24/10/2019
Campagne fourbe de la FNSEA contre... "l'agribashing"
Objectif véritable du syndicat de l’agro-business : prolonger indéfiniment le tout-chimique, en dissuadant les pouvoirs publics de limiter les pesticides. Méthode de cette campagne : la force brutale, drapée sous une démagogie plaintive…
Les actions de la FNSEA sont brutales et impunies (contrairement aux gilets jaunes, ses commandos ne risquent pas d’être mitraillés au LBD). Le 8 octobre, le syndicat de la surproduction et du tout-chimique bloquait des “axes majeurs de circulation”. Avant-hier 22 octobre, il assiégeait les préfectures.
Motif officiel de cette agressivité : protester contre “l’agribashing”, “dénigrement systématique” dont “le secteur agricole” serait victime. De la part de qui ? des “réglementations”, des associations environnementales et d’une partie des consommateurs... C’est donc la FNSEA contre le Français moyen ; mais c’est elle qui a le gros bâton, puisqu’elle intimide tous les gouvernements depuis soixante ans : on vient encore de le voir avec le décret-gag sur le glyphosate.
Dans les pays riches de l’hémisphère nord en 2019, les gagnants sont ceux qui se font passer pour des victimes. La FNSEA déguise donc en protestation larmoyante – contre “l’agribashing” – sa nouvelle campagne d’intimidation, dont le but de guerre est : 1. de faire taire les lanceurs d’alerte avec une loi qui interdira de commenter “les données publiques agricoles” (ce sera l’équivalent de la directive européenne de “secret des affaires”) ; 2. à l’inverse, de faire annuler les quelques mesures environnementales adoptées depuis dix ans.
La FNSEA prétend que l’on met en accusation “le secteur agricole” et que cela “pousse les agriculteurs au suicide” ? Faux : l’accusation ne vise que l’agro-industrie, qui empoisonne les sols français et les populations. “Et si des agriculteurs se suicident”, explique à la presse une jeune éleveuse de charolaises, “c’est à cause de l’absence de revenus et de sens à ce que l’on fait” : deux facteurs liés au productivisme et à la grande distribution – mais certainement pas à l’écologie. L'éleveuse précise : "Je n'ai aucun problème avec mes voisins ni avec les consommateurs qui viennent directement à la ferme faire leurs achats… Parler d’agribashing comme fait la FNSEA, c’est un moyen commode de se poser en victime et d'éviter d'aborder des sujets à propos desquels la société s'interroge légitimement, comme la place des pesticides ou la qualité de l'alimentation." Ou l’agriculture intensive (“qui broie les paysans et fait que leurs fermes leur échappent”), souligne la Confédération paysanne…
La Confédération pose un diagnostic soucieux du bien commun. Oui, dit-elle, la situation du monde paysan est alarmante :“Les revenus disparaissent mais il faut affronter la sécheresse et le changement climatique... Ce serait donc le bon moment pour interroger nos pratiques, et pas pour essayer de bouger le moins possible en invoquant un agribashing !”
La campagne contre l’agribashing est une diversion pour empêcher la naissance d’un nouveau modèle d’agriculture. Comme l’ensemble de la machinerie économique dont elle fait partie, la FNSEA veut empêcher la société de se poser des questions. Elle le fait par la brutalité, afin d’imposer l’idée que toute critique de la pollution alimentaire est une agression contre “le monde agricole qui nourrit les Français”. Ce blitzkrieg gêne sans doute le verdissement de l’Elysée ; mais son verdissement n’est que verbal [*], et M. Macron a l’habitude de démentir ses mots par ses actes. La veille de l’inauguration du Salon de l’agriculture 2019, le ministre Didier Guillaume déclarait : “Ma priorité est de lutter contre l’agribashing”. Le jour de l’inauguration, M. Macron a apporté son soutien “aux agriculteurs" en proie au "sentiment d’agribashing”. Mme Lambert a la situation bien en main.
PS – La FNSEA aurait également pu lancer le mot agriphobie : mais bashing lui a paru plus “monde nouveau”.
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[*] Tous les arbitrages préfectoraux vont dans le sens de la FNSEA.
11:23 Publié dans Agriculture | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : agriculture
Commentaires
UN COMBLE
> Ils ne se rendent pas compte qu'ils se suicident et ne veulent pas voir qu'il y a d'autres voies plus rémunératrices! Un comble.
Exemple: Refusant le modèle industrialisé qui les prive des gains de leur travail au profit des sous-traitants, fournisseurs et distributeurs, il vivent mieux en élevant quelques dizaines de porcs que des milliers!
https://www.bastamag.net/Pourquoi-les-petits-elevages-porcins-bio-ne-connaissent-ni-la-crise-ni-l?fbclid=IwAR2UN9qY-MNXRMJ8pcFElWV72DUEPPdT7AM3l6tyDzOzli3TxOeqieoypU4
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Écrit par : PF. Huet / | 24/10/2019
"VICTIMES"
> Hé oui ! se faire passer pour une victime, c'est le bon moyen de ne pas avoir à se justifier pour ses actes et ses décisions. C'est aussi la bonne technique pour ne pas avoir à se remettre sois-même en cause et se dire que "peut-être on s'est trompé et qu'il faudrait changer le fusil d'épaule".
Dans la situation de l'agri-business, c'est "reculer pour mieux sauter", ... et tomber plus bas...
Cdt,
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Écrit par : bergil / | 24/10/2019
TOUTE UNE STRUCTURE
> Si l'on cherche la traduction exacte du verbe "to bash", c'est "frapper" ou "cogner". Or, si la FNSEA voulait faire preuve d'honnêteté intellectuelle (et avec elle les ministres de l'agriculture qui se sont succédé depuis soixante ans), ses dirigeants devraient se demander qui cogne sur les agriculteurs depuis soixante ans : quid, par exemple, des ministres(*), des fabricants d'engrais et de pesticides, des fabricants d'engins agricoles, des banques, de la grande distribution (et j'en oublie probablement, n'étant guère compétent dans le domaine) ?
N'est-ce pas toute une structure qui s'est mise en place pour rendre folle l'agriculture ?
(*) Il y a quelques semaines, à l'occasion d'un débat diffusé sur France-Culture, on put entendre un extrait d'un discours adressé par Edgard Pisani aux agriculteurs alors qu'il était ministre de l'agriculture ; en substance, c'était : adaptez-vous au marché, industrialisez-vous, et s'il faut produire demain du lait rouge, vous produirez du lait rouge...
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Écrit par : Sven Laval / | 24/10/2019
LE "PATRONAT CHRÉTIEN DU NORD"
> Je ne sais pas où mettre ce lien, mais en as-tu eu connaissance? C'est un sociologue du CNRS qui écrit mais c'est assez délirant pour moi. Je ne connais pas le fond du projet Europacity mais je connais la DSE et quand je lis ces lignes....
https://www.causeur.fr/europacity-le-patronat-chretien-du-nord-et-la-doctrine-sociale-de-leglise-167746
Amitiés
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Écrit par : VF / | 26/10/2019
PROMENADE DES FLANDRES
> Dans le fond, il me semble que Europacity, c'est comme Promenade des Flandres à côté de chez moi. Il y a juste une différence d'échelle.
Et entre parenthèses, Promenades des Flandres est loin d'être une réussite financière, sauf pour les cimentiers et autres industriels du bâtiments qui ont bâti ce projet fou. Il est impossible d'y circuler un jour d'affluence, on se croirait sur un échangeur d'autoroute, mais avec plus de voies qu'on n'en trouve généralement sur un échangeur, sauf peut-être en région parisienne. C'est à tel point que si je dois de nouveau me rendre dans l'un des magasins du lieu, j'irai en bus puis à pied. Ce qui limite drastiquement la quantité d'achats. Mais il est encore plus probable que je me débrouillerai pour trouver un concurrent accessible, quitte à payer quelques euros de plus.
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Écrit par : Bernadette / | 28/10/2019
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