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28/09/2019

Lazare et le riche : un évangile à ne pas biaiser

riche et lazare.jpg

Jésus dit exactement ce qu'il dit ! Ne cherchons pas à esquiver la teneur concrète du message, souligne Hans Urs von Balthasar :


 

<< L’évangile (Luc 16,19-31) souligne avant tout le fossé infranchissable entre la vie de bombance du riche et la misère du pauvre qui est “couché devant le portail”, donc voit ce qui se passe à l’intérieur, sans que personne ne se soucie de ses plaies. C’est cela seulement que montre Jésus, et nous n’avons pas à fignoler l’image dans quelque direction théologique que ce soit… Jésus a précisé très concrètement le commandement de l’amour du prochain, et il étend la portée du contraste criant entre pauvre et riche : le fossé devient dans l’Au-delà l’abîme définitif, infranchissable, entre le repos “dans le sein d’Abraham” et les enfers brûlants… La simple parabole de Jésus n’est qu’une concrétisation de la parole que nous ne comprenons peut-être que difficilement : “Heureux, vois les pauvres, malheur à vous les riches” (Luc 6,20-24). >>

<< Dans la deuxième lecture (1 Timothée 6,11-16), “conquérir la vie éternelle” ne signifie pas chercher à se saisir de Dieu. Se décider pour Dieu, porter témoignage pour Dieu, signifie au contraire que l’on a été saisi par Lui et que l’on se tient à Sa disposition. >>

(Hans Urs von Balthasar)

 

 

On est saisi par Dieu, on ne Le saisit pas… Parmi les diverses manières de prétendre saisir Dieu pour se servir de Lui, il y a les lectures réductionnistes des évangiles : celles qui cherchent à “spiritualiser” les paraboles en les privant de leur précepte de compassion concrète. Ainsi tel mandarin libéral-conservateur affirmant que l’évangile du bon Samaritain (Luc 10,29-37) n’est pas à prendre concrètement – en aidant les victimes de la société – mais à décrypter comme allégorie purement spirituelle de la rédemption du pécheur [*]. Ressurgit ainsi au XXIe siècle le discours de la bien-pensance bourgeoise du XIXe…  Alors que les deux lectures, sociale et spirituelle, sont inséparables selon la tradition catholique !

 

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[*] Moins conservateurs que libéraux, certains intellectuels “traditionnels” mutilent la tradition. Dans le libéral-conservatisme (oxymore), le conservatisme est en plume, le libéralisme en plomb.

 

 

 

jésus-christ,christianisme,catholiques

 

Commentaires

LES DEUX LECTURES

> Rappeler le caractère indissociable des deux lectures (sociale et spirituelle) est en effet utile, voire essentiel, tant il est facile d'en privilégier une au détriment de l'autre, selon nos petites sensibilités. L'Evangile est un pain dont nous n'aurons jamais fini de nous nourrir, à condition de ne pas en balayer distraitement les aspects qui pourraient nous gêner ou nous extraire de nos paresses.
Et, à propos de "double lecture", je savoure votre note : "Dans le libéral-conservatisme (oxymore), le conservatisme est en plume, le libéralisme en plomb." Il y a bien sûr la comparaison des poids de chacun, mais aussi le fait que le mot "plume" désigne l'ornement et l'écriture : le libéral-conservateur se parera volontiers d'oripeaux - y compris à prétention littéraires - d'une tradition dont il se soucie peu en fait.
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Écrit par : Sven Laval / | 28/09/2019

RÉVISIONNISME

> Autre façon, peut-être, de diminuer la portée de cette parabole : professer que le mauvais riche n'a pas été damné ... qu'il est simplement allé au purgatoire (ceci dit, le débat n'a pas été tranché, me semble-t-il).
Comme si l'on voulait signifier que l'indifférence vis-à-vis des pauvres (après tout, le mauvais riche n'a pas fait mal à Lazare, il l'a laissé "vivre sa vie") était péché véniel.
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Écrit par : Feld / | 28/09/2019

EN PRATIQUE

> Il me semble Patrice que vous dites l’essentiel : entendre la parole l’Évangile et la mettre en pratique. Spiritualiser, d’une certaine façon c’est évacuer ce qui serait obstacle aux modes de vie égoïstement confortables.
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Écrit par : Durand Michel / | 29/09/2019

LE FOSSÉ

> L'idée de fossé me semble essentielle aujourd'hui. Les riches ne sont pas insensibles au sort des pauvres : ils leur donneraient bien la moitié de leur fortune. Mais ils pensent que l'assistanat n'est pas bon pour eux et ils se retiennent courageusement. Ils se bercent dans l'illusion macroniste que leurs gains finiront par profiter à tous en ne les redistribuant pas. Ils ne se rendent pas compte du fossé qui les sépare de la réalité et des pauvres, parce qu'ils pensent voir tout par les chiffres.
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Écrit par : Guadet / | 29/09/2019

LE RICHE CONNAISSAIT LAZARE

> à l'homélie ce matin dans une paroisse très bourgeoise de la banlieue ouest de Paris, le curé met en lumière la culpabilité aggravée du riche dans la parabole de Lazare : contrairement à ce qui est dit habituellement, le riche n'ignorait pas l'existence du pauvre puisqu'à la fin il le désigne par son nom ! S'il n'a rien fait pour le secourir durant sa vie, c'est donc en toute connaissance de cause...
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Écrit par : Michel Gardey / | 29/09/2019

TRÈS CLAIR

> Et Jésus est très clair sur ce qu'il advient du "mauvais riche", comme de ceux qui n'auront pas fait aux plus petits...La damnation, n'ayons pas peur des termes. Qu'as-tu fait de ton frère ? Cela aussi il semble qu'on a souvent tendance à l'esquiver ou à ne penser que de façon allégorique : l'enfer n'existe pas, nous irons tous au paradis...
Dieu est Amour, pour le pécheur qui se repend et nous le sommes tous. Comme le dit le pape François "Dieu ne se lasse jamais de pardonner, c'est nous qui nous lassons de lui demander pardon".
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Écrit par : Marie-Do / | 29/09/2019

NE PAS DILUER

> Le plus dur, c'est de ne pas diluer le mot "riche". Souvent, c'est compris comme ayant plus que soi, et donc jamais soi.
Dans notre société capitaliste, la richesse s'est démocratisée (eau courante et chaude, nourriture en abondance, chauffage, etc.) On n'a rien à envier aux riches contemporains de Lazare.
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Écrit par : Théophile / | 30/09/2019

ÉTONNANT

> Particulièrement étonnant : beaucoup de bouchers du XXe siècle ont eu leurs "pauvres Lazare"...
Ainsi Hitler protégeant le médecin juif autrichien qui avait soigné sa mère avant que celle-ci ne meure,
Staline s'occupant toute sa vie d'une pauvre paysanne...
idem pour Pol Pot.
Comme si Dieu avait souhaité laisser à ces hommes la possibilité d'être sauvés (la charité couvre beaucoup de péchés...).
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Écrit par : PP à Feld / | 02/10/2019

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