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15/09/2019

Un livre à étudier dans les paroisses (2)

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Le chapitre 3 de Mgr de Moulins-Beaufort apporte de quoi transcender nos perspectives sur les questions familiales :


Depuis l'origine, "l'idée chrétienne du mariage est un bouleversement dont les effets sont loin d’être digérés par l’humanité”, souligne Mgr de Moulins-Beaufort en ouverture du chapitre 3 de son livre... En avons-nous assez conscience ? Peut-être que non : sinon nous ne prendrions pas la famille catho pour une institution naturelle immémoriale. Le président des évêques français explique : “Les soubresauts violents et assurément destructeurs que les sociétés occidentales vivent à propos du mariage et, plus largement, de la relation de l’homme et de la femme, sont des étapes dans la lente assimilation de la nouveauté apportée par le Christ. Réaliser comment le christianisme a heurté et heurtera toujours l’institution matrimoniale permettra de comprendre comment la réalité de la famille se trouve aussi provoquée par l’Evangile à une transformation jamais achevée…”

L’auteur ne dit pas que les actuelles réformes sociétales iraient dans le sens de la nouveauté apportée par le Christ. Il dit que le sens du mariage apporté par le Christ vient d’Ailleurs que du “fonctionnement spontané” des institutions matrimoniales des diverses sociétés humaines, qu’il s’agisse du mariage antique ou de la loi Taubira. Deux chrétiens croyants ne s’épousent pas devant Dieu à seule fin “d’avoir des enfants pour se survivre et surmonter l’angoisse de la mort”, instinct des humains depuis la préhistoire ! Puisque “tous sont promis à vivre pour toujours en Dieu" (c'est la foi en principe des époux chrétiens),"chaque être humain vaut la peine qu’un homme ou une femme consacre sa vie à le rencontrer ou la rencontrer jusqu’au bout et à l’accompagner jusqu’au bout, puisque précisément ce ‘jusqu’au bout’ aboutit à la plénitude de la vie, dans la vie éternelle.”

Cette vision est une révolution permanente. Elle se confronte aux contradictions que lui opposent les époques successives : à chaque époque, les croyants doivent ajuster leur témoignage de vie pour que son sens soit perceptible aux contemporains. Encore faut-il que les croyants eux-mêmes soient conscients de ce sens d’espérance surnaturelle, bien au-delà d’un naturalisme facile (et de plus en plus illusoire, cf. supra)… Raviver ce sens, ce fut la raison des deux synodes réunis en 2014 et 2015 par le pape François : le Synode des évêques sur les défis pastoraux de la famille dans le contexte de l'évangélisation, et le Synode des évêques sur la mission de la famille dans l’Eglise et le monde .

Jusqu’au XVIIIe siècle dans des pays pourtant d’ancienne chrétienté, le sens christique du mariage restait éclipsé par les stratégies sociales. L’institution matrimoniale restait dans tous les milieux une alliance de deux lignées, sans que le consentement des époux joue un rôle autre que formel. Il fallut l’individualisme libéral issu de 1789 pour que la volonté des deux intéressés conquière progressivement le premier rôle ; l’Eglise crut alors pouvoir – enfin – vraiment parler de mariage chrétien… Mais depuis la fin du XXe siècle, le règne sociétal de l’éphémère fait entrer dans une phase inédite la perpétuelle confrontation de la foi et du social ; ce qui met les catholiques en face du choix entre les deux attitudes que nous évoquions dans la note d’hier : ou l’illusion de la “restauration”, ou le discernement lucide sur la nouveauté de la situation – et donc des formes du témoignage de vie que pourront donner les croyants. Appuyé sur la radicalité du Christ bouleversant l’ordre familial et toutes les relations humaines, appuyé aussi sur la théologie du couple élaborée par Jean-Paul II, Mgr de Moulins-Beaufort souligne que le mariage chrétien est “tout à fait autre chose que simplement le fait de bénir une institution matrimoniale qui serait partout la même dans toutes les sociétés”.

Ce qui lui donne toute liberté, dans la troisième partie du chapitre (Le mariage et la famille dans le bouleversement actuel), pour confronter “défis postchrétiens” et foi vécue. Dans la société comme elle va, dit-il, qu’est-ce qui “manque radicalement” ? Mais aussi : qu’est-ce qui pourrait “se rapprocher de la conception chrétienne” ?  Je me permets de trouver salubre cette démarche d’archevêque : poser ainsi la question nous arrête dans notre dérive vers un naturalisme qui finirait par transformer un certain catholicisme en culte nombriliste de 'La Famille' pour elle-même.

Les pistes que propose Mgr de Moulins-Beaufort peuvent fournir la matière de débats fructueux dans des groupes de travail paroissiaux. Ainsi sur les relations parents-enfants :  “le christianisme a, dès ses commencements, insisté sur la liberté des enfants de se dégager s’il le fallait de l’autorité paternelle” ; “en christianisme, l’autorité des parents n’a toute sa portée qu’à l’intérieur de la soumission de tous […] à l’œuvre du salut” : un salut pour tout enfant des hommes, “chacun voulu par Dieu comme un reflet unique et irremplaçable de sa bonté, de sa beauté et de sa grandeur”... Comparé à cela, le “projet parental” censé aujourd’hui justifier la naissance d’un enfant paraît “une étonnante régression : l’enfant se trouverait mesuré par ce que ses parents ont été capables de se formuler à eux-mêmes en termes d’attente, de désirs, de projets. Qui ne voit qu’il vaut mieux mille fois être porté par le dessein de Dieu qui a les dimensions de l’humanité entière en longueur, largeur et profondeur ?”

 

 

Demain : le livre propose 3 autres thèmes de réflexion en paroisse 

L’amour /  La liberté /  Les tensions entre société économique et réalité familiale

 

catholiques

 

Commentaires

"EN EFFET"

> Très beau en effet. Il était temps que vienne une parole comme celle-ci.

Bernadette


[ PP à Bernadette – Il faut que des groupes de lecteurs s'organisent dans les paroisses pour en débattre. Ce sera notre réponse à l'appel du pape au peuple de Dieu. ]

réponse au commentaire

Écrit par : Bernadette / | 15/09/2019

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