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08/01/2019

Macronie, janvier 2019 : la trique et la "radicalisation"

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Le groupe Macron annonce (par la voix de son porte-parole) qu'il va radicaliser ses méthodes. Pour faire quoi ? sur quel mandat ? Tour d'horizon... et fâcheuses ressemblances historiques :


 

“Quelques factieux osent encore lever l'étendard de la révolte contre un gouvernement légitime, puisqu'il est le produit du suffrage universel…. Il est temps que les bons se rassurent et que les méchants tremblent”, proclamait Louis-Napoléon en 1849.

M. Macron nous dit en gros la même chose, relayé hier soir par M. Philippe. C'est ce que disait déjà la vieille proclamation du prince-président : “La République n'a pas d'ennemis plus implacables que ces hommes qui, perpétuant le désordre, nous forcent de changer la France en un vaste camp, nos projets d'amélioration et de progrès en des préparatifs de lutte et de défense…”

Louis-Napoléon assurait que ce tour de vis, regrettable mais nécessaire, ne le détournait pas de son “projet d’amélioration et de progrès”.  C’est à peu près ce qu'affirme M. Macron. [*]

Mais une menace politique vaut ce que vaut la base sociale du menaceur… En cela la situation de M. Macron est beaucoup moins solide que celle de Louis-Napoléon.

Le président de 2018 parle comme s’il avait été élu (triomphalement) sur son “projet”. C’est inexact : il fut élu pour écarter Mme Le Pen, après l'effondrement du candidat de la droite classique. Au premier tour M. Macron n’avait obtenu que 18 % des inscrits ; 40 % de ses propres électeurs – selon les sondages – n’avaient pas voté par adhésion au fameux “projet” ultralibéral qu’ils ne connaissaient guère [**], mais par lassitude et rejet des partis séniles.

“La fragilité de la base sociale de la présidence Macron contraste avec la radicalité des changements qu’elle entend infliger au modèle social français” : changements “exclusivement au service du capital contre le travail, et à l’avantage des plus riches à un point caricatural”, constate l’économiste Bruno Amable (professeur à l’université de Genève)…

Là est la clé du phénomène des gilets jaunes. L’exécutif se trompe s’il se croit en bonne position morale face à eux. Il ne suffira pas d’emprunter au vocabulaire de Mme Clinton (“minables”) en traitant les gilets jaunes d’“imbéciles racistes homophobes”, comme l’a fait la députée LREM de Vendée avant-hier. Ni d’invoquer on ne sait quel complot contre la République. Ou au contraire de prétendre, comme Mme Schiappa, qu’au fond “les gilets jaunes sont les jusqu’auboutistes d’En marche” – et que cela autorise les détenteurs du pouvoir à être “[encore] plus radicaux dans [leurs] méthodes”, comme l’a annoncé M. Benjamin Griveaux remis de ses émotions.

La Macronie va triquer les mécontents et relancer les “réformes”, en commençant par celle des retraites. Cette réforme-là n’avait pas été annoncée aux électeurs en 2017 ? C’est ce que le porte-parole du gouvernement appelle “être plus radicaux dans nos méthodes”.

 __________

[*]  Les ressemblances entre la Macronie et le Second Empire ne s'arrêtent pas là : relire à ce sujet La Curée de Zola...

[**]  et qui avait de nombreux points communs avec le projet Fillon (plus connu… donc repoussé au premier tour).

 

 

“Que les bons se rassurent et que les méchants tremblent...”

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Commentaires

MAIRE

> Patrice, avez-vous écouté cet excellent discours de vœux d'un maire à Macron? Il a fait un véritable buzz sur Internet...
https://www.youtube.com/watch?v=_1yQmvOWdqA&t=23s
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Écrit par : Robert Culat / | 08/01/2019

PAS SANS BRUITS

> Il serait sot de ne pas comprendre le mouvement de contestation sociale que portent les gilets jaunes qui parlent aussi à la place et pour bien des français.
Faire la sourde oreille, coûtera cher à ceux qui obéissent à la discipline ordolibérale de l'UE plutôt que de travailler au dialogue pour remédier à ce qui dysfonctionne dans dans notre pays et pour les gens qui composent cette nation.
Il y a peu de chances pour que les réformes envisagées, retraite, fonctionnaires, chômage se passent sans bruits. C'est même le contraire qui se passera. Non par hostilité mais parce qu'on oublie de dialoguer.
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Écrit par : De Vos / | 08/01/2019

PLAYMOBIL

> Macronie : les Playmobil à l'Assemblée nationale, les gendarmes mobiles dans la rue.
Débat et dialogue ?
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Écrit par : Jean Kerber / | 08/01/2019

BOURGEOIS LIBÉRAUX

> Je dois avouer me sentir un peu seul parfois quand je parle aux bourgeois libéraux de ma famille qui se moquent (gentiment, parce que qu’ils sont bien élevés et ont une bonne culture chrétienne) des gilets jaunes en le prenant pour des imbéciles...
Un exemple : sur le simulacre de décapitation de Macron, ils pensaient que c’était en référence à Daech et non pas à la Révolution française.
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Écrit par : Ludovic / | 08/01/2019

à De Vos :

> Quand j'écoute François Sureau, ami intime du couple présidentiel, je me pose des questions sur l'aptitude de la macronie à comprendre la fracture profonde et ancienne que révèle le mouvement des gilets.
En affirmant que la France est déjà "communiste", M. Sureau ne dit rien d'autre que le "pognon de dingue" de son ami du Faubourg Saint-Honoré : la France vous traite suffisamment bien comme ça, puisque vous avez déjà la sécu, les allocations chômage et les APL.
Le malaise social semble inexistant aux yeux de l'élite gouvernante qui ne réagit qu'en termes comptables, c'est pitoyable.

PV


[ PP à PV - D'où la complaisance de journalistes catho-libéraux à son égard. ]

réponse au commentaire

Écrit par : Philippe de Visieux / | 08/01/2019

LA GRANDE PEUR DU BIEN-PENSANT

> Les "philosophes" confirment : il faut que la police tire sur la foule et qu'on mobilise les chars et les mortiers de l'armée française pour flinguer les civils. C'est ainsi qu'on défend l'État de droit et la démocratie. Et la Constitution, bien sûr (sauf les articles sur le référendum, parce que les Français sont trop bêtes pour s'en servir à bon escient, et accessoirement parce qu'il est plus facile de tripatouiller les règles des scrutins législatifs pour maintenir à l'Assemblée une majorité absolue avec une petite minorité d'électeurs).
Bref, dans leur "grande peur de bien-pensants", les intellectuels de salon lâchent le morceau : la seule démocratie qui vaille, c'est la démocratie censitaire, et si les peuples ne veulent pas, il ne reste plus qu'à passer dessus avec des chenilles.
Reste à savoir ce qu'on en pense sous l'uniforme, du soldat de 17 ans au chef d'état-major des armées...

http://www.francesoir.fr/politique-france/luc-ferry-appelle-tirer-sur-les-manifestants-gilets-jaunes-et-intervention-de-armee
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Écrit par : Lucas / | 08/01/2019

ENCORE LUC FERRY

> Autre lien pour compléter, dans lequel donc M. Ferry exprime sa méfiance de la démocratie directe.
https://www.ouest-france.fr/societe/gilets-jaunes/gilets-jaunes-qu-ils-se-servent-de-leurs-armes-luc-ferry-appelle-la-police-tirer-pour-se-defendre-6162924

Il est donc judicieux de rappeler ici les travaux de M. Adler sur le manque d'empressement démocratique du marais bourgeois :
https://www.nytimes.com/interactive/2018/05/23/opinion/international-world/centrists-democracy.html
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Écrit par : Lucas / | 08/01/2019

@ Philippe de Visieux

> Nous avons une divergence de vues en ce qui concerne François Sureau. Il est exact -si vous voyagez un tantinet- de constater que la France, loin d'être un pays de cocagne sans nul doute, distribue des minima sociaux enviables -certes très améliorables- à l'échelle planétaire et même européenne.
Au reste, pour quelqu'un que vous soupçonnez de connivence avec la macronie, fustige-t-il assez l'amateurisme en-marcheur (lien radio dans un message de Franz hier)?
Là où je ne le suis plus, c'est cette non prise en compte de la 'run-sheet' européenne, qui seule gouverne en vérité, dans son propos.
L'auteur de 'L'obéissance', d''Inigo' ou du 'Chemin des morts' a tout de même pas mal de finesse, de nuances, et de combats pour les libertés publiques ou les migrants, pour qu'on n'aille pas lui faire l'insulte d'une code-barrisation hâtive sur un bout de phrase exhibé à la vindicte, n'est-ce pas ?
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Écrit par : Aventin / | 08/01/2019

à Aventin :

> Merci pour votre note. Il se trouve que, comme vous-même, j'apprécie hautement l'érudition de M. Sureau, comme je l'écrivais hier sous une autre note. Apprécier un auteur est une chose, garder un certain sens critique en est une autre.
De ce point de vue, mes pérégrinations passées (trois ans aux États-Unis, douze ans à Taïwan et en Chine) m'ont permis de voir à quoi ressemble le libéralisme le plus brutal : licencié sans ménagement à New York pour cause de crise financière, puis une seconde fois à Taïwan une veille de Noël sur l'autel de la "rationalisation budgétaire", je fais partie de ceux à qui l'on a fait croire que les diplômes, les meilleures écoles et les doubles cursus seraient autant de garanties contre le chômage, alors qu'il en est rien : la machine ultra-libérale ne voit que des lignes budgétaires là où il faudrait voir des hommes, des femmes, des familles. La dépression dans laquelle j'ai été amené par tout cela ne s'est terminée que grâce à la foi en Christ et à la lecture quotidienne des psaumes.
Pourquoi avoir fait de tels choix d'expatriation ? Parce qu'ayant grandi au cœur d'un Lunévillois délabré par la mondialisation, j'ai vu parents et amis, jusqu'à ma propre mère, souffrir de l'absence d'emplois, du chômage de longue durée, de la misère. J'ai vu le peu d'empressement de nos députés à dénoncer les délocalisations, jusqu'à récemment avec Baccarat offerte sur un plateau à un fonds chinois qui la dépècera.
J'ai vu tant de monde errer dans les grandes surfaces, désespérer de ne pouvoir trouver d'emploi car toutes les entreprises étaient parties : l'État "communiste", selon l'auteur d''Inigo', leur offrait bien des minima sociaux, mais ils attendaient autre chose des pouvoirs publics : qu'ils rendent à leurs territoires un semblant de dynamisme économique car, comme vous le savez, le travail c'est également un statut social, une dignité retrouvée, un regard différent de la part de son conjoint.
Lorsqu'on ajoute à cela la ruine du monde rural, très perceptible dans le Lunévillois, avec fermeture des lignes secondaires, de toutes les petites gares, de nombreux bureaux de poste, des hôpitaux, gendarmeries, bases de l'armée de terre, maternité, tout en devant faire face à des dépenses sans cesse en augmentation, vous comprenez que le qualificatif de "communiste" prête à sourire.
Car dans un pays se disant communiste comme la Chine, une entreprise française ne pourrait pas racheter l'équivalent de Baccarat, tout simplement parce que le droit chinois, légitimement protecteur des intérêts nationaux, l'interdit.
Je ne crois pas avoir, par mon propos, réduit la pensée de M. Sureau à un code-barres, ce qu'elle n'est évidemment pas. Mais parler de la France comme d'un pays communiste m'a semblé tout à fait exagéré : si vous aussi le pensez, venez à Lunéville et voyez par vous-même ce que quarante années de "communisme" ont produit comme désespérance humaine...
Amitiés.
______

Écrit par : Philippe de Visieux / | 09/01/2019

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