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29/08/2019

Néonicotinoïdes : là non plus "l'Europe" ne protège pas

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Devant la décision bruxelloise du 17 juillet à propos des néo-nicotinoïdes, comment continuer à croire au mythe de "l'Europe qui protège" ?  Les faits montrent le contraire :


Que “l’Europe” puisse un jour “protéger” les Européens, ce serait envisageable si Bruxelles se libérait : 1. de la suzeraineté politique washingtonienne, 2. de son complément l’étau économique des multinationales (cf. l’affaire de la taxe Gafa).

Mais cette libération viendrait d’un virage des gouvernements européens, virage si radical qu'il exigerait, au préalable, un rejet du système néolibéral par l’opinion publique : révolution des esprits dont on ne voit – pour l’instant – que de faibles signes… Les jeunes supporters de Greta Thunberg ne sont pas près de jeter leurs plaquettes et smartphones ; les acheteurs de bio dans les hypers veulent croire M. Macron quand il reprend – après M. Hollande, M. Sarkozy et les chorales officielles – l’hymne à “l’Europe qui protège”. Ce qui est présomptueux, l’UE n’ayant pour l'instant aucune intention protectrice.

En voici une autre preuve : le 17 juillet, les Européen(ne)s en short ayant fermé l’info, un comité bruxellois nommé SCoPAFF [*] a renvoyé à un douteux futur tout débat sur l’adoption de recommandations – urgentes – de l’Agence de sécurité alimentaire européenne (EFSA).

Celle-ci voulait sauver les indispensables insectes pollinisateurs, en faisant tester plus sérieusement les produits à base de néonicotinoïdes – par ailleurs nuisibles à la santé humaine, selon le Centre international de recherches sur le cancer.

Appuyé sur la complaisance agrochimique de la plupart des Etats membres de l’UE, le parti-pris bruxellois écarte les constats scientifiques. Comme les tests de toxicité chronique condamneraient “près de 80 % des usages d’herbicides, 75 % des usages de fongicides et 92 % des utilisations d’insecticides” selon les experts indépendants (Le Monde 25/08), le ScoPAFF pousse à une nouvelle version des recommandations européennes qui minimiserait le problème. “On sent bien que ce qui est demandé à l’EFSA n’est pas vraiment une expertise scientifique, mais plutôt un exercice d’acrobatie politique visant à réduire les ambitions pour satisfaire les Etats membres réticents”, souligne l’apiculteur belge Martin Dermine.

Voici donc un rouage décisionnaire de Bruxelles (le ScoPAFF) qui traite par le mépris une “agence” européenne (l’EFSA)… parce qu’elle a suivi la science plutôt que l’intérêt d’une industrie ! 

Est rejeté de même façon l’avis de l’EASAC (pôle européen des académies des sciences des Etats membres), qui déclarait à propos des abeilles et assimilés : “Il existe des preuves claires que de très faibles niveaux de néonicotinoïdes ont des effets sublétaux [**] de longue durée sur des organismes bénéfiques”. L’EASAC priait l’UE de bien vouloir “prendre en compte” cette constatation...  Peine perdue.

Le scandale est d’autant plus éclatant que, maintenant, le tocsin contre les pesticides sonne là où nul ne l’attendait : aux Etats-Unis.  Selon une enquête américano-canadienne menée notamment par des chercheurs de l’université Carleton (Ottawa), en vingt ans les néonicotinoïdes ont multiplié par cinquante la charge toxique de l’agriculture US pour les insectes.  Le déclin rapide et massif de ceux-ci n’est donc pas dû aux pathogènes naturels, aux espèces invasives et même au… changement climatique, comme le prétend la désinformation de l’industrie ! Commentaire de Pierre Mineau, co-auteur du rapport d’enquête (Le Monde 25/08) : “Dans les premiers rapports de l’Agence américaine de protection de l’environnement (EPA), avant même que ces produits ne soient utilisés, les scientifiques fédéraux américains anticipaient des effets dramatiques sur l’écologie des systèmes terrestres et aquatiques…”  Depuis, l’EPA a été démantelée par M. Trump.

M. Trump est moins éloigné qu’il ne le croit de l’esprit de l’UE ; celle-ci est moins “protectrice” qu’il ne le lui reproche.

 __________

[*]  En langage UE :  Standing Committee on Plants, Animals, Food & Feed. Cet organisme semble doté de pouvoirs étrangement étendus pour un simple comité technique.

[**]  perte d’immunité, de fertilité, d’orientation, etc.

 

 

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19:29 Publié dans Ecologie, Santé | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : pesticides

Commentaires

> C'est conforme aux objectifs productivistes de la PAC. Moins de péquenots, plus de machines et de chimie.
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Écrit par : PF Huet / | 30/08/2019

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