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03/03/2018

En France, les élections d'Italie font rêver l'ultra-droite et flipper la gauche bon ton - mais c'est un mirage

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Ci-dessus, l'affiche du film satirique de 2018. 

Quoi qu'il arrive, il ne se passera pas grand-chose :


 

Les législatives italiennes de dimanche sont annoncées comme devant marquer (sauf surprise) la chute de la "gauche" (Matteo Renzi), et la victoire d'une improbable droite allant de Forza Italia (Berlusconi) à la Lega, voire à des groupuscules postfascistes ou néofascistes - le tout empaqueté par nos médias sous le label "populistes".

Naïvement revendiqué par nos droitistes gobeurs de démons et merveilles, le mot "populistes" est une arme de Bruxelles. Seule la technocratie financière de l'UE a intérêt à simplifier la problématique au point de la réduire à un affrontement entre l'Avenir (Bruxelles) et le Passé (tout ce qui critique Bruxelles). Seuls des idiots de droite tombent dans ce panneau et acceptent de lever l'étendard du Passé : d'où le film satirique de Luca Minieri montrant Mussolini revenant mystérieusement à l'heure de Twitter, de la télé et des selfies (photo ci-dessous).

Total fantasme que le "retour vers le futur"... En effet, regardons de plus près les protagonistes de dimanche en Italie.

Vu l'enlisement du Brexit et le crash du FN, Salvini (leader de la Lega dite "souverainiste") ne veut plus sortir de l'euro. Son "populisme" se limite à des déclarations anti-immigrés : vocabulaire qui n'engage à rien et dont Bruxelles ne se soucie pas.

Parrain du centre-droit (Forza Italia), Berlusconi imite le vocabulaire anti-immigrés de Salvini dont il est désormais l'allié. Mais cette alliance est  à double sens : l'inéligible octogénaire se pose par ailleurs en bouclier du bon sens contre les surenchères éventuelles de Salvini   - et  bien sûr contre la démagogie tous azimuts des Cinq-Etoiles.

Les Cinq-Etoiles eux-mêmes sont incohérents et en pleine mue. Leur nouvelle star, le jeune Luigi di Maio, veut en faire un parti de gouvernement avec tout ce que cela suppose de flexibilité : "Les conditions politiques européennes ont changé", se justifie-t-il... ("Déjà Caméléon perçait sous Malaparte"). Di Maio se déclare europhile sur le plan monétaire, etc ; devant se recentrer pour ne plus servir de repoussoir tactique à Berlusconi, ce mouvement qui avait commencé par le vaffanculo finira en LREM.

Face à eux, Renzi et son Parti démocrate voué (disent les sondeurs) à une débâcle. Explication notamment : la docilité renzienne envers Bruxelles... "Celui qui voulait mettre les vieux politiciens à la casse leur ressemble désormais", jugent les médias italiens. "Réformes structurelles, engagement européen, on ne peut nier que les gouvernements Letta, Renzi et Gentiloni ont maintenu l'Italie dans le chemin que nous avions tracé", souligne Mario Monti, membre de la Commission européenne pendant des années (commissaire successivement au marché intérieur et à la concurrence).

Et Benito dans tout ça ?  Il est au cinéma plus que dans les urnes [*]. Si l'alliance Berlusconi-Salvini l'emporte dimanche, le président du Conseil (annoncé la semaine dernière par le cavaliere) sera Antonio Tajani, actuel président du Parlement européen et soutenu à Bruxelles par le groupe transnational des élus PPE. Vous avez dit : "populisme" ?

 

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[*]  Les groupuscules activistes, néo- ou post-fascistes, ne représentent pas grand-chose dans l'électorat.

 

 

 

"Un selfie con Benito !" 

La situation est désespérée mais elle n'est pas sérieuse

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12:10 Publié dans Europe, Politique | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : italie, populismes

Commentaires

MALAPARTE

> "Déjà Caméléon perçait sous Malaparte" : fine allusion à l'auteur de "Monsieur Caméléon", qui dénonçait dès 1929 les ambiguïtés et les circonvolutions de Mussolini. Malaparte lui-même fut d'ailleurs fasciste, antifasciste, anticommuniste avant d'adhérer à la fin de sa vie au parti communiste... tout en entrant dans l'Eglise catholique. Un résumé de l'Italie de son temps, peut-être ?
Sur la situation actuelle, en effet, comme chez nous, ce qui est un épouvantail pour les uns et une idole pour les autres ressemble surtout à un outil bien commode pour que "tout reste comme avant", pour paraphraser un personnage du "Guépard" dont on lit quelque part (je n'ai pu retrouver le passage) qu'il naviguera "à l'extrême-gauche de l'extrême-droite".
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Écrit par : Sven Laval / | 03/03/2018

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