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08/09/2019

Lisons tous (et faisons lire) l’enquête de Nicolas Senèze !

seneze.jpg

Se débarrasser du "socialist pope" ; lui donner un successeur conforme aux intérêts américains… Cette opération en cours (montée par des milliardaires US, soutenue aux USA par des médias catho-trumpistes et relayée ici par leurs clones français), exprime une phobie anti-François née aux Etats-Unis dès 2013. D'où vient la phobie ? Qui la manipule ? Par quoi un éventuel conclave est-il menacé ?  Comment conjurer la menace ? Enquêtant sur tout cela, le vaticaniste Nicolas Senèze nous livre de vastes informations  –  et s’incline devant le discernement ignatien du pape Bergoglio : 


 

Un an pile après le fracas de l’affaire Vigano, Nicolas Senèze – le vaticaniste romain de La Croix – non seulement explique les buts et désigne les agents de cette tentative de putsch contre un pape (août-septembre 2018), mais retrace ce qui l’a précédé, et annonce ce qui va suivre maintenant.

Passionnante à lire, largement et solidement documentée, cette enquête de spécialiste destinée au grand public  confirme, mais dépasse de loin – en l’élargissant et le contextualisant –, ce que nous avions vu et dit de façon fragmentaire dans la bataille d’août-septembre 2018. Bataille dans laquelle les Français fidèles au pape s’étaient sentis un peu seuls face à des médias cathos qui prenaient étrangement au sérieux les “révélations” du libelle Vigano… Ce n’est pas dans la presse catholique mais dans Le Monde que parut la première critique de ce libelle : la journaliste avait repéré son mélange de faits vrais et d’accusations fausses, base très factice d’un appel inouï à la démission du pape ! Appel qui prétendait provoquer un collapsus au Saint-Siège et l’arrivée, bien sûr, d’un nouveau team dirigeant…

Dans l’avion Dublin-Rome, le pape avait dit aux journalistes : je ne commenterai pas ce texte, mais étudiez-le et vous verrez ! Ils ont vu : les artifices du libelle, sa fabrication par une officine, et – derrière le douteux Mgr Vigano – l’identité des manipulateurs.

Mais l’effet produit par Vigano en août-septembre 2018 (notamment le “trouble” complaisamment affiché par de pieux médias français) montrait que tout un pan de nos milieux cathos était devenu dépendant des parti-pris made in USA.

Comment et pourquoi ? C’est ce que permet de comprendre le livre de Nicolas Senèze. Il fait le tableau de la situation aux Etats-Unis, et de l’impact international d’une certaine propagande politico-religieuse américaine impulsée par un réseau de catholic businessmen – devenus les tuteurs d’un épiscopat US tétanisé par le scandale des abus sexuels. Selon l’historien italien Massimo Faggioli cité par Nicolas Senèze, “il y aurait beaucoup à dire sur la façon dont des dirigeants de l’Eglise catholique sont devenus insensibles à la menace que représente l’argent pour le caractère chrétien de la communion des fidèles…”

Le livre a onze chapitres dont voici les titres (en gras), suivis (en maigre) d'une évocation de certains des nombreux éléments mis au jour par cette enquête : 

1. L’homme du scandale (Pourquoi la carrière du pervers McCarrick ne devait rien au pape François) ; 2. L’accusateur (En quoi l’ex-nonce Vigano était fort mal placé pour jouer les chevaliers blancs) ; 3. L’Amérique contre le pape (L’Eglise US sous l’emprise de laïcs milliardaires et sous l’influence des trumpistes évangéliques – d’où l’allergie à François) ; 4. Face à la puissance de l’argent (Comment l’industrie pétrolière a déclaré la guerre à François dès 2013 / Comment des prélats catholiques aigris se sont liés aux trumpistes anti-François, de la crise truquée de l’Ordre de Malte aux agitations européennes de Steve Bannon) ; 5. La bataille de la morale (Des milieux catholiques gagnés par la polarisation US sur les questions sexuelles /  Trompe-l’oeil sur les “principes non-négociables” / Faux procès tapageur fait à François dans ce domaine) ;  6. Contre la peine de mort (L’évolution de la doctrine de l’Eglise amorcée sous Jean-Paul II et Benoît XVI, mais réalisée par François / D’où la fureur des pro-death US contre l’Eglise) ; 7. Ombres chinoises (La négociation Vatican-Pékin, amorcée elle aussi sous Benoît XVI mais elle aussi réalisée par François /  D’où fureur de la Religious Right contre François… au moment où Trump entrait en guerre commerciale contre la Chine /  Notamment : l’attitude questionnable du cardinal Zen) ;  8. Le “braquage” du pape (Les businessmen US tentant de geler le fonds américain de soutien aux œuvres pontificales) ; 9. Le putsch (L’opération Vigano, ses coulisses économiques américaines, son échec) ; 10. Vers un schisme américain ? (L’emprise de laïcs US poussant des évêques vers la soustraction d’obédience) / La tentative US pour piéger le pape au synode des jeunes (octobre 2018) /  Le pape impose aux évêques US la discipline de l’Eglise universelle :  novembre 2018-février 2019) ; 11. Menaces sur le conclave (Après l’échec du putsch Vigano, le lobby catho-trumpiste démasque ses batteries fin septembre 2018. Il présente officiellement à ses investisseurs l’opération Red Hat : une campagne internet mondiale pour “profiler” – diffamer – les cardinaux non US-friendly, et cela “le moment venu”, dès qu'une maladie du pape présagera un éventuel conclave. Il faut lire la description de cette manoeuvre barbouzienne et technologique dans le livre de Nicolas Senèze : chaque détail est un signe. Remarquons, par exemple, l’indécence froide avec laquelle les milliardaires trumpistes ont annoncé cette stratégie dans un cocktail de financiers... 

Décisifs sont les apports de ce livre !  Entre autres informations qui intéresseront tous les types de lecteurs, il montre le véritable visage de “grands catholiques américains” encensés par la droite catho parisienne [1] : l’universitaire George Weigel, qui voyait déjà dans l’encyclique de Benoît XVI Caritas in veritate (2009) un texte contenant des accents conventionnellement gauchistes” ; le politicien républicain Paul Ryan, catholique qui rejette la critique du néolibéralisme en taxant le pape d’incompétence argentine ;  le Rick_Santorum.jpgpoliticien républicain Rick Santorum [photo], catholique qui refuse à l’Eglise le droit d’avoir un avis sur des questions politiques ou scientifiques ;  le juriste Robert George, catholique qui trouve risible (comme le politicien républicain catholique Marco Rubio) que Laudato Si’ mentionne un rôle de l’économie dans le dérèglement climatique ; Jeb Bush, gouverneur catholique de Floride, qui veut réduire la religion à un rôle de morale privée ; etc.  Autre exemple de ce que le lecteur de Senèze apprend avec un vif intérêt : la richissime organisation catholique US des Chevaliers de Colomb (100 milliards de dollars placés) subventionne les médias américains les plus conservative, violemment anti-François... De quoi faire réfléchir, espérons-le, les diocèses français qui accueilleraient ce méga-Rotary trumpiste aux antipodes de la pensée sociale catholique. Et faire réfléchir les déçus de Sens commun qui se sont réfugiés dans ses rangs emplumés…

S’inféoder à l’univers moral US en prétextant “l’universalisme catholique” (un Français me le disait récemment), c’est ne pas voir ce que voit le Saint-Siège : qu’un certain catholicisme américain – le plus visible et le plus médiatique – est justement en rupture avec la marche universelle de l’Eglise. Quand M. Tim Busch et ses associés (parrains de opérations Vigano et Red Hat) déclarent qu’il faut bazarder le socialist pope comme les actionnaires renversent un PDG, ou quand des catholic scholars enseignent en économie l’opposé diamétral de la doctrine sociale de l’Eglise reconnue par le reste de la planète catholique, il serait gravement futile d’écarter ces faits au nom… d’on ne sait quoi. Un cadre diocésain français, laïc, auquel je demandais en 2017 pourquoi doter de slogans anglophones un événement de témoignage catholique en France, destiné à des Français, me répondit : “C’est pour ne pas nous isoler.”  Nous isoler de quoi ?  des Etats-Unis ? Citant Faggioli à propos de l’emprise des milliardaires anti-François sur de nombreux évêques US, Nicolas Senèze écrit : “Selon l’historien, cette évolution serait comparable à la crise qu’a traversée l’Eglise aux alentours de l’an Mil, quand les puissants nobles territoriaux avaient mis la main sur l’Eglise et ses ressources. Crise qui avait abouti à la Réforme grégorienne… C’est bien l’indépendance de l’Eglise catholique face aux puissances de l’argent qui est aujourd’hui en jeu aux Etats-Unis.”

Dans cet affrontement des deux étendards (relisons les Exercices spirituels d’Ignace de Loyola), le pape est armé de la discipline ignatienne du discernement des esprits. Comme il le dit lui-même dans l’un de ses livres, “les idées se discutent, les situations se discernent”. Je cite encore Nicolas Senèze, dans sa conclusion intitulée La force du silence et qui s’appuie sur l’attitude du pape face au piège Vigano :  “Tel est l’enjeu pour François : non pas faire de ceux qui l’accusent des adversaires, mais donner à chacun – y compris lui – les moyens de se convertir pour aller de l’avant.”

Et dans les remerciements du vaticaniste, à la toute dernière page du livre : “Merci à tous mes confrères journalistes de la Salle de presse du Saint-Siège qui, en occupant l’espace de liberté ouvert par le silence du pape François dans l’avion qui nous ramenait d’Irlande, ont contribué, chacun à sa manière, à faire émerger la vérité sur cette histoire.”

Un livre à lire et à faire lire, en masse et sans attendre !

__________

[1]  Milieux catholiques mais néolibéraux au sujet desquels le cardinal Martino a dit : “[ils] oublient ou censurent ce que le Magistère de l’Eglise affirme et qui n’est pas conforme à leurs positions, notamment sur la mondialisation, le marché, la défense, la sauvegarde de la création…”

 

 

M. Timothy Busch, l'argent au front de taureau

Tim Busch.jpg

 

Commentaires

PAS D'ACCORD

> Sur les Chevaliers de Colomb, je vous trouve un peu réducteur. A mon sens ils sont un peu comparables aux chevaliers de Malte : un très gros travail de terrain dans la lutte contre la pauvreté, etc., avec à côté un côté très, hm, uniformes surannés, et en coulisses, des histoires de gros sous.
Mais les deux derniers ne devraient pas faire oublier le travail que réalisent de nombreux chevaliers de Colomb et bénévoles de l'Ordre de Malte sur le terrain, où ils sont réellement les membres de cet "hôpital de campagne" que le pape appelle de ses voeux.

Edel


[ PP à Edel – Quand on connaît l'action humanitaire sans équivalent des oeuvres de l'Ordre de Malte, on ne peut mettre celui-ci sur le même pied que les Chevaliers de Colomb. Ne serait-ce que sur un point : l'Ordre de Malte, pour sa part, ne subventionne pas de médias partisans qui diffament le Saint-Père. Les Chevaliers de Colomb le font, et je ne vois pas en quoi il serait "réducteur" de signaler ce symptôme grave. A moins de considérer qu'être ou non en union avec le pape n'a qu'une importance secondaire ? Idée qui ne peut évidemment être la vôtre... ]

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Écrit par : Edel / | 08/09/2019

DUMOUCH

> Je me rends compte que le théologien Arnaud Dumouch a produit un certain nombre de vidéos, pour contrer les "bergogliophobes". Dont celle-ci, sur les accusations d'hérésie :
https://youtu.be/ZtRZ_M1el9M

Feld


[ PP à Feld – De toute façon, il est amusant d'être taxé d'hérésie par des gens qui ne connaissent pas leur catéchisme...]

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Écrit par : Feld / | 08/09/2019

L'OPUS DEI

> Dans toute cette affaire, on n'entend pas parler de l'Opus Dei. Plutôt à son honneur, je pense (je me suis laissé dire que les "opusiens" étaient traditionnellement d'un loyalisme sans faille vis-à-vis du souverain pontife).

Feld

[ PP à Feld – Vous en avez confirmation dans mon livre de 2006 : 'L'Opus Dei, enquête sur le monstre' (Presses de la Renaissance). ]

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Écrit par : Feld / | 08/09/2019

AMAZONIE

> Opération Red Hat : la CIA, vénérable maison, a l'expérience des actions de déstabilisation. Elle a tout à fait les moyens de faire élire un pape conforme aux vues des Etats-Unis...
Interrogation (qui n'en est pas vraiment une ) : je suppose que l'agitation actuelle autour du synode sur l'Amazonie (qui, selon certains, risquerait de remettre en cause le célibat des prêtres) ressort plus ou moins de cette opération globale ?

Feld


[ PP à Feld – Exact : là aussi, les indignations pseudo-religieuses de catho-passéistes (qui d'ailleurs ne savent pas de quoi ils parlent) camouflent le soutien des intérêts économiques US... En l'occurrence : leur soutien à l'agro-business brésilien et son bras armé Bolsonaro). ]

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Écrit par : Feld / | 08/09/2019

FINANCES

> Les Chevaliers de Colomb financent Crux Now. Media anti-papal?

Joseph

[ PP à Joseph – Le problème n'est pas ce qu'ils financent de bon, mais ce qu'ils financent de mauvais... ]

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Écrit par : Joseph / | 08/09/2019

L'AMÉRIQUE RÉELLE

> C'est à se demander si tous ces Américains assistent à la messe : l'évangile d'hier était pourtant d'une limpidité radicale puisque le Christ y annonçait que "celui d’entre vous qui ne renonce pas à tout ce qui lui appartient
ne peut pas être mon disciple".
MM. Busch et consorts font sans doute l'impasse sur ce qui, dans la Parole de Dieu, gêne les capitalistes dans leur soif de lucre - ADN de la réussite sociale à l'américaine fondée sur 'show me the money'.
Ayant été harcelé professionnellement par un Américain anti-européen et anti-catholique (au point de me pousser à la démission), je ne peux qu'éprouver de la sympathie, au sens littéral du terme, pour le Saint-Père qui subit depuis des mois la brutalité de personnages sans scrupules.
Ces derniers, par leurs méthodes, appliquent à la papauté le système des dépouilles ('spoils system'), qui n'a rien d'injuste aux yeux de beaucoup d'Américains car il correspond à une vision darwinienne de la société : ceux qui ne pensent pas comme le vainqueur sont éliminés. Il est donc logique que des magnats américains, se considérant puissants car riches, cherchent à appliquer ce système au plan religieux, à l'image du droit d'exclusive que revendiquaient les souverains catholiques jusqu'au début du siècle dernier.
Il est du devoir de tout catholique, comme vous le faites sur votre blog Patrice et comme le fait M. Senèze dans son ouvrage, de rappeler que le pape n'est pas l'homme d'un clan mais le successeur de l'apôtre Pierre, qu'il n'a donc aucune liberté dans ses orientations économiques et sociétales puisqu'il n'a pour seul guide que la Parole de Dieu, et qu'il ne peut s'imposer comme le chef d'une quelconque mouvance, étant le garant visible de l'unité de l'Église, le chef invisible de cette dernière étant évidemment le Christ.
La marge de manœuvre des milliardaires américains est par conséquent limitée, sauf à vouloir modifier l'Évangile et la Tradition à leur avantage : si c'était leur intention véritable, l'Église mormone leur conviendrait parfaitement.
Le livre de N. Senèze est bienvenu en ce qu'il tord le cou à une perception trop largement partagée selon laquelle l'Amérique, phare du monde libre, constituerait le modèle d'une société équilibrée fondée sur le droit, vers lequel toutes les nations devraient converger. Hier à Hong Kong, les manifestants en quête de liberté et de démocratie ne se sont pas réunis sous les fenêtres de leur ancien colonisateur mais devant le consulat américain (le financement d'officines de la CIA aidant, mais c'est une autre histoire) ; il y a quelques mois à Taïwan, visitant une église catholique nouvellement construite, je m'étonnais de l'omniprésence au mur de citations bibliques en langue anglaise, ce à quoi le curé me répondit que cela faisait plus américain, donc dans le vent, à même de rivaliser avec les évangéliques.
Cessons de voir dans l'Amérique autre chose qu'une société profondément inégalitaire qui n'a rien d'évangélique, où l'on trouve des distributeurs de billets de banque à l'entrée des urgences ; certes, elle produisit de belles figures comme Dorothy Day, mais son impérialisme, sa volonté d'étendre son mode de vie et de pensée au monde entier, son instinct de puissance et de prédation ne sont pas acceptables, a fortiori lorsque c'est l'Église du Christ qui est visée.
Soyons donc vigilants et prions pour le Saint-Père.
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Écrit par : Philippe de Visieux / | 09/09/2019

@ Edel:

> beaucoup de franc-maçons sont très engagés dans des actions humanitaires. Eux du moins ne font pas semblant d'embrasser les mules du pape.
C'est aussi par leurs oeuvres de charité que les Islamistes recrutent. Etc.
Le discernement ne se joue pas au niveau de la grandeur des oeuvres et de leurs résultats extérieurs (la veuve et son obole, qu'en penser selon ces critères?), mais de ce qui se vit à l'intérieur des coeurs: libération ou nouvelle aliénation?
L'Evangile d'hier montre très clairement, comme d'autres passages, que suivre le Christ passe par un renoncement radical à l'esprit d'appropriation, autrement dit, sur le plan politique, à la propriété comme fondement du lien social en société chrétienne.
Et cet esprit de propriété on le retrouvait déjà du temps du Christ d'abord au sein des familles: d'où le nécessaire renoncement à ses parents et propres enfants. Il ne s'agit pas de cesser de les honorer, mais bien de retrouver liberté de se donner, et leur rendre même liberté.
Ce pourquoi il y a une asymétrie profonde dans notre combat contre l'esprit du monde entre la manière chrétienne de lutter et les façons du monde, qui nous rend d'emblée perdants, et nous crucifie. Les bras à jamais ouverts pour ne rien s'approprier mais n'être plus que donné. Le monde cherche à tout accaparer par la violence et la séduction, et il enchaîne aussitôt ce qu'il possède. Le chrétien à la suite du Christ rend liberté, sans rien attendre en échange.
Entre les séductions si puissantes du monde, et la voix intérieure de l'Ami, les calculateurs qui ont fait leur choix rient au pied de la croix en jouant aux dés les vêtements du Christ.
Or, pour renoncer à l'esprit d'appropriation, si la racine du mal se trouve dans les familles,- et le lien entre le modèle capitaliste originel, américain, et la "défense de la famille traditionnelle", se comprend alors clairement-, c'est là aussi qu'il faudra en venir, au rebours des discours bien pensants de la MPT et autres excroissances de ce capitalisme qui apparait de plus en plus comme anti-chrétien.
L'esprit de possession qui enchaîne au secret des familles s'étant étendu dans la société toute entière et dans les "communautés nouvelles" comme de celles s'étant laissées séduire par les mondanités (où tout est marché implicite, à commencer par le commerce des attraits sexuels, la sexualité étant le lieu premier du sacrement du don), il faut en revenir à une théologie de la famille, ce que le pape Jean-Paul II avait bien compris, mais dégagée du contexte de la guerre froide, et refondée sur l'oblation christique.
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Écrit par : Anne Josnin / | 09/09/2019

LES EMPIRES CONTRE LA PAPAUTÉ

> Influencer le conclave, vieille tentation des puissants.
Au conclave qui suivit la mort de Léon XIII, le cardinal de Cracovie (terre autrichienne à l'époque) a lancé le "veto d'exclusive"contre le cardinal Rampolla, ce qui a provoqué son retrait et l'élection de Pie X. Le veto d'exclusive était un droit accordé aux chefs des nations catholiques (dans ce cas particulier l'empereur d'Autriche-Hongrie) pour écarter un candidat qui ne leur plaisait pas. Ce droit a été immédiatement supprimé par le nouveau pape.
Il parait aussi que Napoléon, après avoir placé sur des trônes royaux ses frères et soeurs, voulait installer son oncle, le cardinal Fesch, sur le siège pontifical. Ce dernier, qui avait été nommé primat des Gaules à Lyon, n'a pas voulu car il avait quand même le sens de l'Eglise; le pape Pie VII lui en a été reconnaissant : déposé à la Restauration, Fesch n'a pas eu de successeur officiel à Lyon aussi longtemps qu'il a vécu en exil à Rome (jusqu'à sa mort en 1831); Lyon a été gouverné par un administrateur apostolique pendant plus de quinze ans.
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Écrit par : B.H. / | 09/09/2019

PP à Feld

C'est fait.
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Écrit par : PP à Feld / | 09/09/2019

LE DÉBAT DIFFICILE

> Merci Patrice pour cette recension. Le livre est commandé !
Je ressens toutefois dans ce maelstrom un grand danger, dont je crois bien que nous avions déjà discuté sur Facebook : c'est celui de faire émerger des "camps", quasiment comme des partis politiques, indépendamment des problèmes réels que l'on en oubliera que davantage (un peu comme l'affaire Dreyfus, qui passé un temps ne se jouait plus sur des considérations de culpabilité ou d'innocence, mais sur des logiques politiques et idéologiques qui dépassaient complètement le cas du capitaine).
Or il y a des problèmes réels à traiter dans l'Eglise (je ne vous fais pas un dessin). Il y a des actes du pape qui interloquent toujours. On devrait pouvoir en parler, pouvoir aider à "traiter" tout cela sans être aspiré dans le maelstrom, sans être ramené de force dans un camp ou l'autre.
De fait, on peut benoîtement s'enthousiasmer à la lecture d'un tel livre - c'est un peu mon cas à vous lire en tout cas. Se dire : "ouf, tout cela n'était que manigances des anti-Bergoglio". Et l'on passe à côté des problèmes, qui vont continuer de faire gonfler les abcès (et donner des munitions pour alimenter le maelstrom). De même, il y a des actes forts du pape, de grandes orientations de son pontificat qui semblent nous être presque dissimulées au profit de la mise en scène du maelstrom. Je pense en particulier au discours sur l'Argent-roi, sur la mainmise de la finance au niveau planétaire mais aussi dans chacun de nos coeurs.
Bref, la barque de Saint Pierre est bien ballottée dans ce maelstrom, ramons dans le même (et bon !) sens.

Odon Lafontaine


[ PP à OL – Merci de votre message. Le danger de la fossilisation en "camps" est conjuré par le discernement du pape dans l'avion Dublin-Rome, comme Senèze l'explique magnifiquement (merci à lui).
Reste que le camp de la haine et du mensonge existe et avec de surpuissants moyens financiers, comme vous le verrez en lisant ce livre indispensable.
Face à ce camp dont il serait dangereux de nier l'existence, notre devoir est de faire connaître les faits à nos frères et soeurs catholiques déboussolés.
Seule la vérité libère...]

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Écrit par : Odon Lafontaine / | 09/09/2019

MAMMON

> Mais ces catho americains qui souhaitent un pape à leur solde, peuvent se créer leur propre pape américain et se déconnecter de la Loi divine et du concile Vatican II, cela va faciliter tous leurs désirs sur le sol américain, c'est plus simple, puisque leur pape Mammon l'a décidé.
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Écrit par : Toto / | 09/09/2019

AU CLAIR

> et voilà déjà un an que vous avez quitté l'antenne de RND… que cela passe vite !
Aussi, je me souviens lorsqu'on insinuait ou disait même que vous étiez complotiste lors de la sortie du livre "Cathos, ne devenons pas une secte". Visiblement, ce livre vient tirer au clair plusieurs points. Merci de nous en faire part.
J'espère qu'il aura une belle place dans la librairie procure près de chez moi… :-)

TZ


[ PP à TZ
– A la grande Procure de la rue de Mézières, le livre de Senèze est très bien présenté.
– Sur le "complotisme" : ce mot est utilisé par les médias officiels (et par les imbéciles parmi le public) pour désigner tout essai de réflexion sur le système économico-politique néolibéral et ses sous-produits idéologiques. ]

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Écrit par : TonyZ / | 09/09/2019

à Toto :

> De ce point de vue, peu de chose différencie en effet M. Busch de Xi Jinping : chacun veut une Église catholique répondant aux intérêts de son pays. Or, comme son nom l'indique, l'Église catholique se veut universelle : il n'y a pas d'Église 'de France' mais il y a une Église 'qui est en France'. Libre à M. Busch de financer un clergé docile qui ne serait pas en communion avec Rome, mais cela ne ferait que reproduire les exemples anglican et gallican : ces clercs ne seraient plus catholiques.
Quant à chercher à placer un cardinal ami sur la chaire de Pierre, il est probable que les récentes nominations cardinalices cherchent à empêcher numériquement une telle éventualité. Ayons confiance en l'Esprit saint !
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Écrit par : Philippe de Visieux / | 09/09/2019

PRIONS POUR EUX

> Nul doute que le pape François prie beaucoup pour ses ennemis. Maintenant qu'ils semblent identifiés, ne devrions-nous pas faire comme lui ?

PS: hors-sujet mais avez-vous fait mention du Mois de la Création pour ce mois de septembre décidé par le pape pour la sauvegarde de celle-ci? Cordialement.
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Écrit par : Raphaël R. / | 09/09/2019

NOUS EN DISCUTIONS ICI DEPUIS 2018

> https://www.lemonde.fr/international/article/2019/09/10/le-pape-francois-dramatise-les-tensions-dans-l-eglise-catholique-en-evoquant-l-hypothese-d-un-schisme_5508802_3210.html

Le pape "dramatise les tensions dans l'Église" ? Non : il ne fait que décrire la réalité, l'hypothèse d'un schisme étant plausible et loin d'être récente - nous en discutons sur votre blog depuis août 2018. Prions pour que l'unité prévale : ut unum sint !

PV


[ PP à PV – Bien sûr : nous avons été ici les premiers, et un certain temps les seuls en France, à voir de quoi Vigano était l'instrument et le symptôme. Pour une simple raison : nous lisions les médias catholiques américains !
Ceux qui ont mugi alors contre nous disaient lire eux aussi les médias américains : sans dire qu'il s'agissait uniquement des sites de désinformation de l'Alt-Right... ]

réponse au coimmentaire

Écrit par : Philippe de Visieux / | 11/09/2019

OÙ EN VENIR

> Pourriez-vous, Mme Josnin, expliciter votre pensée lorsque vous écrivez :"Pour renoncer à l'esprit d'appropriation, si la racine du mal se trouve dans les familles,- et le lien entre le modèle capitaliste originel, américain, et la "défense de la famille traditionnelle", se comprend alors clairement-, c'est là aussi qu'il faudra en venir, au rebours des discours bien pensants de la MPT et autres excroissances de ce capitalisme qui apparait de plus en plus comme anti-chrétien."
Que voulez-vous dire et que proposez-vous exactement ?
______

Écrit par : Thomas / | 11/09/2019

DICKÈS...

> https://radionotredame.net/emissions/decryptage/01-10-2019/

Échange musclé entre Nicolas Senèze et Christophe Dickès, arbitré par Philippe Delaroche, à propos du livre du premier. Ce débat est intéressant dans la mesure où ces deux personnes représentent les deux courants qui déchirent actuellement l’Église au sommet : soutien au pape pour le premier, attitude beaucoup plus critique pour le second (sur fond de désinformation).
Quelques passages :
- Dickès accuse d’abord le pape de ne tenir aucun compte des courants qui existent dans l’Eglise en n’avançant que ses pions à lui : « Le pape François montre clairement une option qui sont ses options et qui, et cela n’engage que moi, n’arrive pas à absorber ces contraires » [9:06].
- À propos des ‘dubia’ exprimés par le quarteron Burke-Brandmüller-Meisner-Caffarra : « Burke, l’un des plus grands canonistes du XXe siècle, Brandmüller, l’un des plus grands historiens, ont écrit au pape pour demander quatre points : c’est très classique ». Réponse de Senèze : « je ne suis pas du tout d’accord avec ce que dit Christophe Dickès car le pape François est celui qui a le mieux pensé et compris ces contraires ». Dickès repart à la charge : « on veut parler de dialogue, or il n’y a pas de dialogue. Ces hommes n’ont pas eu de réponse. » Senèze s’emporte : « mais ils ont eu une réponse ! Simplement, ils n’ont pas eu la réponse qu’ils attendaient. C’est fini ce temps-là du permis/défendu, du noir/blanc. Leur démarche, c’était exactement celle des pharisiens qui vont voir Jésus pour le mettre à l’épreuve. […] Cette question des ‘dubia’, elle est délétère ; ce sont des gens qui par cette question-là, mettent en cause ; ils refusent le débat car ils refusent toute discussion en attendant une réponse oui/non ». Bel uppercut !
- À propos des catholiques américains opposés au pape, Senèze soutient qu’il ne s’agit que d’une « minorité » [31:30], ce à quoi Dickès répond « non, ça reste la moitié », ce qui ici encore paraît très exagéré.
- Dickès sous-entend qu’ ‘Amoris Laetitia’ revient à « critiquer ces catholiques qui sont attachés au mariage, au fait de rester toute une vie ensemble » [37:50], ce à quoi Senèze répond fort justement « vous n’avez pas lu ‘Amoris Letitia’ : ‘Amoris Letitia’, c’est exactement ça ! ».
- Dickès s’insurge contre le fait qu’à « l’Académie pontificale pour la vie, l’institut Jean-Paul-II, tout le monde a été viré du jour au lendemain » [38:40], ce à quoi Senèze répond en rappelant que Mgr Livio Melina, qui présida l’institut jusqu’en 2016, « a expliqué dans des colonnes que tel et tel sujet dans ‘Amoris Laetitia’ ne fait pas partie du magistère de l’Eglise : comment peut-il rester à la tête de cet institut ? ».
Coup de chapeau à Nicolas Senèze pour sa défense fidèle du successeur de Pierre, ce qui devrait semblait naturel pour tout catholique !
Assez curieux en revanche de constater que M. Dickès se soit vu offrir par KTO la présentation de l’émission hebdomadaire de la chaîne consacrée à l’histoire de l’Eglise : une prime au gallicanisme ?
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Écrit par : Philippe de Visieux / | 18/10/2019

à Philippe de Visieux

> Dickès est invité à cette radio bien plus souvent que Senèze.
Dickès et Guénois chaque semaine à KTO.
Un certain catholicisme français fait la gueule contre le pape.
Pourquoi ?
Au delà des apparences (ces chikayas pseudo-doctrinales) la réalité c'est qu'ils ne lui pardonnent pas sa compassion envers les migrants.
Tout se ramène à cela. Et c'est pas brillant.
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Écrit par : Calamity Jehanne / | 18/10/2019

à Calamity Jehanne :

> Et toujours cette envie d'opposer saint Jean-Paul II, Benoît XVI d'un côté, François de l'autre ; ça en devient lassant :
https://mobile.twitter.com/Ch_DICKES/status/1180917260770258945
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Écrit par : Philippe de Visieux / | 19/10/2019

> à Philippe de Visieux

> Christophe Dickès a été biberonné toute sa jeunesse au lait du lefebvrisme paternel.
Ayons la mémoire de lui rappeler que Jean-Paul II était traîné dans la boue par les lefebvristes, les nantistes et toutes les autres chapelles de l'intégrisme anti-conciliaire : elles le traitaient d'"hindouiste", "embrasseur de Coran", "sorcier d'Assise", "adorateur de Gaia", etc.
Aujourd'hui les rejetons de cette génération nous racontent que François "trahit Jean-Paul II et Benoît XVI" ? Pas crédible !
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Écrit par : Capenoule / | 19/10/2019

@ Thomas:

> pardon pour ma réponse tardive à votre question, que je n'ai découvert qu'hier en remontant le fil des commentaires.
Déjà lors des premières manifs pour tous, alors avec les 'chrétiens indignés',nous étions un certain nombre à demander sur le plan politique un "Vatican II civil sur la famille, la vie, les fondamentaux de notre société" (article paru sur le blog aujourd'hui fermé des 'chrétiens indignés').
Le Christ dans les Evangiles se montre régulièrement à devoir se défendre publiquement contre ceux de sa famille qui cherchent à le "récupérer" pour en reprendre le contrôle, sans doute parce qu'il fait scandale et que cela rejaillit sur leur réputation.
Cette famille indûment possessive va même utiliser Marie "Ta mère et tes frères te cherchent" pour le ramener à la raison. Jésus ne fléchit pas. Au contraire il ouvre à une autre maternité que celle selon la chair: celle qui vient de la fidélité à la Parole.
Et à propos de paternité, il nous demande de n'appeler personne père, parce que nous n'en avons qu'un seul.
Et il y encore bien d'autres épisodes qui interrogent en profondeur notre conception, encore largement païenne, de la famille.
Cette conception pré-chrétienne de la famille dont nous sommes héritiers semble, à en croire les travaux d'un certain nombre de chercheurs de différentes disciplines, nous venir de la sédentarisation liée à l'agriculture. De même qu'élevage et travail de la terre ont profondément modifié notre rapport au monde animal (et le loup d'ami est devenu l'"ennemi" de l'espèce humaine, non parce qu'il agresse l'homme, mais parce qu'il se sert dans le troupeau), ces pratiques ont modifié les rapports humains selon la logique de la propriété.
Ainsi du statut de la femme en qui grandit selon son rang l'héritier, l'associé, l'esclave, voire l'adversaire, celui qui menace de s'approprier pour un autre clan les terres familiales. Il faudra donc la contrôler pour contrôler sa descendance.
Ainsi du statut de l'enfant missionné de poursuivre le travail de fructification/accumulation de l'héritage pour sa famille seule (pour ceux de son sang).
Certes tout l'Ancien Testament va dans le sens de l'éducation d'un peuple qui passe du semi-nomadisme des bergers, à un peuple lié par Dieu lui-même à une terre sacralisée, peuple identifié par les liens du sang, grâce à une filiation authentifiée par la mère.
Mais Jésus apparait au terme de cette lignée comme celui qui ouvre à l'universel cet esprit de propriété en le spiritualisant: nous sommes tous héritiers, oui!, mais héritiers de l'Unique Père, et par là libérés de toutes les chaînes humaines de la famille traditionnelle, selon la chair.
Et cette Terre est notre héritage, oui! mais comme Bien Commun Universel et expression vivante de l'amour du Créateur, non comme propriété privée dont on peut user et abuser comme matériau au service de l'argent et du pouvoir.
Or on voit bien que le capitalisme made in USA s'inspire davantage de l'Ancien Testament des scribes et des pharisiens, en bons littéralistes de la Bible, que du discours révolutionnaire de Jésus, ce qui arrange ceux d'entre-nous en Europe qui ne voient dans le christianisme qu'un moyen de baptiser la propriété privée, l'héritage, la terre et la culture des ancêtres, contre la destination universelle des biens, la fraternité universelle,l'inculturation d'une Bonne Nouvelle qui est passée par nous un moment, mais n'est pas nôtre et aujourd'hui passe par d'autres cultures que celle de nos vieux pays d'antiques cultures.
Voilà des pistes à travailler pour christianiser nos familles comme notre rapport à la propriété, à la terre, à la culture, et derrière à l'économie, à l'argent, au pouvoir.
En espérant avoir pu vous apporter un début de réponse à votre question.
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Écrit par : Anne Josnin / | 19/10/2019

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