25/07/2019
Les anti-UE ont bien tort d'applaudir l'arrivée de BoJo
Londres encore plus vassale de Washington ! S'ils acclament M. Johnson, les Français eurosceptiques sont en pleine utopie :
“L’Angleterre préférera toujours les Etats-Unis à l’Europe”, disait de Gaulle. Il avait raison dans ce domaine (comme dans plusieurs autres). Une nouvelle preuve en est fournie par Boris Johnson. “On l’appelle le Trump du Royaume-Uni”, tweetait hier The Donald. Le nouveau patron du 10 Downing street ne s’en cache pas : l’appartenance britannique au marché européen sans frontières sera remplacée par un terrific accord de libre-échange avec les Etats-Unis ! (et leur désormais annexe le Bolsonaro-land : l’Ubu de Brasilia vient de l’annoncer).
On se doute que ces avantages commerciaux promis se paieront d’une aggravation de la vassalité géopolitique. Déjà le gouvernement ex-May avait engagé la Royal Navy dans des opérations contre l’Iran dans le détroit d’Ormuz : opérations calibrées pour provoquer une riposte iranienne, laquelle serait montée en épingle par Washington pour lancer des représailles, etc. M. Johnson obéira à M. Trump pour faire tourner l’engrenage. Ce sera la mission spéciale du nouveau ministre de la Défense, Robert Ben Wallace… Les autres membres du cabinet Johnson sont en phase avec les trumponomics : le ministre des Affaires étrangères, Dominic Raab, partage la version transatlantique de l’ultralibéralisme. Ainsi que le ministre des Finances, l’ex-banquier d’affaires Sajid David. Et la ministre du Commerce international, Elizabeth Truss… La ministre de l’Intérieur, Priti Patel, adhère à un aspect encore plus pointu de l’idéologie américaine : en 2017 elle avait pris des contacts confidentiels avec M. Netanyahu, sans même en référer à Mme May.
Ceci pour dire que les anti-UE, sur le continent, auraient tort d’applaudir l’arrivée de M. Johnson. Pour deux raisons.
Primo, l’UE post-Maastricht n’étant qu’un carrefour du libre-échangisme (cf CETA, Mercosur etc), les anti-UE ne sont conséquents que s’ils sont anti-libéraux : or beaucoup d’anti-UE restent libéraux, par routine et myopie.
Secundo, nos prétendus réalistes-nationalistes sont en fait des utopiques-transatlantiques. Telle Mme Maréchal à Washington encensant le trumpisme, ou Mme Le Pen fêtant M. Bannon, ils croient à une imaginaire Internationale de l’Altright – qui se réduit au fond à la posture débile du “nationalisme blanc” (comme si la blanchitude était une nation)... Le racialisme n’étant au fond qu’un marketing communautariste, l’ultra-droite, finalement, s’inscrit dans le processus libéral qui disloque les sociétés en segments de marché. Et son attitude transatlantique est une utopie : car les Etats-Unis (trumpiens ou non) ne suivent que leurs intérêts. M. Johnson ne tardera pas à le découvrir, et ses admirateurs français à devenir un peu plus ridicules.
11:35 Publié dans Angleterre, Europe, Idées | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : boris johnson
Commentaires
Questions:
> Mmes Le Pen et Maréchal et les libéraux en général sont-ils vraiement eurhostiles?
Existe-t-il de vrais eurhostiles vraiment libéraux?
La politique britannique avait-elle un brin d'indépendance volontaire vis à vis des USA?
UK peut partir, un grand mal est fait: l’effacement du Français dans le travail de l'UE.
Un motif de joie: le processus d'intégration européenne dépeint comme un sens de l'histoire irréversible ne l'est pas.
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Écrit par : Pierre Huet / | 25/07/2019
à Pierre Huet
> La question n'est pas de savoir si l'Angleterre moderne a jamais été autre chose qu'une annexe des USA.
Mais de bien vouloir constater la vraie nature du brexitisme VU PAR LONDRES c à d la City : devenir un Singapour du globalisme ultralibéral.
Il suffit d'écouter les leaders 'brexiters' (pas les chômeurs de Manchester, évidemment) pour être informé de cela...
Que des anti-UE français projettent leur propre vision sur le Brexit anglais, correspond à leur disposition d'esprit mais ne décrit pas l'ensemble de la réalité.
Et la fascination trumpophile de l'ultra-droite française (sauf quelques "nationalistes européens", très minoritaires au sein de cette minorité) montre qu'au fond elle n'est pas nationaliste mais transatlantique, version "Internationale blanche". Rappelons-nous la mascotte graphique sur leurs sites pendant plusieurs années : Pepe the Frog, qui fut le symbole de l'Altright américaine. Tout était dit. ]
réponse au commentaire
Écrit par : PP / | 26/07/2019
IMPOSTURE
> Les vrais anti-UE sont anti-libéraux. Le FN/RN n'est qu'une imposture, l'assurance-vie du système qu'il prétend combattre.
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Écrit par : Cording / | 26/07/2019
CITATIONS
> « L’Angleterre est une île entourée d’eau de tous côtés » (André Siegfried)
« L’Angleterre est une ancienne colonie française qui a mal tourné » (Clémenceau)
« Comprenez bien qu’entre l’immensité de l’océan et vous [le continent], nous choisirons toujours l’océan » (Churchill à de Gaulle)
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Écrit par : Michel de Guibert / | 26/07/2019
POINT DE VUE BRITANNIQUE
> Il faut se méfier de ces vieilles citations plutôt fatiguées au sujet d'une Angleterre isolationniste. (Elles datent de l'époque de De Gaulle.) Du a l'opposition d'un 50 pour cent des Britanniques au Brexit (ou peut être un pourcentage plus élevé encore), il existe maintenant pour la première fois un fort courant pro-européen dans la politique et l'opinion publique en Grande Bretagne. L'Ecosse, le Pays de Galles l'Irlande du Nord et Londres avec plusieurs autre grandes villes du pays sont complètement convertis à la cause européenne. La question est plutôt comment conserver de bonnes relations avec une Europe après un Brexit destructif, tres difficile d'annuler.
Johnson est un ambitieux cynique qui a exploité les ressentiments d'un secteur industriel de nord d'Angleterre (Sunderland etc) . Il n'est pas idéologue comme Trump, et le nouvel accord avec les Etats-Unis va buter contre resistance en GB soucieuse de proteger notre système de santé (National Health Service).
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Écrit par : Patrick Early / | 24/11/2019
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