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21/11/2019

"J'accuse" censuré : tragi-comédie en Seine Saint-Denis

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Moralement coupée des populations, une partie de la classe politique semble tentée de restaurer la censure :


 

“L’établissement public territorial (EPT) Est-Ensemble” est une “structure intercommunale créée en 2009 dans le cadre de la mise en place de la métropole du Grand Paris et située dans le département de la Seine-Saint-Denis en région Ile-de-France” : Bagnolet, Bobigny, Bondy, Le Pré-Saint-Gervais, Les Lilas, Montreuil, Noisy-le-Sec, Pantin, Romainville. Mission officielle : "assurer des fonctions de proximité en matière de politique de la ville, d'équipements culturels, socioculturels, socio-éducatifs et sportifs, d'eau et assainissement, de gestion des déchets ménagers et d'action sociale”. Une “fonction de proximité en matière d’équipements culturels” inclut-elle la censure des films ? Evidemment non dans l’esprit de la loi récente créant les EPT. Mais les maires ont hérité de la loi de 1884 sur les troubles à l’ordre public un pouvoir de censure, tombé en désuétude depuis les années 1970. Qui voudrait le restaurer ? Le conseil de l’EPT Est-Ensemble !

Réuni en séance le 19 novembre, il est entré en ébullition contre la sortie du J’accuse de Polanski dans six salles du territoire : des élues ont exigé et obtenu le vote d'interdiction du film.

Cette remarquable séance en dit long sur ce qu’est devenue le politique dans les pays occidentaux : ce fut “une tempête d’émotions”, certaines conseillères ont attaché un soutien-gorge à leur pupitre, et la maire de Bondy Sylvine Thomassin a dit (notons-le) : “On est effarées que l'administration des salles se permette une telle diffusion, sans demander ce que les politiques en pensent. Nous sommes les représentants du peuple, sur un territoire militant notamment en faveur de l'égalité femmes-hommes !" Parole ”militante” renforcée par les pancartes agitées en séance par des conseillères :Le viol n’est pas du cinéma”.

Certes, le viol n’est pas du cinéma. Néanmoins : 1. Le viol de Mme Monnier n’a pas fait l’objet d’une enquête judiciaire et n’en fera pas l’objet, puisque les faits allégués sont prescrits (remontant à 43 ans) ; 2.  Le conseil d’Est-Ensemble ne se fonde donc que sur le risque d’atteintes à l’ordre public, c’est-à-dire de manifestations – devant et dans les salles – des conseillères d’Est-Ensemble ; 3. le sujet du film de Polanski n’est pas le viol, mais le drame national que fut l’affaire Dreyfus : dimension que le conseil d’Est-Ensemble ignore visiblement.

D’où la circonspection (très isolée) du président d’Est-Ensemble, Gérard Cosme : opposé à l’interdiction, il aurait préféré s’en remettre à la liberté de conscience des 420 000 habitants de ses communes. Débordé par les conseillères-militantes, il a donné l’ordre de déprogrammer J’accuse. Puis il s’est repris et a annulé l’ordre, après une nuit de discussion sur la liberté artistique avec les directeurs de salles.

Il faut dire que ceux-ci avaient réagi avec combativité. Femmes en tête ! Ainsi Annie Thomas, directrice du Trianon à Romainville : "J'estime qu'en programmant ce film je ne cautionne pas tous les violeurs de France." Ou Anne Huet, directrice du 104 à Pantin : “J’ai choisi de le programmer en mon âme et conscience. Il me semble fondamental de distinguer l’œuvre de l’homme.” Et le cinglant message Facebook de Stéphane Goudet, directeur du Méliès à Montreuil : "Nous demandons dès à présent à nos élus la liste des cinéastes dont nous n'aurons plus le droit de programmer les films et la définition de leurs critères. Un comité de vérification de la moralité des artistes programmés est-il prévu, puisque la liberté individuelle des spectateurs n’est pas suffisante ?”

Revenons en conclusion sur la phrase “effarée”, mais effarante, de la maire de Bondy :  les directeurs de salles, dit-elle, se sont “permis” (?) de programmer le film sans demander ce que "les politiques" en pensent. Mme Thomassin sait-elle ce que les citoyens, quant à eux, pensent aujourd'hui des “politiques” ? Croit-elle les “politiques” en état de dire aux citoyens ce qu’ils peuvent, ou non, voir au cinéma ?  Mme Thomassin n’a pas vu (et n’ira pas voir) J’accuse, persuadée sans doute que c’est une apologie du viol puisque l’auteur est Polanski ; Mme Thomassin n’a que faire du cas Dreyfus, vieille histoire de mâles blancs dominants. Mme Thomassin sait ce qu’est aujourd’hui la mission des “politiques”:  tourner le dos à la politique, et forger un nouvel ordre moral.

 

PSComme de très nombreux Français.es [*], j’ai vu J’accuse.  Le film est bon. Il montre comment le colonel Picquart n’avait pour mobile que de sauver l’armée de l’impasse où la fourvoyaient ses généraux… C’est un angle original. Mais peut-on attendre des “politiques” de 2019 qu’ils s’intéressent à l’histoire ?

[*]  Le point d'interrogation inversé ( est un "point d'ironie" (innovation typographique, cf. wikipedia).

 

 

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11:51 Publié dans Histoire, Société | Lien permanent | Commentaires (23) | Tags : polanski

Commentaires

AUX U.S.A.

> Ce nouvel ordre moral est déjà en place depuis de nombreuses années outre-Atlantique.
En 2016, j'avais été stupéfait de constater qu'un groupe d'étudiants de la faculté de droit de Harvard avait exigé du décanat qu'il remplace le blason de l'école au motif que ce dernier, ayant été celui de la famille d'Isaac Royall, premier bienfaiteur de l'institution (au XVIIIe) mais aussi propriétaire de plantations et d'esclaves, demeurait associé à la traite négrière et ne pouvait être toléré au XXIe siècle. La doyenne résista quelque temps, arguant de l'absence de lien direct entre ce blason et la question de l'esclavage, que la faculté ne pouvait évidemment que désapprouver mais qui a néanmoins constitué un fait historique majeur aux États-Unis. Un groupe militant se constitua en réponse et c'est sous sa pression (après plusieurs incidents) que l'école retira le blason contesté.
Ce fait divers, comme celui d'Est-Ensemble, traduit la montée en puissance d'un politiquement correct que l'on peut effectivement désigner comme un nouvel ordre moral.
______

Écrit par : Philippe de Visieux / | 21/11/2019

LE MÉNAGE CHEZ EUX

< Et ces mêmes politiques seraient-ils tout aussi "effarés" face à la diffusion en salle ou à la télé, de films pornographiques (ou pudiquement classés comme "érotiques") ?
Canal + diffuse cela depuis des années sans avoir suscité la même réaction (c'est vrai que ses "clients" sont adultes et qu'ils "payent un abonnement"), et il n'est surement pas le seul : des cinémas "spécialisés pour adulte" et des sexshop sont présents dans toutes les grandes villes ... qu'ils commencent à faire le ménage dans leur bor... municipal avant de s'effaroucher d'un film qui montre moins de sexe que n'importe quelle série américaine diffusée sur la télévision publique...
Cdt,
______

Écrit par : bergil / | 21/11/2019

UN "JE M'ACCUSE"

> J’aurais apprécié un « J’accuse » de la maire de Bondy contre les raisons qui font qu’en France l’appareil d’Etat refuse, par principe :
– d’extrader un de ses ressortissants considéré à l’étranger comme un criminel (en l’occurrence un réalisateur de cinéma accusé de viol) ;
– de récupérer un de ses ressortissants réputé avoir commis des crimes à l’étranger (par exemple un jihadiste égorgeur face caméra)…
Accessoirement, l’élue pourrait se fendre d’un « J’accuse » contre les ministres et les députés macronistes, experts en eugénisme et en chosifisation/marchandisation de l’humain – du corps de la femme en particulier –, qui ont rédigé la loi de bioéthique actuellement en discussion au Parlement.
Bref… Que dit Mme la Maire de Bondy des djihadistes qui sont nés et ont grandi dans sa communauté de communes et qui voudraient y revenir ?
Quelles actions promeut-elle auprès de leurs familles en faveur de l’égalité hommes-femmes ?
Que pense-t-elle des expériences conduites sur l’embryon humain ?
Que dit-elle de la PMA, de la GPA ?…
Mais ce commentaire est vain. Nous n’en sommes plus au « J’accuse ». La justice qu'attend la société FesseBookée (pardon : ConfesseBookée), M. le Réalisateur et Mme la Maire, c’est un « Je m’accuse »…
Salutations.
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Écrit par : Longin / | 21/11/2019

L'ÈRE DU SOUPÇON RÉTROACTIF

> L'affaire n'est malheureusement pas isolée et ne concerne pas seulement des hommes vivants.
Le peintre Gauguin est lui-même victime de lynchage posthume, au point que le 'New-York Times' se pose la question de l'interdire d'exposition.
https://www.marianne.net/culture/quand-2019-se-penche-sur-le-cas-de-gauguin-le-pedophile
Je suggère aux Anglo-Saxons d'interdire aussi préventivement Shakespeare dans tout le système éducatif et culturel en attendant de savoir s'il était parfaitement politiquement correct. Ce ne serait pas étonnant dans le cauchemar actuel où le moindre soupçon permet de rayer une personne de l'existence. C'est presque plus inhumain que la peine de mort.
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Écrit par : Guadet / | 21/11/2019

POLANSKI

> Le film n'est certes pas un chef-d'oeuvre, mais est un grand événement par le sujet qu'il traite. Polanski s'en prend aux dirigeants militaires de l'époque avec virulence. C'est ce que les représentants du peuple, ou soi-disant tels, aujourd'hui, ne lui pardonnent pas. L'affaire Dreyfus fait encore des remous, le scandale n'est pas éteint - ni non plus l'affaire Polanski, accusé d'un viol que lui-même reconnaît, qui s'est soustrait à la justice américaine, qui est depuis quarante ans un fugitif. Polanski n'a jamais voulu solder cette dette, qui lui fait encourir la prison à vie. Devant ces deux questions contradictoires, celle de la censure politique, et celle de la culpabilité réelle de Polanski, les esprits s'embrouillent. Une seule solution : que la France accepte d'extrader Polanski ; que son juge américain adapte alors une sentence pour laisser travailler Polanski en prison (par un semi-régime, par exemple). Polanski dormirait en prison le soir, et pendant la journée il pourrait se trouver dans les studios de tournage. Pourquoi pas ? Est-ce folie ? Mais cette histoire n'est-elle pas folle, qui court depuis 1977 sans trouver de solution ? A méditer, donc.
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Écrit par : Bégand / | 21/11/2019

BLOY

> "Accordez-moi, Seigneur, ce vin qui est aussi nécessaire que votre précieux sang. Ce vin, sans quoi, tout ici bas est laid et maussade, ce vin qui rend la vie acceptable, et tolérables les foutus contemporains que vous m'avez donnés."-
Léon Bloy
http://leon-bloy.blogspot.com/search/label/1900

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k1057562j/f13.item.r=je+m'accuse+bloy.langFR.zoom
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Écrit par : Alex / | 21/11/2019

ANGKAR

> Je suis comme vous, je suis effaré par cette phrase de Madame Thomassin qui est épouvantable de prétention, d'autoritarisme et d'ignorance de ce que le peuple pense des politiques.
C'est un comportement de soviet en fait et le soviet a tranché.
L'EPT c'est comme l'Angkar : il sait.
Pourquoi ne pas laisser la justice suivre son cours et extrader cet homme ?
On fait avec lui ce qu'on a fait avec Battisti.
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Écrit par : E Levavasseur / | 22/11/2019

DIVERSION

> Certes le viol doit être réprimé avec plus de vigueur.
Mais ce tapage envahissant, alors que toute notre société est submergée aussi par la porno commerciale de masse qui est un pousse-au-viol, voir ce qui se passe dans les lycées et collèges ?
Tout ça fonctionne comme une diversion. Mais les colères sociales n'en sont pas diminuées. La maire de Bondy (PS donc libérale) ferait bien de s'en aviser si elle ne veut pas être à la benne en mars prochain. Simple avertissement d'une Bondinoise.
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Écrit par : Amelia / | 22/11/2019

GODWIN

> La maire de Bondy est carrément à coté de ses pompes. C'est certain.
N'empêche que ça reste quand même gênant qu'un voyou puisse être admiré
pour son œuvre (oui, je joue un peu sur les mots parce que ce n'est pas pour son œuvre de voyou qu'on l'admire). Voir aussi Bertrand Cantat dans une variation un peu différente. Et si Fourniret, Dutroux ou Lelandais se prenaient à écrire des contes pour enfants ...
Oui, bien sûr, je caricature et ne suis pas loin d'atteindre le point Godwin.
Ha ben si, je l'ai atteint :
https://www.lefigaro.fr/culture/encheres/2019/02/06/03016-20190206ARTFIG00127-allemagne-trente-et-un-tableaux-attribues-a-hitler-vendus-aux-encheres.php
Bref pour dire que Polanski ne sera pas le premier que je boycotte. Il n'aura pas un sou de ma poche pour sa retraite. Il pourra toujours trouver à manger aux restos de bienfaisance.

Yvan


[ PP à Yvan – Contrairement aux autres personnages cités, Polanski n'a jamais tué personne...
D'autre part, n'est-il pas un peu abusif d'atteindre Godwin à propos d'un homme qui s'échappa à l'âge de dix ans du ghetto de Cracovie et dont presque toute la famille disparut dans les camps ?
(La famille Polanski avait pris ce nom par prudence ; le cinéaste s'appelait à la naissance Raymond Liebling). ]

réponse au commentaire

Écrit par : Yvan / | 22/11/2019

POLANSKI

> Le "problème ¿" du cas Polanski est qu'il n'a pas été jugé et qu'il reste présumé innocent. Et ce doit être pour cette raison (aussi) qu'il n'est pas extradable. Pis en plus, extrader un français ou même tout simplement un être humain vers un pays qui pratique la peine de mort ..., même s'il y a peu de chance qu'il la risque.

Yvan


[ PP à Yvan – D'autant que l'esclandre aujourd'hui contre lui ne concerne pas l'affaire américaine (avérée) mais une affaire non établie judiciairement (et prescrite), dont on n'aura sans doute jamais le fin mot... ]

réponse au commentaire

Écrit par : Yvan / | 22/11/2019

NEANDERTAL

> Suggérons à ces Torquemadas que, tant qu'il n'aura pas été prouvé qu'il n'y a pas eu génocide de Neandertal par Sapiens Sapiens, il serait bon d'interdire de visiter les grottes ornées ou leurs fac-similés, de retirer les outils et artefacts des musées, et bien sûr d'ôter toute allusion à la préhistoire des programmes scolaires...
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Écrit par : Aventin / | 23/11/2019

COUPABLE

> Polanski a plaidé coupable et été condamné en son absence. La présomption d'innocence ne s'applique plus dans ce cas : il a violé une fillette de 13 ans.
Il n'est pas extradé car il est citoyen français et que la France (à raison) n'extrade pas ses propres citoyens à l'étranger.
Je n'irai pas voir ce film. Cela dit, il me paraît scandaleux qu'on le censure.
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Écrit par : Edel / | 23/11/2019

CENSURER TOUTE L'HISTOIRE

> Aventin, je pense comme vous.
Et il faudrait aussi bannir des livres d'histoire (et des films) tous ces rois, empereurs, tsars, pharaons et autres qui ont mené des guerres. Comment avoir le front d'évoquer des gens aussi méprisables ?
Interdiction des prix Nobel, parce que cela amène a parler du sieur Nobel qui, quand même, ne l'oublions pas, a inventé la dynamite.
Censure sur la conquête spatiale : elle a pu se faire grâce aux travaux de savants inféodés à Hitler.
Finalement, je ne sais pas trop ce que l'on pourra autoriser dans les livres d'histoire. A mon avis, cette matière sera pratiquée seulement durant un an de la scolarité. il y aura vraiment trop peu à dire.
Est-on sûr que tous les acteurs, machinistes, scripts, preneurs de son, monteurs etc. des séries à la mode sont irréprochables ? Il faudra monter une commission d'investigation et créer un diplôme de bonne conduite pour travailler dans cette branche.
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Écrit par : Bernadette / | 23/11/2019

POLANSKI

> Je suis désolé. J'ignorais ses origines et ce passé. Évoquer le point Godwin dans ce contexte est effectivement malvenu. Je lui demande pardon pour ça.
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Écrit par : Yvan / | 23/11/2019

L'HOMME ETL'OEUVRE

> à Bernadette – Wagner fut odieux envers Minna : je viens donc de jeter à la poubelle mon coffret de la Tétralogie. La bacchanale du Venusberg donne de la femme une image dégradante : j'ai donc jeté aussi à la poubelle mon Tannhäuser.
Dans ma bibliothèque, je vais faire un tri d'Ordre Moral. Je brûlerai dans la cour toute oeuvre littéraire dont le sujet n'est pas la dénonciation de la violence masculine.
Pour ne pas m'en tenir là mais faire les choses en grand, je vais organiser des actions militantes pour que Caroline De Haas soit nommée ministre de la Culture.
______

Écrit par : Amicie Terray / | 23/11/2019

à PP

> Polanski n'a tué personne, dites-vous, cher Patrice de Plunkett, mais il est quand même poursuivi pour un viol sur mineure, et ce depuis 1977. Or, un viol est un crime, théoriquement. Comme il s'agit de Polanski, l'affaire a pris une ampleur considérable. Les "élites" devraient être parfaites, montrer l'exemple. Ce n'est pas le cas de Polanski.
En revanche, je suis assez opposé qu'on censure son film, dans lequel il ne fait pas l'éloge de la pédophilie. On devrait même le montrer aux écoliers. Polanski a essayé de tenir un propos méritant sur l'affaire Dreyfus, faire oeuvre de citoyen, pour se racheter. C'est raté, à cause d'une nouvelle dénonciation de viol, qui est d'ailleurs prescrite. Mais le mal est fait.

Bégand


[ PP à Bégand – restons près des faits. Je disais "il na tué personne", parce que je répondais au commentaire qui le comparait à Fourniret, Dutroux etc. Le viol est un crime. L'assassinat aussi. Mais les deux ne se confondent pas, même si Mme De Haas semble regretter qu'on ne puisse pas envoyer les hommes à la guillotine. ]

réponse au commentaire

Écrit par : Bégand / | 23/11/2019

HYSTÉRIE ET PILORIS

> Je trouve que dans toute cette hystérie actuelle, il y a un petit côté "révolution culturelle"... Mais il est vrai que nombre de ces chantres de la morale féminine ont été maoïste durant leur jeunesse. Ceci explique-t-il cela?
Le problème c'est que le système libéral au travers de ses médias joue à fond cette musique. Il y a un business à faire. Il va y avoir un de ces retour de bâton...

VF


[ PP à VF – Vu la jeunesse des militantes de choc, je ne crois pas que la lointaine "révo. cul. dans la Chine pop." (calembour de 68) ait une influence...
Cette fièvre agressive de minorités vient directement des campus américains, où aucune "communauté" ne tolère plus d'autre parole que la sienne. Stade ultime du consumérisme appliqué à tout ? ]

réponse au coimmentaire

Écrit par : VF/ | 23/11/2019

@ Yvan

> "Ça reste quand même gênant qu'un voyou puisse être admiré pour son œuvre"
Un voyou reste un être humain, aimé de Dieu et gardant en puissance la capacité de fils de Dieu. Pour nous chrétiens, il reste de toute façon admirable et capable de choses admirables.
Il faudrait expliquer aux gens que les prisons ne sont pas des réservoirs à monstres et que l'homme sans péché n'existe pas.
En tant qu'historien de l'art, je ne me suis jamais intéressé à la moralité des artistes que j'étudiais. L'intérêt d'un artiste vient d'un don inné, de la chance d'une formation, d'une certaine capacité de recherche, de ce qu'il sait exprimer du génie d'une époque, jamais de son irréprochabilité.
On peut mettre les gens en prison, mais pousser le sadisme jusqu'à nier toutes ses capacités humaines me semble monstrueux. Cela illustre sans doute l'époque où un homme n'est jugé que par sa production. La valeur d'un artiste se mesure au succès en argent ou en célébrité de la marchandise qu'il produit. Admirer cette marchandise et constater son succès reviendrait donc à l'admirer lui comme un modèle parfait, ce qui est impossible.
______

Écrit par : Guadet / | 23/11/2019

HYPOCRISIE CONTEMPORAINE

> "C'est quand même gênant qu'un voyou puisse être admiré pour son œuvre."
En fait, quand on est normalement constitué, on admire une œuvre, et il arrive souvent qu'on ne soit même pas au courant de qui l'a produite. Rappelons-nous les tableaux attribués longtemps à tort à un artiste avant de découvrir quelques décennies ou siècles plus tard qu'ils étaient d'un autre.
La qualité d'une œuvre est-elle intrinsèque ou dépend-elle de la moralité de qui l'a créée ?
D'autre part, je suis tout-à-fait d'accord pour qu'on poursuive les violeurs, mais il faudrait faire le maximum pour éradiquer la pornographie qui gangrène nos sociétés. Cette pornographie est un véritable pousse-au-crime. De même nombre de films en tous genres de ces dernières années - si pas tous - regorgent de scènes de sexe dont le seul but est de réveiller l'instinct génésique chez le spectateur.
Déplorer les effets de causes qu'on ne veut surtout pas supprimer, c'est illogique, mais surtout profondément hypocrite.
______

Écrit par : Bernadette / | 23/11/2019

@ Bégand

> Si vous appelez "élite" ceux qui gouvernent la politique ou la culture, je dirais que cela fait bien longtemps qu'on sait qu'ils ne sont pas parfaits.
Si vous appelez "élite" les vrais artistes et les penseurs importants, je vous dirais qu'on ne leur demande pas d'être parfaits mais d'apporter quelque chose qui enrichisse notre culture.
______

Écrit par : Guadet / | 24/11/2019

QUESTIONS

> Bonjour,
Polanski a violé une fillette de 13 ans. C'est un crime. Il s'est reconnu coupable. C'est un peu la moindre des choses. A-t-il demandé pardon? A-t-il commis des actes réellement méritoires? A ma connaissance, non. Avez-vous des informations à ce sujet?
Je précise, pour éviter tout malentendu, que s'il n'a pas demandé pardon avec son âme et son cœur, je dirais alors qu'il n'a pas été touché par la grâce, ce qui est hélas assez courant sur notre terre... Je ne vois pas là de raison de lui jeter la pierre. C'est sans doute un pauvre type à l'intérieur de lui, il le sait plus ou moins, et son bonheur est de pacotille. Il est (déjà) dans un cercle de l'Enfer de Dante, et si je ne peux rien faire pour lui, je passe ma route, n'est-ce pas?

Godo


[ PP à Godo – Je ne sais pas. De toute façon, la question était de savoir s'il faut brûler l'oeuvre quand l'auteur a mal agi par ailleurs... ]

réponse au commentaire

Écrit par : Godo / | 24/11/2019

WIKI

> Je viens de trouver le Wikipédia sur l'affaire Polanski (lu jusqu'au bout):
https://fr.wikipedia.org/wiki/Affaire_Roman_Polanski
______

Écrit par : Yvan / | 24/11/2019

De : PP

> A propos de mon PS sur le film lui-même :

Samedi 23/11, l’émission d’Alain Finkielkkraut à France Culture. Sujet : le colonel Picquart.
Invités : l’historien Philippe Oriol pour son portrait-charge (‘Picquart le faux ami de Dreyfus’), et le conseiller d’Etat Christian Vigouroux pour son enquête (‘Georges Picquart : dreyfusard, proscrit, ministre – La justice par l'exactitude’).
Vigouroux replace le combat de Picquart dans son contexte : le dilemme d’un officier qui, d’une part, était l’un des patrons du service de renseignement militaire (donc tenu au silence sous peine de haute trahison), mais, d’autre part, aurait voulu voir l’armée reconnaître spontanément son erreur judiciaire… et ainsi se tirer du piège où la bêtise de généraux l’avait enfermée.
Ce dilemme explique l’attitude initiale de Picquart : il aurait voulu que ses supérieurs s’inclinent devant la preuve matérielle de la culpabilité d’Esterhazy. Dans l’intérêt même de cette tentative, il ne voulait ni ne pouvait en parler à aucun civil : notamment pas à Mathieu Dreyfus. Le code militaire le lui interdisait de toute façon. Il s'en est donc abstenu sans que cela ait à voir avec son préjugé antijuif – très largement partagé à l'époque... y compris par Zola, Clemenceau et Jaurès.
Or l’historien Oriol, toit au long de l’émission, a refusé de tenir compte de ce contexte. Il a paru vouloir démontrer que les silences de Picquart, et son refus de contact avec Mathieu Dreyfus, venaient de son préjugé antijuif. Certes Picquart avait mis en danger sa carrière, et s’était fait chasser de l’armée puis jeter en prison : mais c’était “pour de mauvaises raisons”, semble dire Oriol.
BHL naguère affirmait que de Gaulle avait rejeté Vichy et combattu l’Occupation à bon droit mais "pour de mauvaises raisons”… Oriol serait-il à l’histoire ce que BHL est à la politique ?
Durant l’émission Oriol s’est posé en historien faisant de l’histoire “historienne”, contrairement sans doute aux pauvres hères Vigouroux et Finkielkraut... Mais qu’est-ce qu’un historien quand il refuse de tenir compte : 1. des mentalités propres à l’époque dont il parle ; 2. des règles impératives du milieu (l'armée) dont fait partie le personnage qu'il cible ?
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Écrit par : PP | 24/11/2019

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