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20/10/2019

Allergiques au "trumpisme chrétien", un nombre croissant d'Américains quittent les Eglises

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Jésus et Trump dans le bureau ovale : propagande des bigots d'ultradroite

Rapport d'enquête révélateur au colloque de l'université jésuite de New York. La montée de l'abandonnisme touche le catholicisme plus que les autres confessions :


Le Fordham Center on Religion and Culture est un organisme d’enquêtes et d’analyse de l’université new-yorkaise Fordham [*], animée par les jésuites depuis le XIXe siècle. Il vient de tenir un colloque basé sur une enquête auprès des abandonnistes des Eglises, surnommés “nones” parce qu’ils répondent désormais“none” (“aucune”) à la question : “what is your religious denomination ?”. Titre du colloque : “La foi a-t-elle un avenir ? Symposium sur les ‘nones’, Dieu et la religion”.

index.jpgLes constats des enquêteurs et les analyses des intervenants présentent de l’intérêt pour nous, sachant qu’une grande partie des catholiques français sont persuadés : 1. que le catholicisme a pour bastion les USA ; 2. qu’il le doit à la Religious Right, amalgame entre religion, capitalisme et parti républicain. Cette double idée fausse est balayée par les travaux des sociologues américains. Outre l'impact des scandales catholiques d'abus, cinq éléments ont en effet été mis en lumière par l'enquête présentée durant le colloque :

la désaffiliation religieuse aux Etats-Unis a pour cause majeure la compromission du christianisme US avec une idéologie politique : celle de la droite du parti républicain ! (les chrétiens blancs – sauf les Latinos – étant bien plus trumpistes que la moyenne nationale)… Compromission à laquelle se montrent allergiques non seulement les millenials nés entre 1980 et 2000 (35 % sont des ‘nones’), mais les nombreux Américains non républicains qui, du coup, ne viennent plus à l’église le dimanche.

La désaffiliation est en train de progresser “chez les catholiques, les évangéliques et les protestants [**] du courant central” :  en dix ans, le nombre d’adultes se déclarant “none” a augmenté de 30 millions ; ce phénomène touche l’ensemble des Etats-Unis, les Noirs comme les Blancs (selon l’un des rapporteurs), et l’âge mûr comme les trentenaires.

Statistiquement, les catholiques sont les plus touchés par l’abandonnisme : ne se déclarent encore catholiques que 59 % des Américains d'origine catholique. Pour un Américain rejoignant cette confession, 6,5 la quittent. Chez les protestants du courant central ce rapport est de 1 contre 1,7 ; les évangéliques sont quasiment à l’équilibre. Pour un Américain rejoignant une confession, 4,2 rejoignent les “nones”.

Le déclin du mariage a également joué un rôle : le christianisme US et surtout le catholicisme ayant tourné depuis très longtemps au culte familial, la diminution du nombre des mariages et la progression du compagnonnage éphémère ont paru saper les bases de la religion. Ce constat pose des questions de fond à l’Eglise catholique : le pape François et beaucoup de nouveaux cardinaux en sont conscients, mais une partie des prélats américains ne veulent rien savoir.

Le recul des affiliations fait partie d’une mutation sociétale d’ensemble, l’explosion de l’hyper-individualisme et le déclin des engagements stables en tous domaines : processus où l'on peut discerner l’empreinte du capitalisme néolibéral, mais peu d’Américains iront jusqu'à cette conclusion même s’ils font un certain effort de lucidité.

L'enquête de l'université jésuite fournit pourtant la matière de sérieuses réflexions, et des deux côtés de l’Atlantique…

 

 __________

[*] www.https://www.fordham.edu : “At a time when religion’s role in American life is both praised and contested, Fordham’s Center on Religion and Culture (CRC) explores the complex relationship between faith and contemporary life. Through public events and conversations with experts and artists, scholars and faith leaders, the CRC seeks to engage and elevate the public dialogue about religion and culture, the mind and the soul, inclusion and identity, politics, and the arts”.

[**] La distinction américaine entre “protestants“ et “évangéliques” ne concerne pas leurs croyances (les évangéliques sont des protestants) mais les réseaux d’églises auxquelles ils sont affiliés. Ce classement est intransposable en France.

 

 

Les sites satiriques ne ratent pas la cible...

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09:44 Publié dans Eglises, Trump, USA | Lien permanent | Commentaires (16)

Commentaires

"PAS GRAND-CHOSE À VOIR AVEC LA RÉVÉLATION CHRÉTIENNE"

> Merci pour cette information.
Même si je suis parfois (très) mal à l’aise avec votre critique du système économique (pour mille raisons qu’il serait un peu long de détailler ici... mais disons pour résumer que les techniques et les fins/intentions méritent parfois d’être un peu mieux distinguées), je vous rejoins tout à fait sur le risque immense qu’il y a à faire de la Foi un argument de politique militante.
Or précisément, le rapport au religieux a toujours été un peu immature dans la culture américaine - une très bonne illustration avec le jeune Eli dans « There will be blood » (2007 : https://fr.m.wikipedia.org/wiki/There_Will_Be_Blood) : mélange de mauvaise digestion de concepts, de fanatisme et de « religion municipale » absolument antagoniste avec la découverte d’une relation à Dieu à la fois très personnelle et inscrite dans une institution ecclésiale. Le religieux américain c’est aussi ça - or ça, n’existe pas dans notre histoire religieuse (et n’a pas grand chose à voir avec la révélation chrétienne.
Bref, les États-Unis sont un pays fascinant mais les prendre pour modèle sur ce sujet, quel appauvrissement pour nous...
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Écrit par : Monsieur Jean / | 20/10/2019

JESUS SHOES

> Après la casquette de Trump, les baskets du catho (?) américain: https://jesus.shoes/?fbclid=IwAR0V-UV74VXyf4c0ia0ktdZ8shQ6FPddQbrNxu4Go3v96PiBpxT_1OdjEGs

AJ

[ PP à AJ – Encore un qui doit exécrer le "socialist pope" !]

Réponse au commentaire

Écrit par : Anne Josnin / | 20/10/2019

FAKE ?

> On dirait plutôt un "fake" pour se moquer des croyants, des catholiques en particulier... (je parle des Jesus Shoes)
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Écrit par : Raphaël R. / | 20/10/2019

LES ÉVANGÉLIQUES DE GAUCHE ONT PERDU LA PARTIE

> https://www.youtube.com/watch?v=R9gItQshefw
Dix ans après votre état des lieux sur les évangéliques, en particulier américains, cette étude semble infirmer ce que vous aviez rapporté dans ‘La foi prise au mot’ (et ce que j’avais pu constater à Boston) : la montée en puissance des évangéliques de gauche, hostiles au Tea Party, favorables à l’œcuménisme, pas ou modérément anticatholiques, etc.
L’Amérique semble, en dix ans, avoir connu une véritable ‘révolution culturelle’ : lorsque j’y étudiais, la société était encore fortement religieuse – il fallait croire en quelque chose et faire partie d’une communauté, peu importe laquelle ; il n’y avait pas de place pour les athées. Désireux de tisser quelques amitiés, je m’inscrivis dès la rentrée (2005) à l’aumônerie « chrétienne » que je compris après y être entré qu’elle était non pas catholique mais protestante ; au cours d’une retraite organisée au bord d’un lac, la bonne centaine de participants reçut une catéchèse-fleuve de plus de trois heures sur le caractère hautement peccamineux de la masturbation (à des trentenaires à qui l’on demandait leur témoignage en la matière !), sur l’obligation de se marier le plus rapidement possible, de ne consommer le mariage en aucun cas avant de s’être unis devant Dieu, etc.
De fait, beaucoup de ces amis retraitants se sont mariés dans l’année, comme beaucoup de jeunes américains qui pratiquaient bien moins le concubinage que leurs congénères européens ; en dix ans, cette tendance s’est visiblement renversée, les ‘millenials’ américains commençant eux aussi à rejeter toute affiliation religieuse.
Que reste-t-il du christianisme américain ? La proportion d’abandonnistes catholiques est effrayante : les courbes plongent ; il y a dix ans, cette tendance avait déjà débuté puisque l’aumônerie protestante baptisait déjà en nombre et très rapidement (quand, chez les catholiques, on demandait des quelques catéchumènes un certain – mais nécessaire – effort intellectuel et surtout la patience d’attendre la vigile pascale).
Doit-on en tirer la conclusion que la gauche évangélique est devenue inaudible ? Que, pour reprendre votre intervention sur KTO, c’est ‘Jesus Camp’ qui domine aujourd’hui et qui a eu raison des évangéliques de gauche ?
Quid de l’influence de ces évangéliques sur le christianisme mondial ? Il y a dix ans, vous évoquiez sur KTO l’église alsacienne ‘Porte ouverte chrétienne’ du pasteur Peterschmitt ; à Taïwan, j’ai pu constater que ce type de culte charismatique évangélise en masse (il correspond à ce que les jeunes attendent). En France, si le catholicisme est amené à se réduire à la portion congrue, doit-on s’attendre à un développement de cultes à la Peterschmitt, qui deviendraient dans trente ans le visage majoritaire du christianisme dans notre pays ?
Si tel est le cas, l’Eglise catholique doit répondre de manière appropriée si elle ne veut pas se laisser submerger, les évangéliques étant particulièrement actifs (sinon agressifs), et ceci avant que nous n’atteignions le point de non-retour. Mais gardons intacte l’Espérance : l’Esprit saint veille !
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Écrit par : Philippe de Visieux / | 21/10/2019

PALESTINIEN

> Que ces évangéliques commencent par remplacer leurs représentations du Christ au nez grec et au teint pâle. Qu'ils utilisent cette image et réalisent que Dieu s'est incarné non en un Occidental au profil d'acteur hollywoodien mais en un fils de Palestine :
http://www.sympatico.ca/image/policy:1.1682471:1457712767/Portrait-robot-de-Jesus.jpg?w=490&$p$w=0238f42
PV


[ PP à PV – Précisons quand même que le "portrait robot" en question n'est pas un "portrait de Jésus", mais une synthèse des données du matériel archéologique de la région concernée... Sauf si l'on admet l'authenticité du linceul de Turin, on ne dispose d'aucune indication sur le physique de l'homme de Nazareth.
Cela dit, on peut exclure toute ressemblance entre lui et l'idole en guimauve bodybuildée de la religion nationale américaine. Ce qui est d'ailleurs comique de la part d'une nation protestante dont la confession postulait (au départ) le rejet des "images idolâtres" ! ]

réponse au commentaire

Écrit par : Philippe de Visieux / | 21/10/2019

À FAIRE PEUR

> Il y avait un reportage d'enquête exclusive hier sur ce sujet de l'évangélisme américain... A faire peur et fuir... Créationnisme, pasteurs escrocs qui rackettent les fidèles, argent roi , puritanisme extrême. Et Trump béni par Dieu of course.... quasiment un prophète de Jésus-Christ. Il fallait l'entendre pour le croire !
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Écrit par : Marie-Do / | 21/10/2019

@ Monsieur Jean

> Ce qui est condamné ici n'est pas le fait que l'Église se mêle de politique mais le ralliement, l'alignement des Eglises chrétiennes sur un parti politique ou une politique.
L'Église doit s'aligner sur l'Évangile lequel est fondé sur l'amour du prochaine : L'Église est donc intrinsèquement sociale. Elle est là pour tous, elle n'appartient à aucun parti.
L'Église se préoccupe de l'humanité, elle ne s'aligne pas sur elle. Si elle s'aligne sur un parti, elle s'aligne sur l'Homme, elle est comme un poteau indicateur qui indiquerait l'automobiliste au lieu d'indiquer à l'automobiliste le chemin qu'il doit suivre.
Ce qui est condamné ici ce n'est évidemment pas le fait que l'Église se mêle aux débats politiques.
D'abord parce que humainement l'Église fait partie de la société humaine (donc les débats la concernent) ensuite spirituellement parce que rien de ce qui est humain, rien de ce qui se passe sur terre ne lui est étranger. Penser le contraire est une vision déiste et pas chrétienne. Le Dieu des chrétiens est parmi nous, il n'est pas distant.
Pour ce qui est de la différence entre les intentions de l'économie libérale et les résultats qu'elle obtient, comme vous le savez on juge une politique à ses résultats.
L'argument des libéraux "mes intentions étaient bonnes" s'apparente à celui des marxistes quand on leur parle des catastrophes du communisme qui répondent toujours : "oui mais j'étais sincère" ou encore "ça a été mal appliqué".
Que, pour les libéraux, les résultats donc les faits comptent moins que leurs intentions donc leurs désirs, montre que le libéralisme n'est pas un mode de pensée réaliste.
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Écrit par : E Levavasseur / | 21/10/2019

CHÂTEAU DE CARTES

> Il serait intéressant de savoir si les personnes qui quittent l'Eglise catholique deviennent des "nones" ou s'ils adhèrent à une autre "dénomination", le passage d'une Eglise à une autre étant très courant aux Etats-Unis.
Les USA passaient jusqu'ici pour le bastion, non du catholicisme (le pays étant majoritairement protestant) mais pour le bastion de la religion chrétienne, bastion contrastant avec les autres pays développés en voie de déchristianisation. Le "nonisme" croissant des Américains, surtout les jeunes, montre que les USA suivent le chemin de l'Europe occidentale et du Canada. Je laisse Dieu sonder les reins et les coeurs, mais je pense que la religiosité américaine est souvent un conformisme, lié à l'importance sociologique des Eglises, le "bastion" n'est peut-être qu'un château de cartes qui pourrait s'écrouler rapidement.
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Écrit par : Tryphon Tournesol / | 21/10/2019

RÉCIDIVISTE

> https://www.lefigaro.fr/vox/societe/synode-sur-l-amazonie-une-theologie-de-la-liberation-20191021

M. Guénois, avec le sens de la tempérance qu'on lui connaît, affole ses lecteurs catholiques en tombant à nouveau dans le manichéisme facile Benoît/François : le pontife est accusé de faire application, au synode Amazonie, de la théologie de la libération, dont le journaliste prend bien soin de préciser qu'elle avait été combattue en son temps par le cardinal Ratzinger et par saint Jean-Paul II : horresco referens, donc !
On apprend sous la plume du vaticaniste que ladite théologie de la libération aurait "fait fuir plus d’un tiers des fidèles catholiques vers les protestants évangéliques" en Amérique latine. Rien que ça !
M. Guénois passe sous silence le fait que le diocèse brésilien de Santíssima Conceição do Araguaia, grand comme l'Autriche et peuplé de quatre cent mille fidèles, fonctionne avec vingt prêtres : cela signifie l'impossibilité d'un soutien spirituel continu, la grande difficulté de l'évangélisation et l'extrême rareté de l'Eucharistie, vide ecclésial dans lequel s'engouffrent avec joie les évangéliques.
Cette tragédie ne doit rien à la théologie de la libération, décrite à dessein par Guénois comme une "synthèse entre catholicisme et marxisme" ; le pape François, lorsqu'il était jésuite en Argentine, n'a jamais soutenu cette théologie. Mais comme le Christ, il s'intéresse au sort des pauvres : est-ce cette fibre sociale qui dérange tant M. Guénois ?

PV


[ PP à PV – Comme tous les "réacs" (même d'opportunité dans son cas), mon confrère ne connaît pas le dossier - à moins qu'ils ne veuillent rien savoir. S'il avait lu l'instruction Ratzinger de 1986 sur les théologies de la libération (catholicisme contre règne de l'Argent), il saurait que le futur Benoît XVI reconnaissait la légitimité de ces théologies à condition qu'elles ne doivent rien au léninisme guévariste. Ce qui précisément est le cas de la "théologie du peuple" argentine, qui voit le sujet de l'Histoire dans la nation et non dans la classe. Et qui est l'une des sources d'inspiration du pape François, comme l'explique le jésuite argentin Juan Carlos Scannone dans son livre de 1985 'Le pape du peuple' (Cerf)...
Mais vous ne lirez pas ça dans 'Le Figaro'. Peut-on demander à un déboussoleur de bourgeois d'entrer dans ce type de subtilités ?
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Écrit par : Philippe de Visieux / | 22/10/2019

@E Levavasseur

> Votre réponse me conduit à conclure que je n’ai pas été clair (en tout cas, vous ne m’avez pas compris...).
1. Nous sommes bien d’accord sur le fait que le problème c’est l’annexion de l’Eglise (dans le cas américain, des églises) par l’un des camps partisans (parce qu’heureusement, oui, le discours de l’Eglise à une dimension politique (plutôt des implications politiques) - parce qu’elle n’est étrangère à aucune société humaine et qu’elle parle « de l’homme, de tout l’homme et de tous les hommes ».
2. Sur l’économie « libérale » et la distinction entre la technique et les intentions, ma crainte c’est qu’un discours qui critique (très légitimement, et je le rejoins) les intentions de certains des acteurs économiques, en vienne à ne pas comprendre que, quelles que soient les intentions (mauvaises ou bonnes), la vie économique repose sur des techniques qu’il est absurde de critiquer (c’est un certain type d’usage qui pose question, pas la technique en soi : c’est l’artisan qui se convertit, pas l’outil...).
Par ailleurs, pour ce qui est des intentions, sembler dessiner un monde où toutes les motivations auraient été préalablement converties est une terrible utopie... (du point de vue d’une réflexion chrétienne, cela revient à faire l’impasse sur le péché originel et à en minimiser les implications pratiques pour l’organisation économique). Une telle critique finit par dessiner une sorte d’impasse où aucune activité économique n’est vraiment pensée : on reparle du rapport de l’Eglise et de l’Humanité ? ;)
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Écrit par : Monsieur Jean / | 22/10/2019

DÉVIANCES MADE IN U.S.A.

> J'ai bien peur que la collusion politico-religieuse ne soit que l'un des éléments de la crise spirituelle qui couve outre-Atlantique.
Certes, elle exaspère tous les gens lucides qui constatent que Trump n'est pas saint Louis.
Mais il faut également y ajouter la focalisation de la hiérarchie sur les questions de moeurs, aux dépens de l'enseignement de la doctrine... Au point que la plupart des jeunes gens qui quittent l'Eglise le font au motif que la science prouve l'inanité de la foi.
Personne ne leur a jamais expliqué les rapports entre la foi et la raison...

Edel

[ PP à Edel – Pire : tout un pan du catholicisme américain s'est laissé influencer par les fondamentalistes évangéliques. J'entends encore un de ces cathos me dire que l'homme avait cohabité avec les dinosaures... Il devait penser, comme nombre de born-again texans, que les paléontologues mentent "parce qu'ils haïssent la Bible"...]

réponse au commentaire

Écrit par : Edel / | 23/10/2019

LES SCANDALES

> pour ma part je pense que les affaires de pédophilie et d'homosexualité dans le très haut clergé américain sont une raison profonde d'une certaine désaffection des catholiques américains pour leur Eglise.

joan


[ PP à Joan – Sans aucun doute. Ça s'est ajouté aux autres facteurs, et à l'indignation devant la façon révoltante dont une partie des évêques US ont tenté d'exploiter ces scandales US contre... le pape. ]

réponse au commentaire

Écrit par : joan / | 23/10/2019

AMBIGUITÉS

> Un débat très intéressant sur le rapport à l'argent et la foi chez Antoine Bellier sur RCF (Le Temps de le Dire): https://rcf.fr/actualite/l-eglise-ennemie-de-l-argent-et-du-capitalisme
(notez que les vidéos et audios sur internet sont ce qui consomme le plus d'énergie) :

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"Le capitalisme n’est ni béni ni honni par l'Église. Les fidèles sont invités à faire preuve de discernement pour ne pas laisser la main invisible d'un marché dérégulé les dominer."

L'ARGENT SUJET TABOU DANS L'ÉVANGILE ?
"Vous ne pouvez pas servir à la fois Dieu et l’Argent" (Mt 6, 24) ; "La racine de tous les maux, c'est l'amour de l'argent." (1 Tm 6, 10)... Les Évangiles sont remplis de ces injonctions qui avertissent ceux qui se repaissent de leurs richesses au dépens du soin du pauvre et de la recherche de Dieu. L'argent est-ce un sujet tabou pour les catholiques ? Auteur de "L'argent, maître ou serviteur ?" (éd. Mame), Pierre de Lauzun, rappelle que "L'Évangile est le seul texte religieux de l'humanité qui parle abondamment de sujets économiques". On trouve en effet de nombreuses paraboles où l'argent est présent et qui montrent que l'économie est prise en compte comme élément de notre vie quotidienne.
En réalité, il y a une ambiguïté au sujet de l'argent dans les Évangiles : il est à la fois recommandé comme quelque chose à utiliser mais aussi on nous met en garde contre quelque chose qui peut exercer une fascination dangereuse. Quant au détachement de Jésus vis-à-vis de l'argent, on peut le voir avec Jacques-Benoît Rauscher, auteur de "L'Église catholique est-elle anticapitaliste ?" (éd. Presses de Sciences Po) comme une "gymnastique si on peut dire de l'incarnation : on ne peut pas se désintéresser de la vie des hommes et en même temps il y a une vigilance, que l'on trouve dans toute la Bible".

QUAND L'ARGENT ÉLOIGNE DE DIEU
L'argent peut éloigner de la quête de Dieu et de l'essentiel : il peut même devenir "une passion qui ne laisse pas de place à autre chose qu'à lui-même", rappelle Dominique Greiner, qui va bientôt publier sa thèse "Helmut Thielcke, une théologie pour le bien de l'éthique" (éd. Cerf). ​Ainsi ce n'est pas l'argent en tant que tel qui est condamné mais le pouvoir qu'il donne sur les choses. "L'homme dans ce sentiment de puissance sur les choses et sur le monde est coupé de tout."
"On touche à quelque chose d'anthropologique, de fondamental, pour l'assomptionniste, l'homme est la seule créature qui ne se satisfait pas de ce qu'elle trouve dans la nature, qui se projette vers l'avenir." Ainsi, quand l'être humain se projette il peut envisager de renoncer à des biens disponibles immédiatement pour les consommer plus tard : ce qu'en termes économiques on appelle l'épargne.

LE CAPITALISME EST-IL CONDAMNÉ PAR L'ÉGLISE ?
Longtemps le capitalisme n'a pas été clairement défini par l'Église. Dans l'encyclique fondatrice de la doctrine sociale de l'Église (DSE), "Rerum novarum" (1891) "on ne voit pas le mot lui-même désigner un système économique", précise Jacques-Benoît Rauscher. C'est Jean Paul II qui, en 1991, dans "Centesimus annus", distingue le système économique et les outils de l'économie de marché qui en soit ne sont pas condamnables, des "éléments moraux qui sont présupposés par le fonctionnement de l'économie capitaliste".

"L'Église défend une économie centrée sur la personne, résume Pierre de Lauzun, et sur l'autonomie de la personne." Ce qui implique la propriété privée : mais elle est elle-même subordonnée à la destination universelle des biens". L'Église ne condamne pas le capitalisme mais exprime une "une exigence morale" des individus comme des instances supposées l'encadrer.


INVITÉS
– Jacques-Benoît Rauscher, religieux dominicain, docteur en sociologie, agrégé de sciences économiques et sociales, doctorant en théologie
– Pierre de Lauzun, ancien directeur général de la Fédération bancaire française, délégué général de l'association française des marchés financiers
– Dominique Greiner, religieux assomptionniste, économiste, théologien, rédacteur en chef au journal La Croix et à La Documentation catholique, enseignant en théologie morale aux facultés de théologie des instituts catholiques de Paris et de Lille.

RR


[ PP à RR :
Attention. L'enseignement du pape François a fait progresser la doctrine sociale de façon décisive.
Jusque là elle réduisait quasiment la critique de l'argent à une mise en garde concernant les comportements individuels : perspective évidemment juste, mais qui ne couvre pas la totalité du problème.
Depuis 'La joie de l'Evangile' et 'Laudato Si', le Magistère pontifical prend en compte l'effet des "structures de péché" : en l'espèce, le système de l'économie financière néolibérale et la "règle du jeu" criminelle qu'il superpose aux actes personnels des décideurs, les orientant ainsi vers le mal. Le Magistère en concliut explicitement qu'il faut changer le système : et c'est ce que certains ne veulent pas entendre, leur position professionnelle s'y opposant.
D'où l'ambiguité des analyses prodiguées par la bourgeoisie financière catholique, notamment française !
Elle s'en tient à la doctrine sociale pré-bergoglienne (qui ne saurait être critiquée), mais elle esquive soigneusement l'apport du pape François, c'est-à-dire la mise à jour moderne de la pensée économique de l'Eglise.
Balayer l'ambiguité devient une urgence. ]

réponse au commentaire

Écrit par : Raphaël R. / | 23/10/2019

à PP :

> Je pense que l'apport du pape François est développé dans l'émission (je l'ai écoutée d'une oreille au travail).
Sur le même sujet, le nouveau livre de Pierre-Yves Gomez: "L'Esprit malin du Capitalisme"(DDB):
https://pierre-yves-gomez.fr/lesprit-malin-du-capitalisme/
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Écrit par : Raphaël R. / | 23/10/2019

> Dans Centesimus Annus, on peut tout de même lire : "Dans ce sens, on peut parler à juste titre de lutte contre un système économique entendu comme méthode pour assurer la primauté absolue du capital, de la propriété des instruments de production et de la terre sur la liberté et la dignité du travail de l'homme." et "le système socialiste (...) se trouve être en fait un capitalisme d'Etat." Si ça n'est pas une condamnation du capitalisme, c'est quand même bien imité.

JLD


[ PP à JLD - Bien sûr, et c'est la position de plus en plus précise des encycliques sociales depuis Léon XIII. Mais François pose clairement la question de la structure même du système capitaliste : en cela il va plus loin que ses prédécesseurs, et porte leur réflexion à sa conclusion plénière. ]

réponse au commentaire

Écrit par : Jean-Luc Derrien / | 24/10/2019

RACISTE

> https://www.ncronline.org/news/opinion/editorial-desecration-amazonian-mother-statues-was-racist-act

Superbe éditorial du National Catholic Reporter en réponse à la destruction des statues amazoniennes par un "justicier", comme l'appellent certains. C'était effectivement un acte raciste.
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Écrit par : Philippe de Visieux / | 24/10/2019

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