03/01/2020
"Pour BlackRock, la France n'est qu'une boîte de smarties" (Agnès Pannier-Runacher, secrétaire d'Etat)
Le milieu qui compose LREM ne sait pas cacher ses réflexes. On le voit encore par ses réactions dans la pittoresque affaire Cirelli :
Découvrant les liens entre l’Elysée et le “gestionnaire d’actifs” américain BlackRock (7000 milliards de dollars de fonds), le public soupçonne la réforme des retraites de tendre à détourner la meilleure part de l’épargne française, via les assureurs et les banques, vers les fonds de pension privés : autrement dit, le casino global. La presse du 11 décembre publie un document de BlackRock exprimant ce but stratégique. Que la Macronie s’évertue aussitôt à démentir… Mais le 31 décembre, elle annule ce démenti par une sorte d’acte manqué freudien : en faisant du patron de BlackRock France un officier de la Légion d’honneur ! Jean-François Cirelli, 61 ans, incarne la collusion politique-business : avant de rejoindre BlackRock il fut conseiller de Chirac, directeur de cabinet de Raffarin, puis dirigeant de GDF-Suez. Qui l’a proposé pour la rosette ? Edouard Philippe.
Explosion d’indignation à gauche et à droite. Olivier Faure (PS) : "C'est tout sauf anecdotique, BlackRock, c'est tout simplement le côté obscur de la réforme des retraites, c'est le choix d'un camp, celui des fonds de capitalisation ! Que feront les 300 000 Français qui gagnent plus de 10 000 euros par mois et qui cotisent aujourd'hui pour 3 milliards d'euros dans le système solidaire ? Ils s'échapperont vers un système différent qui sera le système par capitalisation !" Ian Brossat (PCF) : "C'est une provocation incroyable. Cela fait des semaines que l'on soupçonne le gouvernement de mettre en place cette réforme sur inspiration de ces fonds de pension, qui veulent faire main basse sur les retraites des Français. Désormais, il ne s'en cache même plus !" Mathilde Panot (LFI) : "Dans la République des privilèges, on élève au grade suprême les destructeurs des conquêtes sociales. Démocratie malade, Ve République à bout de souffle !" Nicolas Dupont-Aignan (DLF) : “Arrogance sans limite, ce pouvoir est corrompu !”
“Polémique politicienne un peu vaine”, ironise Edouard Philippe : une décision de Premier ministre est bien au-dessus de ces choses. Au-dessus de quoi, d’ailleurs ? Pour BlackRock la France n’est “qu’une boîte de smarties”, grince la secrétaire d’Etat Agnès Pannier-Runacher (HEC-ENA + Young Leaders, un profil parfait). Avec la voix d’adolescente exaspérée propre à beaucoup de femmes macronistes, elle lance à Bourdin surpris : “Arrêtons de croire que nous sommes au centre du monde !”
Dire que la France est nulle (“smarties”), interpréter sa colère sociale comme l’illusion de “se croire centre du monde”, voir les choses comme BlackRock alors que l’on est secrétaire d’Etat… C’est l'état d'esprit d’un milieu mental : celui des technos de la finance privée qui ont achevé en 2017, sous le masque LREM, de s’emparer du pouvoir. L’affaire Cirelli n’en est que l’illustration pittoresque.
13:11 Publié dans Macron, Social | Lien permanent | Commentaires (14) | Tags : cirelli
Commentaires
BLACKROCK
> https://www.lesechos.fr/2015/10/blackrock-et-google-sassocient-dans-lintelligence-artificelle-278950
Je laisse à chacun le soin de tirer les conclusions d'un tel accord !
La macronie est d'une naïveté coupable.
Blackrock se prépare à ratiboiser le marché contrairement à ce qui nous est annoncé.
Nous en reparlerons dans 5 ou 10 ans !
______
Écrit par : PierreO / | 03/01/2020
TOUTES LES CASES
> Mme Pannier-Runacher coche à toutes les cases, comme on dit, outre le cursus que vous rappelez :
1 - en affirmant que la France, hein, entre nous, c'est peu de choses ;
2 - en affirmant que ce n'est qu'un pays, après tout, et qu'un pays ne représente rien face à une institution un peu sérieuse comme Black Rock ;
3 - en utilisant une image telle que la "boîte de Smarties", référence à un nom de marque, produit d'une industrie dépourvue de toute référence enracinée quelque part.
Observons toutefois que, sur le point 2, elle a probablement tort : il n'y a pas de petites économies ou de petites occasions pour un gros fond de pension.
Mme Pannier-Runacher, si elle avait quelque culture, pourrait se rappeler un vieux dessin de Forain, représentant un monsieur bien gras expliquant à ses enfants que c'est en se privant tous les jours de son petit café qu'il est devenu propriétaire…
Bonne et sainte année à vous et à tous vos lecteurs !
SL
[ PP à SL – Bonne année à vous et tous les vôtres.]
réponse au commentaire
Écrit par : Sven Laval / | 03/01/2020
BERNANOS
> Face à Macron et ses lieutenants, et devant la tyrannie croissante de l'Etat sur ce sujet des retraites, peut-on encore distinguer justice et égalité… et aurons-nous le courage de faire revivre les couleurs de « l'homme d'autrefois », si cher à Georges Bernanos. Et, à vrai dire, dans ce débat, dans cette confrontation, où se situerait l'auteur de “La France contre les robots” ? Je m'interroge…
« Loin de penser comme nous, à faire de l'Etat son nourricier, son tuteur, son assureur, l'homme d'autrefois n'était pas loin de le considérer comme un adversaire contre lequel n'importe quel moyen de défense est bon, parce qu'il triche toujours. C'est pourquoi les privilèges ne froissaient nullement son sens de la justice ; il les considérait comme autant d'obstacles à la tyrannie, et, si humble que fût le sien, il le tenait – non sans raison d'ailleurs – pour solidaire des plus grands, des plus illustres. Je sais parfaitement que ce point de vue nous est devenu étranger, parce qu'on nous a perfidement dressés à confondre la justice et l'égalité. Ce préjugé est même poussé si loin que nous supporterions volontiers d'être esclaves, pourvu que personne ne puisse se vanter de l'être moins que nous. Les privilèges nous font peur, parce qu'il en est de plus ou moins précieux. Mais l'homme d'autrefois les eût volontiers comparés aux vêtements qui nous préservent du froid. Chaque privilège était une protection contre l'Etat. Un vêtement peut être plus ou moins élégant, plus ou moins chaud, mais il est encore préférable d'être vêtu de haillons que d'aller tout nu. Le citoyen moderne, lorsque ses privilèges auront été confisqués jusqu'au dernier, y compris le plus bas, le plus vulgaire, le moins utile de tous, celui de l'argent, ira tout nu devant ses maîtres. »
(“La France contre les robots", G. Bernanos, Robert Laffont, 1947, pp. 71-72)
______
Écrit par : Denis / | 03/01/2020
> Tout cet émoi pour ces coquillettes cocardières fait bien marrer au delà des frontières.
______
Écrit par : Jean-Michel / | 03/01/2020
CAPITALISME DE CONNIVENCE
> Dans le fond, le principe de répartir les risques entre une répartition et une capitalisation n'est pas idiot, vu le ratio actif/retraité, et c'est ce que font de nombreux français avec l'assurance-vie.
Reste qu'on souhaiterait, si on va dans ce sens, avoir le choix des fonds et pouvoir en changer quand on veut. Et là j'ai les plus grands doutes.
Pourquoi recevoir quelques dirigeants seulement, dans un monde de "concurrence libre et non faussée" ? ? Ça sent le capitalisme de connivence, si pratiqué en France.
Quant aux propos de Mme Smarties, ils sont scandaleux.
______
Écrit par : BMC / | 03/01/2020
COLÈRE
> "pittoresque"... L'euphémisme est savoureux. J'admire, cher Patrice, votre capacité à demeurer si calme et nuancé. J'avoue que, pour ma part, la colère me submerge parfois... A voir mes idées souvent noires, je comprends que d'autres voient rouge !
Qu'il me soit permis de vous souhaiter, ainsi qu'à la petite communauté de vos lecteurs, une heureuse année : en 2020, ne baissons pas les bras au pied levé !
Petit Lulu
[ PP à Petit Lulu – Bonne année à vous et aux vôtres !
"Pittoresque" était bien sûr une litote... ]
réponse au commentaire
Écrit par : Petit Lulu / | 03/01/2020
à Sven Laval
> Comment Mme Agnès P-R aurait-elle "quelque culture" ? Elle a fait HEC et l'ENA, et elle est homologuée Young-Leaders ! Vacuum cleaner.
______
Écrit par : Churubusco / | 03/01/2020
à Churubusco :
> Il doit y avoir de cela. On pourrait dire aussi "Brain-washed".
______
Écrit par : Sven Laval / | 03/01/2020
LES "POLITIQUES", PLUS PRO-RICHES QUE LES RICHES EUX-MÊMES ?
> En lien assez indirect, Bill Gates appelle à augmenter les impôts de plus riches. Ce qui est assez curieux, c'est cette classe politique qui souhaite sans cesse faire le contraire. On se demande qui elle peut bien chercher à satisfaire puisque les plus riches qui doivent bénéficier des réductions d'impôts eux-mêmes les trouvent inutiles. Voir: https://www.lefigaro.fr/conjoncture/bill-gates-appelle-de-nouveau-a-augmenter-les-impots-des-plus-fortunes-20200103?fbclid=IwAR26qURfJCCA-nFvpNOeg5lAidSY_82Eb4WIP-dbHzNj7otGPDLgGGgI1YQ
ND
[ PP à ND – En ce cas, l'attitude de la classe politique ne s'expliquerait plus que par un automatisme stupide. Formatage acquis dans les écoles de commerce ? ]
réponse au commentaire
Écrit par : ND / | 04/01/2020
BLACK
> Le grand-père est à Blackrock.
Son fils est membre du Siècle.
Son petit-fils est aux Black Blocs.
Et tous servent le même objectif : être des casseurs.
______
Écrit par : E Levavasseur / | 04/01/2020
PANNIER-RUNACHER, RICHE PERSONNALITÉ
> Tiens au fait : et sa fortune personnelle, ce sont des smarties aussi ?
"Véhicule ultra-luxe, 20 comptes courants… La fortune hallucinante d'Agnès Pannier-Runacher et d'Emmanuelle Wargon.
Agnès Pannier-Runacher et Emmanuelle Wargon ont toutes deux rejoint le gouvernement en octobre 2018. L’une comme l’autre possèdent une fortune des plus considérables…
Agnès Pannier-Runacher : 20 comptes courants et une fortune de plusieurs millions ?"
Elle ne peut comprendre le problème des Français et ne peut donc les représenter au gouvernement
https://www.google.com/amp/s/www.planet.fr/politique-maisons-vehicule-ultra-luxe-et-20-comptes-courants-lincroyable-fortune-de-ces-deux-ministres.1749268.29334.html%3fv=amp
______
Écrit par : E Levavasseur / | 04/01/2020
ILS PRENNENT LES GENS POUR DES IDIOTS
> Cette dame dit que la part déjà gérée par Blackrock est infime : certes mais...
- d'une part, c'est pour l'instant.
Blackrock ne s'est pas caché de vouloir investir plus en France (voir l'article ci-dessous)
- d'autre part, si c'est peu pour Blackrock c'est beaucoup pour la France !
or c'est cela qui nous préoccupe et qui devrait préoccuper cette dame puisque c'est du gouvernement de la France dont elle est membre et non de l'équipe de Black Rock.
Enfin c'est ce qu'on croyait...
Le marché de l'épargne ne se réduit pas au secteur de l'épargne retraite. Il y a aussi l'Assurance vie ou encore le livret A.
Et là, on dépasse les 2000 milliards...
avec la possibilité pour Blackrock de passer de 7000 à 9000 milliards d'actifs !
On pense les Francais assez idiots pour leur faire croire que ça n'intéresse pas Blackrock ?
Ci-dessous un rappel qui aura d'autant plus de poids qu'il vient du journal Les Échos
https://www.lesechos.fr/finance-marches/gestion-actifs/la-polemique-blackrock-expliquee-avec-des-smarties-1160195
EL
[ PP à EL – Ce qui caractérise les macronistes, c'est leur réflexe de voir avec les yeux des multinationales et non ceux du citoyen de base. Ils sont formatés par leurs études de commerce. D'où l'aspect effrayant de leur pétulance de 'young leaders'... ]
réponse au commerce
Écrit par : E Levavasseur / | 04/01/2020
@ ND
> Bill Gates ?
Celui qui échappe vraisemblablement en partie au fisc avec sa fondation ?
Celui qui a créé une entreprise dont le modèle économique fut pendant très longtemps vraisemblablement la contrefaçon pour écraser toutes alternatives planétairement (certes, cela a désormais un peu changé) ?
Pour ma part, je m'interroge beaucoup sur ce personnage et à ce stade je ne lui donnerais aucun crédit.
______
Écrit par : Pierre O / | 04/01/2020
EUTHANASIE POLITIQUE
> Cinquième République à bout de souffle ?
Mais cela fait des décennies qu'on l'euthanasie à petit feu, en "réformant" le mandat présidentiel, la constitution etc., etc.
______
Écrit par : Bernadette / | 05/01/2020
Les commentaires sont fermés.