10/04/2019
Nous vivons une époque très cool
Après le ministre de l’Intérieur introuvable car en boîte de nuit, l’enquête niçoise par la propre compagne du commissaire mis en cause. Nous vivons une époque très cool ! Ma chronique de ce matin à Radio Présence (Toulouse / Midi-Pyrénées), son et texte :
http://www.radiopresence.com/IMG/mp3/10042019_chroeco_air...
<< Bonjour à tous. Une caractéristique de la société d’aujourd’hui, c’est l’intrusion joviale des intérêts privés – et de la vie privée tout court – dans les responsabilités publiques : et même la nouvelle habitude de revendiquer tranquillement cette confusion comme une des conquêtes de l’individu contemporain.
La vie politique en donne des exemples de plus en plus fréquents. Songeons par exemple au ministre de l’Intérieur injoignable pendant six heures d’affilée parce qu’il était en boîte de nuit ; après quoi, les jours suivants, ses amis politiques expliquaient aux médias que pour être ministre on n’en est pas moins homme et que la vie privée est un droit absolu.
Mais voici un autre exemple, encore plus symptomatique peut-être. Vous vous rappelez l’affaire de Geneviève Legay, 73 ans, la manifestante niçoise grièvement blessée à la tête lors d’une charge de police. Bien sûr on dira que manifester n’était pas la place d’une dame de cet âge. Mais elle faisait ce qu’elle pensait être son devoir, et la question n’est pas là. La question réside dans ce qui s’est passé après.
Quand cette dame était aux urgences à l’hôpital, ranimée depuis quelques heures, des enquêteurs sont venus, dans sa chambre, la pousser à dire qu’elle n’avait pas été frappée par un policier mais bousculée par un photographe de presse ! Version qu’elle récuse formellement : "Je leur disais que j’avais été poussée, et sans doute matraquée derrière la tête, par un policier", dit Mme Legay, "mais ils insistaient pour me faire dire que c’était un journaliste…"
De qui se réclamaient ces enquêteurs venus jusque dans la chambre d’hôpital de Mme Legay ? De la responsable de l’enquête sur cet incident : la commissaire en chef de la sûreté départementale. Or cette personne, dans la vie privée, est la compagne d’un collègue. Et ce collègue n’est autre que le commissaire de police mis en cause, parce que chargé des opérations de maintien de l’ordre le 23 mars, jour de la manifestation où fut blessée Mme Legay !
N’y aurait-il pas là quelque chose comme un conflit d’intérêt ? Mais pas du tout, répondit flegmatiquement le procureur de la République de Nice interrogé par les journalistes, "puisqu'il n’y avait aucune preuve évidente que l’auteur du coup soit un policier…" Huit jours après, le procureur reconnaissait que c’était bien un policier. Et l’enquête était confiée à un autre service. Mais il avait fallu que la victime proteste et que la presse lui donne la parole ; sans quoi le respect de la vie privée de madame et monsieur les commissaires aurait prévalu. Nous vivons une époque très cool. A la semaine prochaine. >>
11:33 Publié dans Moeurs, Société | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : geneviève legay
Commentaires
BANANE
> Sous l’impulsion de M. Macron, la France devient une République bananière – où la matraque tient lieu de banane… que l’on soit adjoint au chef de cabinet du président, à l’Elysée, où commissaire certifié ès bavures policières, à Nice.
Sur les dangers de la banane, lire ce rappel historique : https://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/pourquoi-dit-on-une-republique-76978
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Écrit par : Denis / | 10/04/2019
@ Denis:
> (quoi que pense Guadet sur la faiblesse littéraire depuis un siècle)
Si le sujet United Fruit / république bananière vous intéresse, alors joignez-y l'agréable en plongeant dans les délices du grand auteur guatémaltèque, Nobel de littérature, Miguel-Angel Asturias:
Par exemple dans 'Le larron qui ne croyait pas au ciel', 'Monsieur le Président','Vendredi des douleurs', 'L'Ouragan', 'Hommes de maïs", 'Le Pape vert', 'Les yeux des enterrés' - les cinq derniers cités sont pile dans le sujet de votre lien Agoravox - .
Tant que j'y suis, c'était imprévu, mais 'Le larron qui ne croyait pas au ciel' -le titre original "Maladrón" est plus parlant- m'a même lancé dans de longues médiations et réflexions en matière eschatologique, si ce n'est théologique -était-ce voulu de la part de l'auteur ?
Je suis loin d'entre être sûr, mais qui sait avec Asturias, par ailleurs auteur de poésies denses (et ardues) !
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Écrit par : Aventin / | 11/04/2019
AU LOUVRE
> https://www.lemonde.fr/m-le-mag/article/2019/04/11/le-louvre-fait-le-coup-de-la-nuit-au-musee_5448589_4500055.html
Voici que le Louvre veut aussi devenir "cool" : en invitant Beyoncé à tourner un clip parmi les chefs-d'œuvre, puis à présent en proposant à un heureux élu de prendre un apéro devant La Joconde, suivi d’un dîner face à la Vénus de Milo. À quand une partouze devant le Scribe accroupi, puisque la coolitude actuelle ne connaît plus de limites ?
Notre monde étouffe sous le règne de l'image, le manque de profondeur et la dictature du nombre de fans sur Facebook... Le Louvre n'a pas besoin d'une chanteuse américaine exclusivement anglophone pour attirer des visiteurs, ni d'inviter un quidam à pioncer sous la pyramide de Peï. Ces initiatives bobos (du genre du Vagin de la Reine à Versailles) me semblent en décalage avec la mission de tout musée : il serait temps de cesser ce marketing éphémère pour revenir à quelque chose de plus sérieux.
PV
[ PP à PV – Il faudrait pour cela que la "culture" dominante cesse de juger ringarde la notion de culture par rapport à la notion de "valeur ajoutée" (vénale évidemment)! ]
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Écrit par : Philippe de Visieux / | 14/04/2019
VALEUR AJOUTÉE
> https://www.lemonde.fr/pixels/article/2019/04/14/pourquoi-je-deteste-game-of-thrones_5449970_4408996.html
En matière audiovisuelle, la notion de valeur ajoutée semble également avoir pris le dessus. Je partage ce que ce journaliste écrit de 'Game of Thrones' et l'étendrais volontiers à la série 'The Crown' : une biographie de la reine Elizabeth à la sauce d'Hollywood, pleine de longueurs et d'inutiles dramatisations. Toutes les séries en saisons et épisodes, actuellement proposées sur les chaînes payantes américaines, sont du même acabit - elles sont hélas devenues extrêmement populaires.
PV
[ PP à PV – Clameur médiatique délirante à Paris depuis quelques jours autour de 'Game of thrones', comme s'il s'agissait de bien plus que d'une simple opération commerciale de l'industrie de l' 'entertainment'.... ]
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Écrit par : Philippe de Visieux / | 15/04/2019
MUSÉES
> "Il faudrait pour cela que la "culture" dominante cesse de juger ringarde la notion de culture par rapport à la notion de "valeur ajoutée" (vénale évidemment)!"
Très bon résumé de la situation. Le problème qu'on rencontrera, c'est qu'à force de transformer en parcs d'attractions les musées et les grands monuments comme Versailles, on finira par leur faire perdre tout intérêt en soi. Pour avoir recherché une rentabilité à court terme, on finira par perdre ce qui attirait les gens.
C'est déjà arrivé pour des lieux touristiques : on a construit des immeubles et des parkings pour accroître la rentabilité, jusqu'à détruire le charme qui attirait et jusqu'à tuer la rentabilité. C'est ce qui arrive en ce moment pour les bibliothèques municipales : on a voulu diversifier et tenir compte des désirs pour attirer les lecteurs, on en est venu à gérer le fonds en tenant compte uniquement du nombre de prêt, résultat : on met à la benne la grande littérature et les livres savants, et on achète des mangas et des romans de gare.
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Écrit par : Guadet / | 15/04/2019
à Philippe de Visieux, sur le Louvre :
> La coolitude des musées pourrait être vue comme le prolongement d'une certaine modernité qui consiste pour des commissaires d'exposition à exposer des œuvres d'art pour faire passer un "message" quelconque, de même que des metteurs en scène de théâtre font un peu ce qu'ils veulent des pièces dont ils s'emparent. Ils se servent d'œuvres qu'ils sont censés servir. Poussé à l'extrême et mêlé de mercantilisme et d'exploitation de l'individualisme et du narcissisme du chaland, cela donne la vente de droits d'apéros ou de dîners au Louvre…
Par analogie, dans un tout autre domaine, on vit bien quelquefois des dérives liturgiques "créatives", aussi ridicules et sans doute plus graves (j'y pensais en écoutant hier la conférence de Carême du P. de Menthière à Notre Dame de Paris, où étaient tenus des propos forts et pertinents sur des "prières eucharistiques originales").
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Écrit par : Sven Laval / | 15/04/2019
COSTA GAVRAS
> Est ce que vous vous rappelez du film de Costa Gavras : " Z "
on pourrait trouver des similitudes .
Mais bien entendu : " toute ressemblance avec des faits ayant vraiment existé ne pourrait être que le fruit d'une coïncidence ".
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Écrit par : beaux | 22/04/2019
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