merci pour ces éclaircissements.
Sans doute devrait-on mentionner ces éléments au P. Giraud qui évoque assez souvent l'aspect physiologique dans ses interventions, comme celle-ci :
https://www.youtube.com/watch?v=vw2FIvxokP4

Un commentateur estime que le jésuite s'appuie sur l'étude suivante :
https://www.pnas.org/content/pnas/115/37/9193.full.pdf
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Écrit par : Philippe de Visieux / | 05/02/2020

à Philippe de Visieux

> J'ai lu attentivement l'étude (merci pour le lien.
Elle ne contient aucune référence au CO2.
Les polluants mesurés sont le dioxyde de soufre, le dioxyde d'azote et les micro-particules. Autrement dit, de classiques produits de l'activité industrielle, de la circulation automobile et du chauffage.
Notons aussi que l'étude montre comment les capacités intellectuelles décroissent quand la pollution augmente, toutes choses égales par ailleurs. En particulier, elle n'établit pas de comparaison entre personnes, mais entre résultats dans des contextes différents pour une même personne.
C'est déjà beaucoup, mais ce n'est qu'un début.
Il faudra bien plus de temps pour aborder les points suivants que cette étude ne peut pas prendre pas en compte:
- Influence sur les capacités maximum à l'âge adulte selon la pollution rencontrée dans la croissance
- Influence des facteurs plus discrets mais présents en continu.
Sur ce dernier point, ll faudra beaucoup d'imagination aux chercheurs pour mettre au point les méthodes permettant de conclure; pas question en effet de sélectionner des enfants pour leurs appliquer des environnements différents et voir ce qu'il advient. Mais des études in-vitro existent, qui montrent que nous jouons avec le feu.
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Écrit par : olivier b./ | 07/02/2020

CO2

> En fait, la plus grande partie du CO2 présent dans l'atmosphère terrestre dans les premiers âges de notre Terre, encore très chaude, s'est trouvée stockée par combinaison avec le calcium ou ses composés,oxyde (chaux vive) ou hydroxyde (chaux éteinte) puis, ô merveille, ce carbonate de calcium CaCO3 a été incorporé à des êtres vivants (coquilles de mollusques surtout) et se trouve emmagasinée , fossilisée dans les roches calcaires !
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Écrit par : PF. Huet / | 08/02/2020

à olivier b. :

> Merci pour cette analyse fort instructive !
J'y ajouterais ce que l'on savait empiriquement, mais que la médecine tend à démontrer : la recrudescence de cancers en lien avec l'environnement dégradé dans lequel nous vivons. Il est probable qu'une hausse des températures supérieure à deux degrés rende plus fréquente l'apparition d'épidémies comme celle à coronavirus en Chine. Or on voit ce que trente mille patients peuvent engendrer comme urgence sanitaire, déstabilisation politique, dérèglement économique, redistribution géopolitique. Nous nous dirigeons vers un monde instable à tous niveaux.
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Écrit par : Philippe de Visieux | 09/02/2020

à Olivier B. :

> https://www.youtube.com/watch?v=9qcttk5E9xw
À partir de [26:00], le P. Giraud explique la relation entre l'augmentation de la concentration de dioxyde de carbone (à hauteur de 1000 ppm) dans l'atmosphère et la dégradation des facultés cognitives. À écouter...
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Écrit par : Philippe de Visieux / | 02/03/2020

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