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09/06/2018

La "droite" : une notion introuvable... et vide de sens

L'inconscient de la "vraie droite"  : religion + armée au service du bourgeois ?

commune1871a.jpg

Dessin : hommage à Tardi

Une chronique de Valeurs actuelles (oui !)  révèle le problème :


 

Ce garçon sympathique qu'est Denis Tillinac a au moins un tort : vouloir sauver le mot "droite" qui n'a pas plus de sens que le mot "gauche". Depuis un quart de siècle, droite et gauche n'étaient plus que deux étiquettes sur la même marchandise libérale : étiquettes encore dévaluées aujourd'hui par le produit Macron, dernier outil du libéralisme auquel se rallient les électeurs et les notables du centre droit. Ne s'obstinent à se dire "la vraie droite" que des jobards ou des ultras, persuadés que l'heure vient de fusionner les débris du sarkozysme avec ceux du lepénisme - en ajoutant la phobie du migrant au fond de sauce du libéralisme économique (what did you expect ?). Peu engageante perspective...

Publiée le 7/07 (bizarrement dans un hebdo libéral-conservateur fasciné par la macronie),  une chronique de Tillinac tente néanmoins, une fois de plus, le sauvetage du mot "droite"

Lui aussi trouve peu engageante la perspective des ultras : "Marion Maréchal, écrit-il, va créer à Lyon une sorte de Sciences Po alternatif [l'ISSEP] aux fins de contester le magistère intellectuel et moral de la gauche française..."  Tillinac trouve ça inutile pour plusieurs raisons. D'abord, dit-il, parce que ce magistère de la gauche "n'est pas loin du dépôt de bilan"... (Seule la droite la plus tardigrade croit gémir sous la botte du marxisme en 2018, alors que cette époque est celle de l'Argent). Mais surtout, explique-t-il, "rien de plus inopportun que de procurer au manichéisme de cette gauche de quoi se refaire la cerise en claquemurant le mot "droite" dans un nouveau ghetto..."

Admettons pour l'instant - mais je n'en crois rien - que le mot "droite" aurait un brillant avenir s'il n'était pas "claquemuré dans un ghetto". À cet égard, dit Tillinac, "le projet de Marion Maréchal est une mauvaise idée : on n'en retiendra que le nom de son initiatrice et son affiliation partisane. Si Lacan vivait encore, il noterait malicieusement la glissade sémantique du lepénisme au... maréchalisme. Nul ne conteste le talent [...] de ladite dame blonde ; tous les jeunes gens un peu droitiers, un peu tradis et inconsolables de la déconfiture de Fillon en raffolent. Que d'aucuns, moins jeunes et plus droitiers, préméditent de la propulser sur le théâtre politique en se gargarisant hors de saison des préceptes de Gramsci, c'est l'affaire d'une faction. La droite - terme générique - ruinerait son crédit en plongeant tel Gribouille dans une mare idéologique où se reflètent de vieilles lunes..."

Ce passage de la chronique de Tillinac est très discutable sur le plan conceptuel, mais intéressant dans certaines de ses constatations : 

1. ce qu'il dit des "jeunes gens" coachés par des "moins jeunes" montre sa connaissance du micro-milieu maréchaliste, qui pétarade tant qu'il peut depuis quelques mois ; 

2.  que des jeunes gens puissent être "inconsolables de la déconfiture de Fillon" paraît bouffon, mais c'est un fait dans un certain milieu social (très circonscrit) ; 

3.  que des gens de droite "se gargarisent" de la référence à Gramsci, montre qu'ils ne l'ont pas lu. L'idée qu'ils s'en font se limite à un slogan : celui du "pouvoir culturel", qui ne veut rien dire si on l'isole du contexte gramscien où il a pris forme.

Car ce contexte est celui de la lutte des classes !  Pour Gramsci (Ecrits politiques, Cahiers de prison), toute "culture" est liée à une classe sociale et à une phase historique. A l'époque où Gramsci écrit, il analyse la "culture"  hégémonique comme un habillage des intérêts de la bourgeoisie dominante : habillage servant à diffuser dans toutes les classes "du consentement aux intérêts bourgeois". Le combat culturel selon Gramsci vise à briser ce consentement en créant, pour soutenir les luttes des travailleurs, une "culture" qui leur soit propre... La montée de cette contre-culture est donc inséparable des luttes sociales d'émancipation, sa mission étant de les accompagner.

Naturellement, l'analyse de classe gramscienne n'a pas d'équivalent dans la pensée des señoritos de la bonne société jouant aux "gramsciens de droite" en 2018.  N'osant dire - et pour cause - que l'Argent est ce dont il faudrait émanciper la société, ils seraient bien en peine d'accoucher une "culture" émancipatrice. La "contre-culture" qu'ils invoquent  se résume à exhumer les bien-pensances du passé, comme si elles avaient valeur intemporelle alors que pour Gramsci les idées sont le produit changeant des contextes socio-historiques. Parmi ces bien-pensances on trouve, entre deux images d'Epinal, la bonne vieille obsession libérale de liquider tout ce qui résiste à l'Argent.  Les ex-jeunes gens de la Vraie Droite ont beau jouer aux rebelles, ce sont les arrière-neveux du hobereau de La Varende [*] tombé dans les rangs versaillais en 1871 "pour défendre la société".

 

D'où les satires qui circulent déjà sur les réseaux sociaux à leur sujet, comme ce pastiche de programmes de l'ISSEP :

MODULE "ÉCONOMIE & LIBERTÉS"  Fusions, acquisitions, traditions, par Charles Beigbeder  Start-up identitaires : comment faire du neuf avec du vieux, par Charles Beigbeder Le code du travail: un vestige socialiste, par Charles Beigbeder  Travail en intérim et à temps partiel : de nouvelles libertés, par Charles Beigbeder Suppression du SMIC, un tabou à dépasser, par Charles Beigbeder

MODULE "IDENTITÉ CATHOLIQUE" Jésus, entrepreneur incompris, cycle bilingue par le cardinal George Pell ► L'argent, signe d'élection divine, par Clara Gaymard  ► Bétonner la Création : un levier de croissance, par Gérard Mulliez ► Guillaume de Nogaret : le vrai catholicisme [**], par Thibaut Collin ► Lafarge : la doctrine sociale de l'Eglise en action, par Bruno Lafont...


Quant à Denis Tillinac, pourquoi persiste-t-il à vouloir appeler "droite" ce qu'il croit devoir sauver : une posture étrangère à toute politique ? Je cite la fin de sa chronique : "La droite est une allergie à l'air du temps, une mélancolie, un romantisme, un dandysme, quelquefois un passéisme. C'est le bivouac des coeurs meurtris, le soleil noir des âmes dépossédées. Comment la définir, après l'extinction des étoiles rouges dans le ciel des idées ?"   Depuis que le communisme est mort, la droite est introuvable. Elle n'existait que pour justifier tout ce qui "s'opposait" à lui, y compris des fautes et des crimes... Lui disparu, elle perd son prétexte lyrique et se décompose. Les uns retournent à la finance. Les autres lorgnent  vers l'extrême droite (qui remplace "le communisme" par "l'islam"). Et certains font les deux à la fois.

 

marion.jpg

 

 __________

[*]  Manfred de La Bare, dans le roman Le troisième jour (Grasset 1947).

[**] Envoyé de Philippe le Bel, Guillaume de Nogaret est censé avoir fait gifler le pape Boniface VIII à Anagni, le 8 septembre 1303.

 

 

Commentaires

"FASCISMES"

> Comme a pu le dire le Père jésuite Henri Boulad, le monde souffre de deux fascismes : le fascisme de l'argent et le fascisme islamique. Force est de reconnaître que beaucoup de ceux qui, au sein de la "droite", dénoncent le second, sont beaucoup plus complaisants vis-à-vis du premier...
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Écrit par : Feld / | 09/06/2018

FLACON

> Il y a en effet quelques observations intéressantes de la part de Denis Tillinac. Il lui reste, en somme, à se débarrasser de son attachement quelque peu frivole à ce mot de "droite". Que l'on se dise conservateur, progressiste, libéral, etc., peut se concevoir, à condition que le mot corresponde à ce qu'il signifie. Mais pourquoi se raccrocher à des appellations (gauche, droite) données par commodité et pour faire vite un 11 septembre 1789 ?
Ces attachements pourraient se résumer en un étrange précepte : "qu'importe le breuvage, pourvu qu'on ait le flacon".
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Écrit par : Sven Laval / | 09/06/2018

PASTICHE

> Très bon le pastiche de l'institut Marion. Sauf qu'elle aurait dû l'installer à Uriage, site habitué au maréchalisme.
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Écrit par : Paul Collette / | 09/06/2018

FAKE

>" L'expression 'la droite' a encore un sens" : c'est une fake news ça, il va falloir la faire interdire. Je trouve d'ailleurs que la loi sur les fake news est une très bonne chose. Surtout en période électorale: il faudra faire interdire les programmes électoraux, qui comme chacun le sait sont des tissus de mensonges... Mdr.
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Écrit par : ND / | 10/06/2018

"IMPOSTURE"

> Imposture de ces prétendus rebelles qui finissent appointés par le lobby libéral atlantique.
Avoir commencé sous le drapeau noir et finir entre le Medef et la Maréchal !
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Écrit par : Dorothy Day / | 10/06/2018

LE PASTICHE

> Merci pour cette note très intéressante et l’amusant programme de l’ISSEP.
Cependant que vient faire cette attaque contre Thibaud Collin ici ?!? Au moment même où il son blog est retiré du site de La Croix pour avoir critiqué la ligne du journal plus qu’ambiguë sur l’avortement, ceci me parait déplacé. A ce que je sache cet auteur est loin d’être caricatural.
Mais peut être que La Croix est intouchable.

Ludovic


[ PP à Ludovic - Thibaut Collin n'est pas seulement l'homme qui s'est pris de bec avec 'La Croix' (d'ailleurs qu'allait-il faire sur ce site, vu leurs désaccords ?). Il est surtout l'homme qui a écrit, ailleurs, des choses très déplaisantes à l'encontre du pape François. C'est visiblement à cela que le pastiche fait allusion (Nogaret, Anagni). ]

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Écrit par : Ludovic / | 10/06/2018

à Paul Collette :

> Uriage eût été un site intéressant, en effet. Riche en surprises, peut-être ?
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Écrit par : Sven Laval / | 10/06/2018

Patrice

> Merci pour votre réponse, je n’avais pas en tête ce que T Collin a dit sur le pape (et je ne l’ai pas trouvé sur internet) mais je trouve cela quand même curieux que vous en veniez à lui reprocher d’être sur le site de La Croix alors que c’est en l’occurrence plutôt ce journal qui a dérapé.
Je persiste à trouver la coïncidence troublante à moins que T. Collin ait de réelles accointances avec MMLP.

Ludovic


[ PP à Ludovic -Un certain milieu "catho" s'est durci depuis plusieurs années (s'éloignant par conséquent de la ligne du pape). Coimme Chantal Delsol, T. Collin a suivi cette tendance si l'on en juge par certaines de ses déclarations. 'La Croix' incarnant un tout autre courant dans l'Eglise française, on peut s'étonner que T. Collin y ait fait son blog... D'où ma réflexion qui est aussi, par exemple, celle de François Maillot sur Facebook.
Par ailleurs, le nom de T. Collin est en première ligne dui comité éditorial de la revue des maréchalistes, 'L'Incorrect'. C'est un signe. D'autant que les animateurs de cette revue ne cachent pas leur bergogliophobie... ]

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Écrit par : Ludovic / | 10/06/2018

DISCUSSION

> Vide de sens ? mais selon quels critères ?
Il y bien une rupture culturelle entre « progressistes » et « conservateurs », même si ceux-ci ne sont pas cohérents dans leurs pensées, mais, si la pensée intégralement écologique progresse, cela peut s’améliorer.
Mon assommante lecture récente de Réneville m’a convaincu que l’effondrement de civilisation actuel ne provient pas de la cause unique de l’amour de l’Argent. Certes, cela compte, mais la tentation primordiale, c’est être comme des Dieux, c’est l’Homo Deus, le Transhumanisme, et, en vue de ceci, le rejet permanent de ses propres identité et civilisation. C’était déjà dans la Genèse, au fait !
Les disciples conscients ou non de Hegel, les précurseurs du transhumanisme ont adopté les idéologies totalitaires du XXème s, les deux socialismes, bolchevick et le racial, la lutte des classes et la lutte des races. Leur échec leur a fait découvrir que la fluidité de la finance et du libre échange ont un pouvoir révolutionnaire supérieur car plus anesthésiant, aussi convergent-ils vers la démolition libérale qui n’est pour cette famille de pensée qu’une nouvelle monture.
A cet égard, l’action de l’équipe municipale de paris est significative. Prenez le cas des Serres d’Auteuil. Il y avait une alternative économiquement et fonctionnellement valable et respectueuse du site. On choisit celle qui le mutile. On peut multiplier les exemples : remplacement des kiosques à journaux, démolitions des fontaines de la place de la République etc. Quel intérêt à tout ça sinon « inscrire la modernité dans le paysage parisien » comme ils disent en novlangue.
Alors oui, il faut un rétablissement culturel, esthétique et éthique, il doit de fait dépasser le vocabulaire droite / gauche tel que défini dans notre système politicien et utilisé maladroitement par Tillinac.

PH


[ PP à PH - Justement, c'est ma question : que met-on dans le mot "droite", et pourquoi faut-il se tenir mordicus à cette géométrie de hasard héritée des premières assemblées de 1789 ? Surtout aujourd'hui, alors que la droite anti-libérale a quasiment disparu et que "droite" est devenu pour le grand public synonyme de "politique des riches".
Et pourquoi vouloir minimiser le rôle déterminant de Mammon dans la société actuelle ? Je doute profondément de la culpabilité de Hegel dans la tyrannie des salles de marché. ]

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Écrit par : Pierre Huet / | 10/06/2018

DISCUSSION

> Je trouve très intéressant le point de P Huet. Il n’en s’agit pas tant de minimiser le rôle de l’argent que de pointer la fascination pour le superficiel, le nouveau, le spectaculaire et la comm’. Cela rappelle la critique de J Ellul qui ne néglige pas le rôle de Mammon mais montre aussi l’importance de la fascination pour la technique et le progrès.

Ludovic

[ PP à L. - Certes. Mais qu'est-ce qui transforme la technique en "technology", la science en "technoscience" chargée de rendre commercialisable toute découverte même néfaste ? Qu'est-ce qui fabrique le problème PMA-GPA en mettant la médecine reproductive au service du business ? Visiblement c'est l'argent.
Remontons dans le temps : les Lumières sont liées à l'argent dès le début... (relisez le poème de Voltaire 'Le mondain').
L'idéologie prométhéenne est tellement liée à celle du profit illimité qu'on a pu valablement voir en la première une superstructure de la seconde.
Il serait temps que les catholiques français cessent de fuir cette évidence (la causalité Mammon) sous prétexte de spiritualité ou d'érudition.
Les papes les y exhortent depuis des années... ]

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Écrit par : Ludovic | 11/06/2018

1871

> et la France ? et les Français ? comme d'hab, on parle de "droite", de "gauche" et on ne parle pas de la France.
De toute manière gauche et droite sont des mots relatifs : droite et gauche de quoi ? S'il y a dérive à droite, la gauche devient ce qu'était la droite avant la dérive et inversement si dérive à gauche.
Ça ne veut rien dire.
Ce qui réunit les gens c'est la conscience des réalités (et plus une vision idéologique) ajoutée à une vision haute, le Bien Commun et plus seulement l'intérêt individualiste même lorsque, par tribalisme, par alliance d'intérêts, l'intérêt individualiste se proclame "intérêt général" pour singer le Bien Commun.
On pourrait aussi parler de "gaulliste" : plus aucun sens. Des "gaullistes" ont fait campagne pour Maastricht, pour l'alignement sur les Etats-Unis ce qui aurait fait hurler celui dont ils prétendent se réclamer et qui les "dégueulerait", pour reprendre l'expression d'un personnage d'Uranus.
A propos du dessin de Tardi : rappelons que le mot "Versaillais" est seulement dû au fait que le gouvernement républicain s'était installé à Versailles ; il ne désigne pas du tout un gouvernement de catholiques monarchistes comme le mot « versaillais » porte à penser aujourd’hui par une association d’idées qui arrange bien la gauche d’aujourd’hui.
La République a été proclamée le 4 septembre 70, par Gambetta, Jules Favre, Jules Simon, Jules Ferry sans oublier Adolphe Thiers.
Ce sont ceux-là présentés comme des modèles par la République, ceux-là à qui la IIIe République a rendu hommage par une rue, une place ou une avenue à leur nom, partout en France, qui vont ordonner le massacre des Communards car ils craignent de se faire déborder à gauche par la Commune et de perdre leur place au pouvoir.
Ce qu’aujourd’hui la « gauche » française se garde bien de rappeler (pas plus qu’elle ne souhaite qu’on rappelle que c’était elle qui était colonialiste) depuis que son désir de respectabilité l’ayant rendue pleurnicharde, elle ne présente plus le massacre comme une vertu romaine (républicaine) que ce soit contre les Vendéens ou contre Babeuf.
Pour fusiller les Communards, la gauche républicaine va bénéficier du soutien soigneusement distant de tous ceux qui ont peur pour leur argenterie : coalition de la pétoche de la gauche républicaine et des Libéraux, bourgeois héritiers des profiteurs de la Révolution ayant déjà largement soutenu moralement les massacreurs des ouvrier de 1831, 1832, 1834, 1848 comme des derniers chouans de 1832.
il faut noter que les seuls à défendre les Communards ont été des catholiques alors que les fusilleurs agissaient avec le soutien des grandes consciences de gauche comme Zola.
En lisant les comptes-rendus de la répression et en pensant qu'ils l'avaient soutenue et voulue aussi brutale que possible, ils ont eu sans doute, l'impression d'être virils.
On a dit que si le comte de Chambord a refusé le drapeau tricolore c'est parce qu'il y voyait celui des massacreurs hypocrites. Si c’est pour cette raison, un point pour lui.

EL


[ PP à EL - Oui : le massacreur de 1871 c'est Thiers, qui était classé à gauche. Comme le général de Galliffet, qui sera d'ailleurs ministre du gouvernement de "défense républicaine" pendant l'affaire Dreyfus. ]

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Écrit par : eric levavasseur / | 11/06/2018

DROCHE

> Ni droite, ni gauche, gauche et droite en même temps : « droch », comme disent les Bretons, mot désignant l’innocent, le ravi, l’abruti.
La France selon Macron, à l’instar de l’Amérique de Trump, est définitivement à « droche ». Brouillant les repères, affirmant tout et son contraire. Parfaitement imbécile, et « en même temps » providentielle. Où le blaireau devient héros. Et inversement.
Il fallait Trump pour en finir avec l’hégémonie impérialiste américaine (c’est bien parti).
Il fallait Macron pour en finir avec la bonne conscience libérale (les yeux et les cœurs s’ouvrent enfin).
Deux hommes tout dévoués à Mammon et rivaux pour lui complaire, jusqu’à l’écœurement, jusqu’à se détruire l’un-l’autre. Papa fric et Maman trique… et vice versa. Quel édifiant spectacle !
Pour nous, qui cherchons à vivre en chrétiens, la piqûre de rappel est excellente. Nous ne sommes pas, nous ne pouvons définitivement pas être de ce monde !
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Écrit par : Denis / | 11/06/2018

@ PP et Denis

Le fait est que contre l'hégémonie des Etats-Unis, il y a en ce moment, plein d'occasions à saisir.
article intéressant : http://www.dedefensa.org/article/pourquoi-la-russie-ne-replique-t-elle-pas
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Écrit par : e levavasseur/ | 12/06/2018

Patrice

> Loin de moi encore une fois l’idée de négliger Mammon.
Pour appuyer ce que vous dites je rappellerai aux lecteurs quelque chose de pas très oecuméniquement correct : dans le protestantisme l’absence de sacrement est couramment remplacé par la bénédiction par l’argent , signe sur terre de Dieu.
Malheureusement le catholicisme a embrayé le pas en se dévitalisant ...

Ludovic


[ PP à Ludovic - Vous y allez un peu fort sur les protestants. C'est un univers religieux complexe. Les luthériens allemands de l'Eglise confessante ont résisté à l'hitlérisme, certains jusqu'au martyre...
- Quant au catholicisme, pourquoi dites-vous qu'il s'est "dévitalisé" ? C'est la société européenne dans son ensemble qui s'est dévitalisée, avec des conséquences (entre autres) dans le domaine religieux. Si vous sortez de l'Europe desséchée, vous trouvez un catholicisme vivace. ]

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Écrit par : Ludovic / | 12/06/2018

LES INCONNUS

> Les Inconnus, grands anticipateurs et analystes politiques (à partir de 3'40''), évoquaient déjà "la droiche", et son vrai contenu, assimilable au dernier produit évoqué dans le sketch :
https://www.qwant.com/?q=Inconnus%20sketch%20les%20communicants&client=qwantfirefox&o=0:76b5f774c1174ff2b0f8dc6c3152548a
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Écrit par : Alex / | 12/06/2018

DÉRIVES

> Il est clair que Guillebon a complètement craqué avec sa revue l'Incorrect. C'est à se demander comment Christophe Geffroy co-rédacteur avec lui de La Nef, en garde encore son latin. Espérons qu'il ne finira pas comme l'ex-comparse black-blocker de JdG, Falk van Gaver, rallié aux néo-païens (surtout anti-catho) d’Éléments...
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Écrit par : Raphaël R. / | 12/06/2018

DISCUSSION

> Minimiser le rôle de Mammon, non, disculper l’hubris de la pensée moderne dont Hegel est un insigne représentant, non plus. Cela ne correspondrait pas à la réalité.
Depuis que nous ne sommes plus des chasseurs-cueilleurs, l’appétit des biens matériels a fait beaucoup de mal, il n’y a là rien de spécifique à notre époque. La Florence de la Renaissance aimait autant l’Argent que nos Bobos . Et par contre, certains tyrans sanguinaires modernes furent désintéressés et menèrent une vie modeste, comme Robespierre, Lénine ou naguère, Fidel Castro.
Pourtant, l’idéal de beauté de Botticelli (qui fait rêver) était bien différent de celui de Botero (qui ne fait pas rêver). Il s’est passé autre chose que le simple avènement du libéralisme. Ce quelque chose s’est accentué ces deux ou trois dernières décennies comme le montre l’évolution laide et de structure totalement irrationnelle (donc coûteuse) de l’architecture : musée des Confluences, Philarmonie de Paris, grattes –ciel ressemblant s à des empilements décalées de boîtes à chaussures. Il n’y a pas besoin de spiritualité ou d'érudition pour que ça saute aux yeux.
Et ce quelque chose c’est l’orgueil de la rupture, et la fascination morbide pour celle-ci. C’est ce que notre cher monsieur Macron nous rappelle depuis les « States » avec sa disruption. C’est ce que nos intellos nos rabâchent en parlant à tout bout de champ de déconstruction. Cela fait penser à la lutte du Geist (de Hegel ) contre lui-même par laquelle il est censé s’élever et se diviniser.
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Écrit par : Pierre Huet / | 13/06/2018

COLLIN

> Thibaud Collin est vraiment au conseil scientifique de l'ISSEP, et par conséquent y enseigne.

Maud


[ PP à Maud - CQFD... La bergogliophobie est devenue le point commun des diverses extrêmes-droites. ]

réponse au commentaire

Écrit par : Maud / | 13/06/2018

@ Eric

> Pour savoir ce que le G7 nous prépare de plus "droche", à commencer par sa ferme détermination "à investir dans les femmes et les hommes", le décryptage du site "Les Crises" d'O. Berruyer : https://www.les-crises.fr/communique-final-du-g7/
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Écrit par : Denis / | 13/06/2018

D'ACCORD

> Oui Patrice nous sommes d’accord.
Ce que je disais sur le monde protestant était sur le monde anglo-saxon qui nous a donné la financiarisation de l’économie.
Idem pour la devitalisation du catholicisme : je pense bien au monde occidental en état d’apostasie, c’est un mouvement de long cours depuis plusieurs siècles ...
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Écrit par : Ludovic / | 13/06/2018

PRÉVISIBLES

> A propos des intellectuels cathos, ces dérives étaient prévisibles pour certaines; il y a plusieurs années ce blog revenait souvent sur les mondanités de la "cathosphère intello".
« Evêques d’aéroport » a dit François ; on pourrait parler aussi de « théologiens de colloques » (mais aucun n’écrit de catéchisme pour les nuls, qui serait pourtant bien utile).
Une adhésion surtout sociale, intellectuelle, culturelle, au détriment d'une adhésion religieuse véritable qui, pour la foi chrétienne, est personnelle et en vue de l'au-delà donc de nos petites personnes et de notre petite époque (notre époque est petite dans ce qu'elle propose, pas dans ses enjeux où la tâche est immense).
Ces intellos ont beaucoup savamment disserté mais pas de la spiritualité, de la prière, l'adoration, méditation/lectio...
Pas de conférence, de débat, qui commence par une prière…
La vie spirituelle, le service du prochain semblent étrangers à leurs interventions, semble avoir pour eux quelque chose de mièvre.
Pourtant, pas de vie intellectuelle chrétienne sans vie de prière et de service.
Et c'est ce qui m'inquiète dans les "initiatives d'évangélisation" actuelles : on insiste surtout sur celle qui sont très bruyantes, très catho-médiatisées, très démonstratives, ça insiste sur le nombre... comme si l’important était d’être « du côté des vainqueurs » si j’ose dire (vainqueurs car nombreux).
Un côté grande-gueule, grand-messe Woodstock, christianisé(mais chrétien ?), très américanisé aussi (honte de soi ?), ça témoigne d'un grand souci de ne pas paraître poussiéreux, bref très soucieux du regard du monde.
Un grand souci de marketing dont Jésus ne se préoccupait pas : "engeance de vipère", "les oiseaux du ciel ont des nids; mais le Fils de l'homme n'a pas où reposer sa tête", etc.
L’autre dérive, l’autre risque, c’est, à mon humble avis, la démagogie : "On est catho, on est cool" , "mon curé est cool"
Tout ça n’arme pas. Or la vie spirituelle est un combat.
Réduire la foi à cela est donc mensonger.
Un bouquin vient de sortir, co-écrit par un prélat et une personne laïque ; le prélat est intéressant, la personne laïque témoigne surtout d’un désir de se faire remarquer, de choquer Margot… mais en plus de ce côté caca- boudin, il en ressort une certaine arrogance « il était temps que j’arrive pour dépoussiérer l’Eglise ».
Le message subliminal de ces grands raouts semble être : "les cathos ? des mecs qui en ont !" « Chez les cathos on est jeune, en bonne santé et on rigole. »
« Le curé ? un mec sympa »... je n’en doute pas mais le principal c’est que c’est surtout comme le Christ ; si l’on allait au principal, le reste serait donné de surcroît. Un prêtre impose les mains, il ne tape pas sur le bide.

EL


[ PP à EL - Ce quii se passe en ce moment, c'est que le tri s'opère tout seul entre deux catégories : ceux qui ont fait profession de catholicisme tant que ça paraissait (à leur avis) coller avec leurs opinions ; et ceux qui sont prêts à laisser le catholicisme changer leurs opinions.
Les premiers claquent la porte après avoir constaté que le pape et les évêques (enfin, la plupart) ne parlent pas comme eux... et que tout le monde s'en rend compte.
Les seconds sont prêts à changer leurs opinions en constatant qu'elles ne cadraient pas avec l'Evangile.
Ce n'est donc pas la peine de "séparer le bon grain de l'ivraie" : la séparation se fait d'elle-même. ]

réponse au commentaire

Écrit par : eric levavasseur / | 13/06/2018

CRISTEROS ?

> Et certains se prennent peut-être pour de nouveaux Cristeros, sans comprendre que le libéralisme est aussi en eux ?
Alex


[ PP à Alex - Sans compter que l'aventure des Cristeros, produit d'un contexte mexicain féroce, n'a rien à voir avec la situation présente des catholiques en France... ]

réponse au commentaire

Écrit par : Alex / | 13/06/2018

D'ACCORD

> "pas la peine de "séparer le bon grain de l'ivraie" "
?
c'est une réflexion générale ou est-ce à propos de mon commentaire qui donnerait cette impression ?
ds 2e cas je me suis mal exprimé mais merci bcp de me dire où.

EL


[ PP à EL - Au contraire : nous sommes parfaitement d'accord. ]

réponse au commentaire

Écrit par : eric levavasseur / | 13/06/2018

LE TEMPS

> "laissez à l'erreur le temps de s'écrouler" disait Jean Paul II
Ce n'était pas d je m'en-foutisme, on s'en doute, mais une manière d'Espérance.
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Écrit par : eric levavasseur / | 13/06/2018

@ Eric

> Tout ce que tu écris me fait penser à une phrase lue dans une des dernières notes du regretté P. Yannik Bonnet : de mémoire, "il faut bannir toute mondanité de notre vie". Ca sent un peu la naphtaline, dit comme ça, mais je trouve que c'est particulièrement juste.
Nous quittons un monde empreint d'une certaine légèreté, qui avait tendance à faire bagatelle de tout...
______

Écrit par : Feld / | 14/06/2018

DEUX EXTRÊMES

> Ce matin G Goubert présent au grand débat de Radio Notre Dame (fait rarissime) pour défendre la ligne du journal sur l’avortement
Cela confirme la puissance de ce journal capable de bousculer les trios habituels pour défendre sa cause
Heureusement l’argumentaire « il faut comprendre ceux qui avortent, ils le font pour des raisons économiques « n’a convaincu personne et à plutôt donné raison à T. Colin qui accuse La Croix d’être collabo avec l’Etat libéral.
Dans ces conditions nous sommes en tant que chretiens bien gênés de voir se développer ces deux extrémismes qui se nourrissent l’un de l’autre, le relativisme mondain et l’intransigeance critique.
______

Écrit par : Ludovic / | 15/06/2018

QUAND LA 'RELIGIOUS RIGHT' BLASPHÈME

> Ce n'est pas exactement le même sujet (quoique ce soit lié à un autre avatar de « la droite ») mais je crois que c'est pertinent de le mentionner quelque part sur ce blogue. Le procureur général des États-Unis vient de faire sa contribution à la nouvelle évangélisation en justifiant la séparation des enfants de migrants de leur parents (et la création de camps d'internement pour mineurs proche de la frontière avec le Mexique) en citant hors contexte Romains 13 (sur la soumission aux pouvoirs publics):
https://www.youtube.com/watch?v=P-hV67w6oYA
Rendu à ce point, c'est carrément du blasphème. Une génération entière de jeunes Américains se détourne de la foi à cause de ce type de contre-témoignage et de la compromission de très nombreux chrétiens avec ce « régime ».
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Écrit par : François Sarrazin / | 18/06/2018

> Pour appuyer les dires de EL: https://rcf.fr/spiritualite/vie-de-l-eglise/monseigneur-affre-puisse-mon-sang-etre-le-dernier-verse
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Écrit par : Raphaël R. / | 22/06/2018

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