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13/02/2019

Ce que véhicule la nouvelle mode de la "méditation"

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...bien résumé dans cet article et les commentaires ci-dessous :

http://www.slate.fr/story/173385/meditation-capitalisme-s...


 

 

Lire aussi cet article du Temps (merci à Lucas) :

https://www.letemps.ch/societe/sois-bien-taistoi

méditation

 

 

00:50 Publié dans Idées | Lien permanent | Commentaires (14) | Tags : méditation

Commentaires

LES GENS ET LES CHOSES

> Ce que pour ma part, je ne supporte pas : que l'on applique aux êtres des termes qui normalement s'appliquent uniquement aux choses. Et quand en plus on se les applique à soi-même... Du genre : "quelle est ma plus-value dans ce dossier ? " ; " c'est comme ça que je fonctionne " ; "je gère 20 personnes", .etc, etc...
Comme (depuis longtemps) l'homme ne se voit plus comme une créature faite à l'image de Dieu, on ne sait plus ce qu'est l'homme...on ne sait plus ce qui fait sa valeur intrinsèque.

Petite incidente : j'ai appris aujourd'hui que les nazis avaient un terme pour désigner l'existence des êtres considérés par eux comme des sous-hommes, à un titre ou à un autre. "Ballastexistenzen". Littéralement "existences fardeaux", que l'on pourrait traduire par "existences dont on aurait pu faire l'économie". Quand est elle apparue, cette idée selon laquelle l'existence de certains hommes - les "de trop"- serait une erreur ? Bien avant le nazisme, me semble-t-il ?

Feld


[ PP à Feld – L'idée apparaît avec l'idéologie libérale qui met la norme dans le profit (les choses) et non plus dans la foi (transcendance) ou la loyauté (surmoi collectif). Dans ce contexte de transfert éthique, la notion d'humanité-en-trop est suggérée de facto par le théoricien libéral Malthus en 1803, avec son 'Essai sur le principe de la population'. ]

réponse au commentaire

Écrit par : Feld / | 13/02/2019

DÉCONNECTÉE

> Il y a un autre aspect qui aurait pu être développé : la méditation de notre époque se veut totalement déconnectée de toute religion ou de toute présence divine. On se concentre sur soi : c'est donc une technique individualiste, en accord avec l'ultralibéralisme qui la promeut.
Certains, dont d'anciens collègues, n'hésitent pas à se dire "bouddhistes" après ces quelques exercices de respiration. Foutaise : le bouddhisme est autrement plus complexe que la recherche du bien-être individuel. Il comporte un dogme, ce qui le rend du coup bien moins attirant pour tous les néolibéraux qui ne croient qu'en eux-mêmes. Surtout, il nie l'importance de l'individualité, la qualifiant parfois d'illusion, ce qui serait inconcevable pour beaucoup de cadres supérieurs se croyant par définition indispensables.
Permettez-moi de suggérer deux émissions en lien avec ce thème :
- Une 'Foi prise au mot' sur le Nouvel Âge soixante-huitard, dont la médiation actuelle n'est au fond qu'une réminiscence (https://youtu.be/Q-1ojSQCQ7M), et
- Le témoignage de conversion du père Joseph-Marie Verlinde, F.S.J. (https://youtu.be/rG3LEewe0Cw) qui a pratiqué la méditation transcendantale dans un ashram himalayen avant que le Christ ne lui apparaisse, l'enjoignant à remplacer la recherche bouddhique de la vacuité par l'amour du Père.
On ne peut que regretter que tant de gens "méditent" sans prier, préférant l'omniprésence du soi à la relation aimante qui lie la créature à son Créateur. Un exemple de plus de l'inanité de l'idéologie ultralibérale.
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Écrit par : Philippe de Visieux / | 13/02/2019

SALLES

> N.B. Un autre temple moderne de l'individualisme sont toutes ces salles de sport dans lesquelles on voit les cadres supérieurs évacuer leur stress en pédalant sur des vélos d'appartement, casque sur les oreilles à écouter et visionner en direct les cours de bourse ou le dernier discours de Trump : on les voit rentrer, transpirer, se doucher sans dire un mot, sans souvent un regard, en considérant l'environnement humain comme parfaitement accessoire. Là encore, culte idolâtre de l'individualité.
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Écrit par : Philippe de Visieux / | 13/02/2019

INTÉRIORITÉ

> https://youtu.be/jE6kvbzX79E

Présentation du père Verlinde sur la méditation, cette "intériorité qui n'est pas dialogale" selon ses termes. Très complet et bien documenté, avec une insistance sur l'incompatibilité avec la foi chrétienne.
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Écrit par : Philippe de Visieux / | 13/02/2019

PLATONISME, CHRISTIANISME ?

> L’anthropologie capitaliste n’est pas sans provenir de la dérive platonicienne du Christianisme, ce « corps, âme, esprit » sans chair vivante où le corps est instrumentalisé, ce qui constitue un enferment mental. En vérité, l’anthropologie Chrétienne devrait être « un corps fait de chair et d’esprit » (corps et âme). Il m’apparait donc que le Christianisme tel qu’il se présente (corps, âme, esprit) ne fait que contribuer à cette dérive des propositions de méditations, mais non pas toutes : cf. Durkheim par Sœur Maryline Darbellay théologienne, et ce pour moi, à l’aune de la phénoménologie de la vie de Michel Henry cf. Père Antoine Vidalin philosophe et théologien (ou Rolf Kühn). Ma proposition de méditation Chrétienne :
MEDITER ?
C’est d’abord s’asseoir, prendre son assiette, sa place. C’est d’abord une action engagée par le tout corps de chair vivant dans son unité.
C’est ensuite l’action d’accueillir ce qui se présente à l’épreuve des sens du corps de chair vivant, par la pleine attention au souffle et aux sensations du souffle dans le corps. C’est accueillir l’épreuve de la sensation pure, ce qu’on appelle la contemplation : sentir (voir, entendre) ce qui est senti (éprouvé) sans examen de ce qui est senti (perçu) à travers les processus mentaux. C’est revenir à l’épreuve du corps de chair vivant, à l’épreuve des sens, pour éprouver cette sensation de Présence en soi par le souffle de la vie même (Esprit) qui se fait chair et perçu par notre esprit. « La chair est à la charnière du salut (Tertullien) ». Le Verbe était la Vie, et la Vie s’est faite chair vivante… notre chair est donc pétrie d’amour.
* si le mental est le domaine du bruit, le corps de chair est le domaine du silence.
* si le mental est le domaine de l’agitation, le corps de chair est le domaine de la paix.
* si le mental est le domaine du morcellement, le corps de chair est le domaine de l’unité.
* si le mental est le domaine de l’être existentiel, le corps de chair est le domaine de notre vie essentielle.
* si le mental est le domaine de l’éparpillement, le corps de chair est le domaine de l’épreuve, de la sensation, de la Présence dans le présent.
« Qui aime sa vie (psyché) la perd et qui hait sa vie (psyché) dans ce monde la conservera pour la vie (zôé) qui ne meurt pas » Jn 12,25
Méditer, c’est un chemin, une voie de conversion, de transfiguration, de communion, qui fait passer du corps de chair sous emprise psychique "sôma psuchikon" (corps subordonné à l'âme), au corps de chair touché par la sensation de l’épreuve du souffle, la grâce du pneumatique (Esprit Saint qui procède du Père et du Fils), le "sôma pneumatikon" (corps subordonné à l'Esprit).
NOTA 1 : « D’après nos catégories anthropologiques (et éthiques), nous serions plutôt portés à appeler toutes les « œuvres » ici énumérés « péchés de l’esprit humain » plutôt que « péchés de la chair »…/… D’après, les paroles du Christ, la vraie pureté (comme aussi l’« impureté ») se trouve dans le « cœur » et provient « du cœur » humain. Cf. JEAN-PAUL II « La théologie du corps p319».
NOTA 2 : Remarques du Père Placide Deseille, fondateur du monastère de Solan : "La spiritualité orthodoxe et la philocalie" écrit à propos d’Evagre : « La conception que les maîtres spirituels hésychastes se font de la voie qui doit conduire leurs disciples jusqu’aux plus hauts degrés de la contemplation est tributaire de notions psychologiques empruntées à la philosophie hellénistique, où se mêlaient les influences du platonisme et du stoïcisme. Évagre le Pontique fut le premier artisan de cette conceptualisation qui se retrouve, avec quelques variantes, tout au long de la tradition philocalique. Pour lui, comme pour l’ensemble des Pères, l’homme est composé de deux éléments, le corps et l’âme. La tradition chrétienne a en effet écarté, lors des grandes controverses christologiques des IVème et Vème siècles, la théorie tripartite qui considérait que la nature humaine était constituée de trois éléments distincts, le corps, l’âme et l’esprit. Cette conception ne pouvait en effet s’accorder avec la doctrine traditionnelle de l’Incarnation du Christ. Lorsque certains, parmi les Pères, parlent de l’esprit comme d’un troisième élément de l’homme, ils n’entendent pas par ce mot un élément créé, mais l’énergie incréée du Saint-Esprit, qui vient vivifier l’âme créée. Plus souvent, les saints Pères entendent par esprit (pneuma) la partie supérieure de l’âme, le noûs, sans en faire un troisième élément constitutif.
NOTA 3 : Le philosophe français Michel Henry définit la vie d'un point de vue phénoménologique comme ce qui possède la faculté et le pouvoir « de se sentir et de s'éprouver soi-même en chaque point de son être ». Pour lui, la vie est essentiellement de l'ordre de la force subjective et de l'affectivité, elle consiste en une pure expérience subjective de soi qui oscille en permanence entre la souffrance et la joie. Une « force subjective » n’est pas une force impersonnelle, aveugle et insensible comme le sont les forces objectives que l’on rencontre dans la nature, mais une force vivante et sensible éprouvée de l’intérieur et résultant d’un désir subjectif et d’un effort subjectif de la volonté pour le satisfaire. À partir de cette approche phénoménologique de la vie, Michel Henry établit une opposition radicale entre la chair vivante douée de sensibilité et le corps matériel, qui est par principe insensible, dans son livre Incarnation, une philosophie de la chair.
Cette vie phénoménologique est par essence invisible parce qu'elle n'apparaît jamais dans l'extériorité d'un voir, elle se révèle en elle-même sans écart ni distance.
Cette vie est composée de la sensibilité et de l'affectivité, elle est l'unité intérieure de leur manifestation, l'affectivité étant cependant l'essence de la sensibilité comme le montre Michel Henry dans son livre sur L’essence de la manifestation, ce qui signifie que toute sensation est affective par nature.
NOTA 4 : « L’individu naît comme une ipséité qui ne peut être confondue avec celle des autres, mais au sein d’une communauté aussi originaire que la naissance de chacun. Ce n’est donc jamais la ratio et son logos discursif qui peuvent unifier les hommes. Seule leur affectivité charnelle profonde peut le faire. » Rolf Kühn.
NOTA 5 : Cardinal Robert Sarah, préfet de la Congrégation pour le culte divin et la discipline des sacrements : La Force du silence, « Dieu est silence, et ce silence divin habite l’homme ». Le cardinal veut rappeler que la vie est une relation silencieuse entre le plus intime de l’homme et Dieu. Le silence est indispensable pour l’écoute de la musique de Dieu : la prière naît du silence et y revient sans cesse plus profondément.
NOTA 6 : A L’orient de Michel Henry cf. Roland Vaschalde : « Le véritable contenu de tout Éveil possible : l’expérience pure, concrète, indépassable de cet advenir en nous de la Vie qui, ce faisant, nous apporte à nous-mêmes. En tant qu’elle se manifeste comme ce don que je reçois continûment et qui me constitue dans mon être même de sujet vivant, cette expérience ne peut m’être accordée que sur le mode d’une passivité obligée vis-à-vis d’elle, d’une souffrance. » (p.33)
NOTA 7 : La présence d’un corps cf. François Roustang : (…) Rendre actuelle l’unité de l’esprit et du corps. Il n’est pas besoin d’expliquer longuement son utilité en la matière. Certaines expressions populaires le font voir aisément : celui qui est bien dans sa peau n’aura pas de raison de se plaindre, au contraire de celui qui est à côté de ses pompes. Cela veut dire que tout ira bien si l’on réussit à faire adhérer l’esprit au corps, à ce que rien de l’esprit n’échappe au corps ou que l’intelligence soit celle du corps et rien d’autre. Intelligence du corps entendue dans les deux sens qui doivent s’identifier : intelligence toute entière occupée par l’attention au corps et corps qui est intelligence parce qu’il mémorise toute l’histoire de la personne, parce qu’il perçoit en même temps tous les paramètres d’une situation, parce qu’il se situe dans l’environnement qu’il organise. En ce sens l’intelligence première et fondatrice est celle d’un corps propre ; toutes les autres sont dérivées. (…)
(…) La sensation pense, non seulement parce qu’elle distingue le chaud du froid, le sec de l’humide, le haut du bas, mais parce qu’elle discerne ce qui ouvre au vivant son espace de développement, c’est-à-dire le futur dans le présent. Il s’agit de tourner la pensée vers le corps, de remettre sans cesse la pensée au corps pour redoubler la finesse du sentir, l’intensifier, l’élargie et ainsi la réhumaniser (…).
(…) Pour agir le corps doit faire taire la parole et l'explication consciente. Mais cela ne signifie pas que l'esprit a disparu. Il est devenu corps vivant, car le corps est esprit et c'est pour cela qu'il pense à bon escient (…).
« L'animalité ne peut pas être humanisée si l'humain n'a pas été animalisé. »
NOTA 8 : La raison d’être, invitation à redevenir des êtres de chair cf. Charles Ferdinand Ramuz : « C’est quand on s’y attendait le moins que la délivrance est venue. Il a fallu que tout un long et long travail intérieur se fit d’abord, peut-être à notre insu. Il a fallu d’abord qu’on descendit en soi, jusqu’à l’élémentaire, au commencement ou recommencement de tout. Il a fallu qu’on laissât tomber de soi tout ce qui était règle, tout ce qui était enseignement, tout ce qui était vielle tradition, tout ce qui était théorie. Il n’y a plus eu que l’être de chair. Un être qui ne savait plus rien, qui ne comprenait plus rien à rien, mais ses sens lui restait, avec des yeux pour voir, des oreilles pour entendre, et finalement, il s’est trouvé riche de son appauvrissement même, parce que tout au fond de lui, il y avait toujours la terre, et que, de descente en descente, il finit par y toucher. »

Patrick Brès


[ PP à Patrick Brès :

– Qu'il y ait eu dérive platonicienne chez des chrétiens, c'est un fait historique. (Cf les analyses de Claude Tresmontant : p. ex. 'Les métaphysiques principales, essai de typologie', OEIL 1989, ou 'Les idées maîtresses de la métaphysique chrétienne', Seuil 1962, etc)...

– Mais précisément il s'agissait d'une dérive : hétérodoxe puisque incompatible avec l'anthropologie biblique, elle ne pouvait dévier la pensée officielle de l'Eglise.

– C'est ce que souligne et développe Jean-Paul II dans ses catéchèses sur le corps qui lui valurent la haine des intégristes : cf l'ouvrage 'Jean-Paul II, la théologie du corps' paru au Cerf en 2014 (785 pages). ]

réponse au commentaire

Écrit par : Patrick Brès / | 13/02/2019

Philippe,

> je suis entièrement d'accord avec vous. J'ai été élevé, il n'y a pas si longtemps, au "sport pour tous" (y compris pour les prolétaires) façon Léo Lagrange, avec partout des gymnases et des terrains de rugby pour faire, ensemble, du vrai sport (même en sous-préfecture isolée, j'ai pu à loisir pratiquer non seulement la natation, mais la gymnastique et la boxe, et tout cela accessible à n'importe quelle bourse).
Quelle surprise de voir ces "complexes de remise en forme" absurdes pour cadres bourgeois (qui apparemment ont le temps d'y aller, tout en traitant de flemmards les petites gens qui, pendant ce temps-là, font 90 minutes de RER) remplacer nos stades. Et avec les noms auxquels on pouvait s'attendre, bien sûr : "Health Center", "Health City"... Pas de sport, là-dedans, pas d'équipe, pas de jeu, pas de règles, pas de compétition amicale et pas de victoire collective, mais l'obsession de la jeunesse, de la minceur, dans un parfait conformisme individualiste. Les quinquagénaires bedonnants et dégarnis qui continuent à tenter des roucoulettes ou des essais avec leurs copains me paraissent infiniment moins ridicules que ces cadres de la finance minces comme des fils, bio, manucurés et en paix avec leur cosmos intérieur...
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Écrit par : Lucas / | 13/02/2019

NUANCES

> C'est difficile de jeter le bébé de la méditation avec l'eau du bain du capitalisme managérial. Il n'y a pas forcément de mal à prendre une bonne respiration pour travailler et ne pas se laisser désarçonner par ses émotions.
Le problème est que cette méditation a besoin d'un support spirituel pour trouver du sens. Certains se greffent sur des spiritualités orientales idéalisées (yoga, bouddhismes...). Ou bien la méditation devient une spiritualité consumérisée (moi, ma vie, mon mieux-être...) Ou alors un mélange des deux.
Le capitalisme, en tant qu'idéologie totalitaire a vocation à infiltrer tous les domaines de la vie: sexualité, éducation... Pourquoi se priverait-il de grimper jusque dans notre cerveau? Mais cette récupération des sciences du mental comprend le cerveau comme une machine à faire de l'esprit. Laurent Alexandre veut même en faire profiter les inutiles Gilets Jaunes par altruisme (https://mobile.agoravox.tv/actualites/politique/article/la-haine-des-soi-disant-elites-80565).
Jean Staune dans "Notre existence a-t-elle un sens?" démontre que l'esprit est bien plus que la production du cerveau. Par exemple, il cite des expériences qui prouvent que l'humain a besoin de mettre du sens sur tout ce qu'il fait. Sans doute le signe que cette récupération utilitaire de la méditation est vouée à l'échec.
Sur le même thème, Jacques Généreux écrit dans "La Déconnomie" (Seuil 2016 p119) que cet engouement pour la méditation, le "développement personnel", la "gestion du stress" ou autre sont un pansement sur un ulcère. Le problème est plus structurel: il s'agit d'un combat politique et syndical contre une organisation criminelle du travail et plus généralement "une société inadaptée aux êtres humains".
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Écrit par : Cyril B / | 13/02/2019

RIEN

> Quelle méditation ?
sur quoi méditent-ils ?
sur rien ; donc ce n'est pas de la méditation.
Bel exemple de terme religieux ou philosophique utilisé en entreprise pour lui faire dire autre chose que ce qu'il désigne.
Ainsi l'entreprise parle aussi de "holisme", "assomption" (anglicisme), "séminaire", bientôt les semaines de formation seront des "retraites".
Le Libéralisme étant la nouvelle foi ("je CROIS dans le marché libre"), les entreprises sont ses églises, les managers sont ses prêtres, Amazon, Google, Microsoft sont ses ordres religieux et des Steve Jobs, Macron, Tony Blair sont des saint François-Xavier, Ghosn est un martyr de la foi, l'anglais la langue liturgique.
Alors il faut tout faire pour progresser dans la foi : d'où ces formations (retraites) de plus en plus suivies.
Un proche me dit qu'une manager a proposé 1/2h de méditation pleine conscience par jour... obligatoire (sic) pour toute l'équipe !
Formation en "développement personnel" : sous ce mot se cache n'importe quoi : expérience reiki par exemple.
Tout cela FORTEMENT suggéré à des employés qui se disent "athées" et qui n'ont même pas conscience qu'il s'agit de croyances religieuses.
L'effet de groupe, la peur du regard des autres qui vous trouveraient "pas très ouverts" balaient les oppositions éventuelles.
Cela et la "bonne humeur obligatoire (à rapprocher de la danse de la joie dans la Chine maoïste)
Car il faut TOUT admettre (sauf quand c'est catholique où l'ironie automatique est un signe d'indépendance d'esprit).

Hélas les catholiques eux-mêmes n'ont, dans leur écrasante majorité (en tous cas en France), aucunement conscience du trésor qu'ils ont à proposer mais traînent au contraire un complexe d'infériorité, l'idée sous-jacente que le christianisme est beau mais inapplicable.
Parce qu'on ne leur a présenté la foi que sous un angle sentimental, romantique, JAMAIS on ne leur a fait un exposé rationnel autant qu'aimant, de la théologie catholique et de l'anthropologie catholique.

Des millions de gens sont "zorglhommisés" par cette pensée ambiante et l'Eglise est trop mondaine, lente à réagir (c'est une critique aimante), les prêtres débordés parce que les laïcs ne sont pas assez formés pour les épauler dans les domaines où c'est possible.
Ce n'est pas avec des caté-youpi et des chants aux paroles indigentes qu'on s'arme. Formation thomiste et ignatienne et vie de prière et de service.
Pardon mais on a l'impression que la formation intellectuelle des laïcs (encore pardon), "ça fait chier".
On n'a jamais eu autant de "théologiens" (dont pas mal font la leçon au pape d'ailleurs=vision démocratique/libérale de l'Eglise) mais combien retransmettent ? pas de formation des laïcs organisée, planifiée à l'échelle de la France.
On doit se débrouiller seul.
On observe un petit frémissement avec les cours Alpha, leur succès est là pour montrer l'attente. Mais comme leur nom l'indique, c'est l'exposé des tout premiers principes.
Quid pour aller plus loin ? si vous en parlez, on vous dit "oui oui oui" et on part prendre son avion pour le prochain colloque se retrouver entre soi.
Un théologien sert à vulgariser ce qu'il a appris.
Sinon, les croyants ne sont pas formés et ne peuvent épauler leurs prêtres où ils le peuvent,
sinon les croyants ne sont pas armés et gobent tout ce qui passe sous l'effet de la masse, ou ne savent pas dire en quoi telle chose est bonne ou mauvaise.
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Écrit par : E Levavasseur / | 13/02/2019

ARTICLE

> Je retrouve enfin cet article suisse d'il y a deux ou trois ans, qui allait plus loin encore me semble-t-il dans ce constat, en le liant lui aussi étroitement à l'ultralibéralisme.

https://www.letemps.ch/societe/sois-bien-taistoi
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Écrit par : Lucas / | 13/02/2019

> Michel Henry, qui était cité ici plus haut:

> https://philitt.fr/2019/02/10/michel-henry-penser-linteriorite-radicale-de-la-vie-contre-lobjectivation-du-monde/

Il rejoint assez (semble-t-il) Laurent Fourquet sur la mise en avant de la Vie ne rentrant pas dans les cases des définitions de l'humanisme grec ou des "Lumières"... La Vie comme mouvement insaisissable sans vie intérieure, incalculable même avec la techno-science la plus pointue... L'Alternative au totalitarisme transhumaniste?
______è

Écrit par : Raphaël R. / | 15/02/2019

> Quant à Jean-François Pradeau qui dirige la Revue des études platoniciennes qu’il a créée en 2004, il affirme que ce sont les Pères de l'Église qui ont cherché chez Platon l'immortalité de l'âme:
https://philitt.fr/2019/02/12/jean-francois-pradeau-pour-platon-il-faut-que-la-mort-travaille-la-vie/

Dans un autre registre, concernant les Pères de l'Église, j'ai entendu un conférencier de Pièces et Mains d'Oeuvres accuser (de manière virulente et avec une conviction profonde) ces derniers d'avoir sciemment détruit toute la littérature des Épicuriens... Quelles perspectives avez vous vis à vis de ces affirmations?

RR


[ PP à RR – On est devant un Himalaya de fausses certitudes accumulées contre le christianisme depuis le XIXe siècle, et incrustées dans les esprits de ceux qui veulent polémiquer sans avoir étudié.
Pour soutenir que la pensée chrétienne emprunte l'immortalité aux platoniciens, il faut écarter non seulement les évangiles mais la théologie juive (résurrection) d'avant le Christ, etc.
Quant à l'idée de destruction des livres antiques par l'Eglise, elle néglige la réalité : en Occident, c'est par les scriptoriums des monastères que ces livres ont été sauvés (copiés etc) de l'engloutissement. Les médiévistes l'ont expliqué. La sous-culture médiatique ne lit pas les médiévistes. ]

réponse au commentaire

Écrit par : Raphaël R. / | 15/02/2019

REVUE

> Et la revue 'Psychologies' - qui il y a 10 ou 15 ans était encore de bonne tenue, avec des articles souvent fouillés - est à tout ce "courant" ce que 'Famille chrétienne' est à une bonne partie du milieu catho français : une publication de référence...
______

Écrit par : Feld / | 16/02/2019

ACCUSATIONS INFONDÉES

> Pour ce qui est de la Résurrection et de la Trinité dans la tradition juive: https://philitt.fr/2019/02/08/la-trinite-est-elle-une-notion-juive/

Quant à Pièces et Main d'Oeuvre, ils se déclarent "enquêteurs" (ont-ils seulement recoupé leurs sources?) et seraient à l'opposé de la "sous-culture médiatique", à les entendre... Lors du même débat, le philosophe Michel Weber (auteur notamment de 'Contre le Totalitarisme Transhumaniste'), accusait le pape François de soutenir l'accélération technologique et de ne pas condamner le transhumanisme (de tenir une sorte de double langage)!

RR





[ PPà RR :

– Il faut comprendre que dans ce microcosme jouent des lignes de force étrangères à son combat principal, ce qui le mène à des incohérences.
Certains de ces militants, rebelles à la sous-culture médiatique dans des domaines précis (biotech, transhumanisme), sont influencés par cette même sous-culture dans d'autres domaines : histoire, religions... Avec ceux-là on peut néanmoins discuter, pour tenter de les informer.

Mais d'autres militants prennent délibérément la posture cathophobe parce que c'est leur intérêt de milieu ou de parti. Ça les mène à nier des faits avérés, et à prêter au pape des idées contraires à celles qu'il exprime... Avec ceux-là toute discussion est impossible parce qu'ils sont de mauvaise foi.
Il semble que ce soit le cas du philosophe dont vous parlez. Ignorance ou mauvaise foi de sa part : accuser François de ne "soutenir l'accélération technologique", alors que précisément 'Laudato Si' la dénonce (comme l'un des principaux dangers) dès le début de son chapitre 1, et y revient plusieurs fois dans les chapitres suivants !
Attaquer sans vérifier devient le propre des "polémiques" contemporaines.
Cela dit, la malveillance des cathophobes est aidée depuius trente ans par l''indifférence de nombreux catholiques français envers l'enseignemenbt écologique des papes... ]

réponse au commentaire

Écrit par : Raphaël R. / | 16/02/2019

TOURNANT

> Merci pour ces éclaircissements. Quant au philosophe en question, il donne bientôt une conférence près de chez moi. Je l'attends au tournant (en toute courtoisie tout de même)!
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Écrit par : Raphaël R. / | 18/02/2019

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