01/05/2018
Les 'Black Bloc' gâchent le 1er mai de la CGT
“On nous a volé cette journée”, disent les quelque vingt mille manifestants CGT. “L’inaction de la police pendant plus d’une heure a été troublante”, accusent les responsables syndicaux. Même le syndicat de policiers Alliance met en cause le ministère de l’Intérieur :
Depuis une semaine, il suffisait de consulter les réseaux sociaux pour savoir que le très équivoque Black Bloc mobilisait pour perturber la manifestation cégétiste. Des réunions à ce sujet avaient eu lieu à la préfecture entre la police et les cadres opérationnels de la CGT. D’où le malaise de ceux-ci aui début de l’après-midi, en découvrant que le filtrage policier annoncé n’était en place qu’autour de la Bastille pour contrôler… les participants du cortège cégétiste. Pendant ce temps, sur le pont d’Austerlitz, c’est-à-dire sur le parcours prévu de la CGT, un millier d’activistes Black Bloc – repérables de loin à leur tenue noire – se rassemblaient sans surveillance, et tiraient de leurs sacs à dos des équipements de combat (masques, casques, barres, molotovs). Puis ils s’engageaient sur le boulevard de l’Hôpital et commençaient une série de mises à sac…
Pendant plus d’une heure, les CRS sont restés absents du boulevard de l’Hôpital. Ce n’est que vers 17 h qu’ils ont reçu l’ordre de refouler les Black Bloc vers la Bastille – alors que le cortège de la CGT, détourné par ordre de la police, passait par un autre chemin.
La première victime de ce gâchis aura donc été la manifestation officielle, totalement éclipsée à la télévision par les Black Bloc : “C’est leur violence qui intéresse les médias alors que, nous, on avait un message à faire passer”, se lamente un manifestant. Le 7 mai, les syndicats de la SNCF ont rendez-vous avec le Premier ministre : ce 1er mai gâché ne va pas renforcer un front syndical déjà fissuré.
L’attitude du ministère de l’Intérieur n’est pas passée inaperçue. Même BFM-TV a dû la constater. Pourquoi avoir laissé les Black Bloc se rassembler, s’équiper et attaquer, au lieu de les "nasser" (argot des forces anti-émeute) sur le pont d’Austerlitz ? Pourquoi des CRS laissés l’arme au pied pendant plus d’une heure ? Comment M. Collomb se permet-il de déclarer à 17h30 qu’il “condamne” les déprédations, comme si le rôle d’un ministre de l’Intérieur était de faire la morale ?
Soyons lucides. Tous les gouvernements depuis cinquante ans ont utilisé comme diversion les violences des “casseurs”, eux-mêmes largement infiltrés par les polices politiques. Tous les gouvernements étaient et sont renseignés d’avance sur les capacités d’action des groupuscules. Les Black Bloc ont commencé sous Sarkozy à parasiter la lutte de Notre-Dame-des-Landes avant d'abîmer Nantes, sous Hollande, en venant (comme par hasard) donner une image odieuse à chaque manifestation anti-aéroport...
Mais l’opposition réagit de façon hébétée. M. Wauquiez ne trouve rien de mieux à dire que son soutien aux forces de l’ordre (qui l’avaient déjà). Mme Le Pen, rien de plus fin que d’appeler à la “dissolution des milices gauchistes” (mais comment dissoudre un réseau informel ?). Maire LR du 5e arrondissement où rien ne s’est passé, Mme Berthout affirme : “L’important n’est pas le nombre des casseurs, c’est leur violence...” (justement si : l’important est qu’un nombre inédit de casseurs en tenue de combat – prétendument attendus de pied ferme par la police – aient pu se rassembler sur un pont et attaquer un boulevard !). Passons sur le propos de M. Mélenchon persuadé que le coup de cet après-midi, ayant été conçu pour nuire à la CGT, a donc été perpétré par des “bandes d’extrême droite”. Le camarade n° 1 aurait besoin de repos.
Quant à l’admiration (surjouée par les proches de M. Collomb) envers “l’organisation quasi-militaire” des Black Bloc, elle est dérisoire. Rien dans cette organisation ne devrait surprendre les services de renseignement d’un Etat moderne, surtout si l’on se souvient que le mode de mobilisation des BB favorise l’infiltration policière.
19:54 Publié dans Politique, Social | Lien permanent | Commentaires (10) | Tags : black bloc
Commentaires
HOMMES EN NOIR
> Je peux vous assurer que, lors de la dernière "manif pour tous", un nombre considérable d'hommes en noir, bien costauds, à la mine patibulaire, quadrillaient la foule. Ils n'avaient absolument pas l'allure de bons pères de famille, si je puis me permettre d'employer cette expression réprouvée. J'aurais bien aimé les prendre en photos mais cela m'a semblé assez risqué. La manœuvre était vraiment grossière. Quelques petits approfondissement sociologiques seraient nécessaires pour peaufiner leur stratégie.
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Écrit par : isabelle / | 01/05/2018
LA C.G.T.
> Les BB ont montré à la population que la CGT ne fait que du mal. C'est de la communication au sens moderne du terme.
DidierF
[ PP à DidierF - Ils étaient un kilomètre en aval de la manifestation officielle, et leur action tendait objectivement à la saboter (objectif atteint). ]
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Écrit par : DidierF / | 01/05/2018
L'ETAT
> En tout cas, ces violences servent l'Etat... qui aurait pu les empêcher (à moins que les preneurs de décision ne soient que des incapables).
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Écrit par : Bernadette / | 01/05/2018
à Isabelle
> Je les avais vus aussi, surtout près des Invalides. C'était évidemment de la police en civil, d'ailleurs j'en avais vu arriver de derrière les rangs de CRS. Cela avait fait du bruit à l'époque.
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Écrit par : Anne-Sophie / | 02/05/2018
> Même constat sur Boulevard Voltaire : "Les « forces de l’ordre », que j’ai vues beaucoup plus dissuasives lors des défilés de la Manif pour tous, avec des interpellations en amont, par exemple, ont laissé arriver sur place plus de mille énergumènes casqués et habillés de noir, munis de sacs à dos contenant le matériel de camouflage et de vandalisme, donc parfaitement repérables. Elles ne sont intervenues avec des moyens proportionnés qu’après les « débordements » et dans la fumée spectaculaire des incendies. Le McDo était nécessaire pour les images du soir, pour montrer que les mouvements sociaux génèrent la chienlit, et qu’il faut qu’ils cessent.(..) Cette fois, il faut craindre que le pouvoir laisse monter la violence pour en tirer un bénéfice politique, en discréditant le mouvement syndical et en séduisant les partisans de l’ordre." Ch. Vanneste
http://www.bvoltaire.fr/pendant-heure-1200-gauchistes-ont-pu-saccager/
isabelle
[ PP à Isabelle :
- Face à la MPT, les troupes de Manuel Valls savaient avoir affaire à des gens paisibles. Or Valls voulait que ça dégénère et ne s'en cachait pas. D'où l'attitude aberrante des CRS et ce qui s'ensuivit, toutefois sans jamais parvenir au but recherché par Valls.
- Avec les BB c'est le contraire : les ministres successifs savent qu'ils viennent pour la violence. Or celle-ci peut rendre service au pouvoir. Donc on les laisse un peu faire, les citoyens sont scandalisés des déprédations, etc.
Il faut comprendre ces variations tactiques, décidées par les gouvernements selon leurs intérêts changeants. Ce que ne comprend visiblement pas "Bd Voltaire"... (mais de leur part ça n'étonne personne ; une de leurs rédactrices croit que la police a "gazé" la MPT par haine de "la France bien élevée". ]
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Écrit par : isabelle / | 02/05/2018
INCAPABLES
> Prenons tout ça au premier degré et faisons comme s'il ne s'était pas agi d'une de ces provocations lourdaudes dont le pouvoir est coutumier face à la vraie contestation.
Demandons donc le renvoi immédiat du préfet de police et de son ministre de tutelle (Collomb serait plus à sa place dans un hospice pour vieillards impotents). Comment ne pas voir une masse compacte d'un millier d'anarchistes qui se déplacent pour venir semer la violence et le désordre ? Dehors les incapables !...
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Écrit par : Réginald de Coucy / | 02/05/2018
Patrice,
> Je ne comprends pas votre point sur la MPT: c'est exactement le même principe: laisser infiltrer des manifestations pacifiques par des groupes violents pour les déconsidérer.
Ludovic
[ PP à L. - Pardon, mais qu'est-ce que vous ne comprenez pas dans ce point de vue ? ]
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Écrit par : Ludovic / | 02/05/2018
> Il ne reste plus au gouvernement qu'à mettre le feu au Reichstag.
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Écrit par : e levavasseur / | 03/05/2018
UTILES
> Difficile pour moi de ne pas faire le rapprochement avec une expérience vécue très différente mais dans la même logique.
Candidat giscardien (j'avoue...) à l'élection législative de 1973 à Aubervilliers La Courneuve etc , j'ai entendu lors d'une réunion de tous les candidats de la majorité d'alors, le ministre de l'intérieur, Michel Poniatowski, proposer "si une candidature gauchiste peut aider à mettre le communiste en ballotage , faites le moi savoir". Je lui ai fait savoir et en très peu de temps un gauchiste, troskiste je crois, a surgi!
Rigolo, non?
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Écrit par : Pierre Huet / | 03/05/2018
@ Pierre Huet:
> 1973... ça va, il y a prescription !
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Écrit par : Philippe S. / | 03/05/2018
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