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29/06/2019

Le casse-tête de la P.M.A. "pour toutes"

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Une "avancée sociétale" qui posera plus de problèmes qu'elle n'apportera de "solutions"... (des solutions à quoi, d'ailleurs ?)... Ma chronique à Radio Présence Toulouse  Midi-Pyrénées :


 

<<  Le projet de loi sur la bioéthique est examiné par le Conseil d'Etat, il sera arbitré en juillet par Emmanuel Macron, présenté le 26 juillet en conseil des ministres, et adopté à la rentrée, sans doute à une majorité écrasante puisque ce texte-là sera voté aussi par les députés de gauche et même une grande partie des députés de droite. Oui : d’anciens adversaires du “mariage pour tous” vont voter la “PMA pour toutes”, c’est-à-dire la reconnaissance d’un “droit à l’enfant”, y compris pour les couples de femmes homosexuelles. Ce “droit à l’enfant” va contraindre le législateur à modifier, de fil en aiguille, des chapitres entiers du Code civil : tout ce qui concerne le droit de la famille et de la filiation ! Il faudra résoudre des problèmes sans précédent.

Par exemple : pour ne pas priver quelqu’un de la moitié de ses origines, alors que le don de gamètes est en principe anonyme, il va falloir donner à l'enfant (quand il sera majeur) accès à l'identité de son père biologique. A condition que celui-ci soit d’accord !  On imagine les difficultés psychologiques et juridiques…

Autre exemple : dans un couple de femmes homosexuelles, l’une se chargera de la grossesse obtenue par PMA avec un donneur de gamètes. Elle sera la mère biologique. Sa compagne voudra elle aussi avoir le statut de parent... Comment procéder ? Par déclaration à l’avance, faite devant notaire puis inscrite à l’état-civil après la naissance ? Mais protestation des associations lesbiennes, gay, transsexuelles etc : “Si cette procédure est réservée aux lesbiennes, disent-elles, ce sera une discrimination ! Et toute discrimination est contraire aux nouvelles valeurs de la République…“ Donc, affirment-elles, la procédure de déclaration devra être imposée aussi aux couples hétérosexuels recourant à la PMA… Et là ce sont les hétérosexuels qui ne seront pas d’accord, n’ayant souvent aucune envie que l’on sache qu’ils ont eu recours à un donneur ! On imagine les problèmes inextricables dans lesquels vont s’engager les députés, l’administration, les juges etc. On imagine aussi la manne que ça va procurer aux avocats.

Et les homosexuels masculins ne manqueront pas d'invoquer à leur tour le "droit à l'enfant" : c'est-à-dire pour eux le recours à l'industrie des mères porteuses, cette GPA dont les gouvernements assurent ne pas vouloir mais qu'ils seront forcés d'accepter – sous peine de se voir accuser par les gays de violer l'impératif catégorique de non-discrimination...

Et l’on trouve du bon sens à la philosophe Sylviane Agacinski, qui publie chez Gallimard un livre intitulé : L’Homme désincarné – Du corps charnel au corps fabriqué. Le 24 juin à France Inter, elle expliquait : "La bioéthique semble perdre tout repère. Nous commençons à dire : ‘la parenté va se fonder sur la volonté et non plus sur le rapport personnel et charnel à l'enfant’…” Quant au "droit à l’enfant", la philosophe estime qu’il n’existe pas : "On a des droits à quelque chose, pas à quelqu'un", souligne-t-elle. Croyez-vous qu’elle ait tort ?. >>

 

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12:08 | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : pma

Commentaires

CHAQUE FOIS

> Bien dit. Chaque fois c'est le même coup : "bien sûr ce que vous prédisez n'aura jamais lieu, vous faites un mauvais procès", etc. Et la loi Veil finit tellement violée-détournée par les ultras de l'IVG que la pauvre Simone indignée finit par défiler avec la Manif pour tous ! C'est dire.
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Écrit par : Zoé Kupfer / | 29/06/2019

INÉGALITÉ

> Je pensais ce matin à un autre problème aussi que pose la PMA :
Quand des gens veulent adopter ils déposent un dossier il y a toute une enquête, des entretiens ... et c'est parfaitement normal.
on finit par leur donner un avis qui est positif ou négatif : on se réserve parfaitement le droit de leur dire "non vous ne pouvez pas adopter ce sera une mauvaise chose, ce ne serait pas là l'intérêt de l'enfant".

La PMA ?
vous faites exactement ce que vous voulez, aucun entretien, aucun compte à rendre... à aucun moment on ne parle de l'intérêt supérieur de l'enfant... c'est même pour éviter d'en parler qu'on a créé la PMA
la PMA crée déjà une inégalité avec l'adoption.
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Écrit par : E Levavasseur / | 29/06/2019

JOSPIN ET LE PACS

> Cit : "Croyez-vous qu’elle [Sylviane Agacinski] ait tort ?"
A l'évidence, non, bien entendu.
Je me demande si son mari avait conscience en instaurant le PACS de la brèche qu'il ouvrait alors dans la législation familiale, et qui depuis ne cesse de s'élargir.

F.


[ PP à F. – Le débat de fond aurait (peut-être) pu avoir lieu s'il n'avait pas été hystérisé-crétinisé par une certaine députée de l'époque, qui a réalisé une contre-performance intégrale (tous les mauvais arguments)... et ainsi aidé l'adversaire au lieu de le contrer.
Mais à mon avis le PACS n'a pas été le premier pas vers le "mariage pour tous". Au contraire : sa formule indiquait une voie qui aurait permis d'éviter de vider le mot "mariage" de son sens intrinsèque. Sens qui avait été respecté sous toutes les latitudes, à toutes les époques, par toutes les civilisations – y compris (et tout spécialement) celles qui donnaient à l'homosexualité un statut et une valeur dans la cité, cf. l'Athènes antique. ]

réponse au commentaire

Écrit par : Fondudaviation / | 30/06/2019

JUGEMENT OBJECTIF

> Sylviane Agacinski, qui n'est pas croyante, a développé un raisonnement philosophique extrêmement précis et moral sur la PMA. Elle en arrive à redire des choses simples de la morale initiale, oubliées par les hystériques qui vont voter positivement pour cette nouvelle loi.
Vous avez bien raison de faire référence à son jugement objectif, qui va en outre et accessoirement dans le sens d'un cheminement religieux de l'homme.
Quand l'homme renie les commandements les plus anciens, il y a toujours un grain de sel qui surgit pour remettre les choses dans leur perspective intrinsèque et originelle.
Mais malgré tout, pour l'instant, ce combat me semble perdu d'avance, malgré les voix qui s'élèvent.
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Écrit par : Bégand / | 01/07/2019

SOPHIA

> Sylviane Agacinsky est une philosophe, étymologiquement "qui aime la sagesse".
Nous avons affaire aujourd'hui le plus souvent à des "sophiaphobes" si je puis me permettre ce néologisme...
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Écrit par : Michel de Guibert / | 03/07/2019

CONFORMISME CHEZ LES ÉCOLOS

> Ce qui me débecte un peu, c'est que la majeure partie de la presse écologique dite alternative ('Silence', 'L'âge de faire', ...) est, sur ces questions sociétales qui ont quand même trait à des fondamentaux de la nature humaine, au mieux silencieuse, au pire complaisante.
Si l'on met à part 'Limite', d'obédience ouvertement catho, la seule publication de cette mouvance à être vent debout contre ces involutions est 'La Décroissance' :
http://www.ladecroissance.net/?chemin=journal&numero=161
Vincent Cheynet doit se sentir bien seul.
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Écrit par : Feld / | 05/07/2019

LES PROBLÈMES

> Les problèmes qui vont arriver :
- Couples lesbiennes : l'une donne l'ovule, l'autre porte le foetus.... Qui sera la mère ? En cas séparation (cela arrivera tôt ou tard) qui aura l'enfant ?
- On manque déjà de donneurs de gamètes mâles, pour éviter les pères d'une multitude d'enfants, le nombre de dons qu'effectue un homme est limité. Va-t-on augmenter cette limite ? Va-t-on rétribuer les donneurs afin d'inciter de nouveaux donneurs ? (et alors on sera dans le négoce humain, et qui va payer ? )
- Actuellement la PMA pour hétéro répond à un problème d'infertilité, et est donc considéré comme Médical et est pris en charge par la SECU. Que va-t-on invoquer pour mettre la PMA pour toutes dans le domaine de la SECU ?
(et cela contredit l'argument que les hétéros ne sont pas concernés ... ! )
- Un article de loi avait changé la définition du mot "mariage" lors de la loi du mariage pour tous (appauvrissement du sens puisque maintenant il faut ajouter un qualificatif pour retrouver la précision qu'avait le mot initialement)
Que va faire le législateur cette fois ? Changer le sens du mot médical ? trouver un nouvel acronyme ?
En cas "d'accident de parcours" (malformation diverses) que se passera-t-il ? La porteuse se retournera contre celui qui a pratique l'insémination ? contre ceux qui effectuent la sélection du mâle ?
______

Écrit par : Franz / | 09/07/2019

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