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26/03/2019

Crise du conseil à l'Elysée : exit Emelien, arrive le showbiz

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Lancement laborieux – par les radios de service public – du petit livre de deux ex-conseillers d'Emmanuel Macron : Ismaël Emelien (31 ans) et David Amiel (26 ans). Ça ne réussit pas à masquer l'hémorragie de l'équipe présidentielle, symptôme de grave incertitude au sommet :


 

1. Intitulé Le progrès ne tombe pas du ciel, le livre bref et flou d'Emelien-Amiel se présente comme la doctrine du macronisme. On y lit d'étranges choses, par exemple celles-ci : “L'immense majorité des individus a des raisons légitimes de s'estimer frustrée et injustement traitée. Il y a là bien de quoi se révolter...” Plus loin, les deux jeunes gens déclarent que notre système a fabriqué "les exclus" il y a vingt ans, puis provoqué il y a dix ans “la sécession des classes populaires”, et qu'aujourd'hui "le coeur de la société, les classes moyennes elles-mêmes, remettent en cause l'ordre établi". Diagnostic apparemment exact ! Mais les auteurs  ajoutent ce non-sens : "Demain, des franges des catégories supérieures basculeront aussi dans la révolte". Pourquoi ceux qui profitent du système se "révolteraient"-ils ? Ce genre de sophisme caractérise la doctrine Emelien-Amiel. Dans ce livre "pas un propos vivant sur la France et les Français" : "de la théorie, rien que de la théorie", constate aussi Saïd Mahrane dans Le Point. Et théorie combien puissante : à lire les deux théoriciens, si ça va mal en France c'est que ce pays n'a pas encore appris à "maximiser les possibles"... Grisés de telles idées, nous sommes censés oublier que M. Emelien est l'inventeur du principe des "premiers de cordée" (qui cache le néfaste dogme du ruissellement), et nous ruer aux urnes le 26 mai, afin de voter – waouh ! – pour Mme Loiseau et M. Canfin ; c'est-à-dire pour M. Macron.

 

2.  Et il y a l'autre face des choses. Ces deux juvéniles ont quitté l'olympe de l'Elysée alors qu'ils y étaient conseiller n° 1 du président (Emelien) et bras droit du secrétaire général (Amiel)... Et ils ne sont pas seuls à avoir fait leurs cartons ! Sont partis également Sylvain Fort, l'auteur des grands discours macroniens, ainsi que : le conseiller politique Stéphane Séjourné ; le conseiller institutions et action publique Fabrice Aubert ;  la conseillère Moyen-Orient et Maghreb Ahlem Gharbi ; la conseillère presse internationale Barbara Frugier... Ils seront bientôt suivis par la conseillère justice Sonya Djemni-Wagner, le conseiller entreprise Emmanuel Miquel,  le conseiller énergie Antoine Peillon, etc : "quinze départs jusqu'à l'été", confie un élyséen aux médias. C'est une hémorragie. Pourquoi ?  Tous les conseillers présidentiels depuis quarante ans se nourrissaient d'amertume, ne se sentant jamais assez écoutés (car c'est la règle du jeu).  Mais dans la Macronie ce symptôme classique se double d'une autre douleur : le président n'aime plus les siens. Cette bande improvisée l'avait aidé à bluffer l'électeur en 2017 ;  ensuite elle a montré qu'elle ne ressentait pas ce que les Français ressentent. C'était couru, étant donné le profil de ces trentenaires ultralibéraux américanisés à bloc ! Mais ce fut la cause de l'aberrante "itinérance mémorielle" de novembre 2018, concept purement théorique, fabriqué par les conseillers en toute méconnaissance du terrain ; on a vu le résultat. M. Macron ne le leur a pas pardonné. D'autant que les huées de novembre n'étaient que le prélude au soulèvement des gilets jaunes...

220px-Marion_Cotillard_(July_2009)_3.jpgDu coup, Jupiter abîmé consulte ailleurs et n'importe qui. Dans un article assassin, Le Monde (27/03) révèle le rôle joué désormais par Jean-Marc Dumontet, chargé par M. Macron du casting pour trouver un successeur à Sylvain Fort : idée absurde, sachant que M. Dumontet n'est qu'un homme d'affaires du showbiz, propriétaire entre autres de Bobino et "producteur d'humoristes" ! Mais ce personnage est un macroniste de 2017 et ambitionne de devenir ministre de la Culture. En attendant, il hante l'Elysée et prolifère sur tous les sujets ; c'est notamment lui, en février, qui a suscité le long entretien "hors agenda" de M. Macron avec Marion Cotillard à propos... du climat. L'actrice a des lumières sur ce sujet comme sur divers autres : on sait qu'elle attribue la mort de Coluche à un complot et qu'elle doute des attentats du 11 septembre 2001 [*]. Elle avoue d'ailleurs elle-même : "moi je suis très très mauvaise pour parler de n'importe quoi".  Il y a bien une crise du conseil à l'Elysée.

 

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[*]  “Je pense qu'on nous ment sur énormément de choses : Coluche, le 11-Septembre. On peut voir sur internet tous les films du 11-Septembre sur la théorie du complot. C'est passionnant, c'est addictif, même… Il y a une tour, je crois que c'est en Espagne, qui a brûlé pendant 24 heures. Elle ne s'est jamais effondrée ! Aucune de ces tours ne s'effondre. Et là, en quelques minutes, le truc s'effondre… Et puis c'était un gouffre à thunes… c'était beaucoup plus cher de faire des travaux que de les détruire…”

 

 

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19:38 Publié dans Macron | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : macron, macronistes

Commentaires

IMPROVISATION

> L'équipe Macron a été improvisée mais pas ses idées : c'était la pensée-zéro ultralibérale des écoles de commerce, avec l'arrogance de jeunes sans autre expérience que les cabinets de consulting (imposture) ou les couloirs du PS et des Républicains.
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Écrit par : Elspeth / | 27/03/2019

VORACES

> "Demain, des franges des classes supérieures basculeront elles aussi dans la révolte."

Cela signifie-t-il que l'on réduira à la misère les moins fortunés au sein de la classe supérieure afin de satisfaire l'appétit vorace de ceux qui sont tout en haut de l'échelle ?
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Écrit par : Bernadette / | 27/03/2019

RETOUR

> Je relisais une de vos notes au moment de l'arrivée de Mme Trierweiler à l'Élysée : déjà, vous parliez d'introduction du showbiz dans le politique. Puis ce fut 'Merci pour ce moment', la descente aux enfers du compagnon de Mme Gayet et l'arrivée du Mozart de la finance, messianiquement élu au 55 Faubourg après toutes les promesses d'un monde nouveau. Retour à la case départ ?
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Écrit par : Philippe de Visieux / | 27/03/2019

INVERSE

> Yvan 1er, lui, aurait eu des conseillers de 65 ans et une femme de 26 ans.
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Écrit par : Yvan / | 27/03/2019

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