25/10/2019
L’agit-prop anti-François n’est pas d'origine religieuse, mais politique et financière
La Réforme catholique (très attendue) mettra l’accent sur le soutien aux pauvres face à la Machine néolibérale. Celle-ci riposte en attaquant le pape sous tous les prétextes. Exemple : le régime du Brésil, premier pouvoir néolibéral à s’en prendre au catholicisme.... L’alerte contre cela est lancée par deux Brésiliens, le politologue Miguel Lago [photo] et l’économiste Stefano Nunes :
C’est dans la presse d’aujourd’hui [*] : à la veille de la clôture du synode romain sur l’Amazonie, un politologue et un économiste brésiliens avertissent le public français : une fois le synode achevé, M. Bolsonaro “multipliera les offensives” contre l’Eglise catholique. Pour trois raisons :
► M. Bolsonaro adhère au projet véhiculé par Trump et repris dans divers pays par les ultradroites. C’est celui d’une “guerre culturelle” : label emphatique donné au vieux chacun-pour-soi contre le bien commun international écologique, socio-économique etc. Aveuglement mortifère, même si M. Bolsonaro ajoute au chacun-pour-soi un très américain ”et Dieu pour tous” ! Or cette guerre pseudo-culturelle est l’antithèse de la position de l’Eglise catholique : “la plus grande autorité morale porte un discours ouvertement solidaire, ouvert et engagé contre les inégalités et le changement climatique” (Lago et Nunes). Le message catholique d’écologie intégrale est radicalement anti-libéral, tout en étant “conservateur” mais au sens humaniste et vivant de ce terme ; sa seule existence disqualifie donc l’oxymore “libéral-conservateur” dont se réclament les milieux trumpisés, du palais de M. Bolsonaro au boudoir de Mme Maréchal… D’où la répression anti-catholique qui se prépare au Brésil, préfiguration de ce qui viendra sans doute aussi dans d’autres pays. Le maître de Brasilia ayant qualifié les évêques du Brésil de “bande de pourris”, verra-t-on Aide à l’Eglise en détresse appeler à les soutenir ? Mais si, mesdames et messieurs, il y a aussi une cathophobie de droite !
► À cause de la forêt d’Amazonie, et au nom du chacun-pour-soi rebaptisé souverainisme, M. Bolsonaro vitupère les évêques autant que les climatologues. Que des étrangers blâment la déforestation amazonienne serait selon lui “une atteinte à la souveraineté du Brésil”... D’où la crispation grandissante du président à l’encontre de l’Eglise, révèlent Lago et Nunes : “En février, le ministère des Affaires étrangères exigea qu’un représentant du gouvernement prenne part au synode – un événement interne de l’Eglise. En septembre, le Président admettait que l’Agence d’intelligence [‘Agência brasileira de Inteligência’ : services de renseignement] avait été utilisée pour surveiller des prêtres, des évêques et tous ceux qui contribuent à la préparation du synode. […] Le programme hebdomadaire [de Bolsonaro] sur YouTube porte autant d’accusations contre les prêtres que contre les ONG. En octobre, le Président choisit de ne pas se présenter à Rome pour la canonisation de la première sainte brésilienne, Irmã Dulce, un fait historique ; en effet, il ne se présenta même pas à Salvador, terre natale de sainte Dulce des pauvres, où une messe était célébrée en son honneur…”
► La question des Indiens d’Amazonie oppose également M. Bolsonaro à l’Eglise catholique. Le président libéral-conservateur (en fait : d’extrême droite) souhaite la disparition des Indiens. Mais leur défenseur est depuis toujours l’Eglise catholique : c’est elle qui a fait adopter le principe des réserves par l’Assemblée constitutionnelle de 1988, mettant ainsi un quart de l’Amazonie hors d’atteinte des violences anti-Indiens et de la déforestation. Pour M. Bolsonaro qui veut abolir toute protection des Indiens et de la forêt, c'est une raison supplémentaire de s’en prendre à l'Eglise... avec la complicité de pasteurs néo-pentecôtistes [**] qui ont circonvenu et recruté la moitié de la population indienne, alors qu’ils ont partie liée avec les bolsonariens et leur désastreuse entreprise de “colonização regional”.
Remercions Miguel Lago et Stefano Nunes de leur article : salubre globalement mais aussi sur la scène française, il contribue à faire la lumière sur la vraie nature de la phobie anti-François dans notre ultradroite, qui danse avec les trumpistes une lambada obscène.
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[**] Libération / Idées 25/10, sur une page entière.
[*] Par ailleurs les néo-protestants brésiliens sont souvent adeptes de l'“Evangile de la prospérité” : un post-christianisme détourné en culte de l’Argent. Cette hérésie postchrétienne est condamnée notamment par le Conseil national des évangéliques de France (CNEF) : « C’est la foi chrétienne présentée comme un moyen de s’enrichir, par une “confession positive” et une contribution aux ministères chrétiens. Dans certaines églises évangéliques, le sujet de la “prospérité” occupe une grande partie de chaque culte. Des responsables surveillent les dons de près chez les croyants, dans le but, selon eux, d'évaluer leur niveau spirituel. Des promesses de guérison divine et de “prospérité” sont garanties en échanges de certains montants de dons. La fidélité dans la dîme permettrait de s’éviter les malédictions de Dieu, les attaques du diable et la pauvreté. Cette doctrine est parfois comparée à un business religieux. Dans certains pays (Canada, Corée du Sud), des détournements de fonds ont été rapportés. En Afrique, il est fréquent de voir des pasteurs vivre dans un luxe ostentatoire (nombreuses maisons et voitures, avion privé, etc.), en accordant peu d'importance à l'aide matérielle aux démunis.»
18:48 Publié dans Amérique latine, Ecologie intégrale | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : brésil, bolsonaro, amazonie
Commentaires
COMME AUX PHILIPPINES
> L'Église subira au Brésil ce qu'elle subit avec courage aux Philippines depuis l'arrivée au pouvoir de M. Duterte - à l'été 2018, l'homme avait offert sa démission en échange d'une preuve de l'existence de Dieu, « de préférence un selfie ».
Mais que l'Église brésilienne n'ait aucune crainte : « et moi, je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin des temps. » (Matthieu 28, 20).
PV
[ PP à PV – Une Eglise persécutée (et des néo-pentecôtistes du côté des flics et de l'armée de Bolsonaro) ? Belle situation du point de vue du témoignage catholique...
Comme le dit très bien la mensuel 'Parole & prière' à la date d'aujourd'hui : "Il y a sûrement plus de sainteté et de grâce dans la persécution que dans une paix 'constantinienne'..."
(idée très vraie, mais inadmissible pour nos amateurs de parades de rue). ]
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Écrit par : Philippe de Visieux / | 26/10/2019
CERTAINS
> Je me demande si l'implantation d’Églises évangéliques ne sert pas tout simplement à ranger la population du côté de l'impérialisme américain, que cela soit délibéré ou dû au patriotisme naturel des pasteurs missionnaires.
Je confirme que dans ma paroisse nord-essonnienne (population CSP+ / vote Macron majoritaire) certains préfèrent parler de respect de la création que d'écologie intégrale.
DV
[ PP à DV – Libre à eux de mépriser le Magistère. C'est un choix étrange, mais c'est leur choix...]
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Écrit par : DV / | 26/10/2019
LOGICIEL
> il n'y a pas que dans le nord Essonne, il suffit d'aller dans les Zones Catholique Protégées de l'ouest parisiens : le logiciel de pensée de cette bourgeoisie "catholique" est d'une pauvreté affligeante : écologie=gauche=communiste=URSS....
Je caricature à peine.
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Écrit par : Tangui / | 27/10/2019
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