11/12/2019
L'économiste jésuite analyse le mouvement social français
Gaël Giraud s.j.: un constat radical et incisif
Ma chronique de ce mercredi matin à Radio Présence (Toulouse Midi-Pyrénées), diffusée aussi par Radio Fidélité Mayenne :
https://radiopresence.com/IMG/mp3/11122019_chroeco_airtemps.mp3
<< Pour saisir le climat de la colère sociale actuelle en France, il faut bien voir que c’est un drame de la fracture entre deux populations : le tiers supérieur, à l’aise dans la mondialisation libérale, et les deux autres tiers, qui étaient épaulés par les garanties sociales républicaines… mais qui se jugent abandonnés maintenant. Et il faut lire l’entretien avec l’économiste jésuite Gaël Giraud, publié par le site Le Vent se lève. En voici deux passages :
“ J’observe qu’une partie de la haute fonction publique française ne croit plus en l’État : de sorte que rien ne vaudrait une bonne assemblée sanglante d’actionnaires qui maximisent leurs profits à court terme. Ces propos, que j’entends y compris à l’Inspection générale des finances, font froid dans le dos...”
“Le tiers des Français ayant fait des études supérieures ne sait plus ce qui se passe dans le reste du corps social et ne le comprend plus… La haute fonction publique doute de l’utilité de travailler pour ceux et celles qu’elle ne connaît plus… Une fraction de cette noblesse d’État penche pour une "démocrature", qui imposerait les décisions technocratiques qu’elle estime être les seules raisonnables. Sans s’apercevoir que, le plus souvent, ces décisions ne servent que ses propres intérêts de court terme. Il y a là un malentendu profond…”
Gaël Giraud est l’un des jeunes membres d’un grand ordre religieux de l’Eglise catholique. Son constat converge avec celui des Français qui manifestent actuellement dans toutes nos villes. Et ce n’est pas le seul cas de convergence : invité de France-Inter hier matin, le jeune député Adrien Quatennens citait le pape François dénonçant, disait-il, les “peaux de bananes” opposées à l’expression démocratique…
Notons aussi que du Nord au Midi, des unions départementales de la CFTC (syndicat chrétien) étaient dans la rue hier avec leurs drapeaux, aux côtés des autres syndicats : « Il y a quand même des moments où l’on ne peut pas faire autrement que de faire grève”, expliquait un militant CFTC du Gard au journal Libération.
Le malentendu profond dont parle le P. Giraud explique ce qui se passe dans notre pays : un soulèvement non seulement matériel, mais psychologique et moral, contre une gouvernance perçue comme un engrenage qui échapperait en fait au débat républicain. Ce malaise social vient de loin – et de bien avant le gouvernement actuel ; s’il explose en rafales (gilets jaunes hier, grèves aujourd’hui), c’est que ce gouvernement donne l’impression, aux classes moyennes et populaires, de prolonger et d’aggraver ce dont elles souffraient déjà.
Quant à la nature de ce mal, deux textes la désignent dans toute son ampleur : ils s’intitulent La joie de l’évangile et Laudato Si, et ils sont du pape François. >>
Les deux volets de l'entretien Giraud :
https://lvsl.fr/gael-giraud-les-banques-sont-intrinsequement-hostiles-a-la-transition-ecologique/
10:47 Publié dans Pape François, Social | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : retraites, social, macron
Commentaires
> C'est une photo d'avant le "relooking"...
TM
[ PP à TM – Vous ne confondez pas avec la barbe de Gaël Givet (le footeux) ? ]
réponse au commentaire
Écrit par : Thomas Mousset / | 11/12/2019
à Thomas Mousset :
> Il semble que le père Giraud ait quitté cet été ses fonctions de chef économiste de l'Agence française de développement. Engagé contre le CETA, il avait dû publier une note sur Twitter précisant que sa position n'était pas celle de l'Agence : peut-être a-t-il réalisé, comme beaucoup d'entre nous, que ses fonctions professionnelles étaient incompatibles avec son engagement chrétien ?
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Écrit par : Philippe de Visieux / | 12/12/2019
@ Philippe de Visieux
> Oui, comme beaucoup d'entre nous... Mais bienheureux qui a la possibilité de changer de voie, surtout à partir d'un certain âge. Après 50 ans, c'est compliqué, surtout quand on a des enfants qui grandissent, un emprunt immobilier, etc... Mais il y en a qui y arrivent.
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Écrit par : Feld / | 12/12/2019
DÉMONÉTISER
> Il y a aussi ceux qui rêvent à une société démonétisée ...
outre le fait de prendre en otage les citoyens lambda, je ne peux m'empêcher de penser que ceux-ci n'ont pas du souvent sortir une pièce de leur porte-monnaie pour la donner à un mendiant...!
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Écrit par : franz / | 15/12/2019
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