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22/10/2018

France : 10 000 étudiants en grandes écoles contre "le culte de la croissance" et pour un "réveil écologique"

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De UP - Le mag, cette information retentissante :


 

 

<<  Un manifeste, signé par plus de 10 000 étudiants, appelle le monde économique au réveil écologique. Dans ce texte, des étudiants issus des grandes écoles françaises s’engagent à ne pas travailler pour des entreprises polluantes.

Le Manifeste étudiant pour un réveil écologique a été rédigé par des étudiants d’AgroParisTech, de Centrale Supélec, de l’Ecole polytechnique, de HEC Paris et de l’École normale supérieure Ulm. Ils viennent d’horizons différents, suivent des formations d’excellence, se préparent à occuper des postes à responsabilités et s’interrogent sur leur place au sein d’un système schizophrénique confronté à des défis environnementaux vitaux pour l’humanité : “Nous présentons dans ce manifeste la contradiction dans laquelle nous nous retrouvons alors, étant conscients de la situation mais enfermés dans des perspectives d’avenir professionnel qui ne semblent souvent pas aller dans le sens de la résolution du problème, pourtant vitale”, précise l’équipe de rédaction de cet appel.

Ce message a trouvé un écho au sein de l’ensemble de la communauté étudiante, bien au-delà de la la sphère des grandes écoles. A ce jour, 13 000 étudiants, inscrits dans près de 120 établissements en France se sont reconnus dans cette aspiration au changement. Et ils affirment se sentir prêts à questionner leur zone de confort pour placer la protection de l’environnement et l’intérêt général au centre de leur projet professionnel et de leur vie personnelle.

Une nouvelle génération en quête de sens

Lalie Ory, 22 ans, étudiante à l’ENSAT Paristech, une école d’ingénieur généraliste, effectue actuellement un stage dans une entreprise spécialisée dans l’énergie éolienne. Très investie en faveur de l’écologie dans la vie de son campus au quotidien, elle n’a pas hésité à signer le manifeste qui a fortement résonné en elle : “J’essaie au quotidien de mettre en cohérence mes actions en faveur de l’environnement dans mon mode de vie. Je limite par exemple ma production de déchets. Il est inconcevable pour moi de m’imaginer travailler pour une entreprise qui n’ouvre pas pour protéger nos ressources.

Lalie constate avec regret que son école d’ingénieur forme de manière généraliste des futurs cadres de grandes entreprises mais propose peu de cours autour des enjeux écologiques :”Le succès du manifeste auprès des étudiants démontrent qu’il y a un réel besoin de remettre les enjeux environnementaux en adéquation avec nos compétences“, poursuit la jeune femme. Elle constate que l’offre de stages dans des entreprises innovantes, prêtes à déployer des solutions pour relever les défis environnementaux à grande échelle, est encore trop rare. “Je fais partie d’une génération qui a besoin de donner un sens à son travail, j’ai donc envie de mettre mes compétences au service de l’intérêt général.”

Claire Egnell, étudiante en sciences sociales et philosophie à Science Po Paris et à la Sorbonne, est également prête à changer un certain mode de vie pour participer à un élan collectif : L’ensemble de notre économie et de notre mode de vie actuel dépend des ressources d’une planète dont il est temps d’intégrer les limites. L’écologie ne doit plus être une préoccupation annexe, mais bien un problème fondamental auquel tous devraient s’efforcer de chercher des réponses.

Changer le système de l’intérieur

Si ce manifeste a pour objectif de stimuler la créativité des cerveaux de demain, l’objectif est de créer un élan collectif.

Comment accompagner la transition écologique, favoriser l’émergence d’une agriculture durable, préserver les ressources en eau potable, lutter contre le gaspillage sous toutes ses formes, encourager l’économie circulaire, sans commencer à mettre en place des actions concrètes au sein de son propre mode de vie ?

Cet appel à une sorte de révolution intérieure autour des valeurs écologiques se veut un symbole fort à l’attention des décideurs et des politiques. “Nous souhaitons, par notre mobilisation, inciter tous les acteurs de la société – les pouvoirs publics, les entreprises, les particuliers et les associations – à jouer leur rôle dans cette grande transformation. Et à mener les changements nécessaires vers une société enfin soutenable“, peut-on lire dans le manifeste. Les étudiants signataires affirment ne plus être en accord avec le culte de la croissance, créatrice de fortes inégalités, et génératrice de déséquilibres climatiques. En tant que citoyens, en tant que consommateurs, en tant que travailleurs, nous affirmons donc dans ce manifeste notre détermination à changer un système économique en lequel nous ne croyons plus.>>

 

Retrouvez le manifeste  ici

 

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Commentaires

"FONCEZ"

> Très encourageant, tout cela...
Foncez, les amis, tant que vous êtes libres comme l'air, que vous n'avez ni charges de famille ni emprunt immobilier à rembourser 15 ou 20 années durant ! Tant que vous pouvez concrétiser les options radicales auxquelles vous aspirez....
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Écrit par : Feld / | 22/10/2018

RAISON

> Ces étudiants ont donc raison de se poser ces questions maintenant, n'étant pas encore dans l'ornière d'une carrière ou de ce qui en tient lieu, avec les compromis ou les compromissions qui accompagnent cette situation. Qu'ils persévèrent, battant le fer tant qu'il est chaud !
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Écrit par : Sven Laval / | 22/10/2018

BONNE NOUVELLE

> C'est une très bonne nouvelle! car "mener les changements nécessaires vers une société enfin soutenable" sans provoquer le chaos qu'on veut éviter par ailleurs sera une manœuvre fort délicate qui soulèvera de redoubles difficultés techniques, économiques, politiques et même géopolitiques ! Il y aura besoin de bras et de têtes mus par des cœurs généreux.
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Écrit par : Pierre Huet / | 22/10/2018

ESPOIR

> quel vent d'espoir souffle en lisant cette bonne nouvelle! si les jeunes prennent en main leur avenir et sont capables de refuser de se soumettre au diktat ambiant de la consommation et de l'argent, alors tout devient possible! N'ayez pas peur de choisir la voie etroite!
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Écrit par : Pauline / | 23/10/2018

> Bosser dans l'éolien n'est pas encore très "radical", faut pas exagérer ! On peut rembourser un emprunt immobilier !
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Écrit par : Maud / | 23/10/2018

Bonjour Patrice,

> Mail plus général qu'un commentaire habituel. J'ai terminé il y a quelques semaines la lecture de "comment tout peut s'effondrer ?" de Pablo Servigne. Je poursuis avec le visionnage de la web série documentaire "next" sur internet qui prolonge le thème de l'effondrement de notre civilisation thermo-industrielle.

Je suis votre blog depuis de nombreuses années et c'est peu dire qu'il a contribué à ma formation intellectuelle et critique.

Comme ils sont rares les espaces où l'on peut discuter de manière radicale et fine de la foi chrétienne et du monde d'aujourd'hui, je voulais vous demander s'il vous serait possible d'aborder ce thème de l'effondrement ?
Je ne sais pas si vous avez lu le bouquin de Servigne mais vraiment il me paraît indispensable à lire !

Attention, il provoque des peurs et des émotions fortes... Les neurones du système digestif (ça prend aux tripes) et ceux du cerveau sont obligés de collaborer pour le traverser entier.

(Au niveau de la foi, il m'interroge sur ma vision de l'espérance, sur notre manière d'être hors du sol(notre civilisation fondée sur le pétrole nous fait vivre à crédit), sur l'articulation entre charité et coopération (qui, me semble-t-il, parfois s'opposent), etc.)

Bref c'est un livre catastrophiste qui se veut raisonnable. Un peu dans l'air du temps, puisque qu'Edouard Philippe, Hulot et Ruffin en ont parlé ces dernières semaines.

Merci encore pour votre travail salutaire,
Amicalement,

Antoine Rigalleau
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Écrit par : Antoine R. / | 23/10/2018

OUF

> Ouf tous les jeunes ne sont pas que sur les jeux et autres addictions.
Ils ont un atout : ils ne sont pas prisonniers de mauvaise habitudes à défendre : certains "vieux" pensent encore que changer c'est se renier, et préfèrent s'accrocher aux arguments qui ont prévalus à la révolution agro-chimique. Et je ne parle pas des bobos écolos qui foncent acheter du bio qui a poussé hors-sol sous serre !
Le PIB élevé en dogme est une hérésie : un paysan qui vit de sa terre n'apporte rien au PIB, un paysan qui cultive pour l'exportation et doit acheter des vivres importées pour se nourrir participe 2 fois du PIB ... mais participe à la destruction de la planète (et pire encore si pour ce faire il laboure et met des engrais il tue les sols).
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Écrit par : franz / | 23/10/2018

@ Antoine Rigalleau

> Bienvenue au club!
Chez les ancients Nuitdeboutistes ces thématiques de l'effondrement sont bien connues, et qu'ils soient engagés à ATTAC, Terres de liens, COP 21, dans une AMAP, chez les Verts, les Insoumis, les communistes, la Confédération Paysanne, la CGT, FO,...ils continuent d'oeuvrer à développer la résilience, là où ils sont, selon leurs champs de compétence.
Je connais personnellement plusieurs jeunes aux diplômes prestigieux ayant renoncé à leur carrière, qui d'ingénieur, qui de trader, pour devenir permaculteur ou chercheur en collapsologie, vivant avec un minimum, en paix, rayonnants, même si clairvoyants sur la tragédie de notre avenir tout proche.
Rob Hopkins est un des grands artisans de la résilience: il fait un travail magnifique, tout d'humilité heureuse: tous les diocèses devraient l'inviter pour lancer la transition dans nos communautés paroissiales! Il est profondément évangélique, et son anglais lui permet de toucher le monde des entrepreneurs "in".
Enfin pour avoir rencontré Ruffin dernièrement à Novissen (association contre le ferme des 1000 vaches de Drucat), oui il vient de découvrir les travaux sur l'effondrement, d'où une gravité nouvelle, comme une libération de la profondeur de son être face à la situation. Comme on dit de la guerre qu'elle révèle les hommes, ainsi peut-on dire je crois que l'effondrement déjà rend obsolète toute mondanité et libère les âmes. Pour le pire parfois, pour le meilleur d'abord.
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Écrit par : Anne Josnin / | 23/10/2018

COLLAPSOLOGUES

> Je suis en parfait accord avec la critique de la "collapsologie (terme inventé par Servigne, Chapelle et Stevens, s'auto-proclamant collapsologues) du dernier numéro de 'La Décroissance' : darwinisme de gauche, appel au gentil Etat pour réguler l'effondrement, effondrement qui est déjà "en marche" (pas pour la classe bobo bien sûr). Belge, j'entends parler de leurs bouquins depuis plus longtemps que vous Français, et ils ont été très souvent été invités sur la radio publique (radio propagandiste de green-washing et de techno-idolâtres à la sauce transhumaniste Laurent Alexandre et tutti quanti). J'y vais peut-être fort sur leur compte mais ils me font penser à Piero San Giorgio chez l'ultra droite survivaliste: des gourous "clé sur porte" avec manuel complet pour le bourgeois.
Rifkin quant à lui, c'est l'abandon des vieilles luttes pour la transition qui contente tout le monde mais qui en réalité ne contente qu'une élite qui a vite fait de récupérer son concept (et ça ne le dérange même pas). Il ne faut pas brusquer les start-uppers, il faut les emmener dans la transition, pareil pour tous. Ai entendu les délires de Dion aujourd'hui en radio, dans la même veine, essayant de réunir un think thank pour chercher un thème rassembleur pour commencer une révolution....
Par contre Ruffin, il y va devant l'assemblée, défend les thèmes de décroissance, de justice sociale, dénonce l'évasion fiscale et surtout n'oppose pas effort individuel et projet commun. Pour ne rien gâcher, il ne méprise pas les chrétiens et dialogue même avec eux...
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Écrit par : Raphaël R. / | 23/10/2018

@ Anne Josnin

> J'avoue que les discussions que j'ai pu avoir sur "linkedin" avec d'autres sur la collapsologie m'ont fait peur : dogmatisme et mépris, négation totale des émotions, etc. Et quand j'invitai à un peu de mesure et de respect des rythmes de chacun, le "directeur développement durable de BASF" m'a "félicité"...là j'étais au fond du trou !
Il y a 6 mois j'ai écrit à mon évêque pour demander ce qu'il faisait sur l'écologie. Le vicaire général m'a répondu chaleureusement en disant que la démarche synodale prenait cela en compte. Elle a finalement accouché d'une souris en proposant une formation sur l'écologie à l'université du coin (qui a besoin de sous) et une conférence... Je l'ai donc interpellé en parlant de l'effondrement et... pas de réponse...
Merci Anne de votre réponse à vous. Je note bien votre dernière phrase... et vais essayer de me focaliser sur les belles choses libérées.
Dans le genre projet "politique" "de l'après", j'ai vu ce film hier soir (le grand bal) avec sa réalisatrice. C'est poétique et puissant : https://www.youtube.com/watch?v=2NYCAy9iETQ

AR


[ PP à AR - Il est sidérant que votre diocèse tourne ainsi le dos à 'Laudato Si' ! alors que d'autres se mobilisent. Ça ne peut pas en rester là... ]

réponse au commentaire

Écrit par : Antoine R. / | 24/10/2018

'DOWNSIZING'

> Je visionnais hier 'Downsizing', film américain d'anticipation qui, à mon sens, est caractéristique de la vision étatsunienne du monde dans lequel nous vivons : face au drame climatique, un scientifique découvre le moyen de rapetisser les humains, au point qu'ils ne mesurent plus que dix centimètres et sont parqués dans une sorte de Lilliput géant où le loisir et l'oisiveté sont rois. On voit ainsi les gens porter un engouement frénétique à ce nouveau mode de vie, heureux de pouvoir rejoindre cette verdoyante 'gated community' comme il en existe tant dans les banlieues chic outre Atlantique.
Le thème du film est dans la droite ligne de celui de 'Geostorm', dans lequel le climat déréglé est contrôlé à distance depuis l'espace par des satellites (US, cela va de soi).
Dans ces deux films, la population ne change rien à ses habitudes de consommation : les maisons sont toujours aussi grosses, le tout-bagnole et le tout-avion ne sont pas remis en cause et on continue de jouer entre gens bien sur d'immenses terrains de golf.
Surtout, ils illustrent le véritable culte voué par l'Amérique au dieu Technologie, censé pouvoir dompter l'environnement capricieux. L'homme, dans les deux cas, y est décrit comme pouvant contraindre la nature à s'adapter à lui, voire contraindre Dieu lui-même, puisqu'il voit sa créature s'arroger le droit de modifier ses proportions physiques.
On n'ignore pas que de tels films, vus par des millions de personnes dans le monde, ne sont pas sans influence sur la manière dont ces spectateurs comprennent les questions environnementales ; or, le tout-technologie et le transhumanisme sans remise en cause de nos modes de vie est en contradiction profonde avec la seule vraie solution au drame de notre temps. 'Laudato Si', à l'évidence, n'est pas près d'influencer le big business hollywoodien.
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Écrit par : Philippe de Visieux / | 07/11/2018

'Downsising'

> Cher Philippe, pour l'avoir vu aussi, permettez-moi d'être plus optimiste que vous dans le message que ce film propose, à mon sens évangélique.
En effet ce micro-monde, condensé d'une 'american way of life' à portée des perdants de la crise des subprimes, est décrit avec cynisme, avec cette menace planant d'une vengeance des grands, qui doivent payer le prix fort, où ces mini-citoyens subventionnés parce que moins polluants profitent à fond dans leur mega-micro palaces.
La découverte d'une banlieue misérable où s'entassent les esclaves de ces mini-citoyens aisés, migrants pour la plupart, permet au héros de trouver petit à petit le sens de sa vie, dans le service.
Et quand se présente la possibilité de rejoindre une communauté d'Europe du Nord "écolo-survivaliste", alors que la fin du monde se profile, les pays n'ayant pas su diminuer assez leur production de gaz à effets de serre,...mais je ne vais pas spoiler la fin...
On chemine avec le mini-héros du choix contraint d'un rapetissement intéressé, à la décision souverainement amoureuse d'un abaissement oblatif, une femme du tiers-monde pour Providence.
______

Écrit par : Anne Josnin / | 07/11/2018

à Anne :

> Je vous rejoins sur la fin du film, qui dépeint dans le cadre idyllique des fjords norvégiens l'inanité du consumérisme que les personnage ont laissé derrière eux en Amérique.
Cela étant, il demeure une vision prométhéenne qui dérange le chrétien que je suis, attaché à la sacralité du corps humain tel que créé par Dieu. Le passage à la clinique de rapetissage m'a semblé traduire un transhumanisme doublé de business, où les couples sont reçus et laissent leurs économies pour maintenir ce mode de vie ravageur dans lequel spiritualité et culture sont absents, tout voué qu'il est au divertissement.
Il y a enfin l'aspect familial qui m'a déstabilisé : le couple fait le choix de se rapetisser au prix d'un abandon des parents et amis, restés hors de Lilliput... jusqu'au divorce d'ailleurs puisque la femme, au dernier moment, renonce à se faire opérer. Ne peut-on pas voir dans ce geste une forme d'égoïsme du couple vis-à-vis du cercle familial, profondément ébranlé par cette décision ?
L'idée du cheminement vers l'abaissement de soi désintéressé est cependant présente dès que le personnage se rend compte que Lilliput est également miné par l'inégalité des conditions humaines, et je vous rejoins sur ce point, mais ne pensez-vous pas que ce discernement se fait au prix d'une telle transformation physique qu'il revient à un oubli du Créateur par sa créature ? Notre rapetissage à tous ne devrait-il pas se situer dans notre mode de vie, sans chercher à attenter à l'intégrité de la Création, qu'elle soit humaine, animale ou végétale ?
______

Écrit par : Philippe de Visieux / | 08/11/2018

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