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03/05/2018

Macron insolemment ultralibéral : "NO OTHER CHOICE !"

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Cette interview devrait révolter les catholiques... Est-ce le cas ?  


Un bras d'honneur à la France laborieuse, au moment où les enquêtes montrent des milliers de petits chefs d'entreprise qui doutent de l'avenir en se tuant à la tâche...

Forbes est aux plus riches ce que la porno est aux érotomanes. C'est à ce magazine de l'empire financier anglophone que M. Macron a choisi de livrer - nu et cru - le fond de sa pensée. C'est du brutal. Mme Thatcher disait : "there's no alternative", M. Macron dit (à Forbes) : "there's no choice". Même logique en forme d'engrenage ! "Pas d'autre choix", ce n'est pas un choix : c'est "une proposition que vous ne pouvez pas refuser".

M. Macron dit par exemple : "J'ai expliqué à mon peuple...." Il ironise : "Pendant trois ou quatre décennies en France, les gens ont réagi au changement en déclarant qu'ils y résisteraient. Les partis de gauche et de droite ont en fait proposé à notre peuple de se protéger contre les changements." Quels changements ?  : "L'agriculture, l'industrie et les services sont déjà totalement disruptés...." Six fois dans cet entretien, M. Macron emploie ce terme "disrupter"  (casser ce qui existe et faire un saut dans le vide) :  mot que les naïfs prennent pour le nouvel abracadabra d'une magie économique, mais qui vient du globish des publicitaires.

"Je veux que mon pays soit ouvert à la disruption et aux nouveaux modèles", martèle-t-il, ironisant sur les résistances professionnelles à ces "modèles" : "Beaucoup de gens expliquent aux citoyens français : 'je vous protégerai contre les effets pervers d'Uber ou de Airbnb', mais ces entreprises sont là et les consommateurs français les adorent, même si elles mettent en péril beaucoup d'emplois"

M. Macron affiche sa volonté de laisser les prédateurs ronger le système français (venu du service public) : "Les nouvelles start-ups sont en train de disrupter et de créer des problèmes pour les grandes compagnies comme EDF", constate-t-il en trouvant ça très bien : "elles vont probablement vous disrupter", dit-il à EDF avec un sourire aigu. Autrement dit : l'énergie en France sera laissée à la disposition du privé transnational.

Et c'est dans Forbes (paru pendant le voyage australien) que M. Macron a choisi d'annoncer une mesure symboliquement provocatrice : l'abolition de l'imposition des plus-values mobilières des Français émigrés ! Seule mesure défavorable aux  plus riches prise sous Sarkozy, ce dispositif visait les grands patrons français partis en Belgique pour y vendre leur société sans payer d'impôt sur la plus-value [*]... Sa suppression aujourd'hui est applaudie par Forbes, qui sacre M. Macron "leader du libre marché".

Tenue secrète jusqu'ici et maintenant proclamée en anglais dans le magazine de la sphère financière (en plein malaise social français), cette abolition fait l'effet d'une insolence particulièrement arrogante.

Elle fait aussi l'effet d'un "foutage de gueule", protestent les syndicats : l'abolition de l'Exit tax repose sur le même faux argument que les précédents cadeaux macroniens (sans contrepartie) aux plus riches. Il s'agirait - dit M. Macron à Forbes - de favoriser la "communauté du business", la laissant ensuite "investir et créer de l'emploi"... mais seulement si elle le souhaite, car les cadeaux fiscaux ne sont accompagnés d'aucune mesure amenant (ni même incitant) leurs bénéficiaires à investir dans l'économie réelle.

Même des élus de droite jugent que M. Macron n'a d'oreille que "pour les banquiers d'affaires" (Gilles Carrez, député LR). Le politologue Jérôme Sainte-Marie constate : "Macron agit comme s'il pouvait tout se permettre, il pense que les conditions sont réunies pour une rupture culturelle totale : il y a du Thatcher chez lui, il mène une bataille d'anéantissement."

Certains députés LREM s'inquiètent des répercussions de tout ça dans l'opinion publique. D'autres, plus formatés, récitent la leçon du Maître : "C'est la suite logique du budget 2018", tranche Amélie de Montchalin, jeune pousse de la macronie.

Or Mme de Montchalin est non seulement classée "catholique" par les médias en raison de son milieu social, mais désormais guest star de colloques catholiques officiels... en dépit du fait que son idéologie socio-économique contredit la pensée sociale de l'Eglise (notamment exprimée dans l'encyclique Laudato Si' ).

Et ceci pose le problème du "flottement" d'un certain milieu au sein de l'Eglise de France. Depuis des décennies, ce milieu fait comme si les préconisations sociales et économiques du Magistère n'existaient pas ; comportement d'esquive qui s'est accru avec l'embourgeoisement sociologique accéléré du petit monde catholique franco-français, et qui s'accroît encore sous Emmanuel Macron, pour des raisons tenant à la psychologie de milieu.

On l'a remarqué il y a un mois, après le discours de M. Macron aux Bernardins.  Mgr Pontier, président des évêques de France, avait fermement évoqué plusieurs graves problèmes de société. M. Macron avait répondu à demi-mot qu'il n'en ferait qu'à sa tête (alors que ses opinions sociétales ne vont pas, c'est notoire, dans le sens souhaité par l'Eglise). Mais il avait nappé cela dans un flot de références historiques, un déluge d'érudition cathophile, une volée de coups de chapeau au passé catholique... Une partie de son auditoire allait s'en contenter. Prête à accepter du courtois M. Macron ce qu'elle n'aurait pas admis de M. Hollande, elle avait jubilé de voir qu'il connaissait la maison  et - surtout -  de l'entendre en parler poliment. La bonne bourgeoisie n'en demande pas plus. Il lui suffit d'être honorée dans sa mémoire et en tant que milieu, le macronisme en économie la satisfaisant pleinement par ailleurs... On comprend en quoi (et dans quelle mesure) Mme de Montchalin porte le label catho.

 

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[*]  La taxe Sarkozy visait "les contribuables détenant plus de 800 000 euros d'actions et d'obligations, ou la moitié du capital d'une entreprise".

 

 

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18:21 Publié dans Idées, Macron, Social | Lien permanent | Commentaires (37) | Tags : macron

Commentaires

SA NOUVEAUTÉ

> "Macron […] pense que les conditions sont réunies pour une rupture culturelle totale"
Je crois que là est la nouveauté qu'apporte Macron par rapport à ses prédécesseurs, dont il ne fait que continuer la politique. Là est ce qui le rend le plus nuisible et dangereux. Quand on affirme qu'il n'y a pas d'art français et qu'il n'y a pas de culture française, on peut se permettre d'imposer n'importe quoi au pays : on est dans la pire tyrannie. D'un point de vue chrétien, sa volonté d'imposer aux Français de se soumettre à la marche du monde est monstrueuse. Je lui conseille de relire le livre des Macchabées.
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Écrit par : Guadet / | 03/05/2018

DISRUPTÉE

> La France « disruptée » (pour le volet économique et social) est comme la démocratie « bottom up » (du côté politique) : c’est celle à qui on botte le train, voire que l’on viole et saute allègrement avec l’appui « cacarentier » des grandes fortunes… et comment pourrait-on faire autrement, les Françaises et les Français sont tellement « delicious » !
Ainsi la République française selon Macron prend-elle peu à peu chair sous nos yeux : une sorte de « Sodome et Gomorrhe » du 21e siècle. « Bottom and so more »…
Mais il est temps pour le chef de l’Etat de dévoiler tout son jeu. Pourquoi ne pas réviser carrément notre devise républicaine ? Je verrai bien, dans le mode « globish » qu’il affectionne, quelque chose comme : « Free market, disruption and big money… Long live the Republic, long live France ! »
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Écrit par : Denis / | 03/05/2018

DOROTHY DAY

> "Macron agit comme s'il pouvait tout se permettre, (...) il mène une bataille d'anéantissement." > En voyant son rictus 'venomien' (je n'en démords pas) sur cette une, j'ai l'impression d'un doigt ou d'un bras d'honneur géant adressé à la France. Y aura-t-il, en effet, réaction du peuple ? Et comment ? En se tournant en 2022 vers les non moins sinistres Wauquiez, Maréchal, Le Pen ? Dorothy Day, priez pour nous !
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Écrit par : Alex / | 03/05/2018

DISRUPTÉE

> La France disruptée = des agriculteurs il se suicident, des chômeurs de père en fils, des familles éclatées...
Génial !!!
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Écrit par : Ludovic / | 03/05/2018

PERDUS EN ROUTE

> La réalité finit ou finira par se dévoiler aux plus naïfs... M. Macron semble très content de ses grandes capacités, qui sont indéniables. Il aime s'écouter parler et prononcer de beaux discours. Mais pour l'instant la situation ne s'arrange pas plus que sous son prédécesseur (dette, sécurité, politique étrangère, situation européenne, fiscalité, etc. : un domaine où ça va mieux ?).
Un brillant esprit, un très bon communicant, certes, mais formaté étroitement par son milieu et ses études. Le bien commun et le rôle - pas seulement symbolique - de "Père de la Nation" semblent perdus en route.
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Écrit par : BCM / | 03/05/2018

@ Alex

> "En se tournant en 2022 vers les non moins sinistres Wauquiez, Maréchal, Le Pen ? "
C'est bien le problème. Là aussi, c'est "there is no alternative".
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Écrit par : Feld / | 03/05/2018

@ Alex et Feld

> "En se tournant en 2022 vers les non moins sinistres Wauquiez, Maréchal, Le Pen ? "
Il existe pourtant une alternative à tous ces sinistres, une analyse clairvoyante, un vrai projet disruptif... et démocratique pour la France.
Pour des raisons que vous comprendrez aisément, ce n'est pas au 20h qu'on vous en parlera.
Ne serait-ce que pour les analyses et les dossiers de fond, vous tirerez profit d'une visite sur le site : www.upr.fr
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Écrit par : Beic / | 03/05/2018

> "Cette interview devrait révolter les catholiques".
Soit, mais une bonne partie du milieu dirigeant de l'Eglise dans notre France a bien contribué à faire le lit du libéralisme.
Pensons à tous ceux qui ont fait la fine bouche face à l'opposition du peuple chrétien aux lois sociétales, depuis la loi Veil à la loi Taubira, en passant par l'affaire de l'école libre sous Mitterrand, et à tout ceux qui ont soutenu la mondialisation et le multiculturalisme.
Ces braves gens ouverts et tolérants ont, comme toute la gauche libertaire, ce qui est l'essence même de la gauche, puisqu'elle ne veut qu'émanciper, créé les conditions du "flottement d'un certain milieu au sein de l'Eglise de France".
Il y aura beaucoup à faire pour redresser les mentalités...

PH


[ PP à PH - Une chose est la complaisance "progressiste" des uns en faveur de Mitterrand (1984), mais une tout autre chose est le tropisme capitaliste libéral de la bourgeoisie française, existant de très longue date et devenu quasi-norme du milieu catho depuis la raréfaction du catholicisme populaire. On l'a bien vu lors des MPT, en constatant, de la part d'une bonne partie du milieu manifestant, une grosse "réticence" (euphémisme) à admettre que les réformes sociétales sont liées à l'idéologie économique libérale. Les catholiques socialisants des années 1970-1980 ont quasiment disparu aujourd'hui ; en revanche, le macronisme domine la bourgeoisie bien pensante... Cf le vote de Versailles à la présidentielle... ]

réponse au commentaire

Écrit par : Pierre Huet / | 04/05/2018

"MY PEOPLE"

> Cet entretien - dont personne ne parle... - est terrifiant, mais ne surprendra que les imbéciles.
Sans blague, il a vraiment dit "my people"???? Comme le Louis XIV de la série de Canal plus ?

Maud


[ PP à Maud - Et Louis XIV disait plutôt : "mes peuples"'... ]

réponse au commentaire

Écrit par : Maud / | 04/05/2018

> "Let my people go..."
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Écrit par : Stanislas Kotska / | 04/05/2018

COMMISSAIRE POLITIQUE

> L'air de perpétuel ravi de la crêche d'Amélie de Montchalin*** ne rassure guère sur ses capacités à l'esprit critique.
Je viens de voir aussi qu'elle était le commissaire politique de LREM : elle est chargée de veiller à ce que chaque élu LREM vote dans le bon sens.
Evidemment chez LREM on appelle ça "le whip" comme dans le pays anglo-saxons.
(pour info whip signifie fouet ; les nigauds perpétuellement souriants sont les meilleurs agents des régimes autoritaires)

***https://www.google.fr/search?q=Am%C3%A9lie+de+Montchalin&safe=off&rlz=1C1GGRV_enFR789FR789&source=lnms&tbm=isch&sa=X&ved=0ahUKEwiJgvmu9-vaAhUFLewKHcMMC7EQ_AUICigB&biw=1920&bih=974
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Écrit par : eric levavasseur / | 04/05/2018

MONTCHALIN

> Quand je vous disais qu'A de Monchalin avait le visage de l'emploi :
https://twitter.com/SudRadio/status/992298344855699457
"Trop de choses dépendent de l’administration, de la technocratie. Nous députés, on nous dit de voter des choses sans forcément bien les connaître", reconnaît @AdeMontchalin, députée @enmarchefr de l'Essonne #SudRadioMatin
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et elle le retwitte !

Non seulement elle accepte la charge de commissaire pol.. -pardon - de surveiller que ses collègues votent selon la consigne mais elle admet qu'elle ne comprend pas toujours ce qu'elle vote !

Écrit par : e levavasseur/ | 04/05/2018

DISCUSSION

> Oui, peut-être, mais je commence à être assez inquiets de ces catholiques qui sous prétexte d'anti-libéralisme (forcément "ultra") se distinguent de moins en moins, sur toutes ces questions, de Jean-Luc Mélenchon, des "Insoumis" (enfin, ça dépend envers qui) et de l'extrême-gauche. Il me semble que c'est le cas parfois du côté de la revue Limite aussi. Attention à ne pas tomber de Charybde en Scylla. Léon XIII n'oubliait pas de fustiger aussi les socialistes qui "poussent à la haine jalouse des pauvres contre les riches". Et Jean-Paul II reprenait sans réserve sa "sévère condamnation de la lutte des classes" (Centesimus Annus, § 5). Or l'extrême-gauche, "Insoumis" compris n'a en rien renoncé à la lutte des classes, attisant sans arrêt la haine dans ce sens (contre le "président des riches", le président "des banquiers", et - oui - contre le (néo)-(ultra)-libéralisme qui n'a plus dans ce cas de définition très précise, mais sert à qualifier tout ce qu'ils détestent). Personnellement, ça m'a beaucoup gêné au sujet de Notre-Dame-des-Landes par exemple. J'étais contre l'aéroport et je me suis réjoui de la décision du gouvernement en janvier. Mais j'avais beaucoup de mal (je n'ai jamais pu le faire) à aller défiler ou même m'engager auprès de militants d'extrême-gauche, qui s'y trouvaient aussi et que l'on retrouve par exemple dans les universités de sciences humaines, bien plus mus par la haine de classe (ou ses variantes venus des campus américains : mixité choisie, interdiction aux "racisés", aux "cisgenres", etc.) que par une saine écologie.

Jean-Michel



[ PP à Jean-Michel

Regardons les faits :

- je ne vois nulle part de chrétiens engagés auprès de groupes politiques guerriers d'extrême gauche ; ni pactisant avec la version "gauche" de l'idéologie d'artificialisation du vivant. Si vous en voyez, ce qui me surprendrait, indiquez-les moi ! (L'idée qu'on les trouverait chez 'Limite' et sa rédactrice en chef journaliste au 'Figaro' a de quoi faire sourire).

- je vois (en revanche) un certain nombre de "cathos" flirtant avec l'extrémisme de l'autre bord et ne s'en cachant pas : ce sont eux qui ont la visibilité dans les réseaux sociaux et la grande presse.

- j'en vois surtout beaucoup, dans la bourgeoisie catholique française, qui tournent le dos aux encycliques sociales parce qu'ils sont rivés à l'une des deux conceptions condamnées par Léon XIII (l'idéologie libérale, et dans une version encore aggravée aujourd'hui). Je viens même de consacrer un petit livre à ce problème : 'Cathos, ne devenons pas une secte'.

- Sur 'Centesimus Annus' : la vision que vous en donnez appelle une remise en perspective !
Chapitre 2, § 14 :
► " Le pape (Léon XIII), bien entendu, n'entend pas condamner tout conflit social sous quelque forme que ce soit : l'Eglise sait bien que les conflits d'intérêts entre divers groupes sociaux surgissent inévitablement dans l'histoire et que le chrétien doit souvent prendre position à leur sujet avec décision et cohérence. L'encyclique 'Laborem exercens', du reste, a reconnu clairement le rôle positif du conflit quand il prend l'aspect d'une « lutte pour la justice sociale » (41) ; et déjà dans 'Quadragesimo anno' on lit : « La lutte des classes, en effet, quand on s'abstient d'actes de violence et de haine réciproque, se transforme peu à peu en une honnête discussion, fondée sur la recherche de la justice » (42)..."

Quant à la situation créée par le capitalisme originel (et reconstituée aujourd'hui par l'empire néolibéral), situation condamnée par Léon XIII et saint Jean-Paul II, elle est décrite en termes sans équivoque dans 'Centesimus Annus', ch. 1, § 4 :
► " Dans le domaine économique, où convergeaient les découvertes et les applications des sciences, on avait progressivement atteint de nouvelles structures pour la production des biens de consommation. On avait assisté à l'apparition d'une nouvelle forme de propriété, le capital, et d'une nouvelle forme de travail, le travail salarié, caractérisé par de pénibles rythmes de production, négligeant toute considération de sexe, d'âge ou de situation familiale, uniquement déterminé par l'efficacité en vue d'augmenter le profit.
Ainsi, le travail devenait une marchandise qui pouvait être librement acquise et vendue sur le marché et dont le prix n'était établi qu'en fonction de la loi de l'offre et de la demande, sans tenir compte du minimum vital nécessaire à la subsistance de la personne et de sa famille. De plus, le travailleur n'était pas même certain de réussir à vendre sa « marchandise » et il se trouvait constamment sous la menace du chômage, ce qui, en l'absence de protection sociale, lui faisait courir le risque de mourir de faim.
La conséquence de cette transformation était « la division de la société en deux classes séparées par un profond abîme » (6). Cette situation s'ajoutait aux transformations d'ordre politique déjà soulignées. Ainsi, la théorie politique dominante de l'époque tendait à promouvoir la liberté économique totale par des lois adaptées ou au contraire par une absence voulue de toute intervention..."

D'où l'insistance des papes à demander :
1. la justice sociale,
2. notamment par l'intervention justicière de l'Etat,
3. sans (bien sûr) tomber dans le totalitarisme du "socialisme" étatique.
Ne retenir que le point 3 en oubliant les points 1 et 2, serait dénaturer la pensée sociale de l'Eglise. Or les points 1 et 2 sont incompatibles avec l'idéologie libérale (cf la polémique excellente du Pr Parker contre les écoles de commerce, note ici en date d'hier)...

Sur la nécessité de changer les structures iniques, constamment rappelée par le pape François, je vous suggère aussi de consulter le document du cardinal Ratzinger de 1986 'Instruction sur la liberté chrétienne et la libération', dans lequel la Congrégation pour la doctrine de la foi, ayant condamné la dérive d'une certaine théologie de la libération, en esquisse une autre qui est pleinement catholique :
► « La priorité reconnue à la liberté et à la conversion du cœur n’élimine nullement la nécessité d’un changement des structures injustes. Il est donc pleinement légitime que ceux qui souffrent de l’oppression de la part des détenteurs de la richesse ou du pouvoir politique agissent par des moyens moralement licites pour obtenir des structures et des institutions dans lesquelles leurs droits soient vraiment respectés…
Un défi sans précédent est aujourd’hui lancé aux chrétiens qui oeuvrent à réaliser cette civilisation de l’amour qui condense tout l’héritage éthico-culturel de l’Evangile. Cette tâche requiert une nouvelle réflexion sur ce qui constitue le rapport du commandement suprême de l’amour à l’ordre social envisagé dans toute sa complexité. La fin directe de cette réflexion en profondeur est l’élaboration et la mise en route de programmes d’action audacieux en vue de la libération socio-économique de millions d’hommes et de femmes dont la situation d’oppression économique, sociale et politique est intolérable…
[Sur] la radicale transformation culturelle indispensable pour résoudre les graves problèmes que notre époque doit affronter [:] la culture que notre époque attend sera caractérisée par la pleine reconnaissance de la dignité du travail humain, qui apparaît dans toute sa noblesse et sa fécondité à la lumière des mystères de la Création et de la Rédemption…
Une telle culture du travail reconnaîtra que la personne du travailleur est principe, sujet et fin de l’activité laborieuse. Elle affirmera la priorité du travail sur le capital et la destination universelle des biens matériels... »

► La critique radicale du capitalisme libéral, et les préconisations non moins radicales pour un changement de société, se retrouvent dans 'Centesimus Annus' aux §§ 34, 35, 36, 38, 39, 40, 42, 43, 48... ]

réponse au commentaire

Écrit par : Jean-Michel / | 04/05/2018

TAMA

> Contre TINA, il y a aussi ceux qui pensent que TAMA :
http://calenda.org/418114
Les titres des interventions de ce colloque de 2017 sont intéressants. Il doit y avoir moyen d'en trouver les actes publiés.
______

Écrit par : Alex | 04/05/2018

@ PP

1-La complaisance libertaire-progressiste de trop de catholiques, y compris (et surtout?) dans le milieu dirigeant de l'Eglise, est bien antérieure à l'époque Mitterand.
Illustration: la lettre pastorale du cardinal Marty, archevêque de Paris, lâchant en plein mai 68 "Dieu n'est pas conservateur". En un certain sens, oui, mais dans ce contexte, ce ne pouvait être perçu que comme un approbation. Ou alors c'était un idiot, peu probable et pas plus rassurant mais pas pire. Ce n'est pas tout de lancer une belle formule, mais il faut penser à sa perception!
2-Au risque de me répèter: le catholicisme populaire de jadis à été poussé dehors par le mépris dudit milieu dirigeant. Il renaît maintenant en France métropolitaine, essentiellement grâce à l'immigration d'Outre-Mer, d'Afrique ou du Levant, dans les dynamiques paroisses Chaldéennes. Mais il est peu présent dans les médias et les directions de mouvements.
C'est peut-être mieux ainsi.

PH


[ PP à PH - Vous prouvez ainsi que les progressistes d'hier ont préparé le terrain aux libéraux-libertaires d'aujourd'hui. Je suis d'accord là-dessus.
On peut dire la même chose de Mai 68, en dépit de la célébration bêta qui en est faite ces jours-ci. ]

réponse au commentaire

Écrit par : Pierre Huet / | 05/05/2018

BONS MESSIEURS

> Macronolâtrie hébétée des bons messieurs, encore si ravis de l'hommage rhétorique de Macron au passé catholique ("la sève") qu'ils en oublient sa politique concrète. Ils auront bonne mine au déballage des nouvelles lois bioéthiques. Ou peut-être que sous Macron "leader du free market" les nouvelles moeurs sont moins choquantes que sous Hollande le bolchevik bien connu ?
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Écrit par : B. Le Diberder / | 05/05/2018

"POUR LES BLACK BLOC, LA HAINE DU FLIC
IMPORTE PLUS QUE LES LUTTES SOCIALES"

> FigaroVox, 5/05, le politologue Marc Crapez interrogé sur le Black Bloc. Extrait :

« Q. - Que sont exactement les Black Bloc ?

R. - Beaucoup sont des enfants de la bourgeoisie, ou ont une activité professionnelle prestigieuse. Dans une université, j'ai croisé un professeur titulaire qui arborait, au vu et au su de tous, un uniforme de Black Bloc, tout en se revendiquant anarchiste. Mais ces individus ne sont nullement des libertaires à cheveux longs et chemises à carreaux.

Q. - Ces individus sont-ils très différents des autres militants d'extrême gauche, restés à l'écart des violences?

R. - Oui, ils n'ont que faire du social... Ils dérivent de courants d'extrême-gauche baptisés autonomes ou alternatifs, basés sur la haine de la police et de l'État-nation. Les Black Bloc ne déclament pas de slogans, commettent à peine quelques graffitis. Leurs coups d'éclat ressemblent à la “propagande par le fait”, ces bombes anarchistes de la fin du XIXe siècle. Il s'agit de narguer les autorités. »
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Écrit par : luça / | 05/05/2018

@ Jean-Michel,

> Merci d'introduire la notion de lutte des classes. En tant qu'Insoumise chez les Insoumis, catholique issue des milieux de la droite bourgeoise conservatrice, j'ai cette chance inconfortable de fréquenter différents bords qui ne s'aiment pas vraiment.
Or force m'est de constater que la haine de classe est principalement de culture bourgeoise, qu'elle se dise de droite traditionnelle, d'extrême droite ou de gauche. Railler en permanence la populace avec des blagues entendues, se gausser de ses fautes de français (jusqu'à Marlène Schiappa hier), répéter à l'envie devant sa progéniture nécessairement supérieure que les ouvriers sont des fainéants vicieux qu'il faut serrer de près pour ne pas qu'ils vous poignardent dans le dos: je n'ai jamais entendu l'équivalent dans le peuple, qui se contente de constater avec fatalisme, quand une situation le met en confrontation directe avec "un de là-haut":"on n'est pas du même monde". Ah, ces affiches anti-bolchéviques qui hantent encore l'imaginaire bourgeois, quel pouvoir sur l'inconscient que la propagande! Jusqu'à combien de générations?
Or, à propos d'affiches justement, celles d'un certain Ménard, professionnel de la communication, depuis longtemps me révulsent par leur haine au kilo et leur bêtise xénophobe comme machiste. Qui sème la violence récolte...un passage à tabac qu'évidemment je condamne, mais qu'il a sciemment cherché.
Et là aussi je retrouve ce matin sur le net les vieux réflexes claniques d'une bourgeoisie de classe qui, sans jamais que j'en ai vu parmi eux s'indigner de la propagande biterroise, pleurent leur héros au sol et crient à l'attentat crypto-bolcho-populo. Bref, étant tout autant que vous contre la haine des classes, je suis d'abord anti-culture bourgeoise, à mon sens une persistance de paganisme qui a su survivre et prospérer même en se drapant des vêtements du baptême sans renoncer à ses idoles, ici le clan comme ailleurs la race, ni plus ni moins au fond que les mafias italiennes.
Il n'est pas étonnant de ce fait que cette bourgeoisie aime tant se retrouver en bonne compagnie d'extrême droite, fascistes, nazis, même si ceux-ci ne s'embarrassent pas de tels accoutrements pseudo-chrétiens: ils adorent au fond les mêmes dieux païens, du foyer, du clan, de la tribu.
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Écrit par : Anne Josnin / | 06/05/2018

COMME DES DIEUX

> Sans perdre de vue la nocivité de l'attrait de l'argent qui a la double séduction d'être un bien matériel et une certaine rationalité, n'oublions pas, face aux questions bioéthiques, que la tentation primordiale relatée dans la Genèse est: "vous serez comme des dieux, connaissant (donc en décidant) le bien et le mal". Ce n'est qu'ensuite que vient le besoin de bien matériel "ils virent qu'ils étaient nus".
Sur le "flottement d'un certain milieu" catholique, opposé aux lois "sociétales" et attaché au libéralisme: ne serait-ce pas l'effet d'un tropisme vers les Neocons américains qui font les mêmes choix, mais notre milieu flottant oublie qu'ils sont en majorité protestants évangéliques ou juifs, et non catholiques ?

PH


[ PP à PH - Oui, ils oublient cet aspect des choses. Ou plus exactement : ils ne veulent pas en tenir compte. Ces gens parlent souvent de religion (et en quels termes), mais le facteur déterminant dans leur esprit - au fond - c'est le réflexe libéral en idéologie économique : là sont les choses sérieuses, n'est-ce pas, et "nous ne devons pas gêner une politique d'ensemble qui va dans la bonne direction"... Raison pour laquelle de pieux messieurs vont accepter de M. Macron des mesures bioéthiques qui les eussent "révoltés" de la part d'un socialiste. ]

réponse au commentaire

Écrit par : Pierre Huet / | 06/05/2018

@ PP et Anne

> Merci pour vos réponses qui peuvent m'aider et aider d'autres encore à préciser nos pensées. La réponse de PP est quasi-juridique : elle renvoie au textes. C'est nécessaire. Mais ce n'était pas tout à fait le sens de ma question ou de mon inquiétude, qui portait plus sur quelque chose de l'ordre de la "tonalité" (je ne sais pas comment l'appeler autrement) ainsi que sur les compagnonnages que l'on accepte ou non.
De ce point de vue, la réponse d'Anne est plus proche du sujet, tel que je voulais le poser. Contrairement à Anne, je ne viens pas de la droite bourgeoise conservatrice. Si l'on veut parler en termes de classes, disons que je viens de l'une des ces familles, elles sont nombreuses, dont l'accession à la classe moyenne est très récente. Il suffit de remonter à la génération des grands-parents pour ne plus trouver que des petits paysans, des pêcheurs de sardine ou des ouvrières d'usine (les conserveries). Dans ces familles, l'ascension sociale s'est faite grâce à l'école (privée catholique en l'occurrence, mais dans d'autres familles ça aura été l'école publique). Elle est d'ailleurs très relative, très inégale et parfois fragile (frères, soeurs, cousins, cousines ont des situations très différentes). Rien à voir avec la grande bourgeoisie, qu'elle soit à dominante économique ou culturelle.
Et je n'ai pas besoin de me plonger dans la littérature ou les livres des "sociologues des riches" (Pinson et Pinson-Charlot) pour savoir que, oui, il existe une haine de classe bourgeoise que vous décrivez très bien, Anne.
Mais justement : je n'ai pas besoin non plus de la littérature pour savoir que les schémas binaires, marxistes ou crypto-marxistes, 1° - décrivent très mal la complexité du réel, 2° - trompent ceux-là même qu'ils prétendent défendre en leur vendant de fausses solutions. C'est bien un tel schéma binaire que l'on trouve chez les Insoumis, auxquels vous dites appartenir. On le trouve d'ailleurs dans votre commentaire qui oppose sans grande nuance le "peuple" (et son fatalisme) à la "bourgeoisie" dont l'expression politique irait, si je vous suis, de Macron à Ménard.
À vous lire (mais je sais aussi qu'un commentaire de blog n'est pas propice à une expression nuancée de la pensée) et à lire de nombreuses critiques du "libéralisme" de Macron, il n'y aurait guère de différence entre tout ça: il n'y aurait qu'une vaste "bourgeoisie" qui de Macron à Ménard (ou des électeurs de l'un aux électeurs de l'autre) "aime tant, comme vous dites, se retrouver en bonne compagnie d'extrême droite, fascistes, nazis". C'est bien évidemment faux. D'où l'inquiétude que j'exprimais dans le premier commentaire. Et l'invitation à ne pas tomber de Charybde en Scylla.
Après la guerre 14-18, la crise du libéralisme (cf. Marcel Gauchet) avait conduit les uns vers le fascisme, les autres vers le communisme. Ils n'étaient pas si nombreux ceux qui, comme Maritain, refusaient à la fois le totalitarisme de la race, de la classe et de la nation (Humanisme intégral). Le risque existe de nouveau aujourd'hui. Nous sommes de nouveau confrontés à une crise du libéralisme (liée pour une part à sa propre hybris). Elle conduit certains vers un "catholicisme" identitaire (les athées pieux) que décrit très bien PP (mais chez eux aussi, très souvent, on déteste le "banquier" Macron pour son "ultralibéralisme"). Elle conduit d'autres à accepter au moins un compagnonnage avec les tenants d'une pensée marxiste ou crypto-marxiste, qui, si elle n'a pas encore ressuscité le totalitarisme du socialisme étatique, y conduirait nécessairement (les mêmes causes produisant les mêmes effets).
Je continue à penser que les uns comme les autres se trompent et trompent ceux qui les suivent. Dans l'ordre de la cité terrestre, je ne pense pas qu'il y ait de solution en dehors de la médiété (pour parler comme Aristote) et pour notre époque en dehors des régulations (à trouver) que permettent les démocraties libérales.

Jean-Michel


[ PP à Jean-Michel - Merci de votre réponse-témoignage. Deux simples précisions :
- je n'ai pas voulu faire une réponse "juridique" (ce n'est pas mon genre !), mais rectifier l'impression que votre citation de 'Centesimus Annus' pouvait donner à qui n'aurait pas lu cette encyclique.
- Les "athées pieux" sont rarement anti-libéraux en économie ; ou s'ils jouent les señoritos en colère, il suffit de voir qui finance leurs publications.
- Pour qu'il y ait "démocratie libérale" (au sens purement politique), il lui faudrait pouvoir fonctionner indépendamment du joug de l'Argent. Ce n'est de toute évidence pas le cas... ]

réponse au commentaire

Écrit par : Jean-Michel / | 07/05/2018

à AJ - Votre message à Jean-Michel est déjà en ligne (06/05).
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Écrit par : PP à Anne Josnin / | 09/05/2018

RÉFLEXE DE CLASSE

> La grosse bourgeoisie catholique de droite adore Macron comme hier les petits bourgeois cathos de gauche adoraient Delors : désir de se voir reconnus (par l'image de papa), beaux sentiments faciles car vagues et engageant à rien, et prétention à être plus réalistes que l'enseignement de l'Église (dont on ne connaît que la caricature donnée par les ennemis de l'Église ce qui prouve qu'on écoute plus les ennemis de l'Église que l'Église elle-même).
Aujourd'hui cette grosse bourgeoisie catholique qui adore Macron le fait comme hier elle adorait Giscard : un réflexe de classe en dehors de toute cohérence avec la foi qu'elle dit avoir.
Réflexe de classe inévitable dès lors que l'opposition au pseudo progrès est résumée par "être membre de la France bien élevée"...
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(et pourtant l'auteur de cette formule aussi stupide que malheureuse, savait pourquoi elle s'opposait)
Quant aux petits bourgeois cathos de gauche ils votent aujourd'hui plutôt Insoumis ce qui est en totale contradiction avec leur précédente adulation pour Jacques Delors !
Les bourgeois catholiques de droite ont cru qu'ils allaient couillonner Fillon avec Sens Commun. Ils n'ont fait que lui apporter leurs voix.
Il en va de même pour Mélenchon. Quelqu'un qui fait d'Alexis Corbière son bras droit.
Peut-on christianiser les Insoumis ?
Un Catholique avec Mélenchon ne risque-t-il pas de connaître le même destin que Sens Commun ?
D'autant plus que Mélenchon est une véritable girouette. Il ne renie même pas le fait d'avoir voté OUI au traité de Maastricht l'un des point de départ du coup d'Etat permanent contre le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes et plus : à être eux-mêmes.
Il s'entoure de communautaristes (le communautarisme n'est qu'une variante du nationalisme) et de gens haineux envers les religions en sorte qu'être membre des Insoumis pour un catholique c'est comme être membre d'Action française pour quelqu'un qui se voulait fils aimant de l'Église.
Peut-on reprocher le réflexe de classe de la bourgeoisie catholique et passer sous silence le communautarisme militant au sein de la France insoumise ?
A vrai dire le but n'est pas de christianiser : être catholique chez les Insoumis pour leur montrer que "les cathos sont sympas ".
Mais d'évangeliser, d'être missionnaire.
Évangéliser n'est pas être angélique.
L'appartenance à un parti ou non n'est qu'une question de moyen ; ce moyen est-il le bon ou une perte de temps.
Je ne doute pas de la bonne foi et du dévouement de ceux qui croient pouvoir servir Dieu et la patrie en s'engageant dans un parti politique.
Mais j'y vois plus la charge d'Azincourt que celle de Patay.
Plutôt que les partis politiques le pape François dit qu'il vaut mieux faire autre chose.
Vivre vraiment chrétiennement, se former pour ne pas suivre ses propres idées mais l'enseignement du Christ, être omniprésent socialement pour ne pas avoir une foi que de paroles et éviter de vivre dans sa bulle, communier et se confesser régulièrement pour ne pas se prendre pour des sauveurs, créer tout un réseau un maillage sur toute la France avec l'Église et non parallèlement à elle et aux Francais: une vraie petite église domestique pratiquant la petite voie de sainte Thérèse de Lisieux.
Tout le monde, tout Catholique est d'accord avec ça évidemment.
Mais justement je pense que si en plus de cette vie cohérente on appartient à un parti politique, l'activité au sein de ce parti prendra le dessus,sera au mieux une perte de temps.

Il vaut mieux inviter des membres de partis politiques à des sessions de formation à
la doctrine sociale de l'Église plutôt que s'engager dans ses partis sous prétexte que deux ou trois idées nous plaisent.
On évangélise les prostituées mais on ne bénit pas les maisons closes.

Ce qui me navre c'est qu'aujourd'hui l'évangélisation se résume à de grands raouts, des concerts, des trucs mondains et américanisés (comme si on avait honte d'être soi-même) mais personne ne parle d'avoir un vrai enseignement catholique alors que des centaines de milliers d'enfants y passent chaque année.

Écrit par : e levavasseur/ | 09/05/2018

Cher Jean-Michel,

> merci de m'obliger à préciser ma pensée.
Par bourgeoisie je crois que j'entends justement cette façon de penser et plus encore de vivre selon cette vision binaire que je désapprouve autant que vous. Elle consiste à distinguer une élite hyper-organisée, qui serait naturellement ou culturellement faite pour diriger et dont les besoins matériels seraient légitimement supérieur à la moyenne, face à des peuples, communautés culturelles, sous-groupes, inférieurs ...que cette même bourgeoisie s'est de fait attachée à transformer en agrégat informe d'individus interchangeables. Et comme elle a l'art de la mise en scène elle a réussi à nous convaincre que c'était le peuple qui avait inventé la lutte des classes, quand c'est elle qui, lors de la Révolution de 1789, a réussi ce tour de passe-passe de nous faire adopter pour régime démocratique un système représentatif. Sachant que la bourgeoisie ne se distingue justement du peuple dont elle est issue que par cet art/artifice de la représentation ("la France bien élevée").
Que ce soit aussi par le biais du vote censitaire ou de campagnes coûteuses pour lesquelles il faut jouir d'un réseau de relations influentes, le pouvoir retombait aux mains de cette élite, et le peuple se retrouvait floué. Comme alors en théorie tout citoyen peut se présenter, et qu'il n'y a point de gens du peuple au pouvoir, on en peut tirer preuve de l'infaillibilité de ce dogme de la cordée: une classe dirigeante auto-organisée tirant vers ses objectifs des individus exécutants inaptes à s'organiser par eux-mêmes (sauf pour causer des insurrections sanglantes dont il faut à tous prix se prémunir).
Une grande exception fut le gouvernement issu de la victoire de 45: cette belle classe bourgeoise, à l'exception d'individualités remarquables qu'on aurait anoblies sous d'autres régimes, s'étant vautrée dans une collaboration abjecte, était momentanément hors-jeu. (A jouer de la représentation en permanence, on se fait avoir par plus présentable que soi, et les Nazis, étaient tout-de-même gens délicieusement bien élevés, n'est-il-pas). Ce furent aussi les réseaux de résistance, avec tout leur nuancier de convictions et d'origines, qui reconstruisirent la France que nos politiques démontent aujourd'hui à grands coups de bulldozers, comme ailleurs ils font dans les forêts nourricières, pour des rangées de palmiers à huile stériles. C'est que la notion d'écosystème comme de peuple en vision binaire est incompréhensible: la complexité des équilibres comme la loi fondamentale de l'entraide n'entre pas dans leurs logiciels. Il n'entre que la loi du plus fort et donc de la concurrence universelle.
Et c'est là où je veux en venir: les Insoumis de sont pas dans une optique de lutte des classe parce qu'ils sont autant lecteurs de Rabhi que de Marx (sinon plus), et que le projet de VIe République rompt avec cette vision duelle pour entrer dans l'ère de l'entraide, où chacun devient participant de la construction d'un avenir commun.
Face à la crise du vivant, d'une ampleur inédite dans l'histoire de l'humanité, nous n'avons plus le luxe de nous opposer: soit nous choisissons de donner une chance à l'avenir (les scientifiques ne cessent de nous le rappeler: nous avons 20 ans pour changer radicalement nos modes de vie, au niveau mondial, après la 6e extinction du vivant nous sera devenue totalement hors contrôle), soit de fait nous choisissons le suicide collectif. Notre Pape ici ne dit pas autre chose.
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Écrit par : Anne Josnin / | 09/05/2018

"Éviter de vivre dans sa bulle"

> Je ne sais pas si j'ai vraiment perçu celle dans laquelle vous vivez,voici la mienne.
Je suis de la France d'en bas (un ministre de Sarkozy ?), des sans dents (Hollande), des fainéants (Macron), des illettrés Macron again). Pendant des années je me suis levé, une semaine sur deux, à 4 h du matin pour être à 5 heures pétantes désinfecté et en tenue de travail accrocher des carcasses de poulet sur un rail avec 2 x 1/4 d'heure de pause chronométré à la pointeuse au milieu de 7 heures de rang. 1/4 d'heure, le temps de boire un café et fumer deux cigarettes d'affilée et d'y retourner vite fait sinon ce sont les collègues que tu emm... Et la semaine suivante de 14 à 20h. Et ta vie c'est ça, payé au smic, et ce ne sera rien d'autre sauf si ... j'ai vu des collègues disjoncter, se mettre tout à coup à balancer des poulets à travers l'atelier en hurlant des gros mots, courir vers le vestiaire et ne plus jamais revenir.
J'ai vu aussi aux informations nationales des usines qui fermaient et des gens désespérés au point de vouloir faire péter leur lieu de travail avec des bonbonnes de gaz (ce qui bien compris est une sorte de suicide).
J'ai évolué, heureusement car les derniers temps j'allais au taf avec une boule de billard dans l'estomac, je suis maintenant magasinier cariste, je rencontre de temps en temps parmi les chauffeurs poids-lourds qui n'en peuvent plus, certains qui ont envie que tout explose ou de massacrer Macron.

Jésus disais qu"il fallait rendre à César ce qui appartient à César mais n'a pas interdit d'utiliser la monnaie romaine.
Alors, je vote insoumis en toute conscience. Je ne suis pas militant et je remercie ceux qui militent. Je défends juste ma cause auprès de mes collègues et des chauffeurs dont je charge le camion sinon je ne sais pas où ils iraient voter.

Je n'inviterai pas de membres de partis politiques je crains de n'avoir que l'envie de leur botter les fesses. Et puis ne vous illusionnez pas, ils vous diront oui-oui avec un grand sourire Colgate et repartiront content d'avoir capté vos voix.
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Écrit par : Yvan / | 09/05/2018

> Merci Yvan pour ce témoignage fort, qui me touche au plus profond, merci pour votre courage de tous les jours dans ce combat pour vivre.
Vos mots entrent en résonance avec ma lecture d'hier, d'Edouard Louis: "Qui a tué mon père".

Cet extrait, après qu'il ait raconté que suite à l'augmentation de la prime de rentrée de près de 100 euros, son père les avait tous emmenés à la mer:

"Chez ceux qui ont tout, je n'avais jamais vu de famille voir la mer pour fêter une décision politique, parce que pour eux une décision politique ne change presque rien. Je m'en suis rendu compte quand je suis allé à Paris, loin de toi: les dominants peuvent se plaindre d'un gouvernement de gauche, ils peuvent se plaindre d'un gouvernement de droite, mais un gouvernement ne leur cause jamais de problèmes de digestion, un gouvernement ne leur broie jamais le dos, un gouvernement ne les pousse jamais vers la mer. La politique ne change pas leur vie, ou si peu. Ça aussi c'est étrange, c'est eux qui font la politique alors que la politique n'a presque aucun effet sur leur vie. Pour les dominants, le plus souvent la politique est une "question esthétique": une manière de penser, une manière de voir le monde, de construire sa personne. Pour nous, c'était vivre ou mourir. " (p.78)
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Écrit par : Anne Josnin / | 10/05/2018

UN COUPLE

> À propos de cette "France bien élevée", j'ai eu il y a quelques années l'opportunité d'en côtoyer plusieurs de ses membres : Madame, professeur des universités émérite ; Monsieur, chef d'entreprise. Villa dans un "quartier fermé" sécurisé avec jardin (et jardinier pour s'occuper des fleurs). Messe en latin le dimanche et haine de Sartre ("je le vomis" m'avait un jour dit Madame), des communistes, de Mitterrand et des syndicats. Leur fille, haut fonctionnaire international à New York, vivait alors en couple avec un Antillais. "Vous rendez-vous compte..." m'avait dit Madame, atterrée. Son mari avait d'ailleurs décidé de ne pas les recevoir. Quand on est de la "France bien élevée", n'est-ce pas, cela ne se fait pas d'épouser un Noir... Mais bien entendu, on continue de communier sans complexe à la messe. Ces gens ne sont plus aujourd'hui mes amis : leur éloignement des valeurs évangéliques (tout en se disant plus cathos que les cathos) m'avait alors profondément choqué.
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Écrit par : Philippe de Visieux / | 11/05/2018

@ Philippe de Visieux :

"Leur fille, haut fonctionnaire international à New York, vivait alors en couple avec un Antillais."
Antillais qui, chaque dimanche, remplissent l'église de ma paroisse de banlieue parisienne (quasiment la moitié de l'assistance ! Plus de la moitié si on y ajoute les personnes originaires d'Afrique subsaharienne).
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Écrit par : Feld / | 11/05/2018

"ÉLITES"

> Sur l'urgence du combat à mener, je découvre sur le tard cet excellent article du… ‘Figaro’ (!), à lire et méditer : « La sécession des “élites” ou comment la démocratie est en train d'être abolie », par l'essayiste Coralie Delaume. Où l'auteur dénonce la construction européenne en ce qu'elle constitue « un formidable outil de déresponsabilisation des “élites” nationales »
http://www.lefigaro.fr/vox/societe/2018/04/20/31003-20180420ARTFIG00185-la-secession-des-elites-ou-comment-la-democratie-est-en-train-d-etre-abolie-par-coralie-delaume.php
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Écrit par : Denis / | 11/05/2018

@ Yvan

> "repartiront contents d'avoir capté vos voix." Justement c'est ce que fait Mélenchon.
Vous dites que vous aimeriez botter le derrière des politiciens mais Mélenchon en est un et vous votez pour lui. Visiblement vous en êtes content.
Jésus n'a pas interdit d'utiliser la monnaie romaine mais il n'a jamais prêché pour l'utilisation de la fausse monnaie comme le sont ces partis politiques coupés du monde et vous le savez.
Comme dit précédemment ce qui est évangélique n'est pas angélique : Jésus prêchait à tous il ne se faisait aucune illusion mais il était venu pour dire les choses.
Navré que cela ne vous convienne pas mais c'est notre devoir de dire les choses : " malheur à moi si je n'annoncais pas l'Évangile".
Je n'ai pas dit d'inviter les élus qui feront exactement ce que vous dites d'autant plus facilement que les gens comme vous votent pour eux mais j'ai dit d'inviter des gens, les militants et ceux qui se sentent proches de tel ou tel parti.
Le vote-soulagement j'ai essayé ça n'apporte rien.
Le genre de vie professionnelle que vous décrivez je l'ai vécu mais que pendant 3 ans et j'avais la chance de me lever 1h après vous.
J'étais au SMIC je travaillais aux archives qui étaient installées dans les caves des immeuble où étaient les boîtes d'assurances où j'étais embauché pour de courtes missions successives.
C'était dans les quartiers haussmanniens où sont ces entreprises. Les caves étaient à pierres apparentes noirâtres avec la lumière qui pendouillait du plafond. Toute la journée j'imprimais des contrat issu des Archives.
Chaque matin j'avais des contrats en microfilms (à l'époque c'etaient des microfilms) à imprimer et réunir en dossiers. Il fallait qu'ils soient prêts tôt le matin pour que les kékés mal élevés des bureaux les trouvent en arrivant vers 9h.
Pour m'asseoir j'avais un tabouret bancal parce que le sol n'était pas droit.
Je n'avais évidemment pas le bruit que vous deviez avoir je n'avais pas la lumière du jour, pas plus que vous je suppose; le chauffage ça allait.
Évidemment pas un merci, jamais personne n'est descendu dans la cave.
C'est plus tard avec le recul que je me suis rendu compte des conditions de travail dans lesquelles j'avais travaillé ; sur le moment je voyais que j'avais un salaire et le restaurant d'entreprise.
En sortant je voyais les beaux magasins.
Ça a duré 3 ans entrecoupé de période de chômage ou comme vous le savez on se demande vraiment ce qu'on va devenir.
Je n'avais pas le bruit de la chaîne comme vous j'avais le silence solitude complète je n'en parlais pas à ma famille pour ne pas leur faire de soucis; officiellement tout allait bien j'étais dans une boîte d'assurance.
Il y a plusieurs personnes sur ce blog à avoir vécu ce genre de vie.
Chez moi il n'y avait pas de douche il n'y avait qu'un lavabo je me lavais donc par petit bout et les toilettes étaient à partager sur le palier. J'y ai vécu 7 ans en tout.
Pour monter chez moi je prenais l'escalier de service et je devais enjamber les sacs poubelles que les gens des appartements y déposaient depuis la porte de leur cuisine (persuadés que personne ne passait par là où sen fichant complètement), en attendant de les descendre dans le local poubelle.
Ensuite j'ai évolué : on m'a confié la revue de presse sauf qu'elle devait être prêtre elle aussi pour 9h donc toujours lever très tôt ça prend du temps à faire mais au moins je pouvais me servir de mon cerveau.
Ensuite le grand bond : j'ai appris que là-haut tout là-haut dans l'immeuble quelqu'un avait dit "tiens il y a pas un gars qui imprime les dossiers ? il pourrait scanner les archives. Comme ça on pourra les consulter directement sur l'écran."
c'était l'époque où les archives passaient sous informatique. scanner scanner scanner toute la journée.
et puis un jour j'ai envoyé une lettre spontanée à un grand groupe et je me suis retrouvé dans un bureau.
j'ai pris un studio avec une douche des toilettes à moi j'ai intégré un groupe de prière j'ai commencé à croire à l'Espérance et je me suis marié.
Tout allait mieux mais c'était quand même la maison des fous ; arrêté pendant presque 1 an; l'eczema, la boule au ventre et au sternum, je connais.
Tous les deux nous allons ouvrir une maison d'accueil qui s'appellera Laudato Si dans le Lot entre Figeac et Rocamadour où tout le monde sera le bienvenu.
Il y a des moments où nous nous demandons si ce n'est pas une fuite, une solution de facilité.
J'espère ne pas avoir manqué de pudeur en racontant tout ça.
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Écrit par : E levavasseur / | 11/05/2018

à E levavasseur

> Ne vous inquiétez pas, vous n'avez pas plus manqué de pudeur que moi.
Reste que les Insoumis sont encore les seuls qui ne nous aient pas mentis par leurs actes, c'est à dire les derniers qui soient encore crédibles.
Je ne sais pas si cette insoumise vote Insoumis :
https://www.youtube.com/watch?v=oJW2lta_D9k
Paroles : https://genius.com/Keny-arkana-la-rage-lyrics
Ce sont mes préférées de Keny Arkana.
Mais elle chante ça aussi :
https://www.youtube.com/watch?v=z3luFNPwsII
Et ces trois liens :
https://www.youtube.com/watch?v=zAMD_mHjgec
https://www.youtube.com/watch?v=ERYbBKffvz0
https://www.youtube.com/watch?v=FesmNeYCjM8

Mes amitiés à vous, à vous aussi Anne et à tous ceux qui fréquentent ce blog, et à son auteur aussi bien entendu.
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Écrit par : Yvan / | 11/05/2018

@ Anne

> Votre indignation au sujet des attitudes d'une certaine France "bien élevée" est juste. Elle était déjà celle de Mauriac et de Bernanos pour ne citer qu'eux.
Je ne partage pas en revanche les illusions des Insoumis que vous dites autant lecteurs de Rabhi que de Marx. Car ce que je vois, ce sont les leaders de LFI, à commencer par Mélenchon et Corbière, trotskystes, robespierristes (mais certains militants bien endoctrinés que je peux côtoyer au quotidien sont de la même pâte). Je vois leur admiration jamais complètement démentie pour le Vénézuela de Chavez ("l'idéal inépuisable de l'espérance humaniste, de la révolution" disait Mélenchon à la mort du dictateur; traduire: tous pauvres sauf Maria Gabriela la fille du chef). Je vois leur attitude pour le moins ambiguë au sujet de Poutine.
Bien sûr, Mélenchon en Russie rencontre Oudaltsov et pas Medvedev ou Poutine lui-même, en insistant sur le fait qu'Oudaltsov est le leader du "Front de Gauche" russe (https://www.leftfront.org/?lang=en). Mais ce Front de Gauche là s'associe sans problème avec les léninistes les plus nostalgiques de 1917. Il a d'ailleurs soutenu pour la présidentielle de mars la candidature de Groudinine, parfait nomenklaturiste ancien style, ayant su néanmoins s'enrichir dans le contexte post-soviétique, et candidat du KPRF, lui-même héritier du KPSS qui gouverna l'URSS de la façon que l'on sait pendant 70 ans. Ce KPRF développe depuis le milieu des années 1990 une doctrine "originale" (si j'ose dire) qui mélange allègrement Lénine, Staline et "sainte Russie" orthodoxe, un "kasha" qui ferait pâlir d'envie nos athées pieux les plus maurrassiens (car l'usage qu'ils font de l'Église est exactement le même) et qui s'accommode très bien du même "kasha" dans la version "Russie Unie" (le parti de Poutine). Voir au sujet de cette association Église-État le film 'Leviathan' d'Andreï Zviaguintsev.
Si l'on veut trouver en Russie des interlocuteurs et des références pour parler de Laudato Si et pour approfondir notre compréhension de ce que peut être une écologie intégrale, ce n'est certainement pas du côté des ces trotsko-lénino-marxistes qu'il faut aller voir. Mais plutôt du côté de Soljénitsyne et de Sakharov (voir déjà leurs textes des années 1970). Et évidemment aussi de grandes références du christianisme orthodoxe de saint Serge de Radonège à Pavel Florenski et Alexandre Men (tous les deux assassinés par le NKVD-KGB). Mais chut, ça risquerait de déplaire à nos robespierristes.
Bref, je n'accorderais pas ma confiance une seconde, ni comme militant ni comme électeur, à ces politiciens professionnels que sont les citoyens Mélenchon et Corbière. Je vois trop bien ce que ça pourrait donner si par malheur ils parvenaient au pouvoir.
Je vais peut-être déclencher des foudres théologiques en concluant comme je vais le faire, mais la révolution (de gauche, de droite, islamique comme en Iran, etc.) ne garantit jamais la conversion. En laissant croire qu'il existe une solution politique (dans la cité terrestre) au problème du mal, elle tend même à détourner de la nécessité de la conversion et ne fait jamais que remplacer une caste politique par une autre, parfois et souvent pire que la première. Quand le jeune homme riche s'en va tout triste (Mt 19,22) le Christ ne dit pas à ses disciples "courez lui après et taxez le". Il le laisse libre, mais il souligne combien est difficile la conversion, possible néanmoins avec l'aide de Dieu. Les hommes du Moyen Âge l'entendaient peut-être mieux que nous qui sommes les héritiers des grandes idéologies politiques des 19e et 20e siècles, ayant toutes prétendu réaliser sur terre la cité idéale.
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Écrit par : Jean-Michel / | 12/05/2018

> Il y a plein de choses que dit Mélenchon et qui sont mes idées aussi:
-renégociation des traités européens, dévaluation de l'euro, refus du CETA ; Dupont-Aignan dit la même chose
-référendum d'inititative citoyenne : oui mais c'est le "référendum d'initiative populaire" du FN depuis les années 80 & de Dupont-Aignan
-Casier judiciaire vierge pr être élu : 100% oui (et le FN & Dupont-Aignan le disent aussi)
-sortie de l'OTAN (comme le FN mais la Marion semblant atlantiste au plan économique...)
-service citoyen obligatoire : oui 100%
-baisse de l'impôt sur les sociétés (s'il s'agit des PME-PMI,qui sont les premières employeuses en France les plus performantes en comparaison des grands groupes et les plus taxées, oui ! enfin !) parallèlement à une taxe sur les opérations boursières : TB !
-refus de la GPA : bravo !

-mais Mélenchon se contredit puisqu'il veut le "droit à la PMA". Or la PMA par donneur anonyme, c'est de la Fécondation Pour Autrui FPA : la même chose que la GPA mais en sens inverse !
Il semble que ce qui le choque dans la GPA c'est que c'est payant (contrairement à la FPA): mais si ça devient gratuit, si l'on présente les choses comme un simple remboursement des frais quotidiens, que dira t-il ?
-Il est très flou (euphémisme) sur l'agriculture.
-Il parle de "100% d'énergie renouvelables" mais qu'est-ce que ça veut dire ?
biomasse ? solaire ? geothermie ? éolien ? bio carburant ? tout ? il ne dit RIEN
S'il parle de d'abord à diminuer la conso d'énergie, il ne dit rien sur la nature des énergies renovelables ; son livret est creux & prend les gens pr des cons : https://avenirencommun.fr/le-livret-energie/
parle-t-il des éoliennes fabriquées en Allemagne et bétonnant les campagnes, enlaidissant les paysages, le tout pr une production complètement aléatoire (en fonction... du vent !) qui entraîne obligatoirement, pour compenser, un appel aux centrales... thermiques !! c'est-à-dire les plus polluantes ?!
ou des panneaux solaires dont les matières 1ères sont extraites dans des conditions polluantes & humainement inadmissibles en Amérique du sud ? (le panneau photovoltaïque produit-il plus d'énergie qu'on en a mis à le fabriquer?)
parcs éoliens ou solaires prennent bcp d'espace : au détriment des zones naturelles & de l'agriculture, comme le bio carburant.

-Le communautarisme ambiant à LFI qui va à l'encontre de l'unité de la république que Mélenchon invoque sans cesse (avec raison),
-le laïcisme (clin d’œil aux frères 3 points comme à l'extrême gauche) stupide et borné contradictoire avec les très nombreuses références historiques des discours de LFI & qui est un enfumage ("le cléricalisme voilà l'ennemi") alors que c'est la division communautaire & l'individualisme libéral
-Le "droit à la PMA" : clin d’œil aux bobos ; productivisme industriel appliqué à l'humain
-Le droit au suicide en totale contradiction avec l'idée même de médecine, de politique sociale, de solidarité : une désertion de l'humanité !
Je ne peux pas !
-Il parle de régulariser les sans papiers qui travaillent (et donc de virer les autres : ce n'est donc pas l'humanité des sans papiers qui compte à ses yeux mais le fait q'ils représentent ou non un intérêt économique : inacceptable à un chrétien
Il reste très flou, très général sur le fait de s'attaquer la racine du mal : la paupérisation des pays d'origine des sans papiers.
Bien sûr que c'est un problème international mais il se borne à renvoyer la balle à l'ONU
Sans oublier les délires sur :
-le cannabis (clin d’œil aux libertaires & fils à papa), alors que ses méfaits sont largement constatés cliniquement & qu'on dit que la cigarette est un fléau : mais ça permettra de lever une taxe
-"l'abolition de la prostitution" : qu'est-e que ça veut dire ? quelles mesures ? cela a autant de sens que dire d'abolir le cancer,le sida & le mauvais temps,
-60 000 postes d'enseignants supplémentaires (clin d’œil à la catégorie socio-professionnelle qui vote le plus pour lui): mais le problème est-il là ? n'est pas plutôt ds le fait que les enfants sont souvent livrés à eux-mêmes à cause des rythmes de travail de leur parents ? de la folie économique ?
-école obligatoire dès 3 ans : pr bien formater les enfants ? (en attendant de rendre l'école publique obligatoire ?) mais rien sur le fait que la famille soit le pilier de la société et que l'école n'est pas là pr prendre sa place

Je me souviens d'une déclaration de Lajoinie sur la construction européenne, à la fin des années 80 avec laquelle j'étais 100% d'accord ou de la remarque de Besancenot sur le fait qu'il n'était pas normal que la constitution européenne ne soit pas rédigée par une assemblée constituante et qui était ce que je pensais aussi : on aurait pu entendre tous les points de vue, mais justement c'et ce que ces grands démocrates voulaient éviter !
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Écrit par : eric levavasseur / | 14/05/2018

Chers Jean-Michel et Eric,
> vos arguments mériteraient chacun de longs développements et surtout de longs dialogues, en les confrontant au réel dans son épaisseur et sa complexité, non pour convaincre et dominer, mais pour approfondir ensemble et avancer vers un bien politique toujours devant.
Pour faire synthétique donc:

1- les Insoumis ce n'est pas Mélenchon, non plus Corbières, ce sont des citoyens qui adhèrent à un programme, de démocratisation participative, de moralisation du champ économico-politique, de "plan Marshall" de dépollution de nos modes de vie pour enrayer la 6e grande extinction du vivant.

2- On y trouve aussi des gens d'horizons divers, l'important n'étant pas d'où nous venons, mais ce que nous y avons appris chacun qui peut aider à aller ensemble dans la même direction aujourd'hui et demain. Forcément il y a des écarts, forcément on n'adhère pas à tout, c'est aussi ce qu'il y a d'intéressant. En ce sens, les chrétiens y ont aussi toute leur place, et peuvent apporter beaucoup,(à commencer par Laudato Si, s'ils se mettent à le lire et en vivre avec autant de sérieux que nombre d'insoumis et écologistes), et à condition d'accepter les règles du débat démocratique.

3- En bonne française titillée malgré moi par le doute comme aimant jouer de la disputatio, je ne suis pas sûre d'être toujours d'accord avec moi-même, et pour un bon mot il m'arrive d'oublier mes propres opinions.
La politique n'est pas le lieu de l'adhésion à des dogmes mais de l'échange honnête pour construire ensemble, à partir de quelques piliers communs solidement plantés d'abord dans nos coeurs, sur les marécages et sables mouvants de l'histoire humaine. On n'adhère pas à un mouvement comme on souscrit une assurance: c'est plutôt de l'ordre de l'aventure collective: quel monde bâtir aujourd'hui, non plus contre mais avec l'ensemble des vivants, tous aujourd'hui en grand danger.

4- Si la France Insoumise défend (comme les autres, peut-être avec plus de clarté) l'euthanasie, elle en sape justement le soubassement économique, si bien qu'appliquée en économie sociale et écologique, elle perdrait de sa puissance destructrice de mort industrielle, pour retrouver ses racines gréco-romaines, qu'une foi chrétienne a déjà dans le passé rendu caduque. Je crois d'avantage dans ce contexte à la contagion de l'Espérance chrétienne qu'à des lois contraignantes incomprises.

5- Je l'ai déjà dit sur ce blog: à défaut de pouvoir mettre son orgueil en Dieu, Mélenchon le met dans la science. D'où ses incohérences dans son positionnement vis-à-vis de la décroissance par exemple.
Saint Paul a tout compris: chacun a besoin de mettre son orgueil quelque part. Et il est toujours intéressant de nous demander où sont nos points d'orgueil. Une mère ce peut-être ses enfants, (la mère des fils de Zébédée), untel son couple, tel moine son ordre, tel écrivain son oeuvre, tel citoyen son pays, etc. Et là où est notre orgueil, là aussi notre violence, notre potentiel morbide.
Tous ces points d'orgueils sont donc à dés-absolutiser pour ne laisser que Dieu être Dieu, et ainsi nous protéger de nous-mêmes.

En ce sens la foi chrétienne est bien cet athéisme, le seul qui tienne, qui nous permet de ne mettre Dieu en nulle chose, en élevant notre besoin d'absolu haut-delà de tout ce qui est, en gardant fixé notre regard sur ce point à l'horizon, cette source insaisissable d'où vient et vers où converge tout ce qui est. Sans cette foi vivante, inexorablement nous retombons dans l'idolâtrie.
Mélenchon, comme beaucoup d'enfants de l'école de la République, est un croyant de la Raison et de la Science.
Ce n'est ni moins ni plus grave que tous ces catholiques de tradition, d'appartenance, qui sont des croyants de l'Ordre établi, de l'Institution, de la Famille traditionnelle, de la Doctrine, ses dogmes et ses points non-négociables, etc.
C'est juste plus excusable.

5-Par voie de conséquence, il n'y pas d'homme ni de parti providentiel, mais des choix collectifs qui peuvent nous sortir de situations périlleuses comme d'autres peuvent nous y plonger. Je pense que le projet de la France Insoumise, dans le contexte actuel, est celui qui a le plus de chances de générer cette adhésion positive pour construire une société à la hauteur des défis morbides que nous avons, dans notre orgueil, lancés à la planète toute entière.
Si vous avez mieux, je vous écoute.
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Écrit par : Anne Josnin / | 15/05/2018

@ Eric Lavavasseur.

> Vous devriez lire ou écouter F. Asselineau (clin d'oeil)
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Écrit par : Pierre Huet / | 15/05/2018

> Je relis 'L'Enracinement' de Simone Weil (1943) et je me permets de vous soumettre quelques passages :

"Or cette science [des Grecs], aussi scientifique que la nôtre ou davantage, n'était absolument pas matérialiste. Bien plus, ce n'était pas une étude profane. Les Grecs la regardaient comme une étude religieuse.
Les Romains tuèrent Archimède. Peu après ils tuèrent la Grèce [...]
Quoi qu'il en soit, dans le domaine public, la science grecque ne ressuscita qu'au début du XVIe siècle (sauf erreur de date), en Italie et en France. Elle prit très vite un essor prodigieux et envahit la vie entière de l'Europe. Aujourd'hui, la presque totalité de nos pensées, de nos coutumes, de nos réactions, de notre comportement à tous porte une marque imprimée soit par son esprit soit par ses applications. Cela est vrai plus particulièrement des intellectuels, même s'ils ne sont pas ce qu'on nomme des « scientifiques », et bien plus vrai encore des ouvriers, qui passent toute leur vie dans un univers artificiel constitué par les applications de la science. Mais, comme dans certains contes, cette science réveillée après presque deux millénaires de léthargie n'était plus la même. On l'avait changée. C'en était une autre, absolument incompatible avec tout esprit religieux. C'est pour cela qu'aujourd'hui la religion est une chose du dimanche matin. Le reste de la semaine est dominé par l'esprit de la science.

[...]Le phénomène moderne de l'irréligiosité du peuple s'explique presque entièrement par l'incompatibilité entre la science et la religion. Il s'est développé quand on a commencé à installer le peuple des villes dans un univers artificiel, cristallisation de la science.

[...]Du fait même de la désertion des églises par le peuple, la religion [catholicisme] fut automatiquement située à droite, devint une chose bourgeoise, une chose de bien-pensants. Car en fait une religion instituée est bien obligée de s'appuyer sur ceux qui vont à l'église. Elle ne peut s'appuyer sur ceux qui restent dehors. Il est vrai, que dès avant cette désertion, la servilité du clergé envers les pouvoirs temporels lui a fait faire des fautes graves. Mais elles auraient été réparables sans cette désertion. Si elles ont provoqué cette désertion pour une part, ce fut pour une part très petite. C'est presque uniquement la science qui a vidé les églises."
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Écrit par : J-Luc / | 15/05/2018

DISCUSSION

> Ces arguments sont exactement les mêmes que ceux des partisans de Sens Commun et n’ont rien de convaincant.
Sens Commun /LFI même combat ?
Le parti LFI va plus loin que SC mais se sabote lui-même dans ce qu’il apporte. LFI tourne en rond.
Comme dit précédemment, le programme de LFI dans ce qu’il a de bon, se recoupe souvent avec ceux d’autres partis et se contente de déclarations vagues quant aux mesures, quand ses mesures ne contredisent pas les belles déclarations précédentes.
(je reprends votre exemple ->"Si la France Insoumise défend (comme les autres, peut-être avec plus de clarté) l'euthanasie, elle en sape justement le soubassement économique" = on peut le dire en sens inverse : « LFI prétend saper le soubassement économique de l’euthanasie alors qu’elle est favorable à l’euthanasie »)
-Déclarations vagues : or la politique est l’art des possibles donc des réalités donc des choses concrètes. En ne proposant rien de concret, LFI cesse d’être un parti politique. LFI se contente de transformer la vie politique en affrontements entre personnes. C’est du vent, un vent qui tourne en rond en faisant seulement des cercles plus grands que les autres partis.
-Or les choses concrètes sont des choses morales : Dieu étant créateur de la Réalité et ne demandant rien d’impossible : ce qui est concret est moral et inversement.
-Et pour ce qu’il a de mauvais, ce programme est antichrétien car anti-humain car anti-vie : drogue, suicide, PMA/GPA inversée.

La différence entre LFI et les autres partis c’est que les autres partis politiques déplorent les conséquences dont ils louent par ailleurs les causes alors que LFI déplore les causes & chante les louanges de leurs conséquences.

Cela signifie que ce parti comme tous les autres, n’est pas un lieu d’adhésion mais d’évangélisation.
Fréquenter pour évangéliser, oui ; adhérer, non. Car les mots ont un sens :si l’on adhère ça veut dire qu’on est d’accord. Sinon on sombre dans le relativisme, de nœuds au cerveau & fatalement de négociation avec le Mal.

LFI comme les autres partis politiques est une périphérie, pas un but. Or les partisans cathos de Sens Commun et de LFI, etc. dépensent beaucoup d’énergie à défendre leur adhésion à un parti qui serait mieux employée à travailler directement pour le vrai programme, celui du Christ en côtoyant les membres des partis pour les amener au seul vrai chef du seul vrai programme. Seul Dieu sauve.
A qui adhère-t-on ?
Le but n’est pas d’adhérer à la périphérie mais de la ramener au centre. Côtoyer, approuver ce qui est juste et purifier/clarifier mais adhérer à quelque chose bourré d’erreur, non. La vérité est trop belle et seul Dieu sauve.

D'une part le combat n’est plus politique mais anthropologique, il se mène donc où il y a des gens : marre de la confiscation de la vie politique par les partis.
D’autre part je crois que l’appartenance à un parti est de toute manière opposée à la transcendance et l’universalité de la foi et donc la disponibilité totale dans laquelle doivent être les chrétiens pour être prêtres, prophètes et rois dans le monde, ce qui est le contraire d'une fuite bien confortable dans laquelle on prétend voir les choses de haut alors qu’on ne veut pas s’engager.
La question n’est pas d’adhérer, de voter ou non mais d’« être dans le monde sans être du monde »
Ni pélagianisme ni spiritualisme mais « que ta volonté soit faite sur la terre comme elle l’est au Ciel »
Par le biais de qui ? nous.
Quand Jésus dit qu’il nous dit tout car nous sommes ses amis, il fonde ce que les Jésuites appellent la synergie, l’action conjointe de Jésus et de nous : Dieu s'est fait Homme pour que l'Homme devienne Dieu.

L’appartenance à un parti (je n’ai pas dit « le fait de côtoyer des membres de ce parti » qui est au contraire la chose à faire) nous permet-elle de devenir Dieu ? hum !
Parabole du semeur (st Marc 4 1-20) : un parti nous transforme-t-il en bonne terre pour le grain ? ou en terrain plein de ronces qui étouffent le grain ?

Ni adhésion ni vote mais fréquentation = côtoyer fréquemment, pour amener à Dieu qui seul sauve.
Vivre l’Evangile, le discours de Santa Cruz & Laudato Si pour être concret et cohérent afin de rencontrer les membres des partis en étant crédible pour leur parler de la DSE.

Et ce ne sont pas de belles paroles, c’est le programme du pape François et c’est autrement plus difficile que de seulement adhérer à un parti en se fondant sur ce qu’il a de bon et minimisant ce qu’il a de mauvais.
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Écrit par : eric levavasseur / | 16/05/2018

@ Anne,

> Je ne sais comment adoucir la fin de mon dernier commentaire qui dans mon souvenir est assez sèche et peut paraître donner la leçon.
me voilà bien ennuyé pour vous !
amitiés
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Écrit par : eric levavasseur / | 16/05/2018

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