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21/07/2018

16e dimanche : le Verbe de vie, non le juridisme

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Sans le Berger notre monde est voué à la ruine. Ne substituons pas à la Parole vivante un juridisme "dont la multiplicité fissure la vie", souligne Hans Urs von Balthasar : 


 

 

...à propos des lectures de ce 16e dimanche t.o.

 

Marc 6, 30-34

<<  Les Apôtres se réunirent auprès de Jésus, et lui annoncèrent tout ce qu’ils avaient fait et enseigné. Il leur dit :"Venez à l’écart dans un endroit désert, et reposez-vous un peu." De fait, ceux qui arrivaient et ceux qui partaient étaient nombreux, et l’on n’avait même pas le temps de manger. Alors, ils partirent en barque pour un endroit désert, à l’écart. Les gens les virent s’éloigner, et beaucoup comprirent leur intention. Alors, à pied, de toutes les villes, ils coururent là-bas et arrivèrent avant eux. En débarquant, Jésus vit une grande foule. Il fut saisi de compassion envers eux, parce qu’ils étaient comme des brebis sans berger. Alors, il se mit à les enseigner longuement. >>

 

HUvB

<< "Comme des brebis sans berger..." Les gens sentent instinctivement en Jésus le bon pasteur envoyé par Dieu, qui ne veut pas exercer un pouvoir sur eux mais les rassemble et les soigne pour eux-mêmes. Les puissants les ont suffisamment dominés, Assyriens, Babyloniens, Perses, Grecs, Romains ; mais aussi leurs propres maîtres,  impitoyables, pour lesquels ils n'étaient qu'une masse ignorante "née tout entière dans le péché" (Jean 9, 34). Jésus voudrait un instant de repos, mais on le poursuit et l'accapare tellement qu'il ne trouve "pas même le temps de manger". Il devra en venir à s'offrir lui-même en nourriture à ces affamés... >>

 

Ephésiens 2, 13-18

<<  ...Maintenant, dans le Christ Jésus, vous qui autrefois étiez loin, vous êtes devenus proches par le sang du Christ. C’est lui, le Christ, qui est notre paix : des deux, le Juif et le païen, il a fait une seule réalité ; par sa chair crucifiée, il a détruit ce qui les séparait, le mur de la haine ; il a supprimé les prescriptions juridiques de la loi de Moïse. Ainsi, à partir des deux, le Juif et le païen, il a voulu créer en lui un seul Homme nouveau en faisant la paix, et réconcilier avec Dieu les uns et les autres en un seul corps par le moyen de la croix ; en sa personne, il a tué la haine. Il est venu annoncer la bonne nouvelle de la paix, la paix pour vous qui étiez loin, la paix pour ceux qui étaient proches. Par lui, en effet, les uns et les autres, nous avons, dans un seul Esprit, accès auprès du Père. >>

 

 HUvb

<< Le Berger fait de son propre corps sur la croix le lieu de la bataille décisive, où le corps déchiré devient justement celui qui, livré pour tous, fonde l'unité. Un autre tyran encore est renversé par là : la Loi des "prescriptions juridiques" dont la multiplicité fissurait la vie. Désormais l'amour règne par l'amour unique de celui qui s'est fait dans la croix et l'eucharistie le réconciliateur, impuissant et pourtant tout-puissant, de toute discorde entre les hommes. >>

 

 

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Commentaires

SALUBRE

> Salubre indication de Balthasar : la "multiplicité" des prescriptions du juridisme "fissure la vie". Or chaque fois que Jésus parle de la vie, dont il est le chemin, il en parle comme d'une cohérence unique. D'où la puissance initiale de l'annonce évangélique.
Et si la chute du christianisme en Europe était liée tout simplement à l'oubli de cette cohérence vitale essentielle , la personne du Christ ?
Tant que des catholiques parleront de leurs "valeurs" (de milieu) et non de la personne du Christ, tant qu'ils ne prendront pas l'Evangile au sérieux et lui préféreront de petits bouquins réacs - d'ailleurs peu compatibles avec l'Evangile -, la chute continuera.
Evangéliser c'est d'abord vivre l'Evangile, avec cohérence et loyauté. Nous ne le faisons pas ? Nous avons tort. Et pas le droit de nous plaindre du malheur des temps !
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Écrit par : PP / | 21/07/2018

DAVID GRAEBER

> On peut lire une excellente analyse de David Graeber du juridisme en société libérale, dans une interview de 2015, dont voici un extrait:

"Quelqu'un a réussi à faire croire à tout le monde que la bureaucratie était un fléau du secteur public, alors que c'est un modèle qui transcende la séparation public/privé. Au début du siècle dernier, tout le monde savait que la bureaucratie de l'administration et celle des entreprises, c'était pareil.

"A chaque fois que des règles existantes créent une situation ubuesque, le système capitaliste promet une solution... en inventant de nouvelles règles !"

Mais instaurer des règles claires ne profite-t-il pas à tous ? Chacun les connaît, les choses sont transparentes...

Pour que nous adhérions comme un seul homme au projet bureaucratique, il faut qu'il soit attirant. Le système capitaliste l'a très bien compris. A chaque fois que des règles existantes créent une situation ubuesque, il promet une solution... en inventant de nouvelles règles ! Peu importe que le problème ne soit ­jamais résolu et que le système se transforme en machine à fabriquer des règlements, la « transparence » est sauve. Au nom de ce nouvel idéal, l'effort pour se libérer du pouvoir arbitraire produit encore plus de pouvoir arbitraire : les réglementations nous étouffent, des caméras de surveillance apparaissent partout, la science et la créativité sont étranglées et nous passons tous une part croissante de nos journées à remplir des formulaires.

Depuis 2008, on a plutôt entendu beaucoup de critiques contre la dérégulation de la finance...

La dérégulation ne nous débarrasse pas des règles : elle en crée d'autres, différentes. Dire qu'on dérégule est toujours une promesse idéologique — l'objectif réel est d'émettre ses propres règles et d'être le premier à bord.

Une « règle » domine tous les débats aujourd'hui : il faut payer ses dettes. Qu'on soit gouvernement ou simple particulier...

Oui, et cette question est directement liée à l'expansion de la bureaucratie : aujourd'hui, pour payer ses dettes, le foyer américain moyen se voit amputer chaque mois de 15 à 40 % de ses revenus (étrangement, il est impossible d'obtenir des statistiques exactes sur cette question !). Encore une fois, n'oublions pas que l'essentiel des profits de Wall Street provient de dettes individuelles ou collectives — souvenez-vous de la crise des subprimes. Les politiciens auxquels s'adressent les lobbyistes sont tout à fait d'accord pour garantir un certain taux de profit aux banques. Ils n'ont d'ailleurs jamais prétendu agir autrement : leur première réaction après le krach de 2008 ne fut-elle pas de déclarer qu'ils ne laisseraient jamais tomber la finance ?"

https://www.telerama.fr/idees/david-graeber-anthropologue-nous-pourrions-etre-deja-sortis-du-capitalisme-sans-nous-en-rendre-compte,132251.php
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Écrit par : Anne Josnin / | 23/07/2018

@ Anne Josnin

> Tout à fait d'accord avec toi ! Merci pour ces extraits lumineux. Je suis dans une "grande entreprise privée", tout ce qu'il y a de plus libérale, multinationale & co, et je doute que le système bureaucratique soviétique (à sa "belle époque") ait poussé le bouchon aussi loin dans la complexité bureaucratique. Mais nous sommes "une boite privée". Donc c'est "bien". Si c'était l'administration public, ce serait "mal".
Logique non ?
Cdt,
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Écrit par : Bergil / | 24/07/2018

Les commentaires sont fermés.